M. EGGLETON - ALLOCUTION À LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE DEFEMMES CHEFS D'ENTREPRISES MONDIALES - TORONTO (ONTARIO)
97/23 SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE ART EGGLETON,
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,
À LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE DE
FEMMES CHEFS D'ENTREPRISES MONDIALES
TORONTO (Ontario)
Le 3 mai 1997
Ce document se trouve également au site Internet du Ministère : http://www.dfait-maeci.gc.ca
Lorsque Sam Bulte m'a invité à participer à cette soirée, il y a quelques mois,
j'ai été ravi d'accepter son invitation. C'est en effet pour moi un grand honneur
et un grand plaisir de prendre la parole à la Conférence internationale de Femmes
chefs d'entreprises mondiales. Permettez-moi d'abord de vous féliciter pour le
travail que vous faites. Dans le nouvel ordre économique que nous connaissons,
aucun thème n'aurait pu mieux convenir que celui que vous avez choisi : les
réseaux mondiaux.
Créer des réseaux et des relations solides, voilà la clé du succès de n'importe
quelle entreprise, surtout à l'heure de la mondialisation, où les chefs
d'entreprise doivent trouver de nouvelles façons de faire et s'y adapter,
travailler dans des pays étrangers et comprendre la culture des personnes avec qui
elles ou ils font des affaires. Le Canada exporte plus par habitant que les États-Unis et il commerce plus que n'importe quel autre pays du G-7. Au Canada, nous
devons compter sur le commerce extérieur pour soutenir notre croissance économique
et notre niveau de vie.
Au cours des dernières années, les chefs d'entreprise du Canada ont été les
artisans d'une véritable explosion des ventes à l'étranger, que le magazine TIME a
qualifiée d'inégalée dans l'histoire du Canada et de phénomène rare ailleurs dans
le monde. Aux dires du TIME, c'est un peu comme si le Canada était entré dans une
cabine téléphonique, refermé sur lui-même, et en était ressorti en superhéro de
l'exportation.
Nous ne sommes pas habitués à nous voir en héros, même si Superman a été créé par
un Canadien. Mais les faits sautent aux yeux.
L'exportation est la locomotive de l'économie canadienne. Regardons les chiffres :
au cours des 10 dernières années, nos exportations ont doublé. Alors qu'elles
correspondaient au quart de l'économie canadienne il y a 10 ans, elles
représentent aujourd'hui plus de 40 p. 100 de notre produit intérieur brut.
Notre gouvernement a fait de la création d'emplois une priorité; or, l'exportation
est le créateur d'emplois par excellence. Chaque milliard de dollars rapporté par
l'exportation donne en effet du travail à 11 000 Canadiens, d'où l'importance de
bien arrimer nos relations commerciales et de les ramifier. Le Canada n'a pas le
choix : l'expérience des dernières années montre que si nous voulons conserver
notre niveau de vie, nous devons exporter.
Voilà pourquoi le Canada joue un rôle de premier plan dans le système commercial
régi par l'Organisation mondiale du commerce. Voilà pourquoi aussi nous essayons
de multiplier nos échanges commerciaux avec l'Amérique latine au moyen d'une Zone
de libre-échange des Amériques. Nous avons en outre signé le Plan d'action Canada-UE. Et c'est aussi la raison pour laquelle nous avons désigné 1997 l'Année
canadienne de l'Asie-Pacifique. En novembre de cette année, le Canada présidera la
réunion des dirigeants du mécanisme de Coopération économique Asie-Pacifique à
Vancouver, où nous emploierons toute notre énergie à libéraliser encore plus le
commerce en Asie-Pacifique.
Sur le plan bilatéral, le Canada a signé cette année un Accord de libre-échange
avec le Chili dans l'espoir de faciliter l'accession de ce pays à l'Accord de
libre-échange nord-américain. Nous en avons également signé un avec Israël et nous
aimerions approfondir nos relations commerciales avec les pays d'Amérique latine.
Le gouvernement canadien peut contribuer à rendre le climat des échanges
internationaux sûr et réglementé, et à faciliter les transactions, mais c'est aux
chefs d'entreprise canadiens qu'il appartient d'aller découvrir de nouveaux
marchés et de nouveaux débouchés pour leurs produits et services, d'ailleurs
réputés pour leur qualité et leurs prix concurrentiels.
En raison du rôle crucial que les affaires jouent dans l'avenir de notre économie,
j'ai fixé comme objectif de doubler d'ici l'an 2000 le nombre des exportateurs
actifs au pays. Nous sommes bien partis, mais le Canada a besoin de votre aide
pour y parvenir.
Ce sont nos entrepreneurs, en quête de marchés plus vastes et plus spécialisés que
ceux que le Canada avait à offrir, qui ont frayé une voie au-delà des frontières.
Mais les femmes chefs d'entreprise restent sous-représentées dans le secteur de
l'exportation; elles constituent pourtant le plus grand bassin potentiel de
nouveaux exportateurs.
Une étude indépendante menée récemment par Dun & Bradstreet pour le compte de la
Banque de Montréal indique que près du tiers des propriétaires ou exploitants
d'entreprises canadiennes sont des femmes. L'analyse révèle que les femmes sont à
la tête de quelque 700 000 entreprises, qui donnent du travail à 1,7 million de
personnes.
Alors que le nombre d'entreprises dirigées par des femmes s'accroît deux fois plus
vite que la moyenne nationale, elles créent quatre fois plus d'emplois que la
moyenne nationale. Il en va ainsi dans toutes les provinces et l'ingéniosité des
femmes entrepreneures s'est particulièrement illustrée dans les régions où
l'activité économique était au ralenti.
En Saskatchewan, où une entreprise active sur 20 a carrément disparu, le nombre
des entreprises dirigées par des femmes a augmenté de 10 p. 100. Au Québec, où le
nombre d'entreprises a affiché une croissance modeste de 3 p. 100, celles qui
étaient dirigées par des femmes ont enregistré une croissance huit fois
supérieure.
L'essor des entreprises dirigées par des femmes se manifeste aussi dans la taille
des entreprises et dans leur champ d'activité. Aujourd'hui, 16 p. 100 des emplois
créés par des femmes se trouvent dans des sociétés de plus de 100 employés. Le
commerce de détail et les services personnels représentent encore la moitié des
entreprises dirigées par des femmes, mais les femmes entrepreneures se lancent de
plus en plus dans les finances, les assurances, l'immobilier, le commerce de gros,
les services aux entreprises et à la collectivité, le secteur manufacturier et la
construction.
De toute évidence, les femmes entrepreneures, en particulier les propriétaires de
PME [petites et moyennes entreprises], représentent plus qu'un secteur important
et en pleine croissance de l'économie; elles constituent un potentiel fantastique
pour profiter des nouveaux débouchés offerts par les marchés internationaux. Je
suis bien conscient de ce que ce potentiel représente et c'est pourquoi j'aimerais
vous dire un mot sur les programmes et les services que nous offrons aux chefs
d'entreprise pour les aider à exploiter leur potentiel d'exportateurs.
Ces dernières années, nous avons accordé à la Société pour l'expansion des
exportations [SEE] plus de possibilités de prêter aux PME tentant de s'introduire
sur les marchés émergents. Ne serait-ce qu'en 1996, la SEE a facilité des
exportations d'une valeur marchande de près de 4 milliards de dollars, par 2 500
PME vers plus de 120 pays. Son Équipe des exportateurs en essor assure certains
services comme des renseignements téléphoniques sans frais et l'approbation de
crédit aux acheteurs le même jour aux exportateurs dont les ventes annuelles sont
inférieures à 1 million de dollars. L'an dernier, de concert avec les banques et
les coopératives de crédit canadiennes, elle a aussi commencé à offrir des fonds
de roulement aux petits exportateurs.
Entre-temps, les bureaux du Service des délégués commerciaux du Canada répartis
dans le monde entier continueront à assurer des services aux exportateurs comme
ils le font maintenant depuis plus de 100 ans. De plus en plus, ces services
seront orientés vers les renseignements sur les marchés et l'analyse des nouveaux
débouchés et feront une place toute particulière aux besoins des PME et des femmes
chefs d'entreprise.
Le personnel du Service des délégués commerciaux de notre ambassade à Washington a
été le meneur dans cette initiative, et il a le mérite d'avoir amené les
réalisations potentielles et les préoccupations particulières des femmes chefs
d'entreprise en tête de mon plan de travail. Il faut féliciter le Service de
Washington pour sa récente initiative, notamment le lancement de la Canadian
Women's International Business Initiative, qui donnera de l'information et
indiquera des contacts aux femmes entrepreneures pour les aider à trouver des
débouchés à l'exportation dans les États américains du centre-est. Je souscris
sans réserve à cette initiative et je souhaite qu'elle soit étendue à d'autres
marchés.
Compte tenu de l'initiative de Washington et de l'importante contribution que les
femmes entrepreneures peuvent apporter au succès commercial du Canada, je suis
heureux d'annoncer qu'une mission commerciale d'Équipe Canada, composée de femmes
exclusivement, se rendra dans la région de Washington D.C. l'automne prochain.
Cette mission réunira des représentantes de trois catégories d'entreprises : les
sociétés appartenant à des femmes, qui sont prêtes à exporter; des groupes de
femmes chefs d'entreprise, comme Femmes chefs d'entreprises mondiales; et des
femmes qui exportent déjà et qui sont prêtes à jouer le rôle de mentor. Pour vous
montrer l'importance que le Canada attache à cette initiative, j'ai déjà parlé à
mon homologue américain, le secrétaire d'État au commerce, Bill Daly, de sa
participation éventuelle, et il m'a assuré de son appui.
Cette mission visera moins la conclusion de contrats d'exportation, mais beaucoup
plus la création de liens entre entrepreneurs, organismes gouvernementaux et
groupements de femmes d'affaires. Parallèlement, elle nous donnera l'occasion de
mieux prendre connaissance des barrières qui se dressent devant les femmes
entrepreneures, notamment en matière d'accès au financement des exportations, et
des façons possibles d'y remédier.
Une fois cet objectif de création de réseaux arrêté pour la mission, la région de
Washington s'est présentée comme la destination de choix. Washington est la
capitale des réseaux des États-Unis et l'hôte de plus de 7 500 associations
nationales. La région du centre-est des États-Unis compte la plus forte
concentration de sociétés vouées à la technologie aux États-Unis après la Silicon
Valley. Le gouvernement fédéral américain achète des biens et services
commerciaux, notamment d'entreprises canadiennes, pour un montant de plus de
50 milliards de dollars par année. De plus, le dixième de tous les services de
formation est dispensé dans la région du centre-est. Ce ne sont-là que quelques-unes des raisons qui font de Washington une ville attrayante pour les futurs
exportateurs.
J'espère que beaucoup d'entre vous pourront se joindre à cette mission d'Équipe
Canada. Si vous voulez plus de précisions ou si vous êtes prêtes à signer,
adressez-vous simplement à l'un des deux membres du personnel de notre ambassade
de Washington qui sont ici ce soir. Astrid Pregal et Judy Bradt méritent nos
félicitations pour leur clairvoyance et leur initiative et pour m'avoir suggéré
l'idée d'une mission d'Équipe Canada exclusivement féminine. Elles sont parmi nous
et se feront un plaisir de prendre les dispositions en vue de votre participation.
L'intention du gouvernement, en organisant cette mission d'Équipe Canada, est non
seulement qu'elle serve de catalyseur aux exportations, mais aussi qu'elle indique
avec force que le Canada veut et a besoin que les femmes entrepreneures
participent pleinement à l'expansion globale du commerce. Je pense que vous en
profiterez tout comme l'économie canadienne.
Merci.