M. MARCHI - ALLOCUTION DEVANT LE FORUM DES GENS D'AFFAIRES CANADIENS - SHANGHAI, CHINE
98/26 SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE SERGIO MARCHI,
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,
DEVANT
LE FORUM DES GENS D'AFFAIRES CANADIENS
SHANGHAI, Chine
Le 2 avril 1998
Ce document se trouve également au site Internet du Ministère :
http://www.dfait-maeci.gc.ca
Permettez-moi d'abord de remercier le Forum des gens d'affaires canadiens qui
parraine ce merveilleux déjeuner. Notre délégation est en Chine depuis presque
cinq jours déjà et nous apprécions grandement l'accueil chaleureux qui nous est
réservé.
Cependant, nous apprécions les efforts déployés par le Forum. Cela vaut non
seulement pour cette activité, mais aussi pour sa collaboration soutenue avec le
consulat général du Canada à Shanghai afin de promouvoir le commerce et
l'investissement entre nos deux pays.
Je trouve toujours excitant d'être au cœur de l'action et, dès que nous arrivons à
Shanghai, c'est exactement l'impression que nous avons. Trente-cinq villes de plus
de 1 million d'habitants se trouvent dans un rayon de 500 kilomètres de cette
ville. Le commerce avec Shanghai représente, en outre, plus de 25 p. 100 des
échanges bilatéraux entre le Canada et la Chine. Les gens d'affaires ne peuvent se
permettre de négliger un tel marché!
Depuis longtemps, de toutes les villes chinoises, Shanghai est la plus dynamique,
la plus moderne et la plus occidentale. De plus en plus, elle est aussi le berceau
de ses dirigeants politiques, puisque cinq de ses anciens maires ont rempli les
fonctions de président et de premier ministre. Or, que certains de ses habitants
considèrent qu'il s'agit de simples mutations en dit long sur leur fierté!
L'année dernière, le Canada a eu l'honneur de recevoir le président Jiang. Il a
ainsi pu poursuivre avec le premier ministre Chrétien le dialogue sur les
questions politiques amorcé lors des visites de ce dernier en Chine, en 1994 et
1996. Nous nous réjouissons notamment à l'idée d'accueillir le maire de Shanghai
au Canada plus tard ce printemps.
Comme vous le savez, l'année 1997 a été désignée « Année canadienne de
l'Asie-Pacifique ». Cette année passionnante et importante a donné lieu à plus de
600 échanges culturels et commerciaux. Conjuguée à la visite du président Jiang et
au sommet de l'APEC [Coopération économique Asie-Pacifique] à Vancouver, elle a
permis de rehausser de façon spectaculaire l'image de la Chine au Canada. Nous
voulons qu'elle reste à l'avant-scène.
C'est donc pendant une période extrêmement dynamique de nos relations que nous
venons aujourd'hui dans cette ville et ce pays. Il s'agit aussi d'une période où
la Chine s'impose comme un acteur de premier plan de l'économie mondiale.
Le Canada est conscient du potentiel de cette région. D'ici à l'an 2000, 60 p. 100
de la population mondiale habitera l'Asie-Pacifique, qui comptera aussi pour
50 p. 100 du PIB [produit intérieur brut] et 40 p. 100 de la consommation dans le
monde. Dans deux ans, aucune des 20 plus grandes villes du monde ne se trouvera en
Europe ni aux États-Unis. De plus, en 2010, la Chine comptera à elle seule plus de
500 millions de consommateurs appartenant à la classe moyenne.
Pour une nation commerçante comme le Canada, dont une des côtes est baignée par le
Pacifique, et qui abrite une communauté d'immigrants chinois très vivante, le
message ne peut être plus clair : nous devons nous tourner vers les régions qui
connaîtront la croissance; nous devons intensifier nos relations avec la Chine.
Le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, de concert avec
nos partenaires provinciaux et municipaux, continue de chercher des moyens
innovateurs d'appuyer les exportateurs canadiens. L'automne dernier, j'ai annoncé
la mise en œuvre du Plan d'action commercial pour la Chine, qui fournit un cadre
d'action pour le commerce avec la Chine et précise les secteurs les plus
prometteurs pour les entreprises canadiennes. Ceux d'entre vous qui n'ont pas
d'exemplaire de ce plan pourront s'en procurer un à la sortie.
Le problème en Chine, bien sûr, ne réside pas dans la recherche de débouchés, mais
dans le choix de celui que vous voulez exploiter. C'est ici que les agents
commerciaux du consulat peuvent vous aider. Ils connaissent le marché, ses
acteurs, et les usages locaux : leur aide peut s'avérer très précieuse. Surtout,
il ne faut pas hésiter à faire appel à leurs services!
Avec la profusion de débouchés qui s'offrent aux Canadiens à Shanghai, il est
tentant d'essayer de parler de chacun d'eux. Qu'on me permette d'insister sur
trois d'entre eux seulement.
Le premier concerne le secteur de la construction et de l'infrastructure.
Plus de 70 millions de personnes habitent dans le delta du Yangtsé. De plus, tout
comme à Shanghai, le secteur de la construction connaît une croissance soutenue
dans de nombreuses villes de la région. Plusieurs entreprises canadiennes
participent déjà à des projets de construction immobilière à Shanghai même, ou
dans les alentours. Parmi ces entreprises, il convient de citer Davie
International Inc., Easy Field Consultants, et la société d'architecture et
d'urbanisme Michael H. K. Wong, qui participent toutes à cette mission.
En fait, entre 1992 et 1996, les exportations de matériaux et de services de
construction en Chine ont plus que doublé. À Shanghai, les entreprises canadiennes
réussissent particulièrement bien dans la prestation de services de conception,
d'ingénierie et d'architecture.
De plus, la demande pour des habitations de grande qualité et à haut rendement
énergétique augmentera au même rythme que le revenu des citadins. Cela représente
de véritables débouchés pour les entreprises canadiennes.
Le marché de l'immobilier profitera de deux changements importants. Le premier
consiste en l'instauration d'un régime de financement hypothécaire et le second,
en l'adoption, le mois dernier, de la nouvelle Loi sur la construction. Cette loi
vise à accroître la transparence du processus d'approbation des projets, à
améliorer la sécurité des travailleurs et à promouvoir des pratiques commerciales
loyales.
Par ailleurs, l'Agence canadienne de développement international participe
actuellement à un projet échelonné sur cinq ans, qui illustrera le savoir-faire
canadien en matière de construction de bâtiments à haut rendement énergétique. Des
chantiers pilotes ont été aménagés à cet effet à Shanghai, Beijing et Harbin. Un
certain nombre d'entreprises canadiennes, comme Soprin International et ADS
International, mènent des activités de transfert de technologie et s'associent
avec des partenaires chinois pour la création d'installations de fabrication.
Le virage en faveur du développement durable profitera non seulement à notre
secteur du logement, mais aussi à celui de la technologie environnementale. Comme
le montre l'importante délégation présente aux conférences Globe 96 et Globe 98 à
Vancouver, la Chine est consciente qu'elle doit s'attaquer à de graves problèmes
d'énergie et de pollution. Les entreprises canadiennes, petites et grandes, sont
bien placées pour mettre à contribution leur savoir-faire dans ce domaine crucial.
L'agriculture et l'agro-alimentaire constituent un deuxième secteur prometteur
pour les entreprises canadiennes. La popularité grandissante des aliments et en
particulier du poisson à l'occidentale dans le delta du Yangtsé ouvre un grand
marché pour nos produits.
Nous sommes ravis de compter parmi nous aujourd'hui Mme Judy Foote, ministre du
Commerce de Terre-Neuve, qui participe à cette mission. Je suis convaincu qu'elle
peut vous fournir toutes sortes de renseignements sur les produits de la mer de
cette région du pays.
Comme vous le savez, dans le cadre de son neuvième plan quinquennal, la Chine
s'engage à assurer son autosuffisance alimentaire. Cette mesure entraînera
d'énormes débouchés pour le Canada, dont la technologie agricole est l'une des
meilleures au monde.
Des serres au matériel de manutention des grains, en passant par la génétique et
l'alimentation animale, les entreprises canadiennes peuvent fournir une
technologie et du matériel de pointe pour aider la Chine à accroître l'efficacité
de son agriculture.
En dernier lieu, il existe d'excellentes occasions d'amener les entreprises
chinoises, de Shanghai notamment, à investir davantage au Canada.
À l'heure actuelle, l'investissement chinois au Canada se limite à quelques
projets axés sur l'exploitation des ressources naturelles. Le temps est venu de
diversifier ce portefeuille et de promouvoir des secteurs tels que les
télécommunications, la technologie de l'information et l'agro-alimentaire.
Je suis convaincu que la meilleure façon d'attirer les investisseurs chinois
consiste simplement à exposer les faits, à faire valoir notre équilibre
budgétaire, nos faibles taux d'intérêt et d'inflation, et une croissance
économique qui, prévoit-on, sera la plus forte de tous les pays du G-8. Il
convient aussi d'attirer leur attention sur le niveau de vie, la propreté et la
sûreté des villes, ainsi que l'abondance des ressources naturelles.
Il faut le dire plus souvent : le Canada offre de grands avantages. Une étude
récente de KPMG a montré à quel point le Canada peut être attirant pour les
investisseurs étrangers. On y comparait le coût du démarrage d'une entreprise dans
sept pays : l'Allemagne, la France, l'Italie, les États-Unis, le Royaume-Uni, la
Suède et le Canada.
L'étude a démontré que la mise sur pied et l'exploitation d'une entreprise au
Canada coûte moins cher que partout ailleurs. En d'autres mots, il est plus
économique pour les investisseurs asiatiques qui cherchent à accéder au marché de
l'ALENA [Accord de libre-échange nord-américain] et à ses 400 millions de
consommateurs de s'établir au Canada qu'aux États-Unis.
C'est un message qui mérite d'être transmis! C'est un message que les
investisseurs chinois comprennent! J'invite donc tous les gens d'affaires
canadiens à le communiquer à leurs contacts dans la région.
La construction, l'agriculture et l'investissement : ce ne sont là que
quelques-uns des secteurs où des débouchés attendent les entreprises canadiennes
en Chine.
Vous savez mieux que moi que le progrès accompli à ce jour, en créant des forums
qui favorisent la participation du Canada dans le Pacifique et en ouvrant des
portes aux entreprises canadiennes, n'est qu'un prélude au travail qu'il reste à
faire.
Cependant, grâce au Forum des gens d'affaires canadiens et à d'autres
intervenants, nous disposons d'assises solides sur lesquelles bâtir l'avenir.
En 1975, lorsque les préparatifs des célébrations du bicentenaire des États-Unis
battaient leur plein, on a demandé au premier ministre Chou En-Lai ce qu'il
pensait de la Révolution américaine, à 200 ans de distance. Après un instant de
réflexion, il a répondu : « Il est encore trop tôt pour se prononcer. »
Cette réponse, imprégnée de 5 000 ans d'histoire de Chine, illustrait une des
grandes vertus chinoises, en l'occurrence, de toujours voir à long terme. Elle
rappelait également, à qui veut prendre pied sur ce marché, qu'il faut s'armer de
patience.
Même ici, à Shanghai, où tout change à un rythme effréné, et où règne une quête
perpétuelle de la nouveauté, nous devons prendre le temps qu'il faut pour cultiver
les relations et la confiance nécessaires à notre réussite à long terme.
Investissons le temps qu'il faut, explorons les possibilités qui s'offrent à nous,
et poursuivons ce travail si bien amorcé.
Merci.