M. EGGLETON - ALLOCUTION À L'OCCASIONDE LA PRÉSENTATION DE L'ACCORD DE LIBRE-ÉCHANGEENTRE LE CANADA ET LE CHILIAU COMITÉ PERMANENTDES AFFAIRES ÉTRANGÈRES ET DU COMMERCE INTERNATIONAL - OTTAWA (ONTARIO)
97/10 SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE ART EGGLETON,
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,
À L'OCCASION
DE LA PRÉSENTATION DE L'ACCORD DE LIBRE-ÉCHANGE
ENTRE LE CANADA ET LE CHILI
AU COMITÉ PERMANENT
DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES ET DU COMMERCE INTERNATIONAL
OTTAWA (Ontario)
Le 20 février 1997
Ce document est également disponible au site Internet du Ministère : http://www.dfait-maeci.gc.ca
Monsieur le président,
Quand j'étais ministre responsable du Programme de travaux d'infrastructure,
j'avais souvent l'occasion de me lever devant mes honorables collègues à la
Chambre et de déclarer : « Monsieur le président, j'ai d'autres bonnes nouvelles
».
Comme vous le savez très bien, ce programme a remporté un succès éclatant. C'était
un bon exemple de collaboration entre les trois paliers de gouvernement en vue
d'améliorer les collectivités canadiennes et de créer plus d'emplois au Canada.
Le 29 octobre dernier, j'ai eu le plaisir de vous exposer les détails de l'Accord
de libre-échange Canada-Israël, et demain, je me rendrai en Israël, accompagné
d'une délégation commerciale, afin de promouvoir cet accord.
Mais aujourd'hui, je suis encore plus heureux de pouvoir vous dire : « Chers
collègues, j'ai d'autres bonnes nouvelles ».
Ce matin, je suis fier de vous parler du deuxième accord de libre-échange signé
par notre gouvernement depuis que nous avons pris le pouvoir en 1993. Cette fois-ci, nous franchissons une étape importante en Amérique latine et dans les Caraïbes
grâce à un accord de libre-échange avec le Chili.
Je ne saurais trop insister sur l'importance du commerce international pour le
bien-être des Canadiens. C'est un message qui mérite d'être renforcé aujourd'hui.
Le commerce international fait désormais travailler un Canadien sur trois. Il
représente plus de 40 % de notre produit intérieur brut [PIB]. D'ailleurs, plus
que tout autre pays développé au monde, le Canada dépend du commerce international
pour créer des emplois et assurer sa croissance économique.
Son marché intérieur étant relativement limité, le Canada n'a pas d'autre choix
que de trouver de nouveaux marchés à l'étranger s'il veut offrir les possibilités
qu'il souhaite à ses enfants et aux générations futures.
Nous prévoyons que cet accord sera un accord de transition qui facilitera
l'accession du Chili à l'Accord de libre-échange nord-américain [ALENA]. Mais en
signant cet accord dès maintenant, nous pouvons donner aux entreprises canadiennes
une nette longueur d'avance sur le marché chilien.
Cet accord nous donne non seulement un avantage considérable sur nos concurrents
américains, européens et asiatiques, mais aussi un accès aux partenaires
commerciaux régionaux du Chili. Cette initiative est importante pour les
entreprises canadiennes actives au pays et qui aspirent à son entrée en vigueur
d'ici juin 1997.
Cet accord est important pour d'autres raisons :
Il garantit aux entreprises canadiennes un accès à un marché dynamique et
stratégique.
Il témoigne de notre engagement envers la libéralisation du commerce dans tout
l'hémisphère -- et ce n'est qu'un début.
Il créera des emplois pour les Canadiens et de nouvelles relations économiques
entre les gouvernements et le secteur privé du Canada et du Chili. Ces relations
contribueront à promouvoir la libéralisation du commerce dans notre hémisphère.
L'objectif à long terme de notre gouvernement dans la région de l'Amérique latine
et des Caraïbes est la signature d'un accord de libre-échange des Amériques d'ici
l'an 2005. C'est la date cible fixée par les chefs de gouvernement au Sommet de
Miami en décembre 1994. C'est un objectif que nous poursuivons avec diligence.
Nous voyons l'accord de libre-échange des Amériques comme une nouvelle forme de
coopération entre les pays membres de l'ALENA et les autres ensembles commerciaux
comme les pays du MERCOSUR formés du Brésil, de l'Argentine, du Paraguay et de
l'Uruguay, le Pacte andin, le Groupe des Trois et les pays du CARICOM. Cet accord
de libre-échange avec le Chili contribue à ouvrir les portes de cette région
emballante.
Sa croissance n'étant dépassée que par l'Asie, la région de l'Amérique latine et
des Caraïbes nous offre une occasion que nous ne pouvons pas rater et représente
un marché dont nous ne pouvons nous passer. D'ici l'an 2000, cette région comptera
près de 500 millions d'habitants, dont 50 millions de salariés à revenu moyen ou
supérieur. Son PIB atteindra 2 billions de dollars américains.
Plus qu'une simple démonstration de notre engagement envers le libre-échange dans
notre hémisphère, cet accord témoigne une fois de plus de l'engagement du Canada
envers la libéralisation du commerce dans le monde entier.
Lorsque de nouveaux débouchés se sont présentés, les Canadiens se sont attelés à
la tâche avec énergie pour en profiter. Et ils ont réussi. Les Canadiens ont
relevé le pari du libre-échange et de la concurrence accrue. Nos sociétés se sont
restructurées pour devenir plus efficaces et plus concurrentielles. En un mot, les
Canadiens ont pris d'assaut le monde entier.
Les chiffres parlent par eux-mêmes. En 1992, notre excédent commercial
s'établissait à un peu plus de 6 milliards de dollars. Deux ans plus tard, en
1994, ce montant avait plus que doublé et était passé à près de 15 milliards de
dollars. Et hier, Statistique Canada annonçait que notre excédent commercial
s'établissait à plus de 34 milliards de dollars.
Voilà ce dont sont capables les Canadiens lorsque des marchés s'ouvrent à eux.
Voilà ce dont sont capables les Canadiens lorsqu'ils se mesurent à ce qui se fait
de mieux dans le monde. C'est le type de croissance que nous sommes déterminés à
soutenir en cherchant de nouveaux marchés et de nouveaux débouchés pour les
Canadiens.
Je crois que l'accord de libre-échange avec le Chili jouera un rôle important dans
l'évolution future du commerce international du Canada.
L'économie du Chili est la plus stable de la région et celle qui croît le plus
rapidement. Depuis une décennie, la croissance économique annuelle s'est située en
moyenne à près de 7 %. Les politiques de marché ont favorisé l'esprit d'entreprise
et renforcé le secteur privé.
En 1995, l'excédent budgétaire du Chili représentait environ 2,5 % du PIB, tandis
que la dette étrangère ne représentait qu'environ 10 % du PIB.
Les deuxièmes élections présidentielles libres, qui ont été tenues en 1993,
démontrent que la transition du Chili vers la démocratie s'effectue sans heurts et
s'enracine solidement en sol chilien.
Par son faible taux de chômage, son inflation à la baisse et ses salaires à la
hausse, le Chili a démontré qu'il peut être un partenaire commercial souhaitable
et un bon partenaire pour l'investissement. Et le Chili a noué des liens solides
non seulement dans la région mais aussi avec l'Union européenne et avec l'Asie.
Les Canadiens n'ont pas mis de temps à remarquer cette conjoncture favorable, et
les échanges entre nos deux pays ont augmenté de manière spectaculaire. De fait,
depuis une décennie les échanges entre le Canada et le Chili ont plus que triplé --
passant de 202 millions de dollars en 1983 à un sommet de 666 millions de dollars
en 1995.
En un an, de 1994 à 1995, nos exportations au Chili ont progressé à un taux
impressionnant de 23 %.
La nature de nos échanges avec le Chili change elle aussi. Depuis 1988, les
exportations canadiennes de machinerie et d'équipement industriel ont dépassé les
exportations de matières premières et s'accroissent à un taux moyen de 26 % par
année.
Ces investissements favorisent de nouvelles exportations de biens canadiens à
valeur ajoutée ainsi que des alliances entre de petites et moyennes entreprises
canadiennes et chiliennes. Elles permettent aussi à des sociétés canadiennes de
fournir des biens et services à des investisseurs canadiens au Chili.
Les investisseurs canadiens considèrent de plus en plus le Chili comme un bon
endroit où investir. À tel point que nous avons été le plus important investisseur
étranger au Chili en 1990, en 1992 et en 1995. Le total cumulatif des
investissements canadiens réalisés et prévus au Chili dépasse désormais
7 milliards de dollars.
Une grande partie de ces fonds sont investis dans la mise en valeur de mines, mais
les investissements dans les secteurs des banques, des communications et de
l'énergie sont aussi à la hausse.
L'une des priorités du Canada consiste à protéger plus efficacement ses importants
investissements au Chili. Nous avons pu y parvenir grâce à l'assurance-investissement à l'étranger de la Société pour l'expansion des exportations [SEE],
qui a établi des lignes de crédit avec les banques Sud Americano et O'Higgins. Ces
programmes de la SEE sont offerts aux secteurs public et privé.
Négocier une convention fiscale avec le Chili constitue un autre objectif
important pour le Canada. Nos deux pays entameront des négociations à ce sujet
lorsque seront approuvées les lois cadres nécessaires, qui seront bientôt déposées
au Sénat chilien.
Plus de 50 coentreprises ont déjà été établies au Chili. Leurs activités vont de
la lutte contre les incendies à la fabrication de machinerie industrielle. Ceci va
générer une augmentation des occasions d'exportation de biens et de services.
Les liens entre nos deux pays se sont donc beaucoup resserrés ces dernières
années. Il était donc tout naturel que le Canada et le Chili, deux pays
commerçants où le secteur des ressources naturelles joue un rôle important,
veuillent intensifier leurs échanges bilatéraux.
Voilà pourquoi le premier ministre Chrétien a dirigé la première délégation
commerciale du Canada au Chili en janvier 1995. Plus de 250 entrepreneurs,
représentant plus de 185 sociétés, l'ont accompagné dans cette mission.
À cette occasion, 33 entrepreneurs canadiens ont conclu des marchés d'une valeur
de plus de 1,7 milliard de dollars, soit 918 millions de dollars de contrats et
846 millions de dollars d'ententes de principe avec des partenaires chiliens. En
outre, le Conseil canadien des chefs d'entreprises a établi une alliance
stratégique avec la Confederacion de la Produccion y del Comercio afin de
promouvoir des liens commerciaux directs.
Des protocoles d'entente sur l'environnement et les télécommunications ont aussi
été signés au cours de cette mission.
L'Alliance des manufacturiers et exportateurs canadiens et son pendant chilien ont
élaboré un programme d'échanges, qui fonctionne depuis 1992.
L'Association des ingénieurs-conseil du Canada et son pendant chilien,
l'Asociacion de Ingenieros Consultores de Chile, ont créé elles aussi un programme
d'échanges.
Après tant de contacts entre nos milieux d'affaires et tant d'échanges de
personnel et d'information, la prochaine étape logique était un accord de libre-échange entre nos deux pays. C'était une étape qui allait de soi pour le Chili,
dans ses démarches en vue de participer à l'ALENA.
Le Canada visait quatre objectifs en recherchant cet accord bilatéral :
Premièrement, obtenir un accès libre au marché chilien.
Deuxièmement, protéger l'investissement canadien.
Troisièmement, garantir l'attrait du Canada comme destination d'investissement.
Quatrièmement, comme je l'ai déjà indiqué, bâtir un pont vers l'accession du Chili
à l'ALENA.
Nous croyons que tous ces objectifs ont été atteints par l'accord que nous avons
signé et nous sommes convaincus que notre objectif général qui consiste à stimuler
l'économie canadienne et à créer des emplois au Canada sera atteint.
Permettez-moi de vous décrire brièvement les principaux éléments de l'accord :
-
L'accès immédiat en franchise de douane pour la plupart des produits
industriels canadiens, qui représentent 80 % de nos exportations, ainsi que
l'élimination des droits chiliens à l'importation de 11 % sur presque tous
les autres biens industriels et produits dérivés de matières premières d'ici
six ans.
-
Un meilleur accès pour une foule de produits agricoles, y compris le blé dur,
l'orge, les lentilles, les pommes de terre de semence, le porc, les produits
du canola et le boeuf. L'accès général de nos exportateurs au marché chilien
sera désormais supérieur à celui de leurs concurrents des États-Unis et de
l'Union européenne et aussi bon que celui de l'Argentine et du Brésil.
Une nouvelle protection importante des investissements canadiens au Chili, y
compris un accord visant à assurer automatiquement aux investisseurs canadiens les
avantages de toute nouvelle libéralisation à l'avenir.
De nouvelles garanties importantes pour les exportateurs canadiens de services.
La création d'une commission du libre-échange et d'un secrétariat pour assurer le
règlement rapide et efficace des différends.
Des accords additionnels dans les domaines de l'environnement et de l'emploi --
une première pour le Chili.
L'élimination par les deux parties des droits anti-dumping dans un délai maximal
de six ans. Cette mesure garantira encore plus solidement l'entrée libre des
exportations canadiennes au Chili et contribuera à faire avancer la réforme et
l'élimination éventuelle des mesures anti-dumping à l'intérieur de l'ALENA.
Il importe également de souligner ce qui n'est pas visé par cet accord. L'accord
exclut les industries culturelles, le Pacte de l'automobile et les produits à
offre réglementée. De plus, les services sociaux et de santé sont pleinement
protégés.
Si cet accord constitue une bonne nouvelle pour tous nos exportateurs, il offre
des possibilités toutes particulières pour les Canadiens dans les domaines
suivants :
-
le matériel de télécommunications de pointe et les services consultatifs
spécialisés;
-
le blé dur, les oléagineuses et autres cultures semblables;
-
le charbon, les mines et le matériel de production et de transmission
d'électricité; et
-
les produits et services forestiers et environnementaux.
Puisque le Chili modernise son infrastructure, il y a également d'énormes
possibilités pour les entreprises canadiennes des secteurs de la construction et
des services de conseil.
En décembre de l'an dernier, j'ai eu l'honneur de participer à Canada Expo '96,
une foire commerciale des entreprises canadiennes qui a eu lieu à Santiago. Plus
de 170 sociétés canadiennes ont montré leurs produits et services à plus de
4 000 visiteurs.
Après cette foire commerciale, de nouveaux projets importants ont été annoncés par
NorTel, Rio Algom, Newbridge et Teck Corporation. Leur valeur est estimée à
quelques centaines de millions de dollars.
Les grandes sociétés ne sont pas seules à avoir pris conscience du potentiel du
Chili. Un sondage mené auprès des petites et moyennes entreprises qui ont
participé à Expo '96 indique qu'elles aussi prévoient des débouchés commerciaux
importants à court et à long terme.
Comme vous pouvez le constater, chers collègues, le Chili est notre porte d'entrée
vers l'Amérique latine. L'Amérique latine peut espérer une croissance phénoménale
et présentera des débouchés en or pour le Canada. Réjouissons-nous de cet accord
et de ceux qui suivront.
Merci.