M. MARCHI - ALLOCUTION DEVANT LE CONSEIL COMMERCIAL CANADA-CHINE ET L'ASSOCIATION DES GENS D'AFFAIRESHONG KONG-CANADA - VANCOUVER (COLOMBIE-BRITANNIQUE)
98/23 SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE SERGIO MARCHI,
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,
DEVANT LE CONSEIL COMMERCIAL
CANADA-CHINE ET
L'ASSOCIATION DES GENS D'AFFAIRES
HONG KONG-CANADA
VANCOUVER (Colombie-Britannique)
Le 27 mars 1998
Ce document se trouve également au site Internet du Ministère :
http://www.dfait-maeci.gc.ca
Je remercie le Conseil commercial Canada-Chine [CCCC] et l'Association des gens
d'affaires Hong Kong-Canada d'avoir organisé ce splendide événement.
Pour débuter, je tiens à féliciter le Conseil pour son 20e anniversaire!
Vous savez, 1978 a été une année marquante : non seulement le Conseil voyait le
jour, mais la Chine et le Japon signaient un traité de paix et d'amitié, Israël et
l'Égypte signaient l'Accord de Camp David et le disco faisait des ravages. Enfin,
trois sur quatre, ce n'est quand même pas si mal!
Depuis, le Conseil est devenu un véhicule clé de promotion du commerce et de
l'investissement entre nos deux grands pays; aujourd'hui, en cette occasion, je
tiens à saluer cette contribution remarquable.
Je suis particulièrement heureux de me retrouver parmi vous à la veille de mon
voyage en Chine.
Quelqu'un m'a rappelé que je ne reverrais peut-être pas de nourriture occidentale
pour un petit bout de temps et que, dans les prochains jours, je pourrais avoir
quelque chose d'un peu plus exotique à me mettre sous la dent. Je suis donc
préparé!
Je suis aussi enchanté que 84 gens d'affaires m'accompagnent pour cette mission --
la plus importante qui ait été organisée depuis des années. Et comme la majorité
de ces gens d'affaires ne sont pas membres du CCCC, nous avons un certain nombre
de convertis à la cause!
J'anticipe aussi le plaisir de cette visite parce que nous vivons une période si
excitante en Chine et dans les relations entre nos deux pays.
Je suis sûr que vous avez, comme moi, suivi les nouvelles venant de la Chine
depuis les dernières semaines.
Je dois dire que nous avons été encouragés, d'abord par les mesures audacieuses
annoncées par le gouvernement chinois en ce qui concerne la recapitalisation des
banques puis par les propositions radicales en vue de privatiser bon nombre
d'entreprises d'État et de procéder à d'autres grandes réformes économiques.
Ce sont des pas importants dans la bonne direction qui montrent que la Chine est
déterminée à faire la transition à l'économie de marché. Le commerce est une
partie intégrante de ce marché ouvert, et je compte bien travailler avec le
nouveau ministre du Commerce de la Chine, M. Shi, pour faire progresser le
programme d'action commerciale, tant au plan bilatéral que multilatéral.
C'est aussi une période excitante dans les relations entre nos deux pays. Pendant
l'Année canadienne de l'Asie-Pacifique, qui vient de prendre fin, nous avons
présidé la Réunion des dirigeants économiques de l'APEC [mécanisme de Coopération
économique Asie-Pacifique], qui a permis de relever de façon spectaculaire le
profil de la Chine et d'autres pays d'Asie dans toutes les régions du Canada.
Et la Réunion a évidemment été immédiatement suivie de la visite d'État du
président Jiang Zemin. Ce fut une excellente occasion pour le président et le
premier ministre de poursuivre le dialogue politique ouvert qui s'était engagé
durant les visites du premier ministre Chrétien en Chine en 1994 et 1996.
Ces contacts de haut niveau ont entouré la visite du premier ministre Li Peng
en 1995 -- une visite qui a aussi marqué le 25e anniversaire de l'initiative
courageuse de Pierre Trudeau de reconnaître la République populaire de Chine.
En fait, depuis 1994, le premier ministre et un dirigeant chinois ont participé à
votre réunion annuelle; c'est une réalisation qu'aucune autre association
commerciale ne pourrait probablement égaler.
En novembre dernier, le Canada a accueilli la Réunion de l'APEC, une rencontre qui
a fait progresser de façon significative le dossier de la libéralisation du
commerce.
Et, tout au cours de l'année, des centaines de manifestations commerciales et
culturelles sont venues rappeler aux Canadiens leurs liens avec le Pacifique et
les occasions qui les y attendent.
Donc, la relation Canada-Chine est portée par une incroyable dynamique, une
dynamique que notre visite en Chine cette semaine a pour but d'entretenir.
Ma tâche sera d'autant plus facile et agréable que les représentants du milieu des
affaires qui se joindront à nous sont de très haut calibre; je n'ai aucun doute
que cette mission sera un succès.
Ce matin, je voudrais vous parler brièvement de notre voyage : de la raison de
cette mission en Chine, de ses grands objectifs, et de ce que nous en attendons.
Certains ont mis en cause l'importance que nous accordons à la Chine. Puisque le
marché américain est si proche et si accessible, pourquoi se rendre à l'autre bout
du monde pour trouver de nouveaux débouchés? Ajoutez à cela les différences
linguistiques et culturelles, et il semble falloir dépenser beaucoup d'efforts
pour obtenir un rendement incertain.
Mais vous et moi savons qu'il n'en est rien. Vous et moi savons que le Canada et
la Chine devraient commercer et investir dans l'économie l'un de l'autre, que le
marché est énorme, que les occasions sont extraordinaires et que le moment est
tout indiqué.
Nous savons aussi que d'autres sont bien conscients du potentiel énorme de la
Chine et que si le Canada veut participer à la croissance de ce pays, il lui faut
continuer d'y mettre le temps et de développer les relations en conséquence.
Autrement, quelqu'un d'autre le fera à notre place.
En fait, les ministres du Commerce de la France et de l'Afrique du Sud se rendront
en Chine avec des délégations de gens d'affaires quelques jours après notre
mission.
La Chine est peut-être notre troisième partenaire commercial, mais nous n'avons
jusqu'à maintenant réalisé qu'une infime partie du potentiel de cette relation.
Les chiffres sont convaincants : avec près du quart de la population mondiale et
une classe moyenne qui devrait atteindre les 500 millions d'ici à 2010, la Chine
est un marché qu'aucune nation ne peut se permettre d'ignorer.
Le Canada, une nation si tributaire du commerce qui doit trouver de nouveaux
marchés et de nouvelles occasions, n'a certainement aucunement l'intention de
rester sur la touche.
Donc, le moment est venu d'actualiser le fameux conseil d'Horace Greely : cap sur
l'est, jeunes gens, cap sur l'est!
Et à compter de demain, c'est exactement ce que nous ferons. Notre délégation
visitera Beijing, Shanghai et Hong Kong avec quatre objectifs à l'esprit.
Premièrement, la promotion et le développement du commerce.
À Beijing et à Shanghai, nous nous intéresserons plus particulièrement aux
secteurs de l'énergie, de la construction, des services financiers, du pétrole et
du gaz et de l'agroalimentaire. Avec la récente restructuration en Chine, le
domaine de la production d'énergie est particulièrement prometteur.
À Hong Kong, nous explorerons les possibilités dans les secteurs de
l'agroalimentaire, des services d'éducation et des matériaux de construction. Et,
bien sûr, ce ne sont là que quelques-uns des secteurs dans lesquels le Canada peut
utiliser Hong Kong comme porte d'accès à la Chine.
Dans toutes ces sphères d'activité, les entreprises canadiennes ont une
technologie mondialement reconnue à offrir. En fait, il y a une « convergence »
extraordinaire entre les besoins de la Chine et ce que le Canada peut fournir.
En 1994, le premier ministre Chrétien et le premier ministre Li Peng ont défié les
milieux d'affaires de chaque nation de porter le commerce bilatéral à 20 milliards
de dollars d'ici l'an 2000. Les problèmes rencontrés en Asie retarderont peut-être
la réalisation de cet objectif. Mais ne vous y trompez pas! Nous allons le
réaliser! Le développement du commerce est donc un volet important de la mission.
Deuxièmement, nous voulons faire progresser le programme d'action commerciale. Un
certain nombre de problèmes commerciaux importants restent à régler sur ce plan.
Le plus important concerne l'accès au marché chinois, entravé par l'imposition de
droits de douane élevés, un manque de transparence et une application inégale de
la réglementation. L'une de nos priorités est la simplification et la transparence
accrue du régime douanier.
Nous négocions déjà avec les autorités chinoises sur chacun de ces points, aux
niveaux bilatéral et multilatéral, et j'en rediscuterai certainement la semaine
prochaine.
Je discuterai aussi des efforts de la Chine pour préparer son accession à l'OMC
[Organisation mondiale du commerce]. J'ai confiance que des progrès pourront être
réalisés sur ce front. De plus, nos négociateurs se réuniront à Genève une semaine
après mon voyage pour discuter de cette question importante. Le moment ne pourrait
donc être mieux choisi pour des orientations et un engagement politiques.
Troisièmement, la mission mettra l'accent sur ce que j'appelle les « dividendes
sociaux » de la libéralisation du commerce.
Pour moi, ces enjeux sont aussi importants que les enjeux commerciaux «
traditionnels » parce qu'ils concernent l'élément humain de l'équation économique.
Par exemple, l'Agence canadienne de développement international [ACDI] tente de
soulager la pauvreté dans l'intérieur de la Chine en faisant la promotion des
compétences canadiennes dans des domaines comme les techniques durables de culture
sèche, la production laitière et l'élevage porcin. Ces projets empêchent la
dégradation de l'environnement, améliorent l'existence des gens et réduisent la
faim et la malnutrition.
Le Canada partage aussi son expertise administrative et technique pour aider la
Chine à combler ses besoins en énergie et en transport. Par exemple, l'ACDI, par
le biais d'un autre projet géré par Nova Gas International et D&S International
Consultants de Calgary, aide la Chine à satisfaire ses besoins en pétrole et en
gaz avec la technologie de pointe canadienne.
Un certain nombre de sociétés canadiennes, dont plusieurs participeront à la
mission, aident le ministère chinois de la Construction à élaborer des normes de
construction à haut rendement énergétique basées sur une technologie canadienne
adaptée à la Chine.
Plusieurs nouvelles initiatives se fondent sur les solides liens éducationnels et
touristiques formés entre nos deux pays. Nous connaissons la valeur d'amener des
étudiants à faire leur apprentissage et à travailler dans la culture de l'autre
pays.
Il est évident que les avantages économiques qui découlent du commerce extérieur
et intérieur accroissent les dividendes sociaux dans les deux nations. Ce n'est
pas seulement une bonne pratique d'affaires. C'est une grosse affaire.
Enfin, notre quatrième objectif est de renforcer davantage le dialogue politique
entre nos deux pays. Notre relation est solide, et ce n'est pas par accident que
je serai le premier ministre du Commerce étranger à rencontrer le nouveau ministre
du Commerce de la Chine.
Le Canada continuera aussi à tenter d'aider la Chine à améliorer la gestion des
affaires publiques, le respect des droits de la personne et les processus de
développement de la démocratie. Nous avons toujours été d'avis que le meilleur
moyen d'exercer une influence à ces égards consiste non pas à isoler mais plutôt à
engager la Chine.
Plus tôt dans le mois, nous avons été heureux de coparrainer avec la Chine un
colloque multilatéral sur les questions juridiques liées aux droits de la
personne, et nous comptons poursuivre ce dialogue productif sur les questions
liées aux droits de la personne.
Notre objectif est la pleine intégration de la Chine dans les institutions
politiques et économiques mondiales. Nous continuerons d'appuyer les efforts axés
sur les droits civils et politiques, la liberté de culte et les droits
économiques, sociaux et culturels.
Faire des progrès en termes de promotion du commerce, favoriser la réalisation du
programme d'action commerciale, appuyer les conditions qui généreront des
dividendes sociaux pour la population chinoise et poursuivre le dialogue politique
: tels sont nos objectifs à la veille de notre mission.
Nous ne nous faisons pas d'illusion sur les défis qui nous attendent. Mais nous
savons aussi que la Chine est au bord de transformations profondes, que, dans
quelques années à peine, le monde ne reconnaîtra plus la Chine d'aujourd'hui.
J'ai la ferme conviction que, lorsque les Canadiens repenseront à ce moment-là aux
mesures que nous prenons maintenant et au leadership qu'assure votre Conseil, ils
reconnaîtront que nous avions raison de persévérer dans l'édification de notre
relation avec la Chine.
Aujourd'hui, le commerce et l'investissement entre la Chine et le Canada en sont
encore dans leur enfance. Mais nous connaissons leur potentiel. Nous savons à quel
point ils peuvent se développer. Nous savons ce qu'ils peuvent devenir. Et nous
savons ce qu'ils peuvent signifier pour les deux pays.
Continuons donc à les développer, à y croire et à les nourrir. Et n'arrêtons pas
de le faire tant qu'ils n'auront pas atteint leur pleine maturité.
Merci.