M. MARCHI - MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,LORS DE LA SÉANCE D'OUVERTUREDU FORUM COMMERCIAL CANADA-MEXIQUE - MEXICO, MEXIQUE
98/1 SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE SERGIO MARCHI,
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,
LORS DE LA SÉANCE D'OUVERTURE
DU FORUM COMMERCIAL CANADA-MEXIQUE
MEXICO, Mexique
Le 12 janvier 1998
Ce document se trouve également au site Internet du Ministère :
http://www.dfait-maeci.gc.ca
Je suis ravi de me trouver ici à Mexico, avec le gouverneur général, les
dirigeants des territoires, les premiers ministres des provinces et les chefs
d'entreprises canadiennes. Bien que cette mission « Équipe Canada » soit la
quatrième, c'est la première à laquelle je participe et c'est vraiment une
expérience incroyable.
Il fait bon sentir la chaleur de votre climat, comme celle de votre accueil.
L'année va être bien remplie! Après cette mission Équipe Canada en Amérique
latine, il y aura la conférence ministérielle sur la ZLEA [Zone de libre-échange
des Amériques] au Costa Rica en mars, suivie du Sommet de Santiago en avril. Et
bien entendu, il y a à peine quelques semaines, beaucoup d'entre nous étions à
Vancouver pour la conférence de l'APEC [mécanisme de Coopération économique Asie-Pacifique].
Aujourd'hui, je voudrais parler très brièvement des relations du Canada avec le
Mexique et de notre engagement en faveur de la libéralisation des échanges
commerciaux dans notre hémisphère.
Il est certainement approprié que nous lancions notre mission commerciale ici, au
Mexique, où a débuté notre relation de libre-échange avec l'Amérique latine.
Les relations commerciales entre le Mexique et le Canada en sont à leurs débuts,
et nous ne faisons que commencer à en réaliser les retombées effectives. En 1996,
l'investissement canadien au Mexique s'élevait à 1,3 milliard de dollars, soit
plus de deux fois le chiffre de 1993, mais encore bien moins que ce qu'il pourrait
être. De même, l'investissement mexicain au Canada s'accroît, bien qu'il n'ait pas
dépassé environ 240 millions de dollars l'an dernier.
On ne peut que se réjouir d'apprendre que les réformes structurelles en cours au
Mexique créent des débouchés pour les entreprises canadiennes dans des domaines
comme les transports, les centrales hydroélectriques et le stockage, le transport
et la distribution du gaz naturel.
Comme vous le savez, plus de 700 entreprises canadiennes sont déjà présentes ici,
et un plus grand nombre encore exportent vers le Mexique. Il s'agit dans certains
cas de projets de très grande envergure. Par exemple :
en mars dernier, TransCanada PipeLines, associée à la compagnie mexicaine Gutsa,
a remporté un contrat pour la construction d'un pipeline devant fournir du gaz
naturel à la centrale thermoélectrique Merida III et à la péninsule du Yucatan;
Northern Telecom a établi une usine à Monterrey, au Nuevo Leon, pour fabriquer
des connecteurs, des combinés téléphoniques et des câbles, employant près de
2 000 personnes;
la Banque de Nouvelle-Écosse est sur le point de conclure des négociations pour
l'acquisition d'une part de 55 p. 100 du Grupo Financiero Inverlat SA, quatrième
banque mexicaine;
Canam Manac, de Saint-Georges, au Québec, exploite avec succès deux usines
métallurgiques à Monterrey et Ciudad Juarez, fournissant un emploi à 500
personnes.
En outre, un certain nombre de coentreprises entre des compagnies canadiennes et
mexicaines obtiennent beaucoup de succès, apportant des emplois et d'autres
retombées aux deux pays. IDG Stanley, par exemple, de concert avec un partenaire
mexicain, a décroché un contrat de 4 millions de dollars pour aider la Comision
Reguladora de Energia à créer un cadre pour les entreprises qui ne manqueront pas
de se former à mesure que le Mexique accroîtra sa consommation de gaz naturel.
C'est dire que la dynamique existe. Les entreprises canadiennes ont reconnu les
avantages qu'elles ont à établir une présence dans un pays de 93 millions
d'habitants. Et les Mexicains ont compris les retombées et les emplois qui
découlent de l'investissement étranger. Certes, le nombre et la variété des
entreprises qui nous accompagnent pour cette mission commerciale attestent à
l'évidence que l'intérêt du Canada pour le Mexique est aussi fort que durable.
Cette région a frappé l'imagination des Canadiens, et leur optimisme augure bien
de notre avenir commun.
Le défi qui nous est lancé à tous consiste à faire en sorte qu'il soit le plus
facile possible pour les compagnies des deux pays de faire des affaires ensemble.
Pour le relever, nous continuons à travailler, dans le cadre de l'ALENA [Accord de
libre-échange nord-américain], à des dossiers comme l'accès des entreprises de
camionnage au Mexique, et nous sommes toujours résolus à simplifier les procédures
douanières dans les deux pays.
Bien entendu, le monde de demain sera le résultat des efforts que nous fournissons
aujourd'hui. Et ce que nous construisons aujourd'hui passera à la prochaine
génération. C'est pourquoi le Centre canadien d'éducation que nous ouvrons
officiellement aujourd'hui est si important. Il nous aidera à jeter des ponts plus
forts entre nos sociétés, il élargira nos horizons et renforcera notre
compréhension mutuelle.
Et c'est au sein de la jeune génération, plus réceptive à la technologie, plus
ouverte dans ses attitudes et plus souple face au changement, que nous chercherons
nos dirigeants dans les années à venir.
Nous avons jeté des bases solides pour leurs efforts et nous voyons des
possibilités énormes pour l'avenir des relations mexico-canadiennes.
Ces dernières années, le Canada a subi une transformation qui, je crois, fait
pendant à celle qui s'opère ailleurs dans le monde. Une transformation au cours de
laquelle la libéralisation des échanges, considérée au départ comme quelque chose
à quoi il fallait résister, est devenue une doctrine à laquelle on ne peut que se
rallier. En fait, 70 p. 100 des Canadiens appuient maintenant le libre-échange;
l'appui à l'ALENA, en particulier, qui n'était que de 37 p. 100 en 1993, atteint
aujourd'hui les 63 p. 100.
Le Canada a reconnu que son avenir passe par l'expansion du commerce extérieur. Et
tout comme notre pays a été agrandi et enrichi par la contribution d'immigrants
provenant de toutes les parties du monde, chaque nouveau partenariat commercial
élargit notre perspective et nous ouvre de nouveaux débouchés.
Bien entendu, la mondialisation et la libéralisation des échanges sont sources
d'inquiétude autant que d'avantages. Nombreux sont ceux et celles qui voient les
choses changer rapidement, dramatiquement, fondamentalement. Le confort des
vieilles certitudes a été remplacé par l'anxiété au sujet de ce que l'avenir leur
réserve.
Nous nous devons de reconnaître ces inquiétudes et d'y répondre. Nous devons
continuer à démontrer les retombées du libre-échange et les possibilités qu'il
offre à tous. Nous devons montrer le lien entre l'ouverture des marchés et
l'augmentation de l'emploi. Et nous devons préparer nos compatriotes à exploiter
ces possibilités.
Certes, l'adaptation du Canada à cette vision du monde n'a pas toujours été
facile. Il a fallu restructurer en profondeur notre économie et transformer
radicalement notre perception de nous-mêmes et notre place dans le monde. Mais
cela a valu la peine.
Pour le Canada, pays aux racines profondes en Europe et aux liens commerciaux
solides avec les États-Unis, une partie de cette transformation a consisté à
reconnaître peu à peu ses affinités naturelles avec la bordure du Pacifique et à
se voir comme un pays des Amériques.
Aujourd'hui, les Canadiens envisagent avec beaucoup d'optimisme et d'enthousiasme
l'expansion de leurs liens avec l'hémisphère. Cette mission commerciale démontre
que cette région est une partie intégrante de notre stratégie commerciale.
Je suis heureux de rendre public aujourd'hui le Plan d'action du Canada en matière
de commerce avec le Mexique. Vous en trouverez des exemplaires à l'arrière de la
salle. D'après ce plan, le Mexique est un des 10 marchés prioritaires du Canada.
Pour aider de plus près les compagnies canadiennes, nous avons mis au point une
vaste base de données, Export i Mexico, à l'intention des gens faisant des
affaires au Mexique et cette information est disponible en direct par Internet.
Notre engagement envers l'avenir économique de cette région a été démontré par un
accord de libre-échange avec le Chili. Nous avons aussi proposé un arrangement en
matière de commerce et d'investissement avec Mercosur qui fournira le cadre
nécessaire pour discuter de questions touchant le commerce et l'investissement.
Nous sommes aussi fermement engagés en faveur de la ZLEA et il est important de ne
pas ralentir le rythme dans ce dossier. Nous ne pouvons pas, par exemple, laisser
le temps que l'administration américaine met à obtenir l'autorisation de suivre la
procédure accélérée compromettre nos progrès ou détourner notre trajectoire.
Il existe maintenant un désir commun, et une chance unique, de créer un véritable
sentiment de communauté dans cet hémisphère. Il ne faut pas laisser cette chance
s'échapper.
Notre volonté de raffermir nos liens avec les partenaires commerciaux de la région
et de développer la ZLEA en particulier ne devrait étonner personne : après tout,
le Canada est une nation commerçante.
Mais notre engagement est basé sur bien plus que de simples facteurs économiques.
Nous sommes aussi conscients du danger de laisser la ZLEA nous échapper. Danger
notamment de voir l'hémisphère encombré de multiples ententes commerciales. Une
telle situation ne ferait qu'entraver voire compromettre nos objectifs plus
globaux.
N'oublions pas non plus le dividende social que nous pourrions perdre en ne
négociant pas une ZLEA : de nouvelles écoles, de nouveaux hôpitaux, des revenus
plus élevés et de meilleures normes en matière de travail et d'environnement.
Tous ces défis et toutes ces perspectives nouvelles qui nous attendent me
rappellent un livre que j'ai vu un jour sur les cartes au XIIIe siècle. Lorsque les
cartographes de l'époque étaient rendus à la limite du monde qui était alors
connu, ils écrivaient que l'au-delà appartenait aux monstres pour indiquer qu'il
était incertain, donc inquiétant.
Nous aussi voguons vers l'inconnu à l'aube d'une ère nouvelle de libéralisation du
commerce et d'interdépendance accrue du marché mondial. Mais nous ne devons pas
nous restreindre en imaginant des monstres. Nous ne devons pas limiter nos
horizons à ce qu'il nous est permis de voir en ce moment.
Au contraire, à l'instar des explorateurs d'hier, nous devons mettre le cap sur
des mers incertaines, sûrs que des mondes prometteurs attendent d'être découverts.
Armons-nous de confiance et partons ensemble à l'aventure.
Merci.