M. AXWORTHY - ALLOCUTION À L'UNIVERSITÉ YORK« POUR UNE PAIX DURABLE :LA MISE EN PLACE D'UNE INITIATIVE CANADIENNEDE CONSOLIDATION DE LA PAIX » - NORTH YORK (ONTARIO)
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NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE L'HONORABLE LLOYD AXWORTHY,
MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES,
À L'UNIVERSITÉ YORK
« POUR UNE PAIX DURABLE :
LA MISE EN PLACE D'UNE INITIATIVE CANADIENNE
DE CONSOLIDATION DE LA PAIX »
NORTH YORK (Ontario)
Le 30 octobre 1996
Introduction
Je vous remercie de m'avoir invité à vous rencontrer aujourd'hui. Comme vous le savez, notre gouvernement s'était engagé entre autres à ouvrir la formulation de la
politique étrangère canadienne à un éventail beaucoup plus grand de participants, y compris le monde universitaire. C'est pourquoi j'ai choisi de vous entretenir
aujourd'hui de ce que j'estime être l'un des plus grands défis auxquels nous faisons face dans le monde de l'après-guerre froide : instaurer une paix durable dans les
pays sujets à des cycles de violence récurrents.
Dans mes propos aujourd'hui, je voudrais vous livrer mes propres impressions sur ce pourquoi la « consolidation de la paix » est nécessaire et ce qu'elle signifie
concrètement, tout en étant conscient qu'il s'agit d'un concept en devenir. Et je voudrais vous faire part d'une nouvelle initiative que le Canada met en place en
réponse à ce défi que pose la consolidation de la paix.
Nouvelle ère, nouveaux besoins
La fin de la guerre froide a été saluée par certains comme le signe annonciateur d'une paix mondiale. En fait, ce n'est pas la paix qu'elle nous a apportée, mais
plutôt un nouveau genre de guerre. La crise actuelle dans la région des Grands Lacs en Afrique est la dernière en date d'une série de conflits intérieurs tragiques
qui ont des implications régionales profondes. Trop de pays sont pris dans une spirale apparemment sans fin de conflits à répétition à l'intérieur même de leurs
frontières, des conflits dont le coût se mesure non pas uniquement dans les millions de vies supprimées mais aussi dans la désespérance des survivants. Dans un monde
de plus en plus interdépendant, ces crises nous touchent tous, directement ou indirectement.
Au Cambodge, au Salvador, au Moyen-Orient, en Haïti, au Rwanda et en Bosnie, la communauté internationale a appris à ses dépens que les approches traditionnelles de la
résolution des conflits ne suffisent pas. Les solutions qui avaient cours durant la guerre froide ont encore un rôle clair à jouer. Le maintien de la paix -- la
contribution pionnière du Canada à la paix et à la sécurité internationales -- demeure un instrument clé. Mais ce n'est pas l'instrument qui convient pour empêcher la
purification ethnique dans l'ex-Yougoslavie, ou pour mettre fin à la propagande haineuse au Rwanda, ou pour permettre à l'Autorité palestinienne d'acquérir sa vitesse
de croisière avant que les espoirs de paix au Moyen-Orient ne s'estompent.
Les conflits auxquels nous faisons face aujourd'hui ne sont plus de nature purement militaire, et ils ne seront pas réglés par des solutions purement militaires. Ils
surviennent à l'intérieur même des États plutôt qu'entre les États, mais ils ont tendance à déborder dans les régions voisines. Et ils sont caractérisés par des cycles
de violence à long terme en l'absence de la capacité de maintenir une société pacifique.
La réponse : la consolidation de la paix
La communauté internationale a entrepris de repenser le concept de la sécurité dans son ensemble à la lumière de ces développements. Des pays comme la Norvège et la
Hollande ont été des chefs de file à cet égard, comme le Canada d'ailleurs. De cette initiative sont nés deux concepts clés : la sécurité humaine et, comme moyen
d'assurer cette sécurité, la consolidation de la paix.
J'ai parlé de la sécurité humaine lorsque j'ai pris la parole à l'Assemblée générale de l'Organisation des Nations unies [ONU] cet automne. Ce concept reconnaît que
les droits de la personne et les libertés fondamentales, la suprématie du droit, le bon gouvernement, le développement durable et l'équité sociale sont tout aussi
importants que le contrôle des armements et le désarmement pour assurer la paix dans le monde. Il s'ensuit que, pour restaurer et maintenir la paix dans les pays
victimes de conflits, la sécurité humaine doit être garantie, au même titre que la sécurité militaire. C'est là qu'intervient la consolidation de la paix : en tant
qu'ensemble de mesures destinées à renforcer et à solidifier la paix en construisant une infrastructure durable de sécurité humaine. La consolidation de la paix vise à
mettre en place les conditions minimales dans lesquelles un pays peut assumer sa destinée et le développement social, politique et économique devient possible.
Je vois la consolidation de la paix comme une bouée de sauvetage pour les sociétés qui luttent pour mettre fin au cycle de violence, ramener la civilité et se relever.
Une fois que les combats ont pris fin et que les besoins humanitaires immédiats ont été satisfaits dans un pays, il existe un équilibre instable durant une brève
période critique. Poussé du mauvais côté, le pays sombre à nouveau dans le conflit; mais si on lui fournit l'aide appropriée, durant ce bref intermède déterminant, il
optera pour la paix et la stabilité.
Ce n'est évidemment pas chose facile. Ce sont des situations explosives où les besoins sont nombreux et où il y a peu de temps pour réagir. Une réponse efficace
appelle souvent une coordination entre des organisations -- les organisations non gouvernementales [ONG], les militaires et les experts civils -- qui travaillent
généralement de façon autonome. Il faut opter pour une approche horizontale qui s'appuie sur des solutions militaires, diplomatiques et liées à l'aide. Et les
événements survenus en Bosnie, au Rwanda et maintenant au Zaïre ont clairement montré que, si son raisonnement a pu évoluer, la communauté internationale ne dispose
pas encore pour autant des outils nécessaires pour consolider la paix. En Bosnie, par exemple, les gardiens de la paix militaires se sont rapidement vu confier une
variété de fonctions civiles urgentes pour lesquelles ils n'étaient pas formés ou équipés.
La mécanique de la consolidation de la paix
C'est maintenant qu'il faut mettre au point ces nouveaux outils et mécanismes. Il ne sera pas facile de relever le défi de la consolidation de la paix; cela exigera un
acte de foi. Le Canada est prêt à poser ce geste, à offrir un exemple de leadership à la communauté internationale. Quels que soient les risques, la communauté
internationale ne peut plus se permettre de tergiverser tandis que d'autres pays sombrent dans des cycles marqués par les effusions de sang et les haines ethniques.
Pour prouver notre volonté de jouer un rôle de premier plan, nous avons accordé les services de notre ambassadeur aux États-Unis, M. Raymond Chrétien, en qualité
d'émissaire spécial du secrétaire général de l'ONU dans la région des Grands Lacs. Ancien ambassadeur au Burundi, au Rwanda et au Zaïre, M. Chrétien a une grande
connaissance de la région. Il s'y rendra dans quelques jours pour établir les faits concernant le conflit actuel, désamorcer la tension et rechercher des solutions
régionales. Sa mission présente les caractéristiques propres à la mécanique de la consolidation de la paix :
L'acceptation du risque : La consolidation de la paix s'impose dans des situations où le risque d'échec est beaucoup plus grand que dans le cas d'activités
multilatérales traditionnelles; mais il y a des cas où le coût de l'inaction est si élevé que la communauté internationale doit être prête à assumer ce risque.
Une réaction rapide, coordonnée et flexible : La consolidation de la paix concerne des situations où la rapidité d'action est capitale. Elle commande une action qui
allie la sécurité, le développement économique et social et le bon gouvernement et qui s'attaque aux problèmes réels de régions ou d'États particuliers.
L'état de préparation : Il découle de la nécessité d'une réaction rapide que, pour que la consolidation de la paix soit efficace, nous devons nous doter de capacités
de réserve au Canada, et, sur une base régulière, effectuer des analyses, revoir les priorités et procéder à des opérations d'alerte avancée.
Les partenariats : Les initiatives de consolidation de la paix nécessitent des partenariats avec les citoyens et ONG du Canada, d'autres pays donateurs, des
organisations internationales et, surtout, avec les pays que nous tentons d'aider : La consolidation de la paix ne consiste pas à imposer des solutions, mais à
travailler avec des pays pour réaliser la promesse de la Charte de l'ONU de « préserver les générations futures du fléau de la guerre ». C'est aider les personnes, les
communautés et les États à créer leurs propres occasions de paix durable en faisant en sorte que leurs institutions soient réceptives à leurs besoins.
Dans ce contexte, nous disposons au Canada de deux atouts majeurs qui peuvent servir la cause de la consolidation de la paix. D'abord, en édifiant leur propre régime
démocratique, les Canadiens ont développé de nombreuses compétences et institutions qui peuvent se révéler très utiles dans des sociétés déchirées par la guerre. Nous
avons façonné ces outils dans nos assemblées législatives et nos mécanismes électoraux, dans nos administrations locales et nos salles de nouvelles, dans nos forces
policières et nos tribunaux. Les Canadiens, qu'ils soient jeunes ou âgés, qu'ils oeuvrent dans les affaires, dans les milieux syndicaux, dans des organismes non
gouvernementaux ou dans des professions libérales, possèdent des compétences qui pourraient être mises au service de la consolidation d'une paix durable à l'étranger.
Le véritable test de notre leadership dans le domaine de la consolidation de la paix sera de mobiliser efficacement ces talents.
Le second atout du Canada est son avance dans le secteur des technologies de l'information. En raison même de leur nature, ces technologies sont bien assorties aux
tâches de consolidation de la paix. Elles sont un moyen rapide, flexible et peu coûteux de partager de l'information et de l'expertise. Il va de soi que ces
technologies peuvent être utilisées pour collecter et analyser de l'information et qu'elles peuvent servir de mécanismes d'alerte rapide. Leur potentiel va cependant
beaucoup plus loin. Nous devrions utiliser les technologies de l'information pour maintenir les capacités internes que nous avons aidé à développer longtemps après le
départ des experts canadiens. Par exemple, le Centre Pearson du maintien de la paix pourrait utiliser de nouvelles technologies pour garder le contact avec ses
diplômés étrangers partout dans le monde. Ces technologies pourraient aussi être utilisées pour fournir un complément à la formation à la consolidation de la paix
donnée ici au Canada, en faisant en sorte que les leçons apprises dans le cadre d'une opération puissent servir par la suite dans d'autres opérations.
Exemple de consolidation de la paix
Haïti, depuis la restauration de la démocratie en 1994, illustre bien ce dont je parle. La consolidation de la paix a été un complément du maintien de la paix, créant
les conditions propices à une paix durable durant la transition d'une situation de conflit à un développement à plus long terme. L'opération de maintien de la paix en
Haïti comprend aujourd'hui, outre son mandat militaire, une importante composante de consolidation de la paix : la formation de la police civile, et la coordination
des activités d'édification des institutions, de réconciliation nationale et de réhabilitation économique. Le Canada participe activement aux deux aspects du mandat de
l'ONU. Il y a un proverbe haïtien qui dit : « La loi, c'est du papier; la baïonnette, c'est de l'acier ». La consolidation de la paix donne aux Haïtiens la capacité de
faire eux-mêmes la transition de l'acier au papier pour régler leurs problèmes.
Le défi que nous devons maintenant relever est de faire fond sur notre travail innovateur en Haïti et de nous donner les moyens de réagir plus rapidement, et de façon
tout aussi innovatrice, au fur et à mesure que se manifestent des besoins urgents dans d'autres pays et régions prioritaires. C'est l'ampleur et la complexité du défi
de la consolidation de la paix qui nous a amenés à prendre diverses mesures qui, ensemble, forment l'initiative canadienne de consolidation de la paix.
L'initiative canadienne de consolidation de la paix
J'ai convenu avec mon collègue le ministre de la Coopération internationale, Don Boudria, qu'il fallait d'urgence coordonner nos programmes et politiques qui appuient
la prévention et le règlement des différends, la consolidation de la paix et la reconstruction après les conflits. Qu'il fallait établir des priorités et dépenser de
façon stratégique. Qu'il fallait mobiliser des ressources canadiennes considérables à l'appui de la consolidation de la paix. En somme, qu'il fallait un catalyseur qui
mobilise et rassemble les idées, les actions et les fonds. Nous avons donc décidé de mettre sur pied une initiative canadienne de consolidation de la paix.
Comme l'implique le terme initiative, nous nous engageons dans les premières étapes de ce que nous pensons être un processus à long terme. Nous possédons déjà bon
nombre des outils nécessaires pour répondre à des urgences complexes -- beaucoup de Canadiens au gouvernement et à l'extérieur participent déjà à la consolidation de la
paix -- mais nous devons trouver une nouvelle façon d'organiser nos activités. Notre but n'est pas de prendre le contrôle des activités existantes, mais de veiller à ce
qu'elles fonctionnent ensemble d'une manière cohérente.
Pour ce faire, nous devons nous poser un certain nombre de questions :
quelles sont nos priorités, tant en termes géographiques qu'en termes de créneaux de l'expertise canadienne;
quelles mesures sont requises dans une situation donnée;
quelles sont les meilleures personnes pour faire le travail;
d'où viendront les ressources pour la formation et le déploiement;
comment dépêcher les personnes et les ressources sur le terrain le plus vite possible;
comment mobiliser les réserves considérables de compétences canadiennes et assurer la coordination avec les initiatives de consolidation de la paix d'autres
intervenants.
C'est une des raisons pour lesquelles je suis ici aujourd'hui : nous avons besoin de vos idées, de votre énergie et de vos compétences pour nous aider à trouver des
réponses à ces questions et faire en sorte que l'initiative fonctionne. C'est aussi pourquoi j'ai demandé au Forum national sur les relations internationales de faire
de la consolidation de la paix l'un des deux thèmes des discussions qu'il mène actuellement. Deux sessions sur la consolidation de la paix ont eu lieu la semaine
dernière, l'une à Halifax et l'autre à Victoria. Les résultats obtenus ont souligné à mon attention un certain nombre de facteurs qu'il faut intégrer dans cette
initiative, par exemple mettre à contribution la société multiculturelle du Canada.
Dans mon discours aux Nations unies le mois dernier, j'ai annoncé une mesure concrète qui fera partie de l'initiative -- l'établissement d'une liste de Canadiens
qualifiés, spécialistes des droits de la personne, auxquels pourrait recourir rapidement le Centre des droits de l'Homme de l'ONU, par exemple, pour aider à vérifier
et à mettre en oeuvre les accords de paix. Aujourd'hui, j'aimerais annoncer deux autres mesures que le gouvernement est prêt à adopter immédiatement pour lancer
l'initiative.
La première mesure consiste à faire participer les experts des ONG au processus d'élaboration des politiques. C'est pourquoi je veux tenir des consultations
officielles sur la consolidation de la paix, en collaboration avec les membres du groupe de contact sur la consolidation de la paix dirigé par les ONG. Ces
consultations se tiendraient conjointement avec les consultations annuelles que nous aurons avec les ONG sur la question des droits de la personne au début de 1997.
Deuxièmement, nous allons mettre sur pied un fonds de consolidation de la paix, qui se chiffrera à 10 millions de dollars dans la prochaine année financière. Ce n'est
pas un fonds doté d'un très gros budget qui financerait toutes les initiatives canadiennes dans le domaine de la consolidation de la paix. Il n'est pas non plus
destiné à financer des activités connexes déjà assurées grâce à d'autres mécanismes -- comme le déminage, la démobilisation des troupes, la restauration des
infrastructures, le retour des réfugiés et des personnes déplacées et l'aide au développement à long terme. Il est plutôt destiné à combler, dans des cas d'urgence,
les lacunes dans la programmation et surtout à servir de catalyseur, pour susciter de nouvelles approches et mobiliser le talent et les compétences des Canadiens.
Le ministre de la Coopération internationale et moi-même identifieront et approuveront conjointement les initiatives admissibles à un financement à même le Fonds.
Mais, surtout, nous comptons travailler ensemble pour rationaliser la prise de décisions, coordonner les activités au Canada et à l'étranger, assurer une consultation
et un partage d'information à grande échelle et accélérer notre réaction en cas de crises. D'autres ministères ainsi que des ONG seront mis à contribution pour assurer
des approches cohérentes en termes d'aide politique, militaire, humanitaire et de développement pour faire face à des situations urgentes et complexes.
J'aimerais inviter les Canadiens à réfléchir à la contribution qu'ils pourraient faire de leur côté. Il revient au gouvernement de formuler les politiques et de
définir les priorités en ce qui concerne la consolidation de la paix. Mais il ne peut tout faire lui-même; il n'a ni les ressources ni les compétences. Pour que cette
initiative réussisse, nous avons besoin de gens comme vous. Nous avons besoin de Canadiens qui ont pris l'engagement de promouvoir la paix, qui comprennent
l'environnement international et qui possèdent des compétences qui pourraient être mises à contribution pour reconstruire des sociétés déchirées par la guerre.
Conclusion
Nous vivons une profonde mutation de la conduite des relations internationales. La vieille conception de la sécurité entre États, née dans la guerre froide, cède le
pas à une nouvelle approche, centrée sur une sécurité humaine durable. Le Canada se doit d'être à l'avant-garde de cette mutation, non seulement en raison de ce qu'il
a à offrir à d'autres mais aussi parce que cela sert ses propres intérêts. La consolidation de la paix ouvre la voie à un environnement international où pourront
régner la sécurité et la justice et où pourra s'épanouir le Canada. Par le passé, notre pays a été un leader dans le domaine du maintien de la paix. Mon but est d'en
faire un leader dans celui de la consolidation de la paix.
L'initiative canadienne de consolidation de la paix nous donnera les moyens de mobiliser l'expertise canadienne au service de la consolidation de la paix. Elle nous
donnera les outils dont nous avons besoin pour faire face, rapidement et efficacement, aux exigences complexes de la consolidation de la paix -- la mise en place des
éléments nécessaire à la promotion de la confiance entre les diverses communautés à l'intérieur des États. Et les outils qui nous permettront de promouvoir la
coopération entre les États par des façons qui contribuent à une authentique sécurité humaine - pas seulement la paix factice et froide fondée sur les armes. L'homme
d'État israélien Abba Eban a dit que les hommes et les nations choisissaient le parti de la sagesse, mais seulement après avoir épuisé toutes les autres possibilités.
L'initiative canadienne de consolidation de la paix a pour but d'éviter que nous épuisions toutes les autres options avant d'agir de façon décisive pour consolider la
paix.
Merci.