M. KILGOUR - ALLOCUTION À LA 29E ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE DE L'ORGANISATION DES ÉTATS AMÉRICAINS - ANTIGUA, GUATEMALALE 7 JUIN 1999
DÉCLARATION
DE
L'HONORABLE DAVID KILGOUR,
SECRÉTAIRE D'ÉTAT (AMÉRIQUE LATINE ET AFRIQUE),
À LA 29e ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE
DE L'ORGANISATION DES ÉTATS AMÉRICAINS
ANTIGUA, Guatemala
Le 7 juin 1999
À la toute veille du prochain siècle, il est approprié d'amorcer la dernière assemblée
de ce siècle dans le décor spectaculaire d'Antigua, exemple même de la richesse et
de la diversité du patrimoine culturel de l'Amérique centrale, et à vrai dire de tout
l'hémisphère.
L'héritage et les leçons du passé pèsent lourd sur nos efforts pour faire accéder
l'hémisphère au futur. Aujourd'hui comme avant, le progrès de nos sociétés se
mesure à l'ampleur avec laquelle le bien-être et la sécurité des gens qui les
composent ont progressé. Cet objectif doit être au coeur des plans que nous faisons
pour l'hémisphère.
Aujourd'hui, la sécurité de nos populations est plus que jamais le facteur central de la
stabilité de nos sociétés et de la prospérité de notre hémisphère. En effet, au cours
des 12 derniers mois, nous avons vu, à la faveur de catastrophes naturelles telles
que les ouragans Mitch et Georges, qui soulignaient la nécessité d'être mieux
préparés contre les désastres atmosphériques, ou des défis très humains que
présente le fléau des drogues illicites, les menaces au bien-être individuel sont de
plus en plus au centre de nos préoccupations et redéfinissent les objectifs de
sécurité de l'hémisphère.
Dans un monde où les frontières sont de plus en plus ouvertes, et les
communications, de plus en plus instantanées, nos vies sont, plus que jamais, reliées
entre elles dans une destinée hémisphérique commune. Et, qui plus est, les menaces
qui pèsent sur nous individuellement sont de plus en plus d'ordre multinational, si
bien que les réponses, pour être efficaces, ne peuvent être données qu'à travers la
coopération multilatérale, et non pas isolément.
C'est pourquoi je crois nécessaire de réorienter les relations de l'hémisphère de
manière à les centrer davantage sur la dimension humaine. Cela dit, l'importance de
la sécurité de l'État, qui a été pendant si longtemps au coeur du programme d'action
de la région, ne s'en trouve en rien diminuée. En fait, la sécurité des personnes
dépend dans une large mesure de l'existence d'États démocratiques et pacifiques
stables. Sécurité nationale et sécurité humaine se renforcent mutuellement.
Dans cette optique, nous accueillons avec une vive satisfaction l'accord conclu cette
année entre le Pérou et l'Équateur pour résoudre leurs différends. Cet accord ne peut
que contribuer à accroître la sécurité de chaque Péruvien et de chaque Équatorien.
Ici, au Guatemala, nos hôtes ont démontré de façon convaincante l'importance de
mettre sur pied des institutions politiques viables et représentatives à l'intérieur des
États. Pour peu que l'engagement reste ferme, ces efforts contribueront à la
prospérité et à la sécurité de tous les Guatémaltèques.
Il est toutefois évident que, si importante soit-elle, la stabilité nationale ne suffit pas en
soi à garantir la sécurité humaine. Or, dans un environnement régional en évolution,
la sécurité humaine constitue irréversiblement le fondement de la stabilité des pays,
de la région et de l'hémisphère.
Il y a un an, à Santiago, nos leaders ont reconnu ces nouvelles réalités. Construisant
sur les bases jetées au Sommet de Miami de 1994, ils ont élaboré un ambitieux
programme d'action pour l'hémisphère qui vise à améliorer les conditions de vie des
particuliers pour le bien de tous les pays et de toutes les personnes de l'hémisphère.
C'est pour y arriver qu'un processus sans précédent d'intégration économique et
sociale est en cours.
C'est dans ce contexte que j'accueille avec une vive satisfaction l'accent que met
l'assemblée de cette année sur des thèmes qui permettent de tendre vers les
objectifs fixés à Santiago. Ces thèmes se rattachent directement à l'objectif
d'avancement de la sécurité des personnes, qu'il s'agisse de répondre aux menaces
que représentent les drogues illicites, de renouveler le système interaméricain de
manière à protéger pleinement les intérêts et les droits des gens de la région et
d'examiner la très pertinente question soulevée par notre hôte, le ministre des
Affaires étrangères Stein, celle de l'incidence des crises économiques internationales
sur le programme d'action de l'hémisphère.
L'an dernier, le ministre Axworthy a indiqué comment, à de nombreux égards, la
sécurité humaine est en train de devenir le leitmotiv de la coopération dans
l'hémisphère. Cette année, il est encourageant de constater à quel point le
programme d'action de l'hémisphère se révèle un modèle d'approche axée sur la
sécurité humaine en matière de politique étrangère et de relations internationales,
des questions que nous abordons -- désarmement, drogues illégales --, aux
méthodes novatrices et aux partenariats que nous formons -- avec la société civile et
entre parlementaires --, jusqu'au cadre institutionnel que nous édifions, avec, en son
centre, une OEA renouvelée.
L'engagement soutenu et ferme de notre hémisphère à l'égard de l'élimination des
mines antipersonnel est révélateur d'une volonté d'adopter une nouvelle approche
centrée sur l'humain en matière de désarmement régional. Trente-trois pays de notre
région ont signé la Convention d'Ottawa, vingt-quatre l'ont maintenant ratifiée. Je
voudrais encourager tous les signataires à oeuvrer à la ratification de la Convention,
l'un des objectifs du Canada pour l'assemblée générale de l'année prochaine.
En janvier, le ministre Axworthy a eu le privilège d'être l'hôte conjoint, avec son
homologue, le ministre mexicain des Affaires étrangères Green, avec l'aide de l'OEA,
d'une conférence régionale sur les mines terrestres qui s'est tenue à Mexico. Cette
assemblée et la conférence qui a eu lieu ce printemps au Nicaragua visaient à
maintenir la vitesse acquise dans les efforts de déminage dans la région.
Les défis sont encore énormes. Les dispositions relatives au déminage de l'accord
de paix intervenu entre le Pérou et l'Équateur offrent maintenant la perspective
d'éliminer une menace grave et directe à la sécurité essentielle des gens des deux
côtés de la frontière. Des ressources sont nécessaires. À cet égard, la création d'un
fonds volontaire par l'intermédiaire du Service pour l'encouragement de la
démocratie de l'OEA, fonds dont la création était proposée par le Canada et auquel
nous avons contribué, constitue un encouragement.
Entre-temps, le déminage se poursuit en Amérique centrale, malgré le recul causé
par l'ouragan Mitch. Et ici, au Guatemala, nous renouvellerons notre engagement à
l'égard des efforts poursuivis dans la région en adoptant des résolutions sur le
déminage en Amérique centrale et sur la constitution de l'hémisphère occidental en
zone libre de mines terrestres antipersonnel.
L'hémisphère continue de donner le ton des efforts de désarmement dans d'autres
domaines, notamment le trafic illégal des armes et l'utilisation à mauvais escient des
armes légères et des armes militaires légères, problèmes qui représentent une
formidable menace à la sécurité des civils dans notre hémisphère.
Un an après la signature de la Convention interaméricaine contre la fabrication et le
trafic illicites des armes à feu, munitions, explosifs et autres matières afférentes, la
Convention interaméricaine sur la transparence des transferts internationaux
d'armes classiques s'offre à la signature de la présente assemblée générale. Cet
instrument renforcera les dispositions relatives au registre des armes vendues des
Nations Unies et fera en sorte qu'elles correspondent aux intérêts de la région. Je
suis heureux que le Canada signe cette convention ici, au Guatemala.
Le Comité sur la sécurité continentale de l'OEA élargit son champ d'activité de
manière à y inclure ces préoccupations et d'autres préoccupations touchant la
sécurité humaine et il devrait continuer de jouer un rôle actif dans la réponse à leur
donner.
Le commerce des drogues illicites constitue un autre grand défi pour les
gouvernements et les gens de l'hémisphère. À bien des égards, c'est la quintessence
des problèmes de sécurité humaine, un problème aux aspects multiples et aux
dimensions multinationales qui nous menace tous en touchant avec la plus grande
sévérité les éléments les plus vulnérables de nos sociétés.
Beaucoup a déjà été fait. Les pays se sont dotés de stratégies antidrogues
constituées de campagnes en vue de réduire la demande grâce à des programmes
d'éducation et de promotion de la santé, d'offensives pour réduire l'offre par
l'éradication ou la promotion de formes autres de développement et pour contrôler le
trafic par des interdictions, l'application de la loi ou des mesures visant à contrer le
blanchissage de l'argent. La stratégie antidrogues de l'hémisphère, le Plan d'action
de Santiago et la session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations Unies
sur le problème mondial de la drogue procurent un cadre multilatéral d'action.
À l'OEA, la Commission interaméricaine de lutte contre l'abus des drogues est le
véhicule principal des activités de lutte contre la drogue dans l'hémisphère.
L'élaboration et la mise en application précoce, au sein de cette Commission, du
mécanisme multilatéral d'évaluation des stratégies nationales antidrogues par le
groupe de travail intergouvernemental fin de suivre les progrès découlant de nos
efforts individuels et collectifs face au problème de la drogue constitue une priorité et
nous sommes encouragés par les progrès accomplis dans le processus visant à
faire de cette idée une réalité.
Pourtant, le commerce des drogues illicites cause un mal profond et
incommensurable à la sécurité humaine dans l'hémisphère. Il compromet nos grands
objectifs d'intégration hémisphérique, de consolidation de la démocratie et de
promotion des droits de la personne.
C'est parce qu'il a pris acte de ces défis que le Canada a proposé à Santiago
d'amorcer un dialogue des ministres des Affaires étrangères sur les drogues dans
les Amériques. Le but de cette démarche était d'examiner ce problème sous l'angle
de la sécurité humaine en étudiant les répercussions plus vastes pour les pays. En
tirant profit des mécanismes et des ententes, les ministres peuvent apporter au
besoin un soutien et des conseils politiques.
Je trouve encourageante la réaction positive des ministres des Affaires étrangères à
cette initiative. Le fait que nous consacrerons une séance de travail de la présente
assemblée à cette question atteste de l'importance que nous accordons tous à la
nécessité de nous attaquer à ce problème. D'avance je me réjouis de nos
discussions.
Plus les sociétés oeuvrent de façon constructive à répondre aux besoins légitimes et
aux intérêts de tous les citoyens qui les composent tout en s'efforçant d'associer
chacun à la vie politique, économique et sociale, plus les perspectives sont bonnes
pour la sécurité humaine.
Voilà pourquoi je salue chaleureusement l'achèvement récent de la Convention
interaméricaine sur l'élimination de toutes les formes de discrimination envers les
personnes handicapées. Mon gouvernement rencontrera les représentants des
provinces afin d'entreprendre une discussion en profondeur sur la Convention.
La promotion de l'égalité des sexes est une condition fondamentale de progrès en
matière d'équité sociale. L'objectif de développement durable et équitable ne sera
atteint que dans la mesure où les femmes pourront y contribuer en tant que
partenaires égales et en tant que décideuses dans nos sociétés. Dans cet esprit, le
Canada appuie avec force les efforts déployés pour coordonner le travail d'une
version renforcée de la Commission interaméricaine des femmes avec d'autres
organismes de l'OEA, la proposition de tenir l'an prochain une réunion des ministres
de l'hémisphère responsables de la condition féminine et l'embauchage de femmes à
des postes de cadres supérieurs à l'OEA.
Pour les Canadiennes et les Canadiens, la démarche pour répondre aux
préoccupations des Autochtones a pris une forme particulièrement positive et
édifiante cette année. Il y a deux mois, nous avons célébré la création d'un vaste
territoire dans le nord, le Nunavut. Le Nunavut représente un cinquième du territoire
du Canada et ses résidents, des Inuits à plus de 85 p. 100, ont assumé la
responsabilité, entre autres, de leur éducation, de leur santé et de leurs services
sociaux. Le gouvernement du territoire permet aux Inuits de se prendre en main tout
en occupant leur place légitime à l'intérieur du Canada.
Les perspectives de promotion des questions autochtones dans l'environnement
interaméricain sont également prometteuses. Les progrès qui marquent la
négociation de la déclaration américaine des droits des populations autochtones
sont encourageants. La résolution autorisant la participation pleine et entière des
peuples autochtones, résolution adoptée cette année, constitue un très important pas
en avant. Quant à la suggestion du secrétaire général d'examiner la possibilité de
confier un rôle et un mandat renouvelés à l'Institut indianiste interaméricain, elle
constitue une autre initiative heureuse.
Un engagement accru et des partenariats renforcés entre les peuples autochtones de
l'hémisphère et les Instituts financiers internationaux [IFI] et régionaux donnent lieu à
des projets de mise en valeur plus productifs et plus efficaces. De même, la
multiplication des contacts entre Autochtones, tels que l'a permis, par exemple, la
mission commerciale autochtone du Canada au Mexique le mois passé, illustre la
valeur que revêt le développement de la capacité autochtone et souligne la nécessité
et la possibilité d'intensifier la participation des peuples autochtones à l'activité
économique de la majorité. Toutes ces tendances doivent être encouragées.
L'équité sociale va de pair avec une démocratie vivante et englobante et d'institutions
à l'écoute des besoins. Les activités du Service pour l'encouragement de la
démocratie de l'OEA et les efforts bilatéraux tels que ceux qu'accomplit le Canada
dans le cadre de l'initiative d'édification de la paix, laquelle a, par exemple, aidé le
Guatemala à mettre en oeuvre les accords de paix, peuvent aider et ont aidé d'autres
pays de la région à raffermir et à réformer les institutions démocratiques.
Le désarmement, la lutte contre les drogues illicites et le développement social
figurent parmi les principaux enjeux à la base de l'avancement de la sécurité humaine
dans l'hémisphère. Mais, à cet égard, la mise au point des moyens est tout aussi
importante que la définition des enjeux. Dans cet esprit, l'engagement de la société
civile, l'établissement de liens entre les parlementaires et la création d'un réseau de
normes régionales de protection des particuliers constituent tous des conditions
fondamentales de la réalisation de nos objectifs en matière de sécurité humaine.
Dans un monde où l'action mondiale ou régionale n'est plus le domaine exclusif des
gouvernements, la mise sur pied de partenariats constructifs et novateurs avec la
société civile sert avec efficacité l'objectif de faire avancer les dossiers. Tel a été le
cas avec la campagne d'interdiction des mines terrestres antipersonnel et des efforts
en vue de créer la Cour criminelle internationale, la société civile apportant dans les
deux cas, de différentes manières, une contribution importante.
Les leaders réunis à Santiago ont reconnu le rôle positif que peuvent jouer les
acteurs privés et se sont fait les défenseurs d'une intensification du dialogue entre
les gouvernements et la société civile pour réaliser le programme d'action de
l'hémisphère. Les Canadiennes et les Canadiens prennent cet engagement au
sérieux. Deux ans avant la tenue du prochain Sommet des Amériques à Québec en
2001, le gouvernement que je représente s'efforce d'établir un processus de vastes
consultations publiques visant à donner une voix à la société civile.
Ce processus n'est pas moins important dans les forums multilatéraux. Pour cette
raison, la résolution, rédigée par le Canada et d'autres pays, que nous voulons faire
adopter ici a pour objet de mettre sur pied un comité du conseil permanent sur la
participation de la société civile, une première étape fort bienvenue. Il reste encore à
définir des lignes directrices pour ce comité, d'arrêter les détails de l'accréditation
des organisations de la société civile et de déterminer l'étendue de la participation
que les États membres seraient disposés à accepter. Le Canada appuie la
collaboration la plus ouverte avec la société civile dans le cadre des travaux de
l'Organisation.
En adoptant la résolution pendant cette assemblée, les États membres reconnaîtront
l'utilité de faire participer la société civile à toute la gamme de nos discussions à
l'OEA. J'ai bon espoir que le Secrétariat mettra en application avec diligence le
mécanisme sur lequel on s'est entendu dans la résolution de cette année pour que,
pour la première fois à notre prochaine assemblée générale, nous approuvions des
résolutions qui soient le produit de consultations de la société civile.
Nous avons déjà vu à quel point la coopération entre les gouvernements et la société
civile peut être productive. La mission civile menée conjointement par les
Nations Unies et l'OEA en Haïti, mission qui se poursuit depuis près d'une décennie,
en constitue la preuve durable. Il existe un vaste consensus voulant que la
communauté internationale -- dans cet hémisphère en particulier -- continue
d'accompagner le peuple haïtien lorsqu'il élira un nouveau gouvernement plus tard
cette année.
Le dialogue entre les représentants élus de nos populations constitue lui aussi un
important moyen de resserrer la coopération dans l'hémisphère et d'aider à créer des
institutions démocratiques stables qui favorisent la sécurité humaine. Les échanges
parlementaires sont, en effet, à l'ordre du jour des conversations de l'hémisphère
depuis Miami.
C'est pourquoi le Canada préconise d'envisager la création d'un réseau
parlementaire des Amériques qui serait associé à l'OEA. L'an dernier, à Caracas,
nous avons convenu de créer un fonds volontaire dédié au soutien de ce dialogue
avec l'aide du Secrétariat de l'OEA. Je me réjouis à la pensée que, pendant la
présente assemblée, nous adopterons une résolution d'appui à la tenue, au début de
l'année prochaine, d'une réunion des présidents des comités des relations
étrangères de nos gouvernements respectifs pour discuter de la structure et de
l'étendue des activités d'un futur réseau. J'encourage vivement les autres pays à
donner leur appui à ce forum parlementaire enraciné dans l'OEA.
La sécurité humaine dépend de la création d'un réseau mondial de normes de
comportement qui visent à réduire la vulnérabilité de l'individu -- en particulier du
plus désavantagé -- tout en faisant en sorte que les contrevenants soient tenus
responsables. La création de la Cour criminelle internationale, la Convention
d'Ottawa, les efforts visant à mettre au point les instruments juridiques internationaux
relatifs aux enfants en situation de conflit, ne sont pas des initiatives distinctes et
sans lien entre elles mais bien des éléments d'un effort plus vaste.
L'OEA est à l'avant-garde des initiatives régionales complémentaires des initiatives
mondiales. Je trouve encourageant le récent succès de l'OEA, qui est parvenue à
mettre au point une impressionnante batterie d'instruments juridiques
interaméricains de promotion de la sécurité humaine et à les faire accepter. Outre la
convention concernant les personnes handicapées que j'ai déjà mentionnée, saluons
également la conclusion par la présente assemblée de la Convention interaméricaine
contre la corruption, que le Canada est heureux de signer.
Il nous faut également veiller à ce que les dispositions de ces ententes soient dûment
suivies d'effets. À cet égard, il nous faut examiner le fonctionnement des mécanismes
existants, le système interaméricain des droits de la personne, par exemple. La
lourde charge de travail que doit assumer la Commission interaméricaine sur les
droits de la personne fait qu'il est de plus en plus difficile pour elle de présenter des
constatations qui soient à-propos et mûrement réfléchies.
Veiller à ce qu'elle ait des ressources suffisantes pour faire son travail n'est qu'un
élément. La décision de l'actuel président de la Commission, le professeur
Robert Goldman, de prendre la parole devant la présente assemblée est significative
du cheminement progressif que la Commission s'est engagée à suivre. Le Canada
travaillera de concert avec la Commission à améliorer son fonctionnement et je suis
certain que les nouveaux commissaires feront en sorte que nous entrerons dans le
nouveau millénaire forts d'un système des droits de la personne solide et vigoureux.
Nous regrettons la dénonciation des instruments de défense des droits de la
personne. Indépendamment des événements qui sembleraient les justifier, les actes
de dénonciation remettent en question l'engagement de l'État à l'égard des principes
des droits de la personne incarnés dans l'instrument.
Tous les efforts déployés pour promouvoir la sécurité humaine et pour faire
progresser le programme d'action de l'hémisphère devront pouvoir s'appuyer sur
une OEA dynamique, renouvelée et souple. Tandis que le nombre de tâches qui
incombent à l'OEA augmente, nous devons veiller à ce qu'elle ait la capacité et les
moyens de fonctionner efficacement.
Tandis que de nouveaux mandats émanent de plus en plus du processus du
Sommet, nous devons sérieusement examiner comment institutionnaliser le
processus du Sommet à l'intérieur de l'OEA. Ce geste aiderait à délimiter clairement
les décisions prises par nos leaders, d'une part, et les mandats que ces décisions
confient à l'OEA, d'autre part.
La décision prise l'an dernier de créer le groupe de travail mixte sur le renforcement
et la modernisation de l'OEA constitue elle aussi une étape utile dans l'adaptation de
l'Organisation à un contexte régional en changement. La première recommandation
émanant du groupe, la proposition de créer une agence interaméricaine de
coopération pour le développement, améliorera la gestion du programme de
coopération technique de l'OEA. L'organisme est, certes, le bienvenu, mais son
succès exigera de la part de tous les États membres des efforts importants et
soutenus.
L'une des contraintes bien connues qui gênent le fonctionnement de tous les
organismes et agences spécialisées de l'OEA est la crise financière profonde avec
laquelle l'Organisation se débat. Des programmes essentiels sont privés de fonds. La
mise en oeuvre de l'avalanche de nouveaux mandats découlant du Sommet est
encore plus précaire. La première mesure -- indispensable -- à prendre est de
résoudre le problème des arrérages. Les États qui ont une dette envers
l'Organisation et qui n'ont encore rien fait à cet égard devraient se doter de plans de
paiement et s'y conformer. Nous ne pouvons pas, d'un côté, exiger de plus en plus de
l'Organisation tandis que, de l'autre côté, on la prive des ressources dont elle a
besoin pour faire son travail.
Le remboursement des dettes passées et actuelles est certes important, mais ce
n'est pas cela qui réglera la totalité de la crise financière avec laquelle se débat une
organisation surchargée. Le Secrétaire général Gaviria a fait des efforts pour réduire
les coûts et rationaliser les opérations, et nous lui en savons gré. Tandis qu'il aborde
son deuxième mandat, nous devrions lui fournir le soutien, les outils et la bonne
volonté collective dont il a besoin pour nous guider et pour guider l'Organisation au
moment du passage au prochain siècle.
La présente assemblée générale revêt une importance particulière pour le Canada,
avec l'élan et l'orientation qu'elle donne tandis que nous nous préparons à accueillir
les pays de l'hémisphère au cours des deux prochaines années. Le mois prochain, à
l'occasion des Jeux panaméricains qui se tiendront à Winnipeg, les Canadiennes et
les Canadiens accueilleront des athlètes venus de tout l'hémisphère. Cet événement
sera suivi de la Conférence des conjoints des chefs d'État et de gouvernement des
Amériques au mois de septembre, à Ottawa, puis par le Forum des gens d'affaires
des Amériques et la réunion des ministres du Commerce de la ZLEA [Zone de libre-échange des Amériques] en novembre à Toronto, la prochaine assemblée générale
de l'OEA à Windsor à l'occasion du 10e anniversaire du Canada en tant que membre
de l'OEA, le tout culminant avec le Sommet des Amériques de Québec en 2001.
L'emploi du temps chargé de l'hémisphère au cours des deux dernières années est
révélateur du fait qu'une coopération plus étroite sert les intérêts de tous, révèle un
désir commun de saisir de nouvelles occasions et de promouvoir des valeurs
communes et fait la preuve de notre engagement collectif à défendre la démocratie, à
promouvoir la règle de droit, à défendre les droits de la personne et à accélérer
l'intégration économique. Il y a eu des progrès encourageants dans tous ces
domaines. Mais par la même occasion, tout le chemin qu'il reste encore à parcourir
n'en devient que plus évident.
Conscient que notre objectif ultime est le bien-être et la sécurité de nos populations,
j'ai la conviction que les événements que le Canada accueillera au cours des deux
prochaines années contribueront à la réalisation de notre vision d'un hémisphère
placé sous le signe du partage de l'espace, de la stabilité, de la prospérité et de la
paix.
Je vous remercie.