M. MARCHI - SUR LES POSSIBILITÉS D'AFFAIRES ENTRE L'ITALIE ET LE CANADA - ROME, ITALIE
98/39 SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE SERGIO MARCHI,
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,
SUR LES POSSIBILITÉS D'AFFAIRES ENTRE L'ITALIE ET LE CANADA
ROME, Italie
Le 20 mai 1998
Ce document se trouve également au site Internet du Ministère :
http://www.dfait-maeci.gc.ca
Je sais que je parle au nom de tous les membres de notre délégation quand je dis
que nous sommes très honorés d'être dans cette magnifique ville à un moment
charnière de son histoire et de l'histoire de l'Europe.
Alors que je réfléchissais à la visite que nous allions effectuer ici, je me suis
rappelé l'extraordinaire légende de sa fondation. Vous vous souviendrez que
Romulus et Remus avaient à l'origine établi deux villes le long des rives du
Tibre. Romulus décida d'entourer la sienne d'un mur et, quand l'ouvrage fut
terminé, son frère Remus vint l'inspecter.
Remus constata qu'il pouvait facilement escalader le mur et, une fois rendu au
sommet, il se moqua des efforts de son frère. Romulus réagit avec le calme et la
mesure qui sont devenus notre image de marque. Il attaqua son frère et prit le
contrôle de sa ville. Il se tourna ensuite vers son entourage et dit que le même
sort attendrait tous ceux qui escaladeraient ses murs.
Je suis heureux que vous nous ayez accueilli un peu plus amicalement aujourd'hui!
Nous ne sommes pas venus escalader vos murs mais plutôt profiter d'un accueil
rendu encore plus chaleureux par l'ouverture de vos frontières et de vos coeurs.
Je suis honoré non seulement d'accompagner le Premier ministre Chrétien à
l'occasion de cette visite historique mais aussi d'avoir avec moi 15
parlementaires canadiens d'ascendance italienne et plus de 70 représentants
d'entreprises canadiennes qui, toutes, croient à la possibilité d'accroître le
commerce et l'investissement entre nos deux grands pays.
Les liens du Canada avec l'Italie sont à la fois anciens et profonds. L'an
dernier, nous avons célébré le 500e anniversaire du débarquement de Giovanni Caboto
à Terre-Neuve. Et tout au cours de notre histoire, des immigrants italiens,
devenus des résidents et des citoyens canadiens, ont aidé à faire du Canada l'un
des pays les plus prospères au monde.
Tout comme nos ancêtres sont allés chercher une nouvelle vie par-delà
l'Atlantique, nous devons aujourd'hui chercher au-delà de nos frontières les
occasions qui nous attendent. Non pas pour nous expatrier, comme ils l'ont fait,
mais pour investir. Non pas pour commencer une nouvelle vie, mais pour explorer de
nouvelles possibilités. Non pas pour émigrer, mais pour faire du commerce à titre
de partenaires.
L'importance que le Canada accorde au commerce n'est ni récente ni accidentelle.
N'ayant qu'un marché intérieur relativement petit, nous avons dû nous tourner vers
l'étranger pour pouvoir vendre nos produits et nos services. Aujourd'hui, plus de
40 p. 100 de notre PIB [produit intérieur brut] vient du commerce. Et plus d'un
emploi sur trois au Canada en est tributaire.
L'Italie comprend elle aussi qu'il faut s'ouvrir au marché mondial. Et s'il y a un
pays qui est prêt à devenir la nation commerçante transatlantique par excellence,
c'est bien l'Italie. Stratégiquement située, offrant des produits de classe
mondiale dans les secteurs de la machine-outil, de la robotique industrielle, des
aliments transformés et de l'habillement, l'Italie offre beaucoup des produits que
recherche l'Amérique du Nord.
Le Canada et l'Italie ont aussi beaucoup à offrir l'un à l'autre. C'est pourquoi
nous venons chez vous pour réaffirmer l'importance que nous attachons à nos
relations et pour chercher des façons de les développer. Aux attaches déjà fortes
de l'amitié qui nous unissent, nous voulons ajouter les nouveaux liens du
commerce.
Des liens que nous n'avons pas encore vraiment tissés malgré les rapports étroits
que nous entretenons depuis longtemps. Peut-être est-ce parce que nous conservons
chacun une perception dépassée l'un de l'autre. La plupart des Canadiens ignorent,
par exemple, que l'économie de l'Italie se classe cinquième dans le monde, que ses
60 millions de consommateurs sont parmi les plus riches en Europe ou que les
échanges commerciaux entre nos deux pays ont dépassé 5 milliards de dollars l'an
dernier.
Et je soupçonne que la plupart des Italiens pensent encore que l'économie
canadienne est axée sur les ressources naturelles. Vous ne savez peut-être pas que
le Canada est un leader mondial dans les secteurs de la haute technologie, de
l'aérospatiale et des télécommunications.
Je crains que, pour trop d'Italiens, le Canada soit encore un pays nordique où
règne le froid -- et non une porte d'entrée sur le vaste marché nord-américain.
Eh bien, nous sommes ici pour changer ces perceptions et montrer ce que le Canada
a à vous offrir ainsi que pour en apprendre davantage sur ce que l'Italie a à nous
offrir. C'est certainement une des raisons d'être de cette mission.
Mais ces missions commerciales, certes importantes, ne suffisent pas. Nous devons
élargir notre approche et mettre à contribution la composante la plus dynamique de
nos économies respectives -- nos petites et moyennes entreprises.
Les petites et moyennes entreprises de l'Italie sont connues mondialement pour le
rôle clé qu'elles jouent dans l'économie italienne. Elles sont flexibles, elles
réagissent rapidement lorsqu'il s'agit d'exploiter de nouvelles occasions et bon
nombre sont concentrées géographiquement par industrie de sorte qu'elles peuvent
s'appuyer mutuellement sur les plans de l'innovation et de l'information. C'est un
modèle qui renferme beaucoup d'enseignements pour d'autres pays. Et ces petites et
moyennes entreprises génèrent 40 p. 100 des exportations de l'Italie.
Les PME canadiennes sont elles aussi des acteurs très importants dans notre
économie. Elles créent la plupart des nouveaux emplois et sont les premières à
exploiter les nouveaux créneaux du marché des produits ou des services. Et je suis
fier que notre mission compte tant de représentants de PME canadiennes.
En ménageant la rencontre des PME canadiennes et italiennes, nous pouvons
atteindre nos objectifs et augmenter les échanges commerciaux entre nos deux pays
tout en générant de l'emploi et de la croissance de part et d'autre.
Nous permettrons aussi à ces compagnies d'explorer les possibilités d'alliances
stratégiques sur les marchés de pays tiers. En mettant en commun nos talents, nous
pouvons faire beaucoup plus que nous pourrions jamais espérer accomplir seuls.
Dans cette entreprise, le Canada et l'Italie ont une affinité naturelle. Les
Canadiens d'ascendance italienne -- et nous sommes un million et demi au Canada --
forment un pont naturel entre nos deux pays.
Nous offrons un riche bagage d'informations et une connaissance du marché canadien
que nous pouvons partager avec des partenaires en Italie. Des portes, qui
resteraient closes, peuvent être ouvertes par des gens qui possèdent une langue et
une culture communes.
C'est un mariage parfait et nous devons travailler ferme pour exploiter cette
composante exceptionnelle des relations entre l'Italie et le Canada -- ce réel
sentiment d'appartenance.
Une meilleure appréciation de ce que nous avons à nous offrir mutuellement, une
plus grande participation de nos PME, des liens naturels de la famille et du
patrimoine, tous ces éléments sont des instruments essentiels d'une augmentation
des échanges commerciaux entre l'Italie et le Canada.
Bien entendu, nos relations économiques comportent une autre composante :
l'investissement. L'investissement direct dans l'autre pays est tout aussi
important que les coentreprises ou les alliances stratégiques. Et quand des
sociétés italiennes songent à investir à l'étranger, nous voulons que l'image
d'une grande feuille d'érable rouge s'impose à leur esprit.
Permettez-moi de vous donner quelques-unes des raisons d'investir au Canada.
Premièrement, en investissant au Canada, vous choisissez un pays où la donne
économique fondamentale est saine. L'an dernier, notre PIB a progressé au rythme
de 3,8 p. 100, soit la plus forte croissance parmi les nations du G-7 et de l'OCDE
[Organisation de coopération et de développement économiques]. Les taux d'intérêt
sont bas -- inférieurs en fait à ceux des États-Unis. L'inflation se chiffre à
environ 1 p. 100. Et, pour couronner le tout, le Canada a équilibré son budget --
le premier pays du G-7 à le faire.
Deuxièmement, le Canada est le pays où investir coûte le moins cher.
Une étude de KPMG a comparé les coûts d'établissement dans sept pays -- cinq pays
européens, les États-Unis et le Canada. Il s'agissait de dépenses que presque
toute nouvelle entreprise devrait assumer -- par exemple, les coûts de
main-d'oeuvre, les frais de premier établissement comme l'acquisition du terrain
et la construction d'un bâtiment, ainsi que les dépenses d'électricité, de
télécommunications et de transport.
Selon cette étude, lorsque vous prenez en compte tous les éléments que je viens de
mentionner, le Canada se classe au premier rang. Autrement dit, il coûte moins
cher d'établir et d'exploiter une entreprise au Canada que dans les autres pays
sur lesquels l'étude a porté. Moins cher qu'en Europe, moins cher qu'en
Grande-Bretagne, moins cher qu'aux États-Unis.
C'est un point crucial. Les investisseurs d'Europe et d'Asie qui veulent disposer
d'une base en Amérique du Nord à partir de laquelle avoir accès aux 400 millions
de consommateurs du marché de l'ALENA [Accord de libre-échange nord-américain]
peuvent réaliser des économies en optant pour le Canada plutôt que pour les
États-Unis.
Lorsque vous alliez la robustesse de l'économie et le faible coût de faire des
affaires à l'accès au marché de l'ALENA, au solide lien avec la bordure du
Pacifique par l'entremise de l'APEC [Coopération économique Asie-Pacifique] et au
rôle de chef de file du Canada dans la promotion du libre-échange hémisphérique
grâce à la Zone de libre-échange des Amériques, vous avez un endroit presque idéal
où investir et faire des affaires.
C'est pourquoi j'invite les investisseurs et les gens d'affaires italiens à
regarder sérieusement du côté du Canada; je suis convaincu que ce qu'ils verront
leur plaira.
Pour multiplier les échanges commerciaux et les occasions d'affaires, le Canada,
tout comme l'Italie, regarde du côté de l'Europe et de l'Union européenne. Pendant
des siècles, les rois et les dictateurs ont cherché à unir l'Europe par la force.
Aujourd'hui, cette unité prend forme sous l'effet du pouvoir transformateur d'une
idée.
Les nations comprennent la valeur et les vertus de l'élimination des obstacles au
commerce et à l'investissement. Dans ce vaste effort, l'Italie doit jouer un rôle
vital. Votre emplacement stratégique l'appelle, votre fière histoire le soutient,
vos industries dynamiques et concurrentielles l'exigent et votre population le
mérite.
Nous tous ici reconnaissons qu'il est nécessaire d'ouvrir de nouveaux marchés
partout dans le monde. C'est pourquoi nous devons accroître nos échanges
commerciaux avec de vieux amis comme l'Italie. Et c'est pourquoi nous devons
saisir les occasions de libéraliser les échanges.
Héritiers d'une fière tradition, les Italo-Canadiens savent la contribution que
les Italiens ont apportée à leur pays d'adoption : ils savent les misères endurées
et les sacrifices faits par leurs parents et leurs grands-parents pour créer un
nouvel avenir, un meilleur avenir pour leurs enfants.
Aujourd'hui, nous sommes une fois de plus appelés à bâtir pour l'avenir. À
regarder de l'autre côté de l'océan et à exploiter les possibilités. À écrire un
nouveau chapitre de l'histoire des relations entre le Canada et l'Italie.
Inspirons-nous aujourd'hui de ce grand esprit d'aventure incarné par Giovanni
Caboto. Regardons au delà de nos frontières. Et, comme nos parents, bâtissons pour
nos enfants.
Merci.