MINISTRE PETTIGREW - ALLOCUTION DEVANT LA CHAMBRE DE COMMERCE DU CANADA AU MEXIQUE - MEXICO, MEXIQUE
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NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE PIERRE S. PETTIGREW,
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,
DEVANT
LA CHAMBRE DE COMMERCE DU CANADA AU MEXIQUE
MEXICO, Mexique
Le 26 août 1999
(10 h 15 HAE)
C'est un réel plaisir pour moi d'être avec vous aujourd'hui et de me trouver à Mexico.
Les quelques semaines qui se sont écoulées depuis que le premier ministre Chrétien m'a invité à servir le
Canada en relevant le défi d'occuper le poste de ministre du Commerce international du Canada ont été bien
remplies.
Comme vous le savez peut-être, j'entre en fonctions avec une grande expérience des questions relatives au
commerce mondial. J'ai consacré ma carrière professionnelle à étudier l'influence de la mondialisation sur les
entreprises, sur l'économie du Canada et sur celle des autres pays. Mais rien ne saurait s'avérer une
préparation suffisante pour le jour où l'on est confronté à la multitude de questions qui attendent un nouveau
ministre du Commerce international.
Cependant, je savais dès le départ qu'une grande partie de mon travail consisterait à rencontrer les gens qui
sont en première ligne pour l'expansion du commerce international et à travailler avec eux. Ces personnes, ce
sont mes collègues des autres gouvernements, comme le Dr Blanco, mais aussi des gens comme vous, qui
collaborez à renforcer la relation Canada-Mexique une vente à la fois.
Le Mexique est un partenaire extrêmement important pour le Canada et, aujourd'hui, j'aimerais vous exposer
comment je perçois ce partenariat. Je voudrais souligner tout le chemin que nous avons parcouru ensemble,
particulièrement durant ces quelques années qui ont suivi la création de l'ALENA [Accord de libre-échange
nord-américain], et dire qu'il est possible d'aller beaucoup plus loin encore. Enfin, j'aimerais dire quelques mots
au sujet du processus plus global dans lequel nos deux pays sont engagés pour la création de la Zone de libre-échange des Amériques [ZLEA].
Permettez-moi tout d'abord de faire quelques observations au sujet des relations entre le Canada et le
Mexique. Ce n'est pas un hasard si ma première visite officielle à titre de ministre du Commerce international a
lieu au Mexique. En effet, nos deux pays sont unis par bien plus que les liens formels de l'ALENA.
Comme le Mexique, le Canada a une économie en croissance qui dépend du commerce pour créer une grande
partie des emplois dont nos citoyens ont besoin. Nous savons combien il importe d'éliminer les obstacles. Nous
savons aussi à quel point il est important pour nos deux peuples de bien se connaître.
Nos deux pays s'efforcent de saisir les forces de mondialisation et de les faire jouer en leur faveur et en faveur
de leurs populations au cours du XXIe siècle. Nous voulons que nos économies en croissance favorisent la
participation de tous et ne laissent personne de côté, car c'est là que se trouve la clé de la prospérité.
Nous apprécions pleinement les avantages de notre économie de marché, mais, en tant que gouvernements,
nous sommes de plus en plus conscients de la nécessité de donner un visage humain au commerce
international et à l'économie. Les gouvernements ont un rôle à jouer pour combler les lacunes et résoudre les
problèmes qui se créent naturellement sur le marché. Cependant, ils doivent aussi se réinventer pour refléter
pleinement les réalités et les priorités de leurs citoyens.
Je crois que cette conscience de nos buts communs me permettra de travailler de manière constructive avec le
Dr Blanco et avec le gouvernement du Mexique dans les mois et les années à venir.
Cela complétera le rôle que jouent les communications et la culture dans le processus où Canadiens et
Mexicains continuent de partager leurs visions respectives du monde.
L'ALENA a permis d'établir des bases solides pour le commerce et les échanges. Mais l'Accord a également
été la porte d'entrée qui nous a permis d'apprendre à connaître et à apprécier nos cultures respectives. Nous
accueillons de part et d'autre les artistes, écrivains, universitaires et visiteurs de l'autre pays, dont le nombre va
croissant.
Plus tard aujourd'hui, j'aurai le plaisir d'inaugurer une importante exposition du Groupe des Sept au prestigieux
Museo de Arte Moderno. Ce sera la première fois que les 75 croquis et peintures de ces sept artistes seront
présentés en Amérique latine. Grâce à l'appui de la communauté d'affaires ici présente, et que je tiens à
remercier chaleureusement, cette exposition a été rendue possible.
Nous sommes également très heureux que le Musée des Beaux-arts du Canada et le Musée des Beaux-arts
de Montréal s'apprêtent à recevoir, en février prochain, une importante exposition d'artistes mexicains du XXe
siècle, au nombre desquels Diego Rivera et Frida Kahlo.
Bien entendu, je n'ai pas à vous rappeler l'importance qu'attachent nos deux pays à la relation qui les unit. Le
Mexique est le plus important partenaire commercial du Canada en Amérique latine. Les exportations
canadiennes vers le Mexique ont augmenté de près de 25 p. 100 en 1998 seulement et de 127 p. 100 depuis
l'entrée en vigueur de l'ALENA.
Je suis fier du fait que les échanges de biens et services augmentent dans les deux sens. On peut mesurer
toute l'importance de la relation que nous avons bâtie en constatant que le Canada est désormais, en
importance, le deuxième marché d'exportation du Mexique après les États-Unis.
Étant donné que les affaires comportent toujours un élément de risque, je pense qu'une excellente mesure de
la confiance des entrepreneurs canadiens envers le Mexique est le niveau des investissements qu'ils ont faits
ici. Il y a parmi vous, qui m'écoutez, bon nombre d'investisseurs. Certains d'entre vous ont un représentant ici,
d'autres des installations de fabrication, un site de prospection minière ou une banque. D'après Statistique
Canada, nos investissements au Mexique ont connu une croissance remarquable de 324 p. 100 entre 1993 et
1998.
Ces investissements ont permis la création, dans le cadre de l'ALENA, de plus d'un million d'emplois au
Canada et de 2,2 millions d'emplois au Mexique.
Il n'est donc pas étonnant que la Société pour l'expansion des exportations [SEE] s'apprête à ouvrir un bureau
permanent à Mexico au cours des prochains mois. Cette initiative de la SEE favorisera et soutiendra une
croissance encore plus forte des activités canadiennes sur ce marché.
J'aimerais vous donner d'autres exemples de la solidité de notre relation. L'an dernier, comme vous le savez,
Équipe Canada est venue en mission ici. Depuis cette visite, quatre missions provinciales se sont succédé ici,
celles du Manitoba, de l'Alberta, de la Nouvelle-Écosse et du Québec. Le ministre de l'Agriculture, M. Vanclief,
a dirigé une mission au Mexique. L'industrie des pièces d'automobile a aussi organisé sa propre mission. Je
pourrais en nommer plusieurs autres.
Et nous avons également accueilli des visiteurs. Ensemble, nos gouvernements ont organisé et facilité les
visites de centaines de gens d'affaires mexicains au Canada. Nos invités mexicains ont pris part à un large
éventail de foires commerciales et de missions. Par exemple, le secrétaire à l'Énergie, M. Tellez a dirigé une
très importante délégation de gens d'affaires au symposium Energy'99, qui a eu lieu à Calgary en avril dernier,
et le gouverneur de l'État de Jalisco était à la tête d'une très fructueuse mission culturelle et commerciale qui
est venue au Manitoba et en Alberta en juin dernier.
Je pense qu'il est important que nous reconnaissions que l'ALENA a été la bougie d'allumage de cette relation
dynamique entre le Canada et le Mexique. Après cinq ans, il est clair que l'Accord a été très bénéfique pour
nos deux pays. La situation de nos citoyens a progressé grâce au commerce qu'il a stimulé et aux emplois qu'il
a créés.
Ces résultats ont été rendus possibles parce que les partenaires de l'ALENA ont élaboré un cadre commercial
basé sur des règles, dans lequel il est possible de faire des affaires d'une manière prévisible et transparente.
Évidemment, l'élimination progressive des tarifs en vertu de l'ALENA a contribué à ces résultats. La plupart des
tarifs entre le Canada et le Mexique auront été abolis en 2003. Mais, ce qu'on oublie parfois de mentionner,
c'est l'impulsion donnée par l'Accord à l'élimination des barrières non tarifaires.
Prenons, par exemple, le cas de quelque chose d'aussi fondamental que les régimes de normes. En favorisant
la compatibilité des régimes de normes dans un secteur tel que les télécommunications pour les trois pays
signataires de l'ALENA, on facilite et on simplifie la tâche des entreprises qui veulent exporter. Et, bien que la
plupart des transactions commerciales entre les partenaires de l'ALENA se fassent sans difficulté aucune, nous
disposons, pour les différends qui peuvent survenir à l'occasion, d'un mécanisme qui permet de les résoudre
de manière efficace, rapide et impartiale.
Nous avons réalisé beaucoup de choses au moyen de l'ALENA, mais il reste encore du travail à faire. Je me
représente l'Accord et son implantation comme un travail en cours. Une des caractéristiques impressionnantes
du marché actuel est la rapidité avec laquelle il peut évoluer. Cela signifie que nos gouvernements doivent être
attentifs aux changements pour pouvoir réagir aux nouvelles priorités déterminées par nos représentants du
secteur privé et par nos citoyens.
L'ALENA est un accord dynamique et souple, et nos deux gouvernements sont à l'écoute de vos commentaires
et de vos conseils -- de vous, la communauté des gens d'affaires -- pour faire en sorte que les règles du jeu
soient à jour et demeurent pertinentes.
Mentionnons également les questions qui reviennent périodiquement et qui, selon le Canada, appellent une
plus grande coopération trilatérale. Notre utilisation respective des recours commerciaux est une de ces
questions, particulièrement en raison de l'intégration croissante des économies d'Amérique du Nord et de nos
intérêts communs. Une autre question est celle de la poursuite des travaux sur les régimes de normes
techniques, de telle manière que ceux qui s'appliquent aux produits agricoles, par exemple, soient plus
compatibles entre eux et causent moins de distorsions au commerce.
Je suis certain que dans les prochains mois, le Dr Blanco et moi trouverons comment élargir l'accès pour nos
produits et nos services. Par exemple, nous devons arriver à un compromis sur la manière de mettre en
application les dispositions de l'ALENA sur la libéralisation des services de transport transfrontière, qui sont
d'une importance vitale pour la circulation efficace des marchandises exportées et importées.
Les progrès que nous réaliserons dans ces domaines permettront à nos pays de gérer avec confiance et
efficacité les forces de la mondialisation. Mais je crois que nous pouvons faire encore plus. Nous avons déjà
construit une base qui va au-delà de la simple élimination des barrières au commerce et qui s'étend à des
accords parallèles sur la main-d'œuvre et sur l'environnement.
Les efforts pour réunir de plus en plus de gens autour de l'ALENA doivent également englober le secteur privé
de chacun des pays. À mes yeux, l'une des tendances économiques les plus intéressantes de la dernière
décennie au Canada a été la croissance des entreprises présidées par des femmes, des jeunes et des
autochtones. Je veux être là pour voir l'étape suivante. Je veux voir ces entrepreneurs non traditionnels devenir
des exportateurs. Et je veux qu'ils découvrent tout le potentiel du marché nord-américain.
C'est donc dire que les objectifs de l'ALENA ne se limitent pas à créer des emplois et à stimuler la croissance
de nos économies, bien que cela soit important. L'ALENA vise aussi à montrer à de plus en plus de gens que le
commerce joue un rôle dans le vie de tout le monde -- de nos familles, de nos collectivités et de nos pays.
Si l'on veut que tous les pays soient en mesure de s'adapter à la mondialisation, il faudra utiliser comme points
de départ les partenariats qui fonctionnent déjà. Voilà pourquoi la coopération canado-mexicaine pour faire
avancer les négociations sur la Zone de libre-échange des Amériques [ZLEA] est si importante.
Je suis certain que vous connaissez tous la teneur de la ZLEA et ses objectifs : la création d'un accord
commercial complet et moderne réunissant les 34 démocraties de l'hémisphère occidental d'ici 2005.
En tant que président des négociations pour la première période de 18 mois, qui a commencé en 1998, je suis
heureux de dire que nos négociateurs ont accompli des progrès sensibles. Le prochain jalon se situe en
novembre, moment où j'accueillerai mes homologues à Toronto pour faire le point et discuter des prochaines
étapes.
Mais je ne voudrais pas donner l'impression que ce sont seulement les Ministres et les fonctionnaires qui
adoptent toutes ces mesures en privé. Loin de là. Nous avons déterminé des mécanismes qui nous permettent
de recueillir les commentaires de gens comme vous, des gens pour qui ces enjeux comptent vraiment.
Le cinquième Forum des gens d'affaires des Amériques sera une manifestation importante. Il aura lieu à
Toronto du 1er au 3 novembre prochains. On m'informe que les organisateurs attendent plus de 1 000
personnalités du monde des affaires de partout dans l'hémisphère. Les participants discuteront de l'ensemble
des questions liées au commerce dans les Amériques. Le réseautage leur permettra d'explorer les possibilités
touchant le commerce et l'investissement.
En fait, les discussions du Forum auront pour résultat des propositions qui seront présentées aux ministres du
Commerce de la ZLEA à l'occasion d'une assemblée plénière spéciale. Je peux vous assurer que nous les
écouterons attentivement. Il faut que l'accord de la ZLEA soit rédigé de manière à faciliter la conduite des
affaires en Amérique. Cet accord doit vous permettre d'y créer encore plus d'emplois. Il doit permettre à tous
les pays de voir leurs économies devenir plus stables et plus prospères.
Par conséquent, nous avons besoin de la participation du Mexique. J'espère vous rencontrer de nouveau à
Toronto -- une ville magnifique!
J'aimerais conclure par quelques commentaires sur la perspective d'ensemble quant aux rapports de plus en
plus fréquents du Canada avec l'ensemble des pays des Amériques.
Assez récemment, le Canada est devenu un véritable membre à part entière de la communauté
interaméricaine. C'est pour cette raison que nous avons adhéré à l'Organisation des États américains [OEA] il y
a dix ans. C'est aussi pour cela que le Canada et le Mexique ont franchi un pas de géant en négociant l'ALENA
avec les États-Unis. Et c'est également pour cette raison que le premier ministre Chrétien et les autres
dirigeants politiques de l'hémisphère ont adopté une vision de notre avenir commun au Sommet de Miami en
1994 et qu'ils ont confirmé cette vision à Santiago l'an dernier.
Cependant, nous savons que la croissance économique n'est pas une fin en soi. On ne peut se contenter de
penser que le marché et le capitalisme ont remporté la grande bataille idéologique qui dure depuis 200 ans et
qu'il n'y a rien de plus à dire. Il demeure nécessaire d'établir un équilibre entre ce que nous faisons au moyen
de l'économie, de ce que nous accomplissons par notre régime politique et du travail que nous accomplissons
avec les autres secteurs de la société.
Nous devons faire en sorte que notre force économique croissante crée un sentiment de bien-être et de
sécurité pour l'ensemble de nos citoyens. Nous devons croître pour faire en sorte que nos citoyens soient
prospères, mais aussi pour qu'ils soient en santé, pour que l'environnement soit propre, pour que les conditions
de travail soient bonnes, que la justice règne et que les droits de la personne soient respectés.
Bref, nous traversons actuellement une période de mutations profondes, et c'est pourquoi le Canada attache la
plus haute priorité aux diverses rencontres interaméricaines. L'importance que revêtent pour nous ces
manifestations sera des plus évidentes au prochain Sommet des Amériques, que nous accueillerons à Québec
en 2001 et dont les préparatifs sont déjà en bonne voie.
Votre travail est un élément essentiel de ce grand projet, qui embrasse tout l'hémisphère. Mon travail visant à
améliorer le fonctionnement de l'ALENA et à faire de la ZLEA une réalité a pour but de vous aider à réussir, afin
que le Canada et le Mexique connaissent du succès, eux aussi.
Je vous remercie du souci que vous avez des liens qui unissent deux grands pays. Je me réjouis déjà à l'idée
de travailler avec vous pendant de nombreuses années. Mes voeux de succès vous accompagnent.
Merci.