M. EGGLETON - ALLOCUTION À L'OCCASION DU DÉBATSUR LE DISCOURS DU TRÔNE - OTTAWA (ONTARIO)
96/6 SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE ART EGGLETON,
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,
À L'OCCASION DU DÉBAT
SUR LE DISCOURS DU TRÔNE
OTTAWA (Ontario)
Le 5 mars 1996
Monsieur le Président, le discours du Trône réaffirme l'engagement du gouvernement
à élargir le commerce pour garantir notre prospérité.
L'expansion du commerce n'est pas une question de choix pour les Canadiens : étant
donné notre population relativement petite, il nous faut tout simplement trouver
des marchés au-delà de nos frontières. C'est un défi que les Canadiens relèvent
avec ténacité et succès.
Les exportations se sont accrues à un rythme sans précédent, et représentent
maintenant près de 37 p. 100 de notre PIB, contre seulement 24 p. 100 en 1991. Un
emploi canadien sur trois dépend maintenant de l'exportation. Un sur trois,
monsieur le Président!
Les derniers chiffres sur notre commerce des marchandises viennent tout juste
d'être publiés, et je suis enchanté d'annoncer qu'il enregistre un excédent record
de 28 milliards de dollars -- battant le précédent record de quelque 20 milliards
de dollars atteint en 1984!
Fait significatif, cette croissance des exportations est surtout observée dans les
secteurs à valeur ajoutée, ce qui veut dire que nous ne nous contentons plus
d'exporter des matières premières que d'autres valoriseront et nous revendront
plus cher. Ce sont là des nouvelles encourageantes pour les perspectives
économiques à long terme des Canadiens.
Il est aussi encourageant de noter que, même si les États-Unis restent de loin
notre principal partenaire commercial, il y a également eu un accroissement marqué
de nos ventes sur les autres grands marchés du monde.
Ainsi, notre commerce s'accroît, nos exportations se diversifient et nos marchés
s'élargissent.
Qu'est-ce qui explique ce succès phénoménal, monsieur le Président?
Je pense que celui-ci s'explique par trois facteurs.
Premièrement, la dépréciation du dollar canadien a fait que les Canadiens ont plus
de facilité à vendre leurs biens et leurs services sur les marchés étrangers. Mais
ce n'est pas tout.
Il faut aussi reconnaître que notre succès s'explique en partie par nos efforts de
libéralisation du commerce -- tant au sein de l'Organisation mondiale du commerce
[OMC] que dans le contexte de l'Accord de libre-échange nord-américain [ALENA]. En
donnant des chances égales aux firmes canadiennes, nos succès en politique
commerciale ont permis à nombre d'exportateurs expérimentés d'attaquer de nouveaux
marchés, et à nombre d'entreprises canadiennes de se lancer pour la première fois
dans l'exportation.
Enfin, nos exportations ont pris de l'essor grâce à l'initiative et à
l'imagination d'entreprises canadiennes qui ont trouvé des moyens de livrer
concurrence, et avec profit, sur les marchés du monde. Ces entreprises ont été les
artisans de leur propre succès, et leurs réalisations nous avantagent tous.
Mais les succès passés nous imposent la responsabilité de maintenir et de dépasser
ces résultats. Si nous voulons continuer à offrir des emplois de qualité aux
Canadiens, nous devons continuer à viser encore plus haut. Et c'est justement ce
que nous faisons.
En octobre dernier, mon prédécesseur, le député d'Etobicoke-nord, a défié les
Canadiens de doubler le nombre des exportateurs actifs d'ici l'an 2000. C'est
certainement un objectif ambitieux, mais songeons seulement à notre potentiel!
Relativement peu de sociétés canadiennes exportent déjà. Environ 10 000 firmes
sont à l'origine de plus de 98 p. 100 de nos exportations, et 50 firmes comptent à
elles seules pour la moitié de ces ventes. Pour élargir nos ventes à l'étranger,
nous devons accroître sensiblement le nombre des sociétés exportatrices et
encourager les exportateurs actuels à s'attaquer à de nouveaux marchés.
Et il y a aussi le revers de la médaille, monsieur le Président. Tout comme il
doit accroître ses exportations, le Canada doit attirer des investissements
étrangers directs de qualité et générateurs de technologie.
Plus d'un emploi sur dix et plus de la moitié des exportations canadiennes sont
directement attribuables à l'investissement étranger au Canada.
L'investissement étranger nous amène les toutes dernières technologies et renforce
la capacité de nos filiales de soutenir la concurrence sur les marchés du monde.
Et toutes les régions du pays en profitent. Par exemple, la société suédoise Stora
a récemment annoncé la construction d'une nouvelle usine de pâtes et papiers de
650 millions de dollars en Nouvelle-Écosse, un projet qui créera 300 emplois. La
filiale montréalaise d'Ericsson Communications, une autre firme suédoise, emploie
700 ingénieurs et techniciens canadiens.
Les expansions récemment annoncées par Toyota et Honda créeront 2 200 nouveaux
emplois en Ontario. Et les décisions que vient de prendre Merck-Frosst
entraîneront la création de 200 nouveaux postes de chercheurs scientifiques en
Colombie-Britannique et au Québec.
Ce sont là de gros chiffres, monsieur le Président. Mais chacun de ces chiffres
cache un Canadien ou une Canadienne qui se voit donner la dignité d'occuper un
emploi, de subvenir lui-même ou elle-même à ses besoins --, qui peut commencer à
rêver d'un avenir meilleur que dans le passé. C'est ce que signifie véritablement
l'investissement étranger.
Nous savons que la concurrence pour cet investissement étranger est féroce. C'est
pourquoi nous devons agir énergiquement et stratégiquement pour l'attirer et le
maintenir au Canada. Nous avons le meilleur pays au monde où investir. C'est le
message que nous devons continuer à faire passer.
Il est absolument essentiel d'offrir aux investisseurs étrangers un climat comme
nul autre propice à l'investissement. C'est pourquoi le gouvernement demeure
résolu à réduire le déficit. C'est aussi pourquoi nous travaillons à éliminer les
fardeaux réglementaires, à enrayer les obstacles au commerce interprovincial, et à
mettre fin aux différends et aux règlements qui entravent les échanges et les
déplacements des gens d'affaires.
Monsieur le Président, si le commerce est, comme on le dit souvent, le moteur de
notre prospérité économique, l'accès en est le carburant. La libre circulation des
biens est essentielle à la santé de notre économie et notre gouvernement
continuera d'ouvrir de nouveaux marchés et de créer de nouveaux débouchés pour les
sociétés canadiennes.
Voici les trois priorités qu'a cernées le gouvernement pour continuer d'assurer
l'essor de notre commerce :
Premièrement, bien gérer notre relation commerciale avec les États-Unis, la plus
importante de toutes.
Deuxièmement, libéraliser le commerce dans le monde, par des règles claires et des
conditions égales pour tous. Nos efforts en ce sens passent par l'OMC et l'ALENA.
Troisièmement, faire en sorte que les sociétés canadiennes profitent des avantages
offerts par la mondialisation des marchés. Cela veut dire défendre les intérêts
des entreprises canadiennes à l'étranger, les aider à trouver de nouveaux
débouchés, les soutenir financièrement au besoin et attirer de nouveaux
investissements au Canada.
Monsieur le Président, ces priorités n'ont pas été inventées de toutes pièces.
Elles sont le fruit de multiples consultations auprès de l'industrie canadienne et
de nos partenaires provinciaux. Nous comptons préserver cet esprit de
collaboration à mesure que nous concrétiserons ces priorités.
Il va de soi que les échanges que nous réalisons avec les États-Unis doivent être
la priorité absolue puisque c'est là que vont 82 p. 100 de nos exportations.
Le climat relativement stable et prévisible créé par l'ALENA et l'OMC a favorisé
un essor prodigieux du commerce canado-américain. Nos exportations sur ce marché
ont en effet augmenté de 90 p. 100 au cours des neuf dernières années, et ce, à la
faveur de l'ALENA, et auparavant de l'ALE.
Au fil du temps, nous avons réussi à assujettir à des règles commerciales
reconnues une part grandissante de nos rapports commerciaux bilatéraux, mais force
nous est de constater depuis quelque temps que nous somme encore loin d'une
relation commerciale entièrement réglementée avec nos amis américains.
Ainsi, nous continuerons de soutenir que des lois sur les droits antidumping et
compensateurs n'ont pas leur place dans une zone de libre-échange. Bien que nous
n'ayons pas encore réussi à convaincre les États-Unis de notre position à cet
égard, nous continuerons de faire en sorte que notre relation commerciale soit
exempte de telles lois sur les sanctions commerciales.
Ce sera l'un des grands objectifs qui guideront nos efforts d'expansion et de
renforcement de l'ALENA.
Ces principes -- la réglementation des échanges et l'abandon des droits
compensateurs -- caractérisent également notre approche au sein d'autres organismes
multilatéraux et régionaux comme l'OMC et le forum de Coopération économique Asie-Pacifique [APEC].
Avec nos partenaires de l'OMC, nous voulons éviter une approche en étoile en
matière de politique commerciale, garantir la mise en place de règles et
d'obligations équitables, et démontrer le bien-fondé de la participation à l'OMC.
Nous participons également à des discussions sur la libéralisation au niveau
régional lorsque nous le jugeons important pour les intérêts canadiens.
Mentionnons la négociation d'ici 2005 d'une zone de libre-échange des Amériques,
notre participation à l'APEC et l'initiative Canada-États-Unis-Union européenne.
Sur le plan bilatéral, nous venons de signer un accord de libre-échange avec
Israël; nous négocions également un accord avec le Chili, lequel pourrait
déboucher sur l'accession de ce pays à l'ALENA.
Tous ces efforts et toutes ces initiatives ont pour objet de donner aux
entreprises canadiennes l'accès aux marchés étrangers dont elles ont besoin. Mais
cela ne représente que la moitié de la victoire.
Les entreprises canadiennes doivent être tenues au courant des possibilités qui
s'offrent à elles, elles doivent être soutenues dans leurs efforts pour créer des
percées dans ces nouveaux marchés et il faut communiquer aux investisseurs
étrangers les avantages qu'il y a à investir au Canada.
À tous ces égards, notre gouvernement prend des mesures concrètes.
Les Canadiens connaissent bien les succès remportés par les missions de l'Équipe
Canada du premier ministre à l'étranger. La dernière mission en Asie du Sud-Est a
mis en valeur les avantages d'une stratégie unifiée qui a permis de conclure de
nouveaux marchés de quelque 9 milliards de dollars pour les entreprises
canadiennes. Ce chiffre vient s'ajouter aux quelque 13 milliards générés par les
deux missions précédentes de l'Équipe Canada. Comme l'indique le discours du
Trône, le présent gouvernement n'a pas non plus l'intention de s'arrêter là, et le
premier ministre prendra encore la tête de telles missions à l'avenir.
Ces missions lèvent le voile sur les possibilités qui s'offrent aux Canadiens
lorsqu'ils travaillent ensemble. Nous devons maintenant adopter cette stratégie à
la grandeur de notre pays afin d'accroître le nombre d'entreprises qui font des
affaires avec l'étranger.
À cette fin, nous avons mis sur pied une Équipe Canada intérieure, en partenariat
avec les ministères et organismes fédéraux concernés, les provinces et le secteur
privé. Sa mission consiste à aider les exportateurs existants à trouver de
nouveaux marchés, et à faire en sorte que tous les exportateurs canadiens aient
accès à la meilleure information possible concernant les marchés mondiaux.
Au cours des trois prochains mois, tous les partenaires -- aux niveaux fédéral et
provincial, et dans le secteur privé -- détermineront les secteurs et les marchés
qu'il faudra viser.
La tâche de l'Équipe Canada consistera à :
trouver, préparer et aider les entreprises ayant un potentiel d'exportation;
susciter leur intérêt pour les marchés étrangers;
les aider à avoir accès à tous les programmes d'aide à l'exportation;
faciliter leur engagement dans des activités d'exportation.
Monsieur le Président, il est plus important que jamais auparavant que nous
engagions nos ressources là où elles auront le plus de retombées. C'est la raison
pour laquelle notre aide financière directe pour le développement du commerce
international est maintenant limitée aux petites et moyennes entreprises
dynamiques.
Nous reconnaissons aussi le rôle essentiel que jouent nos délégués commerciaux
dans 107 missions commerciales partout au monde. Ces délégués indiquent aux
entrepreneurs des filons commerciaux, les présentent à des acheteurs ou à des
partenaires dans des marchés étrangers, tout en leur offrant des conseils
stratégiques opportuns sur les marchés et les meilleures façons d'y accéder.
Nous devons appuyer et renforcer nos missions commerciales en les incitant à se
concentrer sur leurs clients et en leur donnant les moyens de mesurer la
satisfaction du client.
Le dernier ingrédient essentiel au succès des exportations demeure l'accès à un
financement concurrentiel des exportations. Ce financement détermine souvent si
une entreprise peut ou ne peut pas exporter.
À une période où les ressources s'amenuisent et où les gouvernements ne peuvent
plus se permettre d'octroyer tout le financement qu'ils souhaiteraient ou dont les
entreprises pourraient avoir besoin, nous devons nous montrer plus créatifs et
plus ingénieux.
Les anciennes méthodes où les commandes d'exportation reposaient sur un
financement à l'exportation fortement subventionné doivent aujourd'hui laisser
place à de nouvelles formes de partage du risque avec le secteur privé.
Nous comprenons les nouvelles réalités et nous travaillerons par le biais de la
Société pour l'expansion des exportations [SEE] à étendre le système de
financement à l'exportation en nous servant des ressources publiques et privées
par des moyens nouveaux et novateurs.
Nous examinerons également des façons d'encourager les établissements financiers
du Canada à s'engager davantage dans le financement des exportations. Certaines
banques ont déjà commencé à tisser des liens solides avec la SEE et nous voulons
que ces liens évoluent en réels partenariats à risques partagés.
Monsieur le Président, à l'aube du XXIe siècle, notre réputation en tant que
puissance commerciale est bien établie et continue de grandir. Les Canadiens ont
démontré qu'ils étaient capables d'affronter les marchés mondiaux et de gagner.
En tant que gouvernement, notre rôle consiste à consolider nos acquis, ouvrir de
nouveaux marchés pour nos entreprises, encourager un plus grand nombre de firmes à
exporter, et continuer à présenter le Canada comme un pays où l'investissement
prospère.
Notre prospérité en tant que nation a toujours été tributaire du commerce.
Autrefois, à l'aide d'autres moyens, nous avons relevé les défis auxquels nous
étions confrontés. Et je suis persuadé que nous serons encore à la hauteur de ces
défis. Notre performance récente sur les marchés indique ce que nous pouvons
accomplir lorsque les Canadiens travaillent ensemble. Et je suis convaincu que ces
succès annoncent des réalisations encore plus grandes dans l'avenir.
Merci.