Le 8 février 2005
OTTAWA (Ontario)
2005/9
SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE JIM PETERSON,
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,
DEVANT LES MANUFACTURIERS ET EXPORTATEURS DU CANADA
À L’OCCASION DU SOMMET NATIONAL
DE L’INDUSTRIE MANUFACTURIÈRE
Je vais vous parler aujourd'hui de deux aspects de ce que nous faisons à Commerce
international Canada pour vous faciliter la tâche. Nos efforts portent, premièrement, sur
la promotion du commerce et de l'investissement et, deuxièmement, sur Ies politiques
commerciales. Mais je tiens d'abord à vous rappeler que nous sommes conscients de
l'important défi devant lequel le Canada est placé et des difficultés que vous, comme
manufacturiers et exportateurs, devez surmonter en raison des taux de change. Nous
savons que l'appréciation d'environ 30 p. 100 que connaît notre dollar depuis deux ou
trois ans représente pour vous un réel problème.
Mais permettez-moi de faire un retour sur la dernière année complète pour laquelle
nous avons des statistiques, soit 2003. Cette année-là, nous avons été frappés par les
sept plaies d'Égypte : les inondations, les sécheresses, les feux de forêt, l'ouragan
Juan, une panne majeure d'électricité, la maladie de la vache folle [encéphalopathie
bovine spongiforme] et le SRAS [syndrome respiratoire aigu sévère], et ce, pendant
que notre dollar s'appréciait de 21,7 p. 100 par rapport au dollar américain. Et pourtant,
cette même année, l'économie canadienne a enregistré une croissance de 1,7 p. 100,
et nous avons créé un total net de 236 000 emplois.
Cette bonne performance, à mon avis, témoigne éloquemment de la grande capacité
de réagir des milieux d'affaires canadiens, mais également de la sagesse dont nous
avions fait preuve en mettant de l'ordre dans nos finances publiques. Nos budgets sont
maintenant excédentaires, et nous remboursons notre dette nationale. Nous
bénéficions d'une cote de crédit AAA, ce qui se traduit par de faibles taux d'intérêt pour
tous les Canadiens, et nous avons procédé à des allégements fiscaux totalisant
100 milliards de dollars. Je me dois quand même de reconnaître qu'avec un dollar qui
joue à ce point contre nous, vous êtes contraints d'affronter une concurrence
difficilement soutenable.
La principale nouvelle initiative que nous avons prise en matière de promotion du
commerce et de l'investissement, c'est notre stratégie relative aux marchés nouveaux
et émergents. Ces marchés présentent un incroyable potentiel de croissance, et les
Canadiens y sont carrément sous-représentés. Je veux parler, entre autres, des
marchés du Brésil, de la Chine et de l'Inde. Le Brésil est le géant économique de
l'Amérique latine, et, comme vous l'avez rappelé, nous avons dirigé une mission
commerciale à Sao Paulo et à Rio [de Janeiro, au Brésil] en novembre dernier. Le
premier ministre nous y a rejoints; il nous a été d'une grande utilité. Ce voyage a été
important non seulement du strict point de vue commercial, mais également parce qu'il
nous a permis de tourner la page sur quelques années de relations bilatérales
particulièrement difficiles.
La Chine est un pays qui n'est pas sans nous causer d'énormes problèmes, mais qui
nous offre en même temps d'incroyables possibilités. Pour ce qui est des problèmes,
nous avons vu ce que la Chine peut faire de sa capacité dans le secteur de la
fabrication, provoquant des chutes de prix partout dans le monde. D'ailleurs, comme les
porte-parole de votre organisme l'ont si éloquemment souligné, une entreprise qui omet
de se doter d'une stratégie à l'égard de la Chine le fait à ses risques et périls.
Mais voyons maintenant l’autre côté de la médaille, les immenses possibilités qu'offre
la Chine : une croissance annuelle de plus de 9 p. 100 ces 25 dernières années, une
population d'environ 1,3 milliard d'habitants, et un extraordinaire dynamisme — celui
qui n’est pas allé en Chine depuis quelques années aura du mal à reconnaître Beijing
et Shanghai. La Chine compte 53 villes de plus de 1 million de personnes. Le Canada
est sous-représenté sur ce marché. Ces quatre dernières années, l'économie chinoise
a enregistré une croissance de plus de 40 p. 100, et pourtant, les échanges
commerciaux du Canada avec ce pays n'ont progressé que de 17 p. 100 pendant que
ceux des États-Unis avec la Chine augmentaient de 52 p. 100, ceux de l'Australie, de
58 p. 100 et ceux du Japon, d'un bon 73 p. 100. Voilà pourquoi 367 dirigeants
d'entreprises canadiennes ont participé à notre mission à Shanghai, à Beijing et à Hong
Kong.
À cette occasion, plus de 100 protocoles d'ententes de partenariat ont été signées.
Mais ce n'est pas tant le nombre de d’ententes conclues qui importe, mais bien la
possibilité qui nous a été donnée de nouer des liens d'une valeur inestimable pour nos
relations commerciales futures. Aussi, je ne vous étonnerai pas en vous disant quelle a
été ma satisfaction de voir plus de 1000 partenaires commerciaux chinois assister à un
même dîner.
L'Inde, le deuxième pays du monde pour l'importance de sa population, peut compter
sur une classe moyenne de quelque 300 millions de personnes. C'est dire l'énorme
potentiel que présente son secteur des services, et, comme le signale Global Facts, sa
croissance pourrait même dépasser celle de la Chine d'ici 2050. Je me propose
d'ailleurs de diriger une mission commerciale à Delhi et à Mumbai [, en Inde] au début
d'avril prochain. De nouveaux marchés comme ceux-là, de même que ceux de la
Russie, de la Corée [du Sud] et des « tigres asiatiques », offrent d'énormes possibilités
pour le commerce, et nous entendons tout faire pour en faciliter l'accès aux Canadiens.
Pour nous assurer de viser juste, nous avons entrepris une démarche sur deux fronts.
D'abord, en novembre, nous avons organisé trois tables rondes réunissant des gens
d'affaires, des universitaires et des représentants de la société civile. Et le secrétaire
parlementaire chargé des marchés émergents, M. Mark Eyking, qui est présent avec
nous aujourd'hui, a joué un rôle clé dans ces discussions. Sur le second front, nous
avons décidé de confier au Sous-comité du commerce international [, des différends
commerciaux et de l’investissement] de la Chambre des communes, présidé par
M. John Cannis, le soin de mener à ce sujet des consultations à l'échelle nationale.
Je suis heureux de vous faire part aujourd'hui des conclusions de nos tables rondes, et
je tiens à vous dire combien nous avons apprécié la contribution des Manufacturiers et
Exportateurs du Canada [MEC] à cet égard. Certaines de nos consultations sont
venues confirmer que la Chine doit en effet être au centre de notre stratégie d'accès
aux marches émergents, avec l'Inde, le Mercosur, la Russie, l'Europe centrale, le
Moyen-Orient et la région de l'Asie-Pacifique.
Nous nous devons d'adopter une approche pangouvernementale dans la promotion
des intérêts canadiens sur les nouveaux marchés et de continuer de nous inspirer à cet
égard des partenariats déjà établis dans le cadre de l'ALENA [Accord de libre-échange
nord-américain].
Enfin, une présence gouvernementale de haut niveau peut vraiment contribuer à nous
ouvrir des portes, et c'est souvent de cela qu'il s'agit quand il est question de relations
avec les marchés. Je suis donc impatient de voir quels seront les résultats des
consultations du sous-comité.
Si nous entendons déployer tant d'efforts pour faire en sorte que les Canadiens aient
accès à ces nouveaux marchés en pleine croissance, ce n'est pas dans l’intention de
diversifier nos liens commerciaux pour nous affranchir du marché des États-Unis. C'est
tout simplement que nous voulons profiter de cet énorme potentiel de croissance.
D'ailleurs, nous intensifions parallèlement nos efforts en vue de renforcer notre position
au sein de l'ALENA. Pour longtemps encore, le marché de l'ALENA demeurera le plus
important du monde. Et c'est précisément pour cela que nous avons mis à exécution
notre initiative de représentation accrue aux États-Unis. Nous y avons ouvert sept
nouveaux consulats, en avons fait passer deux au rang de consulats généraux, et y
avons nommé 20 nouveaux consuls. Nous sommes maintenant en mesure d'offrir nos
services aux Canadiens depuis 23 établissements consulaires aux États-Unis.
Que nous nous adressions à nos interlocuteurs des autres pays ou aux Canadiens,
nous insistons sur l'importance de l’investissement. En ce qui touche l'investissement
étranger direct au Canada, nous encourageons les investisseurs étrangers à voir le
Canada comme le meilleur pont vers l'ALENA. Vous n'êtes pas sans savoir que
l'Intelligence Unit de la revue The Economist a exprimé l'avis que, pour les cinq
prochaines années, le Canada sera le meilleur pays où faire des affaires. Je n'ai pas à
vous rappeler l'étude de KPMG qui a affirmé que, parmi les 14 pays sur lesquels portait
l'examen, le Canada était le plus rentable où faire des affaires et qu'à cet égard, notre
rapport coûts-avantages était de 9 p. 100 supérieur à celui des États-Unis. Et le plus
réjouissant, c'est d'entendre que nous conserverions notre supériorité même si la
valeur de notre dollar devait atteindre 94 cents par rapport au dollar américain.
Nous travaillons toujours sur les questions frontalières. L'objectif à atteindre est de
garder notre frontière fermée aux terroristes, mais ouverte aux personnes de bonne foi
et aux marchandises. Il y a trois ans, le Canada et les États-Unis signaient la
Déclaration sur la frontière intelligente, qui comporte un plan d'action en 30 points. Tout
récemment, [la vice-première ministre et ministre de la Sécurité publique et de la
Protection civile] Mme Anne McLellan a rencontré son homologue américain M. Tom
Ridge [secrétaire à la Sécurité intérieure], et ils ont rendu public le cinquième rapport
d'étape sur le Plan d'action pour une frontière intelligente, qui recommande une
intensification de la coopération entre le Canada et les États-Unis à cet égard. Nous
avons établi un cadre en vue du prédédouanement terrestre et nous entendons
continuer de travailler à la réduction des temps d'attente et d'assurer la perméabilité de
notre frontière commune.
En ce qui a trait au passage frontalier entre Windsor et Detroit, nous nous devons
d'appliquer sans tarder le plan Schwartz [Sam Schwartz Engineering PLLC (SSC)]. Il
nous faut en outre accroître notre capacité de traitement sur la côte Ouest pour
répondre à nos besoins d'échanges commerciaux nord-américains. Le port de
Vancouver étant situé plus près de l'Extrême-Orient que nul autre en Amérique du
Nord, nous nous devons de faire en sorte qu'il demeure pour cette région la porte
d'entrée de choix sur notre continent.
À la réunion qu'a tenue la Commission de l'ALENA à San Antonio [aux États-Unis] en
juillet 2004, nous avons convenu de libéraliser les règles d'origine pour 20 milliards de
dollars d'échanges commerciaux Canada–États-Unis. Ces mesures sont entrées en
vigueur le 1er janvier dernier. À l'issue de la visite du président [George W.] Bush au
Canada en décembre dernier, celui-ci et le premier ministre du Canada ont annoncé
leur intention d'améliorer la compétitivité nord-américaine en s'efforçant d'en arriver à
l'établissement de normes consensuelles, d'une réglementation intelligente et de
nouvelles règles d'origine qui entreraient en vigueur d'ici janvier 2006.
Nous allons continuer de travailler de concert avec les États-Unis et le Mexique à
réduire les coûts de transaction au sein de l'ALENA et à rendre nos frontières plus
perméables. Et dans mes voyages ailleurs dans le monde, je vais continuer de
rencontrer un à un des dirigeants d'entreprise pour leur parler de la transformation
économique et fiscale que nous avons opérée au Canada ainsi que de notre position
comme pays offrant les conditions les plus avantageuses pour accéder aux marchés de
l'ALENA. Ne sont-ce pas là des propos vraiment merveilleux à tenir?
Toujours en matière d'investissement, mais en nous adressant cette fois aux
Canadiens, nous les encourageons également à envisager d'investir directement à
l'étranger. Dans plusieurs pays, dont la Chine, l'investissement peut souvent être une
condition préalable à l'établissement de relations commerciales. Notre compétitivité sur
les marchés mondiaux est, dans bien des cas, fonction d'investissements que des
Canadiens ont faits à l'étranger, car de tels investissements peuvent aider l'entreprise
canadienne à trouver ses meilleures chaînes de valeur, quel que soit le pays choisi. Si
vous investissez à l'étranger, soyez assurés que notre gouvernement ne vous
reprochera pas de faire de la délocalisation ou du protectionnisme. Le message que
nous voulons vous communiquer est bien clair : si vous n'êtes pas compétitif sur le
marché mondial, votre entreprise et vos emplois au Canada seront menacés.
Jusqu'ici, je vous ai parlé de promotion du commerce, notamment dans le cadre de
l'ALENA et auprès des nouveaux marches émergents, de promotion de l'investissement
étranger direct au Canada et de l'aide que nous apportons aux entreprises
canadiennes pour leur permettre de faire à l'étranger des investissements stratégiques
propres à les rendre compétitifs sur le marché mondial. Disons que cela touche à
75 p. 100 de mon travail... L'autre 75 p. 100 concerne la politique commerciale!
Le Canada est un des pays dont l'économie est le plus axée sur le commerce extérieur.
Celui-ci représente 40 p. 100 de notre PIB [produit intérieur brut] et assure un emploi
sur quatre. Bref, nous voulons avoir accès aux marchés et aux capitaux étrangers. Pour
cela, il nous faut conclure des accords bilatéraux, régionaux et multilatéraux pour
trouver de nouveaux débouchés pour les produits canadiens. Sur le plan régional,
l'ALENA est et demeurera notre priorité malgré nos différends hautement médiatisés,
comme celui du bois d'œuvre. Plus de 96 p. 100 de nos échanges commerciaux avec
les États-Unis se font sans problème. Je tiens à ce que ce soit plutôt 100 p. 100. J'ai
l'intention de rencontrer sous peu le nouveau représentant au Commerce des
États-Unis, dont on n'a pas encore annoncé la nomination, ainsi que le secrétaire d'État
au Commerce pour discuter avec eux de façons de resserrer nos liens commerciaux,
d'assurer le respect des règles de l'ALENA et de régler nos différends. Je serai bientôt
l'hôte aux États-Unis d'une journée de sensibilisation, réunissant des députés de tous
les partis, au cours de laquelle nous rencontrerons d'importants décideurs américains
pour leur expliquer le point de vue du Canada.
Une autre de nos priorités concerne l'Europe qui, avec ses 25 membres, rivalise avec
l'Amérique du Nord sur le plan du potentiel économique. L'an dernier, nous avons signé
L’Accord visant à renforcer le commerce et l'investissement, qui va bien au-delà des
mesures d'accès aux marchés que l'on retrouve dans la plupart des accords de
libre-échange puisqu'il traite de sujets comme ceux des investissements, de la
reconnaissance des qualifications professionnelles, de la coopération en matière de
réglementation, et du commerce électronique. Nous avons obtenu de part et d'autre le
mandat de négocier, et nous sommes impatients d'entamer des pourparlers.
De même, nous nous proposons de reprendre les discussions avec l'AELE
[l'Association européenne de libre-échange ], le CA4 [Amérique centrale — Salvador,
Guatemala, Honduras et Nicaragua], puis la Caricom [Marché commun des Caraïbes].
À l'occasion de la mission commerciale canadienne au Brésil en novembre dernier, le
président [Luiz Inacio] Lula [da Silva] et le premier ministre Paul Martin ont convenu
que le Mercosur et le Canada entameraient des pourparlers sur la libéralisation du
commerce dans le contexte de la Zone de libre-échange des Amériques. Une
délégation du Mercosur, dirigée par la ministre des Affaires étrangères du Paraguay,
Mme [Leila] Rachid, est à Ottawa aujourd'hui même pour en discuter. Les entretiens ont
commencé hier.
Sur le front bilatéral, une entente a été conclue à Santiago [au Chili] en novembre
dernier en vue d'engager avec la Corée [du Sud] des discussions préliminaires,
lesquelles ont été amorcées depuis. À la suite du récent voyage du premier ministre au
Japon, nous avons entrepris des pourparlers avec le Japon dans le but de resserrer
notre coopération économique. Des discussions sont en cours avec l'Inde sur
l'établissement de règles visant à protéger l'investissement étranger, et le partenariat
Canada-Mexique pour la prospérité, qui a été signé l'automne dernier à Ottawa, promet
de consolider ces importantes relations.
Lors de notre récente mission commerciale en Chine, nos deux gouvernements ont
signé 10 protocoles d'entente touchant la coopération dans un certain nombre de
domaines, dont ceux de l'éducation, de l'énergie et des technologies propres. Les
membres du groupe de travail stratégique ont produit un mémoire commun traitant de
l'amélioration des services aériens et de la reconnaissance du statut de destination
approuvée pour les touristes chinois qui visitent le Canada. De plus, par suite de mes
entretiens avec le ministre du Commerce Bo [Xilai] et du [vice-] ministre [du Commerce]
Ma [Xiuhong], des pourparlers sont en cours sur un éventuel accord de protection de
l'investissement étranger, que nous espérons conclure dès cette année.
Devant ces efforts renouvelés que nous consacrons à la conclusion d'accords
bilatéraux, régionaux et multilatéraux de libéralisation des échanges, d'aucuns, dont les
membres de la Commission Sutherland [sur la réforme de l’OMC (Organisation
mondiale du Commerce)], diront peut-être que nous devrions rompre avec cette
orientation, étant donné qu'elle nous éloigne des objectifs du cycle de Doha [ronde de
négociations de l'OMC]. Je ne partage pas cet avis. Je crois que de tels accords, qui
favorisent la libéralisation du commerce et de l'investissement, contribuent plutôt à la
réussite du cycle de Doha. Et qu'on ne s'y méprenne pas : le cycle de Doha revêt une
importance capitale pour notre avenir, car c'est le seul moyen dont nous disposons
pour remettre en question les énormes subventions que des pays européens et les
États-Unis consentent à leurs producteurs agricoles.
Le cycle de Doha pour le développement est notre seul espoir d'obtenir qu'on cesse de
subventionner les exportations, qu'on réduise substantiellement les mesures nationales
de soutien qui ont un effet de distorsion sur les échanges, et qu'on facilite bien
davantage l'accès aux marchés. Il faut que nos producteurs agricoles puissent
combattre à armes égales, et, surtout peut-être, nous nous devons d'ouvrir l'univers des
échanges commerciaux internationaux aux pays en développement.
Au moins 70 p. 100 des droits de douane payés sur les marchandises qui entrent dans
les pays en développement frappent des marchandises provenant d'autres pays en
développement. Le cycle de Doha doit en être un qui favorise le développement, sans
quoi il connaîtra le même sort que celui de Cancun. Nous devons envisager l'adoption
de mesures de facilitation du commerce, d'aide technique à l'exportation, de
renforcement des capacités. Il nous faut faire en sorte que les interventions de la
Banque mondiale et du FMI [Fonds monétaire international] et nos programmes
bilatéraux de libéralisation des échanges opèrent à l'unisson, sinon les pays en
développement subiront des pertes de revenus et verront s'éroder les traitements
préférentiels qui leur sont actuellement consentis. Il est impérieux que nous nous
attaquions à ces problèmes, mais il nous faut également faire en sorte que les
négociations qui se tiendront à la rencontre ministérielle de décembre prochain à Hong
Kong débouchent sur l'adoption d'audacieuses mesures en ce sens.
La manufacturiers et exportateurs canadiens auront à faire face à de nombreux défis
dans l'économie du XXIe siècle, des défis qu'on ne saurait relever sans procéder à ce
que [l’économiste Joseph] Schumpeter décrit comme étant, et je cite, de la
« destruction créative ». Or, qu'on soit d'accord ou non avec Schumpeter, la question
n'est pas vraiment de savoir combien d'emplois auront été perdus, mais combien de
nouveaux emplois nets auront été créés. Pour l'heure, le Canada est en tête des pays
du G7 sur le chapitre de la création d'emplois. Le plan d'action que vous, les MEC,
proposez dans votre initiative Fabrication 20/20 est important pour la suite des choses
à cet égard. Le ministre [de l’Industrie David] Emerson et moi-même, de même que
mes collègues du Cabinet, sommes impatients de collaborer avec vous à sa réalisation.
Cela signifie notamment que tout manufacturier ou exportateur canadien se devra
d'avoir une stratégie concernant la Chine de même qu'une stratégie mondiale propre à
lui permettre de profiter des incroyables débouchés qui s'offrent sur les marchés
nouveaux et émergents et dans le cadre de l'ALENA. Commerce international Canada,
comme nouveau ministère autonome, souhaite s'associer à vous et vous fournir des
renseignements, de l'aide pour commercialiser vos produits et du financement. Nous
militerons sur de nombreux nouveaux fronts en faveur d'une libéralisation accrue du
commerce et de l'investissement, et nous allons vous aider dans la poursuite de votre
objectif d'être concurrentiels sur les marchés mondiaux.
Suis-je confiant que nous allons réussir? Bien sûr. Permettez-moi de vous donner
seulement deux exemples qui m'incitent à être optimiste. À l'approche de l'intégration
de Hong Kong à la grande Chine en 1997, il régnait une atmosphère de grande
incertitude et d'agitation inusitée sur la scène économique. En couverture de la revue
Fortune, on prédisait en gros caractères la mort de Hong Kong. Il y a à peine 20 ans,
presque tout ce qu'on achetait portait la mention « Fabriqué à Hong Kong ».
Aujourd'hui, l'économie de Hong Kong repose, à hauteur de 85 p. 100, sur le secteur
des services. Dans le delta de la rivière des Perles, on compte quelque
62 000 entreprises de fabrication qui sont contrôlées par des intérêts hong-kongais et
emploient 12 millions de personnes. Hong Kong est actuellement en pleine prospérité.
Mon deuxième exemple est celui de la société Phoenix Performance Products, de
Mississauga. Il y a un an, ce petit fabricant d'articles de sport avait 50 employés. Ayant
constaté que certains des articles qu'elle produisait pouvaient être importées de Chine
pour moins d'un sixième de ce qu'il en coûtait pour les fabriquer au Canada, l'entreprise
s'est mise à les importer. Du même coup, elle a décidé d'utiliser sa main-d'œuvre pour
exploiter des créneaux davantage porteurs de valeur ajoutée. Aujourd'hui, Phoenix
emploie 92 travailleurs.
Hong Kong et Phoenix ne sont que deux exemples illustrant qu'il est possible de tirer
profit de la mondialisation, et je suis sûr que vous-mêmes, vous pourriez y aller de
nombreux exemples de ce genre. À Commerce international Canada, nous saluons le
travail qu'effectuent au jour le jour les MEC et apprécions votre façon de collaborer
étroitement avec nous. Ce que nous voulons, c'est de faire en sorte que la
mondialisation vous rapporte, à vous et à tous les Canadiens, et je sais qu'il s'agit là
d'un objectif qu'ensemble, nous pouvons atteindre.
Je vous remercie.