M. MARCHI - ALLOCUTION DEVANT LES CHAMBRES DE COMMERCE DE CALGARY ET DU CANADA - CALGARY (ALBERTA)
99/21 SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE SERGIO MARCHI,
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,
DEVANT
LES CHAMBRES DE COMMERCE DE CALGARY ET DU CANADA
CALGARY (Alberta)
Le 15 mars 1999
(10 h 40 HNE)
Merci à la Chambre de Commerce de Calgary et à celle du Canada de leur généreuse invitation. Les Calgariens
sont réputés pour leur hospitalité, et ce n'est certes pas vous qui avez failli à la tradition aujourd'hui!
Comme vous le voyez, je suis accompagné cet après-midi d'un certain nombre de personnalités : du sous-ministre
Donald Campbell, et des sous-ministres adjoints George Haynal, Lucie Edwards et Kathryn McCallion. Toutes ces
personnes sont là pour répondre aux questions auxquelles je n'aurai pas de réponse.
Nous avons aussi la chance d'avoir ici une vingtaine d'ambassadeurs et hauts-commissaires venus de nos
missions en Amérique latine et dans les Caraïbes. Ils font tous un travail absolument remarquable, qui consiste à
représenter les intérêts du Canada dans cette région dynamique du globe.
L'avenir du Canada est lié à n'en pas douter à celui de nos voisins de l'hémisphère, et nos regards se tournent
plus que jamais vers le Sud du Rio Grande. Donc, au nom de nous tous, je vous remercie encore une fois de votre
contribution.
J'aimerais vous parler aujourd'hui très brièvement des prochaines séries de négociations commerciales
internationales et de la nécessité de rendre le processus plus transparent et plus accessible aux Canadiens, de
l'est à l'ouest.
Comme vous le savez, nous vivons une année importante sur le plan du commerce. En effet, une nouvelle série de
négociations sera lancée par les ministres de l'OMC [Organisation mondiale du commerce] à leur réunion à
Seattle, en décembre. De plus, le Canada préside les négociations en vue de la création d'une Zone de libre-échange des Amériques [ZLEA] jusqu'en octobre, l'an prochain.
Le Canada entend être présent aux tables de négociations parce qu'il veut influer sur l'orientation des discussions.
Nous savons que le fait d'avoir participé à l'instauration d'un système commercial fondé sur des règles -- c'est-à-dire un système où le règlement des différends repose sur le droit et non sur la force -- nous a été profitable. Nous
comptons d'ailleurs demeurer aux premières lignes de l'action visant la libéralisation du commerce à l'échelle de
la planète.
Qui pourrait douter que nous vivons une époque passionnante? Partout dans le monde, les barrières
commerciales tombent, les occasions d'affaires s'ouvrent, et jamais dans notre histoire les Canadiens n'ont eu
d'aussi bonnes possibilités d'améliorer leur vie et celle de leurs enfants.
La technologie abolit les distances, et la distinction entre marché international et marché national n'a jamais été
plus mince. Nous sommes en mesure d'acheter et de vendre sur des marchés qui, auparavant, nous étaient
fermés.
Un pays commerçant comme le nôtre doit saluer de tels changements. L'an dernier, le Canada a affiché des
exportations record de 323 milliards de dollars. Cette réussite sur les marchés internationaux est importante parce
que plus de 40 p. 100 du PIB [produit intérieur brut] du Canada vient du commerce et qu'un emploi sur trois est lié
à notre capacité de vendre nos biens et nos services à l'étranger.
Une des zones les plus prometteuses est celle de l'Amérique latine et des Caraïbes. Et, en tant que président des
négociations de la ZLEA, le Canada est bien placé pour jouer un rôle de premier plan dans une des régions les
plus dynamiques du monde.
Lorsque les négociations portant sur la ZLEA s'achèveront en 2005, on aura créé la plus vaste région de libre-échange au monde. Elle regroupera 800 millions d'habitants et affichera un PIB combiné de 9 billions de dollars.
Les Canadiens se rendent déjà compte des possibilités que renferme cette région -- au cours des cinq dernières
années, les échanges bilatéraux entre le Canada et les Amériques ont doublé -- et notre investissement dans la
région a triplé!
Le Canada compte renforcer ses rapports avec un marché aussi vivant, et j'ai vraiment hâte d'accueillir la
prochaine réunion des ministre du Commerce de l'hémisphère à Toronto, les 3 et 4 novembre, immédiatement
après le Forum des gens d'affaires des Amériques. Et je me réjouis que Kent Jespersen, président de La Jolla
Resources International, dont le siège se trouve à Calgary, ait été nommé à la présidence de ce Forum.
Personne ne comprend vraiment mieux que les Albertains les possibilités et les débouchés qu'offre le commerce
international. Presque le tiers du PIB de leur province vient des exportations, qui ont atteint l'an dernier plus de 30
milliards de dollars.
Il est vrai que la libéralisation du commerce ne va pas toujours sans heurts. Quand les agriculteurs américains ont
bloqué la frontière, nous avons défendu avec coeur les intérêts des agriculteurs de l'Alberta en travaillant aux plus
hauts niveaux à dénouer l'impasse. Je peux vous garantir que nous demeurerons vigilants à l'endroit des
agriculteurs.
Le fait est que le gouvernement fédéral et le gouvernement albertain voient le commerce du même oeil, et
j'apprécie que le premier ministre Ralph Klein, ait soutenu les efforts que nous avons déployés pour ouvrir des
marchés et accroître les débouchés d'affaires pour les Canadiens.
Comme vous le savez, M. Klein a participé à la mission d'Équipe Canada en Amérique latine, où il a cherché de
nouvelles possibilités de création de partenariats avec le Mexique dans le secteur de l'énergie. En dirigeant une
mission au Mexique en janvier, il a fait progresser les rapports établis auparavant et je crois savoir qu'il accueillera
le mois prochain, ici même à Calgary, la rencontre « Énergie Mexique 1999 ».
Des représentants d'un certain nombre d'entreprises de Calgary -- de Southern Alberta Institute of Technology, de
Petro Staff International et d'EFA Software Services Ltd. notamment -- ont également accompagné la mission
commerciale qui s'est rendue récemment au Moyen-Orient. Le ministère des Affaires étrangères et du Commerce
international [MAECI] a, en outre, beaucoup aimé travailler à la création, avec l'administration albertaine chargée
du développement économique, d'un site Web entièrement consacré aux services et à l'équipement se rapportant
au secteur du pétrole et du gaz.
Manifestement, les débouchés offerts par le commerce international occupent en grande partie les pensées des
Albertains. À l'échelle nationale, les sondages nous disent que les deux tiers environ des Canadiens sont en faveur
d'une plus grande libéralisation du commerce.
Ce qu'il faut retenir, c'est que le Canada a découvert qu'il y a beaucoup plus à gagner qu'à craindre de la
libéralisation du commerce. Et nous avons fait de notre pays, à l'évidence, une des grandes puissances
commerciales du monde.
Par contre, la mondialisation comporte de nouveaux défis tant pour les décideurs que pour les gens d'affaires. Le
changement de la nature des négociations commerciales elles-mêmes est un de ces défis. Laissez-moi vous
expliquer ce que j'entends par là.
Autrefois, les négociations commerciales portaient avant tout sur des choses comme les tarifs douaniers et autres
prétendues « questions frontalières » qui empêchaient les produits d'un pays d'entrer dans un autre pays.
Cependant, maintenant que de nombreux problèmes de droits de douane sont réglés, notre attention se tourne sur
d'autres entraves au commerce. Je parle de questions comme les normes, les procédures d'octroi de licences et
d'approbation, la certification des produits, la certification professionnelle et, de façon plus générale, le cadre de la
réglementation.
Tous ces domaines ont traditionnellement été la chasse gardée des États. Tout comme la politique
environnementale, les politiques sociales et culturelles ainsi que les politiques de la concurrence et de
l'investissement.
Ces questions sont maintenant devenues des questions commerciales de plus en plus interdépendantes,
débattues dans des forums comme l'OMC.
Le fait est que notre participation à l'économie mondiale -- dans le cadre de notre programme commercial -- est
maintenant bien intégrée à notre programme politique national pour l'emploi, la croissance, la sécurité et les
programmes sociaux. Tout comme la politique, le commerce est essentiellement local.
De plus, à l'heure où la portée des négociations commerciales s'étend, et que celles-ci influent plus directement
sur la vie quotidienne des Canadiens, il importe plus que jamais de consulter les personnes touchées. La pratique
du secret ne profite à personne et l'époque où les négociations se déroulaient à huis clos est révolue.
En fait, si l'on veut amener le public à appuyer et à comprendre le commerce international, il faut que les décideurs
fassent trois choses, tant au pays qu'à l'étranger :
Premièrement, rendre le processus dans son ensemble plus transparent. Les Canadiens veulent que leurs
gouvernements et les institutions internationales soient plus ouverts et plus responsables. Lorsqu'il s'agit de
construire le cadre de l'économie mondiale, il faut veiller à ce que les Canadiens se fassent entendre.
Deuxièmement, être plus réceptifs. Lorsque les Canadiens expriment leurs préoccupations -- qu'il s'agisse de
normes du travail ou de droits humains, ou d'une perte apparente de souveraineté -- ne les rejetons pas en les
qualifiant de réactions excessives de personnes mal informées. Répondons à leurs préoccupations directement et
présentons-leur les faits.
Troisièmement, et corollairement, être plus inclusifs. Nous ne pouvons pas continuer à discuter de commerce et
de mondialisation en faisant abstraction des gens. Les changements que nous introduisons sont ressentis par des
individus, et si l'histoire nous a appris quelque chose, c'est l'importance de rallier un consensus fort sur les
questions qui touchent nos gens aussi directement.
C'est pourquoi je suis si enthousiaste au sujet des consultations qui s'amorcent avec les Canadiens sur l'ensemble
de notre stratégie commerciale. Il y a quelques semaines seulement, nous avons publié un avis dans la Gazette du
Canada, où nous invitions tous les Canadiens à exprimer leurs vues sur ce nouveau programme exigeant d'action
commerciale. Bientôt, le Comité permanent des affaires étrangères et du commerce international, comme le
Sous-comité du commerce extérieur, entamera une série pan-canadienne d'audiences, donnant aux Canadiens la
possibilité d'exprimer leurs préoccupations sur les stratégies commerciales concernant aussi bien l'OMC que la
ZLEA.
Des audiences similaires sur les questions agricoles sont déjà en cours et s'avèrent fort utiles pour connaître les
préoccupations des Canadiens et prévoir les problèmes.
Afin de faciliter le plus possible la communication avec le gouvernement, nous utiliserons le site Web du MAECI
pour diffuser de l'information sur les questions à l'ordre du jour des négociations, y compris les documents que le
Canada dépose à l'OMC et dans les négociations sur la ZLEA. Il permettra aussi de recueillir l'opinion des
Canadiens sur le progrès de nos démarches.
Ces efforts concourent à un même but : donner à tous les segments de la société la possibilité d'exprimer leurs
préoccupations. Très honnêtement, nous savons ce qui se dit dans les salles où se réunissent les conseils
d'administration canadiens. Ce qu'il faut, c'est entendre ce qui se dit dans les salles de séjour canadiennes.
C'est pourquoi j'espère que vos chambres de commerce participeront à ce processus.
Vous savez, je crois qu'une partie des inquiétudes suscitées par la libéralisation du commerce sont dues au fait
que le gouvernement, dont je suis, et le secteur privé, dont vous êtes, n'ont pas su encourager la participation à la
libéralisation des échanges et en expliquer les avantages.
À ceux qui s'inquiètent véritablement des conséquences de la libéralisation, nous devons fournir des exemples
précis, et non pas de vagues garanties. Nous devons leur montrer que le commerce international n'est pas un
phénomène qui touche d'autres individus, ailleurs dans le monde, mais qu'il se déroule dans leur collectivité,
comme à Calgary, et qu'il procure de réels avantages aux entreprises que vous représentez.
Ce matin, j'ai rencontré un certain nombre de PDG de l'Ouest canadien, pour étudier leur rôle dans le processus
de la ZLEA et je suis ici, aujourd'hui, pour vous demander de m'accorder votre aide, c'est-à-dire de démontrer les
avantages de la libéralisation, et de faire en sorte que toutes les régions du Canada connaissent une prospérité
semblable à celle dont vous jouissez ici, à Calgary.
Présentons les arguments en faveur de la libéralisation. Amenons les Canadiens à participer plus que jamais à
nos efforts. Engageons le dialogue et écoutons attentivement ce qu'ils ont à dire. De la sorte, je suis sûr que nous
pourrons à la fois apaiser leurs inquiétudes et les amener à appuyer un programme commercial qui reflète leurs
véritables priorités.
Je sais que beaucoup d'entre vous restent optimistes à l'égard de l'Amérique latine, malgré le défi que
représentent certaines tendances économiques. Le temps est réellement venu de la réflexion et de l'engagement à
long terme.
Je suis convaincu que la libéralisation peut enrichir ce pays de façon inimaginable. En libéralisant les échanges,
nous pouvons récompenser nos citoyens pour leur travail, leur fournir des débouchés pour leurs produits et leur
donner espoir en l'avenir.
L'heure est certes à la libéralisation des échanges, mais le succès n'en est pas assuré pour autant. Rien n'est
acquis et nous devons nous appliquer à concrétiser pleinement les avantages de la libéralisation et d'en faire
profiter la majorité des gens.
J'espère que, dans ces efforts, chacun de vous continuera de se faire entendre et de s'acquitter de sa tâche.
Merci.