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<html> <head> <meta name="Generator" content="Corel WordPerfect 8"> <title></title> </head> <body text="#000000" link="#0000ff" vlink="#551a8b" alink="#ff0000" bgcolor="#c0c0c0"> <p><font face="Univers" size="+1"></font><font face="Univers" size="+1">98/30 <u>SOUS R&Eacute;SERVE DE MODIFICATIONS</u></font></p> <p align="CENTER"><font face="Univers" size="+1">NOTES POUR UNE ALLOCUTION</font></p> <p align="CENTER"><font face="Univers" size="+1">DE</font></p> <p align="CENTER"><font face="Univers" size="+1">L'HONORABLE LLOYD AXWORTHY,</font></p> <p align="CENTER"><font face="Univers" size="+1">MINISTRE DES AFFAIRES &Eacute;TRANG&Egrave;RES,</font></p> <p align="CENTER"><font face="Univers" size="+1">&Agrave; L'OCCASION DE LA CONF&Eacute;RENCE</font></p> <p align="CENTER"><font face="Univers" size="+1">SUR LA R&Eacute;FORME DE L'ONU</font></p> <p align="CENTER"><font face="Univers" size="+1">&Agrave; LA KENNEDY SCHOOL DE L'UNIVERSIT&Eacute; HARVARD</font></p> <p align="CENTER"><font face="Univers" size="+1">«&nbsp;LA NOUVELLE DIPLOMATIE :</font></p> <p align="CENTER"><font face="Univers" size="+1">L'ONU, LA COUR CRIMINELLE INTERNATIONALE</font></p> <p align="CENTER"><font face="Univers" size="+1">ET LA S&Eacute;CURIT&Eacute; HUMAINE&nbsp;»</font></p> <p><font face="Univers" size="+1">CAMBRIDGE (Massachusetts)</font></p> <p><font face="Univers" size="+1">Le 25 avril 1998</font></p> <p><font face="Univers">Ce document se trouve &eacute;galement au site Internet du Minist&egrave;re&nbsp;:</font></p> <p><font face="Univers">http://www.dfait-maeci.gc.ca</font><font face="Courier"></font></p> <p><font face="Courier">Je suis heureux de constater que, m&ecirc;me si nous nous trouvons &agrave; Harvard, vous &ecirc;tes venus &eacute;couter un dipl&ocirc;m&eacute; de Princeton. On pourrait dire que c'est comme inviter Fidel Castro &agrave; prendre la parole &agrave; une assembl&eacute;e de partisans de Jesse Helms! Mais, si vous voulez vous montrer larges d'esprit, il en est de m&ecirc;me pour moi.</font></p> <p><font face="Courier">Il est fort &agrave; propos que nous soyons r&eacute;unis ici pour discuter de l'avenir de l'Organisation des Nations unies [ONU] et, notamment, des propositions visant la mise en place d'une Cour criminelle internationale [CCI]. Apr&egrave;s tout, le Canada et les &Eacute;tats-Unis ont tous deux fortement appuy&eacute; l'ONU depuis sa fondation. En fait, c'est aux &Eacute;tats-Unis que revient une bonne partie du m&eacute;rite de la cr&eacute;ation de l'ONU. Se rem&eacute;morant la conf&eacute;rence de fondation de 1945, Harry S. Truman a dit que ceux qui &eacute;taient l&agrave; «&nbsp;ont mis sur papier les seuls principes qui assureront la survie de la civilisation sur cette terre&nbsp;».</font></p> <p><font face="Courier">Tout au long des ann&eacute;es sombres de la Guerre froide, les Nations unies n'ont pas fait autre chose. Comme le faisait remarquer Henry Cabot Lodge, ancien s&eacute;nateur r&eacute;publicain et ambassadeur des &Eacute;tats-Unis &agrave; l'ONU, si ennuyeux qu'aient &eacute;t&eacute; les d&eacute;bats, ils &eacute;taient toujours pr&eacute;f&eacute;rables &agrave; la guerre. Aujourd'hui, toutefois, l'ONU est confront&eacute;e &agrave; un monde qui n'est plus le m&ecirc;me qu'au moment de sa fondation. Et elle est appel&eacute;e &agrave; r&eacute;gler des questions et des probl&egrave;mes tout &agrave; fait diff&eacute;rents de ceux du pass&eacute;.</font></p> <p><font face="Courier">En cette p&eacute;riode critique, les Canadiens voient avec inqui&eacute;tude les &Eacute;tats-Unis sembler peu dispos&eacute;s &agrave; maintenir leur r&ocirc;le de leader &agrave; l'ONU pour ce qui est de la primaut&eacute; du droit et de la s&eacute;curit&eacute; collective. Nous nous trouvons en d&eacute;saccord avec une fraction influente de l'opinion publique am&eacute;ricaine sur des questions de plus en plus nombreuses&nbsp;--&nbsp;le paiement des contributions, la r&eacute;forme du Conseil de s&eacute;curit&eacute;, la limitation des op&eacute;rations de maintien de la paix, et j'en passe.</font></p> <p><font face="Courier">Je m'empresse d'ajouter que nous ne sommes pas en d&eacute;saccord avec la vaste majorit&eacute; des Am&eacute;ricains moyens. En effet, d'apr&egrave;s les sondages, ceux-ci sont en faveur de la pr&eacute;sence et de la participation de leur pays &agrave; l'ONU. Il n'en est pas moins inconfortable et inhabituel pour le Canada de se trouver en contradiction avec un courant important de l'opinion politique am&eacute;ricaine sur une question qui se rapporte &agrave; l'ONU. Mais nous croyons fermement ne pas pouvoir d&eacute;vier d'un principe aussi fondamental que celui du paiement des cotisations par tous les membres, et ce int&eacute;gralement et &agrave; temps. Toute d&eacute;rogation &agrave; ce principe mettrait s&eacute;rieusement en danger l'ONU.</font></p> <p><font face="Courier">Il est particuli&egrave;rement malheureux que l'ONU fasse l'objet d'une telle hostilit&eacute; dans certains cercles aux &Eacute;tats-Unis alors m&ecirc;me que le monde a plus que jamais besoin des efforts de n&eacute;gociation, de coordination et d'intervention que cette organisation est seule &agrave; pouvoir assurer. Du golfe Persique &agrave; l'Afrique centrale, de l'Afghanistan &agrave; Ha&iuml;ti, l'ONU et sa famille d'organisations r&eacute;pondent &agrave; des besoins &eacute;vidents et pressants. Pourtant, &agrave; chaque tournant ou presque, l'ONU voit ses activit&eacute;s entrav&eacute;es, soit par le manque d'argent, soit parce que le Conseil de s&eacute;curit&eacute; lui a refus&eacute; le mandat d'agir.</font></p> <p><font face="Courier">Lors de notre campagne pour l'interdiction des mines terrestres, par exemple, nous avons d&ucirc; sortir du cadre de la Conf&eacute;rence du d&eacute;sarmement de l'ONU pour obtenir une convention efficace. Et ce n'est pas par d&eacute;dain pour cette instance, bien au contraire, mais parce que nous avons vu qu'il nous fallait trouver un autre moyen si nous voulions parvenir, de notre vivant, &agrave; une interdiction &agrave; la fois compl&egrave;te et effective de ces engins de mort. Au moment o&ugrave; il fallait saisir l'occasion, l'ONU s'est trouv&eacute;e emp&ecirc;ch&eacute;e d'agir du fait de sa structure et en raison de consid&eacute;rations politiques. </font></p> <p><font face="Courier">Le paysage international se transforme, et ce jusque dans ses fondements m&ecirc;mes. Si l'ONU veut conserver sa pertinence, il faut qu'elle b&eacute;n&eacute;ficie des fonds, des appuis politiques et des nouvelles structures qui lui permettront de s'adapter &agrave; cette &eacute;volution. </font></p> <p><font face="Courier">&Agrave; l'&eacute;poque de la fondation de l'ONU, les ministres des Affaires &eacute;trang&egrave;res se pr&eacute;occupaient surtout de la s&eacute;curit&eacute; des fronti&egrave;res nationales; le bien-&ecirc;tre des citoyens relevait des ministres de l'Int&eacute;rieur. Mais, &agrave; mesure que les fronti&egrave;res se font plus poreuses et que s'estompent les menaces de la Guerre froide, les praticiens de la politique &eacute;trang&egrave;re se trouvent de plus en plus confront&eacute;s &agrave; des questions qui touchent directement la vie quotidienne des individus : la criminalit&eacute;, la drogue, le terrorisme, la pollution, les atteintes aux droits de la personne, les &eacute;pid&eacute;mies et ainsi de suite.</font></p> <p><font face="Courier">La guerre elle-m&ecirc;me a chang&eacute;, avec des cons&eacute;quences d&eacute;sastreuses pour la s&eacute;curit&eacute; et l'existence m&ecirc;me d'un grand nombre de personnes. L'&eacute;rudit canadien Kalevi Holsti a mont&eacute; que, depuis 1945, les guerres traditionnelles entre &Eacute;tats se sont faites de plus en plus rares, tandis que s'accroissaient les conflits internes. Selon ses chiffres, d&egrave;s les ann&eacute;es 1970, 90 p.&nbsp;100 des personnes tu&eacute;es au combat l'ont &eacute;t&eacute; dans des guerres civiles, et 90 p.&nbsp;100 de ces 90 p.&nbsp;100 &eacute;taient des victimes civiles. L'impact humain de ces guerres &agrave; faible technologie et de longue dur&eacute;e, qui souvent prennent ouvertement pour cible les femmes et les enfants, est &eacute;norme.</font></p> <p><font face="Courier">Cette tendance place les Nations unies devant un grave dilemme, partag&eacute;es qu'elles sont entre le d&eacute;sir d'intervenir dans des crises humanitaires s&eacute;v&egrave;res et la n&eacute;cessit&eacute; de respecter la souverainet&eacute; nationale. &Agrave; ce jour, l'ONU a r&eacute;agi en grande partie au cas par cas, tout en gardant &agrave; l'esprit les terribles enseignements de l'Afrique centrale et de l'ancienne Yougoslavie.</font></p> <p><font face="Courier">Toutefois, de nouvelles fa&ccedil;ons d'aborder ce dilemme se font jour peu &agrave; peu. Dans le cadre de ses efforts de r&eacute;forme, l'ONU s'emploie &agrave; mettre en place des m&eacute;canismes et des structures qui lui permettront de r&eacute;pondre aux nouvelles demandes.</font></p> <p><font face="Courier">Cette nouvelle fa&ccedil;on de penser repose sur un &eacute;l&eacute;ment cl&eacute;, ce que l'on appelle la « s&eacute;curit&eacute; humaine ». Essentiellement, il s'agit d'envisager les objectifs de s&eacute;curit&eacute; en fonction surtout des besoins des personnes, plut&ocirc;t que de ceux des &Eacute;tats. Permettez-moi de vous donner un petit exemple de ce que cela signifie dans la pratique.</font></p> <p><font face="Courier">La campagne qui a abouti en d&eacute;cembre dernier &agrave; la signature de la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel reposait sur une approche de s&eacute;curit&eacute; humaine. Nous sommes partis du principe que le danger pour la vie et l'int&eacute;grit&eacute; physique de millions de personnes devait avoir pr&eacute;s&eacute;ance sur les int&eacute;r&ecirc;ts militaires et relatifs &agrave; la s&eacute;curit&eacute; nationale.</font></p> <p><font face="Courier">Pourquoi une coalition improbable d'ONG [organisations non gouvernementales], d'organisations humanitaires et de puissances moyennes a-t-elle r&eacute;ussi &agrave; faire avancer les choses de fa&ccedil;on aussi significative dans un domaine consid&eacute;r&eacute; jusqu'&agrave; tout r&eacute;cemment comme sans int&eacute;r&ecirc;t pour les efforts de d&eacute;sarmement? La r&eacute;ponse, &agrave; mon avis, r&eacute;side dans l'importance croissante que prend dans le monde le « pouvoir discret&nbsp;». </font></p> <p><font face="Courier">Comme vous le savez sans doute, Joseph Nye a utilis&eacute; ce terme au d&eacute;but de la d&eacute;cennie pour d&eacute;finir un aspect de plus en plus important de la conduite des relations internationales dans un monde globalis&eacute; et int&eacute;gr&eacute;&nbsp;: la capacit&eacute; d'amener, plut&ocirc;t que de forcer, les autres &agrave; adopter notre programme et nos objectifs. Selon Nye, la puissance militaire et &eacute;conomique, tout en restant importante, n'a plus la m&ecirc;me pr&eacute;&eacute;minence qu'autrefois. Par contre, la capacit&eacute; de communiquer, de n&eacute;gocier, de mobiliser l'opinion, de collaborer au sein d'organismes multilat&eacute;raux et de promouvoir des initiatives internationales devient de plus en plus utile pour obtenir des r&eacute;sultats internationaux.</font></p> <p><font face="Courier">Le pouvoir discret est particuli&egrave;rement efficace pour r&eacute;gler les nombreux probl&egrave;mes urgents qui ne dressent pas un &Eacute;tat contre un autre, mais plut&ocirc;t un groupe d'&Eacute;tats contre un danger transnational pour la s&eacute;curit&eacute; humaine. Lorsque chacun a int&eacute;r&ecirc;t &agrave; trouver une solution, la capacit&eacute; de constituer des coalitions prend de plus en plus d'importance. C'est ce qui s'est pass&eacute; lors de la campagne contre les mines terrestres, les grands exportateurs et les grands utilisateurs ayant collabor&eacute; pour &eacute;tablir une nouvelle norme internationale qui stigmatise ces armes.</font></p> <p><font face="Courier">Le recours au pouvoir discret pour r&eacute;gler des probl&egrave;mes de s&eacute;curit&eacute; humaine tels que la crise des mines terrestres a eu pour effet de braquer les projecteurs sur un domaine v&eacute;n&eacute;rable des affaires internationales&nbsp;: le droit humanitaire, parfois appel&eacute; «&nbsp;droit de la guerre&nbsp;». Ce m&eacute;lange d'ancien et de nouveau peut surprendre de prime abord. Mais, &agrave; la r&eacute;flexion, il n'est gu&egrave;re &eacute;tonnant que, la nature des conflits ayant chang&eacute;, les vieilles r&egrave;gles r&eacute;gissant le contr&ocirc;le des armements et le traitement r&eacute;serv&eacute; aux personnes en temps de guerre changent &eacute;galement.</font></p> <p><font face="Courier">&Agrave; mesure que nous comprenons mieux ces changements, nous sommes de plus en plus &agrave; m&ecirc;me d'utiliser le pouvoir discret pour renforcer le droit humanitaire et &eacute;laborer de nouvelles normes dans le cadre de celui-ci. J'esp&egrave;re que la communaut&eacute; internationale pourra suivre la m&ecirc;me d&eacute;marche pour r&eacute;gler d'autres questions pressantes relatives &agrave; la s&eacute;curit&eacute; humaine, comme la prolif&eacute;ration des armes de petit calibre et le recours aux enfants-soldats dans les conflits arm&eacute;s. </font></p> <p><font face="Courier">La communaut&eacute; internationale n&eacute;gocie en ce moment un accord qui pourrait r&eacute;volutionner la fa&ccedil;on dont nous envisageons la s&eacute;curit&eacute; humaine et le droit humanitaire, je veux parler de l'accord visant l'&eacute;tablissement d'une Cour criminelle internationale. J'estime que c'est l&agrave; un &eacute;l&eacute;ment important du renforcement de l'ONU et de sa capacit&eacute; &agrave; relever les d&eacute;fis d'une &egrave;re nouvelle. C'est pour cette raison que j'ai choisi d'en faire le centre de mon discours aujourd'hui, m&ecirc;me si je sais que bien d'autres domaines de la r&eacute;forme de l'ONU m&eacute;ritent &eacute;galement d'&ecirc;tre mis en lumi&egrave;re.</font></p> <p><font face="Courier">La s&eacute;curit&eacute; humaine a pour revers la responsabilit&eacute; humaine. Ceux qui commettent les crimes les plus odieux en temps de guerre doivent &ecirc;tre tenus responsables de leurs actes. Cela est essentiel pour r&eacute;tablir la paix dans les soci&eacute;t&eacute;s d&eacute;chir&eacute;es par la guerre. Sans justice, il n'y a pas de r&eacute;conciliation, et sans r&eacute;conciliation, il ne saurait y avoir de paix durable.</font></p> <p><font face="Courier">Vous &ecirc;tes sans doute au courant du travail accompli par les tribunaux internationaux pour l'ex-Yougoslavie et pour le Rwanda, qui si&egrave;gent &agrave; La Haye et &agrave; Arusha. Bien qu'ils se heurtent au manque de ressources et &agrave; la r&eacute;sistance de certains, ces tribunaux ont beaucoup progress&eacute; dans leurs efforts pour amener les criminels de guerre devant la justice.</font></p> <p><font face="Courier">La Cour criminelle internationale nous permettrait de disposer d'une instance permanente et impartiale pour juger ceux qui font fi des normes du droit humanitaire et qui, autrement, pourraient &eacute;chapper &agrave; la justice. L'id&eacute;e n'est pas nouvelle; elle a d&eacute;j&agrave; &eacute;t&eacute; propos&eacute;e des deux c&ocirc;t&eacute; du spectre politique. Le s&eacute;nateur r&eacute;publicain Robert Taft soutenait que «&nbsp;la paix ne pourra s'instaurer dans le monde [...] que lorsqu'il existera un tribunal pour interpr&eacute;ter le droit international et trancher les diff&eacute;rends entre &Eacute;tats, et que lorsque les &Eacute;tats accepteront de soumettre leurs diff&eacute;rends &agrave; des juges impartiaux quelle qu'en soit l'issue&nbsp;».</font></p> <p><font face="Courier">Toutefois, il ne s'agit pas ici simplement de mettre en place une structure. La Cour criminelle internationale doit &ecirc;tre utile; elle doit &ecirc;tre efficace et ind&eacute;pendante. Comme dans le cas des mines terrestres, r&eacute;aliser un accord qui reposerait sur le plus petit commun d&eacute;nominateur serait probablement pire que de ne pas avoir d'accord du tout. </font></p> <p><font face="Courier">Le Canada a travaill&eacute; avec un groupe d'&Eacute;tats de m&ecirc;me opinion -- faisant appel, encore une fois, au pouvoir discret&nbsp;-- pour d&eacute;finir les grandes lignes de ce que devrait &ecirc;tre un tribunal efficace et ind&eacute;pendant. Ces travaux ont permis de d&eacute;gager plusieurs principes essentiels pour l'&eacute;tablissement d'une Cour dot&eacute;e de quatre attributs fondamentaux&nbsp;:</font></p> <p><font face="Courier"> premi&egrave;rement, elle devrait avoir intrins&egrave;quement juridiction &agrave; l'&eacute;gard des crimes de base que sont le g&eacute;nocide, les crimes contre l'humanit&eacute; et les crimes de guerre, que ceux-ci soient commis lors de conflits int&eacute;rieurs ou de guerres entre &Eacute;tats;</font></p> <p><font face="Courier"> deuxi&egrave;mement, elle devrait avoir avec le Conseil de s&eacute;curit&eacute; une relation constructive qui lui permette de pr&eacute;server son ind&eacute;pendance et son impartialit&eacute;;</font></p> <p><font face="Courier"> troisi&egrave;mement, elle devrait avoir un procureur ind&eacute;pendant ayant le pouvoir d'engager des proc&eacute;dures, au lieu que celles-ci ne puissent &ecirc;tre «&nbsp;d&eacute;clench&eacute;es&nbsp;» que sur plainte d'un &Eacute;tat ou renvoi du Conseil de s&eacute;curit&eacute;;</font></p> <p><font face="Courier"> quatri&egrave;mement, une attention particuli&egrave;re devrait &ecirc;tre port&eacute;e aux exp&eacute;riences des femmes et des enfants, en reconnaissant par exemple comme crimes de guerre le viol et l'appel des enfants sous les drapeaux en p&eacute;riode de conflit arm&eacute;.</font></p> <p><font face="Courier">Certains, craignant que la souverainet&eacute; nationale ne soit affaiblie ou que la CCI ne se politise, voudraient que la Cour ait moins de pouvoir, ou m&ecirc;me qu'elle ne soit pas &eacute;tablie. On me dit que le Pentagone a r&eacute;uni r&eacute;cemment des repr&eacute;sentants militaires d'autres pays pour leur brosser un tableau alarmant o&ugrave; de jeunes GI &eacute;taient tra&icirc;n&eacute;s devant un tribunal irr&eacute;gulier et ob&eacute;issant &agrave; des motifs politiques. Je crois qu'une Cour criminelle internationale telle que nous la proposons ne devrait pas donner lieu &agrave; ce genre de craintes.</font></p> <p><font face="Courier">D'abord, le procureur sera un professionnel dont le travail s'exercera dans les limites &eacute;tablies par le statut de la CCI, lequel permettra de rejeter les plaintes non fond&eacute;es. Le travail accompli par la juge Louise Arbour, procureur g&eacute;n&eacute;ral des tribunaux pour l'ex-Yougoslavie et le Rwanda, offre un bon exemple de la qualit&eacute; et de l'ind&eacute;pendance que nous pouvons attendre d'une cour permanente. Pour ma part, j'estime que les proc&eacute;dures engag&eacute;es par un procureur ind&eacute;pendant risquent beaucoup moins d'ob&eacute;ir &agrave; des motivations politiques que les plaintes pouvant &ecirc;tre faites par des &Eacute;tats.</font></p> <p><font face="Courier">Ensuite, il ne faut pas oublier que la CCI sera une instance de dernier ressort. Elle ne sera saisie que des affaires qu'un &Eacute;tat ne pourra ou ne voudra poursuivre lui-m&ecirc;me. En enqu&ecirc;tant avec diligence et en poursuivant tous ceux qui se rendent coupables de crimes graves, les &Eacute;tats pourront &eacute;viter que la CCI ne se penche sur leur cas. Il est probable que la CCI s'int&eacute;ressera surtout aux cas o&ugrave;, l'&Eacute;tat &eacute;tant en d&eacute;route, il n'existe pas d'autre autorit&eacute; pouvant saisir la justice, ou aux affaires dans lesquelles les &Eacute;tats eux-m&ecirc;mes auront commis ces crimes extr&ecirc;mement graves.</font></p> <p><font face="Courier">Si nous avons une Cour de ce genre, c'est-&agrave;-dire efficace, ind&eacute;pendante et professionnelle, je ne saurais imaginer que des soldats am&eacute;ricains puissent &ecirc;tre tra&icirc;n&eacute;s devant la CCI sur des accusations politiques de valeur douteuse. J'imagine, par contre, qu'une telle Cour permettrait aux &Eacute;tats-Unis de r&eacute;aliser des objectifs essentiels, comme par exemple de traduire en justice les dirigeants khmers rouges pour g&eacute;nocide. Jusqu'&agrave; la mort r&eacute;cente de Pol Pot, le gouvernement am&eacute;ricain &eacute;tait en discussion avec les tribunaux sur le Rwanda et l'ex-Yougoslavie faute d'instance plus indiqu&eacute;e&nbsp;--&nbsp;instance qu'une CCI permanente fournirait.</font></p> <p><font face="Courier">Nous disposerions d'un tribunal pour r&eacute;gler certaines des questions de s&eacute;curit&eacute; humaine les plus inqui&eacute;tantes auxquelles la communaut&eacute; internationale est aujourd'hui confront&eacute;e, ceux qui torturent, violent ou assassinent des civils en temps de guerre &eacute;tant trop souvent laiss&eacute;s en libert&eacute;. Nous disposerions d'un tribunal qui incarnerait les hauts id&eacute;aux des proc&egrave;s de Nuremberg&nbsp;--&nbsp;veillant &agrave; ce que le g&eacute;nocide ne reste pas impuni&nbsp;--&nbsp;mais en employant des m&eacute;thodes meilleures, qui garantissent une justice internationale vraiment impartiale.</font></p> <p><font face="Courier">Lorsqu'on est puissant, on est souvent tent&eacute; d'imposer sa loi. Il est tout &agrave; l'honneur des &Eacute;tats-Unis que, malgr&eacute; leur &eacute;norme puissance, ils aient toujours choisi de promouvoir l'&Eacute;tat de droit et de se soumettre aux r&egrave;gles internationales. C'est pourquoi il est d'autant plus consternant pour nous, vos amis et alli&eacute;s les plus proches, de voir que vous d&eacute;viez de cette route pour c&eacute;der &agrave; des pr&eacute;occupations internes qui ne devraient pas constituer des obstacles insurmontables.</font></p> <p><font face="Courier">Apr&egrave;s tout, les citoyens am&eacute;ricains ont directement int&eacute;r&ecirc;t &agrave; ce que le droit international soit respect&eacute;. Comme l'&eacute;crivait r&eacute;cemment dans le <em>Christian Science Monitor</em> votre ancien sous-secr&eacute;taire d'&Eacute;tat, David Newsom, «&nbsp;si les &Eacute;tats-Unis n'acceptent pas leurs obligations &agrave; l'&eacute;gard des citoyens des autres pays, leurs propres citoyens se sentiront moins en s&eacute;curit&eacute; &agrave; l'&eacute;tranger&nbsp;».</font></p> <p><font face="Courier">Certains vous diront que le strict r&eacute;alisme exige que les &Eacute;tats-Unis observent la ligne dure en ce qui concerne la CCI, les mines terrestres, la r&eacute;forme de l'ONU et une foule d'autres questions. Les partisans de cette «&nbsp;realpolitik » sont fiers d'avoir ainsi la t&ecirc;te froide. Mais, en fait, ils refusent de voir que la r&eacute;alit&eacute; internationale a chang&eacute;. Les vrais r&eacute;alistes savent qu'il faut adopter de nouvelles approches et de nouveaux outils pour r&eacute;gler les probl&egrave;mes non traditionnels qui se posent &agrave; nous aujourd'hui. Ils savent que, s'agissant de la r&eacute;forme de l'ONU comme de la s&eacute;curit&eacute; humaine en g&eacute;n&eacute;ral, les &eacute;quations &agrave; somme nulle de la ligne dure ont de moins en moins leur place. Ils savent, enfin, que le moment est venu de travailler ensemble pour relever les d&eacute;fis et saisir les possibilit&eacute; d'une &egrave;re nouvelle.</font></p> <p><font face="Courier">Peu de temps apr&egrave;s la fondation de l'ONU, Lester Pearson [premier ministre du Canada de 1963 &agrave; 1968] disait : «&nbsp;&Agrave; l'&eacute;poque de l'atome, il n'existe pas de maison &agrave; l'abri du feu, ni de petit pays au loin, comme la Tch&eacute;coslovaquie en 1938, dont le sort nous laisse indiff&eacute;rents. Nous ne croyons plus &ecirc;tre les producteurs d'une s&eacute;curit&eacute; devant &ecirc;tre consomm&eacute;e par les autres, ce qui est &agrave; la base m&ecirc;me de l'isolationnisme.&nbsp;»</font></p> <p><font face="Courier">Le monde s'est profond&eacute;ment transform&eacute; depuis, mais nous aurions int&eacute;r&ecirc;t aujourd'hui &agrave; ne pas perdre de vue le sentiment qu'il exprimait ainsi.</font></p> <p><font face="Courier">Merci.</font></p> </body> </html>

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Dernière mise à jour : 2006-10-30 Haut de la page
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