M. EGGLETON - ALLOCUTION À LA CONFÉRENCE MINISTÉRIELLE DE L'OCDE« POSER LES JALONS DE L'AVENIR DE L'OCDE » - PARIS, FRANCE
96/25 TELLE QUE PRONONCÉE
NOTES POUR UNE ALLOCUTION DU CANADA
PAR
L'HONORABLE ART EGGLETON,
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,
À LA CONFÉRENCE MINISTÉRIELLE DE L'OCDE
« Poser les jalons de l'avenir de l'OCDE »
PARIS, France
Le 22 mai 1996
Pertinence, renouvellement et réalisme. Voilà les jalons qui peuvent le mieux orienter nos efforts pour préparer l'avenir de l'Organisation de coopération et de
développement économiques (OCDE). Les défis et les possibilités du XXIe siècle nous attendent.
En tant que politiciens, nous sommes aux prises avec des questions complexes et nous devons faire des choix éclairés. Pour qu'il puisse répondre à nos besoins
politiques, le programme de l'OCDE doit être à l'avant-garde de l'actualité. Par ses analyses, l'OCDE doit pouvoir nous guider de façon sûre et utile. Et par ses
délibérations, elle doit pouvoir appuyer nos efforts en vue de favoriser des taux de croissance plus élevés et d'améliorer le bien-être de nos citoyens. Pour préserver
la pertinence de sa mission, elle doit nécessairement se renouveler en tant qu'institution. Les efforts que nous déployons en vue de ce renouvellement doivent être
marqués de réalisme, un réalisme fondé sur les impératifs budgétaires et les atouts déjà en place.
À quels éléments accordons-nous de la valeur au sein de l'organisation?
L'excellence est une caractéristique de l'OCDE. Le Secrétaire général Paye nous laisse un riche héritage de professionnalisme et de travail de haute qualité. Mais ne
prenons pas ces atouts pour acquis! Nous invitons nos nouveaux collègues de la République tchèque et de la Hongrie à se joindre à nous pour mettre à profit cette norme
d'excellence. Nous apprécions l'OCDE pour la haute qualité de ses analyses, pour sa tradition qui encourage l'examen par les pairs et la consultation, et pour la
formule de consensus qu'elle s'est donnée.
Quels sont les éléments qui favorisent le renouvellement?
Premièrement, l'OCDE doit préciser sa vision davantage. Elle doit pouvoir définir et évaluer les conséquences des problèmes naissants.
L'une des réalités de la mondialisation, c'est qu'on ne peut plus isoler les secteurs ou les dossiers les uns des autres. L'analyse transsectorielle, comme celle qu'on
trouve dans l'excellente étude de l'OCDE sur l'emploi, peut nous aider à avoir une vue globale sur un ensemble complexe de questions. L'OCDE doit promouvoir encore
davantage ces études « horizontales ».
De plus, à mon sens, le travail de l'OCDE profiterait d'une participation accrue du secteur privé et des autres groupes au sein de la société. Le programme de l'OCDE
sur l'avenir à long terme constitue un bon modèle en matière d'intervention du secteur privé. Que ce soit en renouvelant les comités consultatifs ou par d'autres
moyens, nous devons amener les principaux acteurs à participer de façon plus active à nos analyses et nos discussions.
L'OCDE ne saurait se renouveler sans se donner des priorités. Nos grands objectifs prioritaires sont clairs. Si la promotion de la croissance, de l'emploi et du
progrès social, de même que le renforcement du système multilatéral sont au nombre des priorités de l'OCDE, c'est qu'ils sont aussi des priorités pour nous. Mais nous
ne nous sommes pas encore entendus sur les activités qui ont perdu ce caractère prioritaire. Pour rester à l'avant-garde, l'OCDE doit avoir la souplesse voulue pour
consacrer des ressources à l'étude de nouvelles questions. En raison des compressions budgétaires, nous devons mettre afin aux travaux sur les questions qui ont cessé
d'avoir de l'importance, ce qui exige que soit modifié le processus d'établissement des budgets et des priorités.
Nous convenons tous que l'OCDE doit posséder une « vision mondiale ». Nous la félicitons pour les efforts qu'elle déploie pour élargir le dialogue avec de nouveaux
interlocuteurs. Mais ce contact doit être efficace. La panoplie de programmes aux objectifs disparates représente environ le quart du budget total. Pouvons-nous nous
permettre de continuer sur cette voie? J'en doute.
Je propose de charger l'organisation d'élaborer un cadre plus cohérent pour les relations avec les pays non-membres dans le but de consolider et rationaliser les
divers programmes qui les concernent au sein d'une seule unité. Cette restructuration devrait s'opérer pendant l'été et être intégrée au prochain budget biennal. Les
résultats devraient faire l'objet d'un examen lors de notre prochaine réunion.
Les objectifs du programme de relations avec les pays non-membres sont au nombre de trois : établir des contacts avec d'autres organisations et regroupements
régionaux, nous permettre de mieux comprendre les liens d'interdépendance avec les non-membres, et partager avec eux les fruits de nos analyses stratégiques afin de
favoriser le changement. Les résultats des travaux effectués pour promouvoir l'expansion du commerce et l'amélioration des normes de travail menés par l'OCDE de
concert avec l'Organisation internationale du travail (OIT), devraient être transmis aux non-membres afin d'éclairer le débat sur cette question litigieuse et
promouvoir un consensus élargi.
Compte tenu de la croissance des activités d'autres organismes internationaux en matière d'aide technique et l'accession à l'OCDE de plusieurs pays d'Europe de l'Est,
il y aurait lieu de réduire considérablement le programme du centre de coopération avec les économies en transition. Celui-ci devrait être axé sur l'assistance en
matière de politiques et être pleinement intégré dans un programme consolidé de relation avec les pays non-membres.
Quant aux nouvelles adhésions, il nous faut dresser le bilan des conséquences de l'augmentation du nombre des membres sur le mandat, les intérêts et les activités de
l'OCDE. Il faudrait pour cela faire une pause afin d'approfondir ces questions avant de lancer de nouvelles invitations.
La nomination d'un Canadien à la tête de l'organisation est pour moi une source de fierté. Nous comptons sur M. Johnston pour procurer à celle-ci la vision et le
leadership dont elle a besoin pour préparer l'organisation à relever les défis du XXIe siècle. Le renouvellement ne sera pas chose facile, mais c'est là un processus
nécessaire. Certains avanceront que les récentes réductions budgétaires devraient soutenir notre détermination et nous inciter à canaliser nos efforts pour opérer des
réformes constructives et des compressions stratégiques en 1997-1998. M. Johnston aura besoin des ressources financières nécessaires et de l'appui total des pays
membres pour mener à bien ces objectifs. À titre provisoire, et pour 1996 seulement, nous demandons aux états membres de maintenir leur contribution au montant prévu
dans le budget provisoire de décembre. M. Johnston disposera ainsi d'une marge de manoeuvre qui lui permettra de planifier les réductions stratégiques au programme de
1997-1998. Ce qui importe encore davantage, c'est que nous nous engagions tous à appuyer le changement. Nous devons être animés par une volonté commune d'atteindre nos
objectifs et ainsi renouveler et réformer cette importante organisation qu'est l'OCDE.
Je vous remercie.