M. AXWORTHY - ALLOCUTION À LA CONFÉRENCE SUR LES DROITS DE L'ENFANT - MONTRÉAL (QUÉBEC)DANS LE NOUVEAU MILLÉNAIRE
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NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE L'HONORABLE LLOYD AXWORTHY,
MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES,
À LA CONFÉRENCE SUR LES DROITS DE L'ENFANT
DANS LE NOUVEAU MILLÉNAIRE
MONTRÉAL (Québec)
Le 24 novembre 1999
(16 h HNE)
Lorsque je m'arrête à nos responsabilités à l'égard de nos enfants, il me revient souvent en mémoire une
citation des Aînés de la Nation crie d'Opaskwayak -- que je reprends fréquemment -- et qui exprime une
croyance répandue au sein de cette nation selon laquelle « un enfant est un don ou un prêt du Grand Esprit, et
l'individu se voit confier la responsabilité d'élever cet enfant et d'en prendre soin. Comme il est un don du
Grand Esprit, l'enfant est sacré et il doit être traité avec respect et dignité ».
La Convention relative aux droits de l'enfant a cherché à donner une portée mondiale à ce sentiment. Elle a
établi la norme internationale en regard de laquelle mesurer nos responsabilités. Depuis son adoption, elle est
devenue, à juste titre, l'instrument des droits de la personne qui a recueilli le plus grand nombre de ratifications
de l'histoire. Elle reste le pivot de l'action mondiale dans ce domaine.
Il demeure impératif de protéger et de promouvoir les intérêts des enfants et des jeunes. Les inquiétudes qu'a
suscitées la situation de nos enfants et qui ont initialement mis cette question à l'ordre du jour international, ne
sont pas moins vives aujourd'hui. En fait, elles sont encore plus pressantes, puisque notre monde en évolution
comporte de nouvelles menaces qui mettent à risque nos enfants et nos jeunes.
Il y a 10 ans, le Canada était l'un des principaux artisans de la Convention parce que les Canadiens se
souciaient des problèmes auxquels les enfants faisaient face. Nous avons aidé à rédiger une convention qui
privilégie le respect, la compassion, la tolérance et l'égalité -- reflétant en cela des valeurs fondamentales
auxquelles nous attachons beaucoup de prix chez nous. J'ai été fier de participer à ce processus. La réalisation
des idéaux que représente la Convention a été pour moi un important objectif dans les années qui ont suivi.
Dix ans plus tard, l'amélioration de la condition des enfants et des jeunes du monde reste une priorité pour le
Canada. Le discours du Trône, le mois dernier, était sans équivoque à ce sujet. La promotion de la sécurité
humaine -- une approche qui accorde la primauté à la sécurité des gens -- a été mentionnée comme l'un des
éléments clés de la politique étrangère du Canada. Et, dans la promotion de la sécurité humaine, le bien-être
des enfants est primordial.
C'est pourquoi je me réjouis de la tenue de la présente conférence, qui est pour nous une occasion de faire le
point sur le passé et de réfléchir sur l'avenir.
Pour aller de l'avant, nous devons tirer des enseignements des réalisations et faire fond sur celles-ci. Des
progrès ont été accomplis dans la promotion de la sécurité des enfants et des jeunes, et les Canadiens jouent
un rôle à cet égard.
On est plus conscient des menaces et des défis auxquels les enfants font face. La Convention a focalisé
l'attention de la communauté internationale sur cette question. Aujourd'hui, dans les zones de guerre, au
travail, dans le domaine de la santé et au plan du développement, on comprend davantage les besoins
spéciaux des enfants et des jeunes et on est plus sensible à l'impact que certains événements peuvent avoir
sur eux.
Le cadre juridique international mis en place pour protéger et promouvoir les droits des enfants a lui aussi
évolué. La Convention elle-même a traité d'un grand nombre de points. Là où il subsiste des lacunes ou quand
de nouvelles menaces apparaissent, on sent une volonté de remédier à la situation. Durant les 10 dernières
années, de nouveaux accords ont été conclus, entre autres pour assujettir à des garanties juridiques le
processus des adoptions internationales et pour empêcher et éliminer les pires formes de travail des enfants.
On a aussi réussi à intégrer davantage les droits des enfants et des jeunes dans une sphère plus vaste de
l'activité humaine. Les intérêts des droits des enfants et des jeunes sont devenus un thème transversal de la
coopération au développement et de l'action humanitaire. Aux chapitres de la paix et de la sécurité, le Canada
s'applique à refléter les besoins spéciaux des enfants et des jeunes au Conseil de sécurité, dans le cadre de
son effort plus global en vue d'intégrer la sécurité humaine dans les travaux du Conseil.
Enfin, on reconnaît que les enfants et les jeunes devraient avoir leur mot à dire dans la recherche de solutions
aux problèmes qui les touchent. En tant que victimes de la guerre, du crime, de l'exploitation à des fins
sexuelles ou pour le travail, ils sont déjà hélas des participants à part entière, directement affectés par le côté
plus sombre de la vie. Il n'est que logique de tirer des leçons de leur expérience et de les laisser s'exprimer sur
les moyens par lesquels leur vie et leur sécurité pourraient être améliorées.
À cette fin, la participation des jeunes à la Conférence vient à point nommé. La consultation menée par
l'UNICEF auprès des enfants la semaine dernière pour déterminer quels droits ceux-ci estimaient les plus
importants a été un autre signe positif. Le Programme canadien des stages internationaux pour les jeunes,
créé en 1997, vise en partie à donner aux jeunes Canadiens l'occasion d'aider d'autres jeunes partout dans le
monde. Jusqu'à maintenant, plus de 1 400 jeunes Canadiens ont pris part au Programme.
Collectivement, ces développements représentent un début prometteur, mais ils ne sont pas suffisants. Les
privations et la peur dont souffrent un trop grand nombre de jeunes dans le monde font de ce dixième
anniversaire moins une occasion de réjouissance qu'un appel en faveur d'une action mondiale nouvelle et
concertée.
Le Canada est résolu à travailler vigoureusement à consolider ces progrès et à faire fond sur eux. Nous ciblons
des mesures qui amélioreront la sécurité des enfants et des jeunes tout en cherchant à faire participer
directement ces derniers à ce processus. Il y a trois grands sujets de préoccupation : le travail des enfants,
l'exploitation des enfants à des fins sexuelles, et les enfants touchés par la guerre.
Le travail des enfants est l'un des problèmes les plus insidieux et les plus frustrants auxquels on est confronté
quand on cherche à promouvoir la sécurité des enfants. Il échappe à toute définition facile et à toute solution
directe. C'est pourquoi nous l'abordons à la fois du point de vue du développement et dans une perspective de
droits de la personne.
Le travail des enfants est étroitement lié à l'extrême pauvreté. Hier, la ministre de la Coopération internationale,
Mme Minna, a esquissé comment les programmes canadiens d'assistance, axés prioritairement sur la réduction
de la pauvreté et la satisfaction des besoins essentiels, s'attaquent au problème de différentes façons, dont
l'investissement dans l'enseignement primaire, la création d'autres occasions d'emploi pour les adultes et des
projets ciblant spécialement le travail des enfants.
Du point de vue des droits de la personne, le travail des enfants n'est pas systématiquement synonyme
d'exploitation ou d'abus. Mais il reste que ceux qui empêchent les enfants de réaliser leur potentiel et leur font
faire des travaux dangereux enfreignent effectivement les droits humains fondamentaux de ces enfants. C'est à
ce genre de situation qu'il faut s'attaquer.
La Convention de l'Organisation internationale du travail [OIT] conclue plus tôt cette année pour éliminer les
pires formes de travail des enfants, à savoir les travaux dangereux, la servitude pour dettes, le travail forcé et
les conditions s'apparentant à l'esclavage, ainsi que l'utilisation des enfants à des fins de prostitution, de
pornographie et de trafic de stupéfiants a représenté un important pas en avant.
Grâce à la coopération aux niveaux fédéral et provincial ainsi qu'avec les organisations patronales et
syndicales, les Canadiens n'ont ménagé aucun effort pour conclure cette entente. Notre but commun est
aujourd'hui une réalité -- un instrument efficace et simple qui établit des normes internationales en regard
desquelles le comportement de tous les pays peut être évalué. Nous cherchons maintenant à faire en sorte
que le plus grand nombre possible de pays ratifie la Convention et, surtout, en respecte les dispositions.
Nous appuyons l'OIT d'autres façons. Par exemple, avec l'assistance du Canada, le Programme international
pour l'abolition du travail des enfants, qui a pour but de développer, de mettre à l'essai et d'appliquer des
« meilleures pratiques » pour éliminer les pires formes de travail des enfants, est déjà en place. L'an dernier,
nous avons aussi aidé le Programme d'information statistique et de suivi sur le travail des enfants à compiler
des données sur le travail des enfants dans une quarantaine de pays.
Il ne peut y avoir de menace plus odieuse pour nos enfants que leur exploitation à des fins sexuelles. Outre
qu'elle leur ravit leur innocence, elle peut les marquer à vie. Aujourd'hui, les prédateurs ont étendu leur emprise
aux quatre coins du globe, et le problème exige des solutions mondiales.
En 1996, je faisais partie de la délégation canadienne au Congrès mondial de Stockholm contre l'exploitation
sexuelle des enfants à des fins commerciales. La forte participation à cet événement reflète le niveau
d'engagement en faveur d'une action efficace dans ce domaine. Au Canada, la sénatrice Landon Pearson
préside un comité interministériel mis sur pied par le gouvernement et les organisations non gouvernementales
chargé de donner suite au Programme d'action élaboré durant le Congrès.
Le Canada a aussi travaillé aux Nations Unies à élaborer un protocole de la Convention relative aux droits de
l'enfant pour contrer plus particulièrement cette menace. Le protocole obligerait les pays à criminaliser les
activités associées à la traite des enfants, ainsi qu'à la prostitution et à la pornographie enfantines, et il les
exhorterait à étendre leur compétence dans ces affaires aux actes commis par leurs citoyens dans d'autres
pays.
Le Canada a déjà pris des mesures concernant la portée extraterritoriale de tels actes. Nous avons aujourd'hui
les moyens de poursuivre en justice les Canadiens qui se livrent à des activités sexuelles avec des enfants à
l'étranger. Nous cherchons à faire en sorte que la loi soit appliquée. Je suis encouragé de voir que d'autres
pays empruntent cette direction. Ces activités ne sauraient être tolérées ou sanctionnées.
Le secteur privé peut lui aussi jouer un rôle en décourageant le tourisme sexuel. Je note par exemple les
efforts faits par Air Canada pour produire des messages en ce sens.
Dans notre monde branché, Internet pose un nouveau défi : il peut véhiculer ce qu'il y a de mieux, mais aussi
ce qu'il y a de pire -- y compris la pornographie enfantine et l'exploitation des enfants. Il faut mettre un terme à
cette forme d'abus. Nous collaborons avec d'autres gouvernements -- par l'entremise de l'OCDE [Organisation
de coopération et de développement économiques], de l'ONU et d'autres organisations -- pour empêcher
qu'Internet devienne un refuge pour ceux qui veulent faire du mal à nos enfants.
Tout en tissant un filet international qui nous permettra d'attraper les prédateurs, nous devons aussi agir pour
libérer les victimes de l'exploitation. L'an dernier, le Canada a été l'hôte d'une conférence internationale,
« Sortir de l'ombre », qui a réuni de partout dans les Amériques des jeunes qui avaient eux-mêmes été victimes
d'exploitation sexuelle.
Cette conférence leur a donné une plate-forme. Leur Plan d'action contribue maintenant à nos efforts aux
Nations Unies, où le Canada a parrainé une réunion qui a permis aux jeunes participants de présenter leurs
recommandations. Dans le sillage de la conférence, nous avons aussi entrepris avec des ONG canadiennes
des projets destinés à venir en aide à des jeunes victimes d'exploitation sexuelle au Brésil, en République
dominicaine, au Honduras, en Bolivie, au Pérou et au Chili. Ces projets privilégient les conseils et la
réadaptation, l'éducation et la formation ainsi que la réintégration dans la population active et la communauté.
À l'aube du nouveau millénaire, force est de constater que le bien-être, les droits et la protection des enfants
touchés par la guerre sont de plus en plus à risque. Le sort de ces enfants et en particulier leur exploitation
cynique à la fois comme combattants et comme victimes comptent, au chapitre de la sécurité humaine, parmi
les défis les plus troublants que nous ayons à relever. Le tribut dévastateur qu'ont dû payer les enfants et les
jeunes depuis une décennie est révélateur de l'ampleur de la tragédie : des millions d'entre eux tués, estropiés,
rendus orphelins, déplacés et marqués psychologiquement par l'enlèvement, la détention, le viol et le meurtre
brutal de membres de leur famille. Plus de 300 000 filles et garçons sont embrigadés dans les forces armées et
les troupes rebelles.
Le problème est d'ailleurs exacerbé par la technologie des armes de petit calibre, la montée des conflits intra-étatiques et la prolifération des forces irrégulières. La définition des « enfants-soldats » est large : elle englobe
ceux qui combattent avec des armes mais aussi les nombreux enfants qui « servent » dans des forces armées
comme cuisiniers, porteurs, messagers, espions, travailleurs ou esclaves sexuels.
Le défi est triple : protéger les enfants et leur offrir des solutions de rechange de sorte qu'ils ne deviennent pas
des enfants-soldats, retirer les enfants-soldats des combats et réintégrer dans leur famille et leur communauté
les enfants qui ont été des soldats.
Le Canada est considéré comme un chef de file dans cette campagne. Notre approche a été multiple.
D'abord, nous agissons au plan politique. Le Canada appuie le travail du Représentant spécial du Secrétaire
général de l'ONU [RSSG], M. Otunnu, et particulièrement les efforts qu'il déploie pour mettre en évidence le
problème des enfants et des conflits armés -- aussi bien auprès des gouvernements que des rebelles qui
utilisent des enfants dans des conflits. Plus tôt cette année, le Canada a fait une contribution de
400 000 dollars au Fonds d'affectation spéciale du RSSG. Le Bureau du Représentant spécial demeure un des
pivots des mesures de sensibilisation et d'intervention.
Au Conseil de sécurité, nous nous sommes employés à faire accepter l'intégration de la protection des enfants
dans les opérations de soutien de la paix de l'ONU. Nous avons identifié la question des enfants touchés par la
guerre comme un élément clé de nos initiatives de promotion de la protection des civils dans les conflits armés
au Conseil. Il y a eu certains progrès. Le Conseil a adopté deux résolutions sur le sujet. La première traite
directement des enfants touchés par les conflits armés et la deuxième porte sur la protection des civils mais fait
expressément mention des besoins spécifiques des enfants.
Le Canada collabore avec d'autres pays engagés pour faire de la nécessité d'aider et de protéger les enfants
touchés par la guerre un enjeu de premier plan au sein de diverses organisations régionales et infra-régionales
comme l'OSCE [Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe], l'OEA [Organisation des États
américains] et la CEDEAO [Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest]. C'est dans cette
perspective que j'ai rencontré le Président Rawlings du Ghana plus tôt cette année et que le Canada et le
Ghana coparraineront le printemps prochain une conférence sur les enfants touchés par la guerre en Afrique
occidentale dans le cadre d'un effort destiné à mettre en évidence les dimensions régionales de ce problème
mondial.
Le Canada vient aussi au secours des enfants touchés par la guerre par le truchement de l'aide au
développement et de la consolidation de la paix. Comme vous l'a déjà dit ma collègue, Mme Minna, l'ACDI
[Agence canadienne de développement international] aide les enfants et les jeunes touchés par les conflits
grâce à des projets qui permettent de reconstruire des écoles et de satisfaire les besoins essentiels (comme
l'accès à l'eau potable, à la nourriture, aux soins de santé et à l'hébergement).
En plus de répondre à ces besoins fondamentaux, nous travaillons, dans le cadre de l'initiative canadienne de
consolidation de la paix et des programmes locaux financés par les Fonds du Canada dans les pays affectés,
avec des ONG et les populations locales à réintégrer tant les enfants victimes que les enfants-soldats, grâce à
des projets éducatifs, à des mesures de désarmement, à des programmes de réunification, à des activités
sportives et à de la formation professionnelle. En Sierra Leone, par exemple, le Canada a consacré plus de 9
millions de dollars à des activités humanitaires et de consolidation de la paix -- dont une partie importante pour
répondre aux besoins spécifiques des enfants.
Nous nous sommes également employés à collaborer étroitement avec la société civile. Le comité mixte sur les
enfants touchés par la guerre se révèle très utile pour la création de partenariats avec tous les secteurs de la
société canadienne. Au plan international, nous avons été le premier gouvernement à fournir un soutien
financier à la Coalition internationale pour mettre fin à l'utilisation d'enfants-soldats. Plus tôt dans le mois, les
représentants canadiens sont intervenus à la conférence du CICR [Comité international de la Croix-Rouge] à
Genève pour attirer l'attention sur le sort des enfants touchés par la guerre et en faire une activité prioritaire du
CICR.
Enfin, le Canada cherche à renforcer les instruments juridiques internationaux interdisant l'utilisation d'enfants-soldats. Les règles qui gouvernent le recrutement et le déploiement d'enfants en situation de guerre sont
inadéquates. C'est pourquoi le Canada a adopté une position ferme lors des négociations sur le Statut
établissant la Cour criminelle internationale. Une fois ratifié, celui-ci criminalisera la conscription, le recrutement
ou l'utilisation d'enfants de moins de 15 ans comme soldats. C'est aussi ce qui anime les négociations en
faveur de l'ajout à la Convention relative aux droits de l'enfant d'un Protocole facultatif efficace concernant la
participation des enfants à des conflits armés.
Le Canada appuie ces efforts. Un objectif central est de relever de 15 à 18 ans l'âge minimum de recrutement
et de participation à des hostilités, en conformité avec le reste de la Convention. Nous avons joué un rôle très
actif dans les négociations et dans les efforts faits pour rallier des appuis. Ainsi, j'ai été l'hôte à l'ONU, en
septembre, d'une session stratégique sur les enfants-soldats qui a réuni un petit nombre de ministres des
Affaires étrangères. Nous avons convenu de former un Groupe d'amis du Protocole facultatif (sous le
leadership du Canada) afin de militer en faveur de l'adoption d'une position fixant une limite stricte de 18 ans à
la prochaine ronde de négociations en janvier. Sur un plan connexe, nous avons entrepris de revoir nos
propres lois et pratiques à cet égard.
Trois ans à peine se sont écoulés depuis que Graça Machel a présenté à l'Assemblée générale des Nations
Unies son étude sur l'impact des conflits armés sur les enfants et révélé au monde les tragédies qui frappent
les enfants touchés par la guerre. Dans son rapport, elle recommandait qu'une conférence soit organisée en
l'an 2000 pour évaluer les progrès réalisés globalement et les façons dont on pourrait aider les enfants touchés
par les conflits dans l'avenir. Le mois dernier, cette recommandation a reçu l'aval d'une large coalition d'ONG
dans leur Déclaration de Berlin sur l'utilisation des enfants comme soldats.
Le Canada aimerait relever le défi lancé par Graça Machel. J'annonce aujourd'hui que le Canada sera l'hôte
l'an prochain d'une conférence internationale sur les enfants touchés par la guerre. Cette conférence réunira
des représentants de gouvernements, d'organisations internationales et de la société civile de toutes les
régions du monde afin d'élaborer un plan d'action global et mondial qui englobe l'ensemble des problèmes et
des solutions éventuelles en ce qui concerne les enfants touchés par les conflits.
En 2001, le monde se réunira à l'ONU à l'occasion d'une session extraordinaire afin de passer en revue les
réalisations de la dernière décennie et de convenir de nouveaux engagements et d'un nouvel « ordre du jour
mondial » pour la prochaine décennie.
Comme l'a clairement fait ressortir le discours du Trône, le Canada est résolu à prendre une part active aux
préparatifs de cette session ainsi qu'à oeuvrer à son succès. Le premier ministre Chrétien a désigné la
sénatrice Pearson comme représentante du Canada au sein du comité préparatoire formé de six pays. Cette
dernière a déjà profité de l'occasion pour souligner les priorités du Canada et l'importance de la participation
d'enfants et de jeunes aux préparatifs ainsi qu'à la session elle-même.
La promotion de la sécurité des enfants et des jeunes du monde constitue un élément central du programme
canadien de sécurité humaine. Nos efforts, qui visent à protéger les enfants et à aider les jeunes à se prémunir
contre les prédateurs sexuels, l'exploitation au travail ou les traumatismes des conflits armés, constituent aussi
une composante indispensable de notre campagne globale de promotion de la sécurité humaine et de
l'édification de sociétés stables et pacifiques.
Pour bâtir un monde qui attache beaucoup de prix à la sécurité humaine, il faut commencer par se préoccuper
de ceux qui en hériteront et agir pour les protéger. La Convention relative aux droits de l'enfant a marqué un
début, une façon dont la communauté internationale pouvait s'acquitter de la responsabilité qui nous incombe
tous face à nos enfants. Dans moins de deux ans, à la session extraordinaire de l'ONU, nous devrons
collectivement rendre des comptes sur la façon dont nous nous sommes acquittés de cette responsabilité. Il
nous reste peu de temps d'ici là et chaque minute est précieuse. Nous l'utiliserons pour assurer une mesure
tangible de sécurité aux enfants et aux jeunes à risque et pour mettre le cap droit sur l'avenir, de concert avec
eux.
Je vous remercie.