SÉMINAIRE RÉGIONAL SUR LES MINES ANTIPERSONNEL « RÉAFFIRMER NOTRE ENGAGEMENT »
99/2 SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE LLOYD AXWORTHY,
MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES,
À L'OCCASION DU SÉMINAIRE RÉGIONAL SUR LES MINES ANTIPERSONNEL
« RÉAFFIRMER NOTRE ENGAGEMENT »
MEXICO, Mexique
Le 11 janvier 1999
(13 h HNE)
Ce document se trouve également au site Internet du Ministère : http://www.dfait-maeci.gc.ca
Dès le début, notre hémisphère a participé activement à la campagne mondiale d'interdiction des mines
antipersonnel. En tant que région, nous avons joué un rôle majeur pour donner corps au Traité d'Ottawa. Et nous
devons poursuivre dans cette voie, car les efforts portent maintenant sur l'application de ce traité.
C'est pourquoi je suis enchanté de participer à un séminaire où nous allons, ensemble, examiner des solutions
pratiques aux graves problèmes causés par les mines antipersonnel dans notre hémisphère. Le thème retenu pour
ce séminaire
-- « Réaffirmer notre engagement » -- illustre à merveille l'esprit qui anime les efforts d'interdiction de ces mines
dans la région.
Je suis particulièrement heureux que le Canada coparraine ce séminaire avec le Mexique, un pays qui s'est révélé
être un intervenant actif, constructif et très apprécié -- et souvent un leader -- dans la poursuite des objectifs
mondiaux en matière de désarmement et de contrôle des armements, y compris en ce qui concerne le dossier des
mines antipersonnel.
En mars, la Convention d'Ottawa entrera en vigueur -- on n'a jamais vu un délai si court dans le domaine des
conventions sur le désarmement. Dès les premiers stades du processus d'Ottawa, les dirigeants d'Amérique
centrale et des Antilles se sont engagés à faire de leur région une zone libre de mines avant l'an 2000. Trente-trois
des trente-cinq États de notre hémisphère ont été parmi les premiers signataires de la Convention. Depuis, 14
l'ont ratifiée. Il ne fait aucun doute que notre continent a apporté une contribution majeure à cette réalisation
historique.
L'étroite coopération entre les gouvernements et les organisations de la société civile a été un élément important
de ce qu'on appelle maintenant le processus d'Ottawa -- et un facteur clé de notre réussite. Ce partenariat doit se
poursuivre. Et, en regardant autour de moi ici aujourd'hui, je trouve encourageant de voir que cette coalition unique
demeure solide.
Certes, la Convention d'Ottawa est une réalisation majeure, mais elle ne représente qu'un début. Malgré les
problèmes qu'il a fallu surmonter pour y arriver, la conclusion du Traité aura été la partie facile de notre mandat. En
effet, le véritable défi consiste maintenant à appliquer et à universaliser ce traité. C'est la mesure dans laquelle cet
instrument parviendra à changer la vie des personnes menacées chaque jour par les mines antipersonnel qui
déterminera si nous avons ou non réussi. C'est pourquoi nous sommes ici aujourd'hui.
Les gouvernements et les organisations de la société civile ont accueilli des réunions comme celle-ci au cours de
la dernière année -- en Russie, en Jordanie, en Thaïlande, en Hongrie et en Yougoslavie -- dans le but de nous
rapprocher des objectifs de la Convention. Chacune de ces conférences a produit des résultats concrets --
davantage de ratifications et de signataires, plus grande sensibilisation du public au problème des mines
terrestres, intensification des pressions sur les réfractaires pour qu'ils signent et ratifient la Convention, actions
concrètes contre les mines et projets de réinsertion sociale des victimes.
J'espère que nous pourrons ces prochains jours revitaliser l'engagement de la région à faire des progrès dans
tous ces domaines. Pour la première fois depuis le début du processus d'Ottawa, nous sommes réunis pour
examiner ensemble comment débarrasser les terres arables, les terrains de jeux et les champs de notre région de
ces engins qui tuent sans discrimination.
La signature et la ratification de la Convention demeurent l'indispensable point de départ. À chaque adhésion, un
nouveau pays assume la responsabilité de détruire les mines sur son propre territoire, ainsi que de participer aux
opérations de déminage et d'aide aux victimes dans les États affectés.
La Première Assemblée des États parties (PAEP) à la Convention aura lieu au Mozambique en mai. Comme je
l'ai mentionné, 14 États de notre hémisphère ont ratifié la Convention. Beaucoup d'autres ont enclenché le
processus à cette fin. Je veux que nous arrivions au Mozambique avec le plus de ratifications possibles -- ce qui
réaffirmera notre solide engagement et le leadership de la région.
Il nous faut aussi maintenir l'élan public et politique. Cela est essentiel si nous voulons donner corps aux
dispositions du Traité et changer la vie des gens. Nous avons fait des progrès à l'échelle mondiale. En effet,
on compte maintenant moins de 10 pays producteurs de mines qui n'appuient pas un moratoire complet ou une
interdiction de facto relativement aux exportations de mines antipersonnel;
presque tous les exportateurs traditionnels de mines ont mis un terme à leurs activités -- le commerce autrefois
florissant des mines a pratiquement disparu, le recours aux mines diminue, et les transferts se font rares;
des moratoires unilatéraux ont été adoptés par les principaux pays non signataires -- États-Unis, Russie, Chine;
11 millions de mines entreposées ont été détruites par 15 pays depuis le commencement du processus d'Ottawa
en 1996;
il s'ensuit de toutes ces mesures que des millions de mines ne seront jamais produites, exportées ou utilisées, ce
qui épargnera des milliers de vies et évitera aussi à des milliers de personnes des blessures débilitantes.
Les activités de sensibilisation et de soutien continuent de se multiplier dans notre région. L'accord de paix entre
le Pérou et l'Équateur est venu mettre un terme à l'un des différends les plus complexes en Amérique du Sud, et
prévoit, de surcroît, des opérations de déminage. En Colombie, les alliances rebelles ont renoncé aux mines
antipersonnel dans le cadre de « l'accord des portes du ciel ». Pour mieux sensibiliser les Colombiens au
problème des mines, le Canada versera une contribution de 50 000 dollars, afin d'aider une ONG locale à gérer
une campagne d'information nationale à ce sujet.
Des programmes concrets d'action contre les mines sont indispensables si on veut donner un sens véritable à la
Convention. Au cours de l'année écoulée, 10 pays donateurs ont lancé près de 100 nouveaux programmes de
cette nature dans 25 pays. Des donateurs comme le Canada, la Norvège, l'Union européenne, les États-Unis et le
Japon ont mobilisé d'importantes nouvelles ressources à cette fin.
Non seulement les programmes d'action contre les mines sont-ils plus nombreux, mais ils sont menés de manière
plus systématique, avec une meilleure tenue des registres et, grâce aux nouvelles technologies, de façon plus
rapide, efficace et sûre que jamais.
Les travaux de relevé représentent la meilleure façon de veiller à ce que les ressources de déminage soient
affectées là où les besoins sont les plus grands et où elles feront le plus de bien. L'an dernier, un consortium
d'ONG appelé Groupe de contact sur les relevés et les enquêtes s'est associé au système des Nations Unies afin
d'établir des procédures normalisées ainsi qu'une approche stratégique visant à effectuer le plus rapidement
possible des relevés dans les États les plus touchés par les mines.
Grâce aux programmes d'action contre les mines menés dans le monde, qui vont du processus onéreux et
laborieux de déminage aux programmes, plus économiques et ciblés, de sensibilisation au danger des mines, en
passant par les projets de marquage des champs de mines, le nombre de nouvelles victimes diminue dans de
nombreux États. En Bosnie, le nombre d'incidents mensuels est tombé, en 1998, de 90 à 18. Au Cambodge, il est
passé de 230 en 1996 à 100 en 1998. Au Nicaragua, il n'y a eu que deux décès attribuables à des mines l'an
dernier. Il ne faut certes pas sous-estimer le travail qui reste à accomplir, mais ces nouvelles sont encourageantes.
Dans notre hémisphère, un vaste éventail de nouveaux programmes d'action contre les mines sont en cours de
planification ou d'exécution au Nicaragua, au Guatemala, au Pérou et en Équateur, au Honduras, en Colombie et
au Salvador.
En coopération avec l'OEA [Organisation des États américains] et la Norvège, le Canada a affecté 1 million de
dollars à un programme de déminage mené dans le nord du Nicaragua, le long de la frontière avec le Honduras.
Le Canada a réservé un million de dollars pour un programme de déminage dans le nord du Nicaragua, le long de
la frontière du Honduras. Le Canada est en outre heureux de verser 100 000 dollars pour l'achat de matériel
devant aider le Pérou et l'Équateur à entreprendre -- plus rapidement et plus sûrement -- le travail de déminage
associé à la démarcation de leur frontière commune.
La dévastation causée par l'ouragan Mitch en Amérique centrale n'a pas épargné l'action contre les mines dans
cette région. Pour veiller à ce qu'une action contre les mines sûre et efficace puisse être menée le plus tôt
possible, le Canada a accordé 100 000 dollars en faveur d'une mission d'évaluation de l'OEA envoyée en
Amérique centrale pour faire le bilan de l'impact de l'ouragan dans cette région.
Si le déminage est une priorité bien établie, il faut également accorder une importance accrue à la réinsertion
sociale et économique des survivants. La communauté internationale conjugue ses efforts afin d'établir des
objectifs et des normes en matière d'aide aux victimes et de mieux coordonner l'exécution des programmes dans
ce domaine.
À l'échelle régionale, le Canada coopère avec le Mexique et l'Organisation panaméricaine de la santé à des
activités de réinsertion sociale des victimes de mines. Nous avons engagé 3,5 millions de dollars sur cinq ans
pour soutenir des programmes de réinsertion communautaire au Nicaragua, au Salvador et au Honduras. Au
Guatemala, le Canada et Israël travaillent avec les autorités locales à promouvoir la réinsertion sociale des
victimes de mines.
La concertation des efforts, le sens commun et la coordination, voilà les moyens qui nous permettront de relever le
défi des mines terrestres en quelques années, et non en quelques décennies. La Convention d'Ottawa trace la
voie et établit le cadre global de l'action contre les mines. Nous réalisons des progrès vers l'atteinte de notre
objectif. Mais le plus grand problème à surmonter réside peut-être dans l'érosion de l'enthousiasme que suscite
cette action. Pour cette raison, nous devons sans cesse renouveler notre attachement à la réalisation de nos
objectifs -- obtenir la ratification universelle, maintenir l'intérêt de l'opinion publique et du monde politique et
mener des programmes efficaces d'action contre les mines et de réinsertion sociale des victimes -- autrement dit,
appliquer le Traité.
C'est ici que notre institution hémisphérique, l'OEA, joue un rôle essentiel. En effet, parmi les organisations
régionales, seule l'OEA relève le défi de l'action contre les mines par l'entremise du Service pour l'encouragement
de la démocratie et en mandatant soigneusement l'Organisation interaméricaine de défense.
Les travaux réalisés par l'OEA dans ce domaine ont servi de modèle à d'autres organisations régionales. Nous
félicitons le secrétaire général, M. Gavira, le Secrétariat de l'OEA et les États membres des mesures
impressionnantes prises pour s'attaquer au problème des mines antipersonnel. Nous estimons que l'OEA devrait
travailler étroitement avec les Nations Unies pour assurer une coordination efficace de l'action contre les mines
menée dans les Amériques et pour prévenir tout chevauchement des efforts.
Qui plus est, nous sommes d'avis que l'OEA, avec le soutien adéquat de ses membres et des États ayant le statut
d'observateur, pourrait assumer la majeure partie des responsabilités courantes de l'action contre les mines dans
la région -- permettant ainsi aux Nations Unies de mettre l'accent sur d'autres régions qui ne bénéficient pas de
l'infrastructure, de l'organisation et de l'expérience de l'OEA.
Cependant, le défi dans la région s'étendra au-delà de l'Amérique centrale. Tandis que nous veillerons au respect
intégral et effectif des engagements souscrits aux termes de la Convention d'Ottawa, l'OEA pourrait devoir jouer
un rôle plus important pour ce qui est d'aider les États membres à atteindre leurs objectifs en matière d'action
contre les mines, s'agissant notamment de la destruction des stocks, du recensement, du balisage et du mappage
des zones minées, du déminage et de la destruction des mines ainsi que de l'aide aux victimes.
Certains membres de l'OEA ont déjà pris d'importantes décisions, à l'échelon régional, qui complètent et
renforcent les engagements contractés au titre de la Convention d'Ottawa, comme la création, à l'Assemblée
générale tenue à Caracas, d'un registre régional des mines antipersonnel. La transparence est un élément clé de
la lutte contre les mines antipersonnel. Nous invitons tous les pays qui ne sont pas signataires de la Convention --
dans la région et ailleurs -- à présenter volontairement des informations en vertu de l'article 7 de la Convention
d'Ottawa, particulièrement en ce qui concerne les stocks, les programmes d'action contre les mines et les
mesures unilatérales prises pour mettre un terme à l'utilisation et au commerce des mines antipersonnel.
Nous faisons des progrès. Le présent séminaire, auquel participent gouvernements et société civile, s'inscrit dans
la droite ligne du Processus d'Ottawa et nous aidera, j'en suis convaincu, à progresser vers un monde dans lequel
il n'y aura plus de mines.
Merci.