M. CHAN - ALLOCUTION À LARÉUNION DES HAUTS FONCTIONNAIRES DE L'APEC - VICTORIA (COLOMBIE-BRITANNIQUE)
97/4 SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE RAYMOND CHAN,
SECRÉTAIRE D'ÉTAT (ASIE-PACIFIQUE),
À LA
RÉUNION DES HAUTS FONCTIONNAIRES DE L'APEC
VICTORIA (Colombie-Britannique)
Le 27 janvier 1997
Ce document est également disponible au site Internet du Ministère : http://www.dfait-maeci.gc.ca
Distingués hauts fonctionnaires et délégués,
C'est avec grand plaisir que je vous accueille à Victoria, à l'occasion de la
première réunion des hauts fonctionnaires de l'APEC de l'année 1997. Le président
de la réunion, M. Edwards, m'a exposé les grandes lignes de l'imposant plan de
travail établi pour 1997. Je vois qu'un programme fort exigeant vous attend ces
deux prochains jours. Je vous souhaite tout le succès possible dans
l'accomplissement de ces tâches. L'APEC [forum de Coopération économique Asie-Pacifique] a fait beaucoup de progrès ces dernières années et le Canada est
impatient de continuer sur cette lancée impressionnante.
Cependant, bien que je souhaite que votre travail soit productif, je vous invite
également à profiter de tout temps libre que pourrait vous laisser votre horaire
pour visiter cette ville magnifique qu'est Victoria. Il fait peut-être plus froid
ici que dans bon nombre de vos capitales, mais j'espère que notre accueil saura
vous apporter un peu de chaleur. Je peux vous garantir que Victoria est plus
confortable que presque n'importe quelle autre ville du Canada à ce temps-ci de
l'année. Pour les Canadiens, Victoria représente un havre de paix et de
tranquillité. Ce cadre enchanteur, propice à la créativité, vous inspirera, je
pense, pour la détermination des orientations de l'APEC en 1997.
C'est un honneur pour le Canada que d'assumer la présidence de l'APEC en 1997.
Nous sommes fiers d'être membre de ce mécanisme qui regroupe les économies de la
région dont la croissance est la plus dynamique au monde. L'intérêt du Canada pour
le Pacifique se reflète dans nos excellentes relations commerciales et bilatérales
avec cette région. Mon propre gouvernement a été élu sur la base d'un programme
politique qui faisait ressortir la nécessité d'étendre nos liens avec
l'Asie-Pacifique et l'Amérique latine.
La Colombie-Britannique, où vous êtes réunis aujourd'hui et où vous vous réunirez
à nouveau en novembre, est le pivot du Canada dans la région, tant sur le plan
géographique que sur celui des attitudes. Ce n'est là rien de nouveau. Nous
partageons avec nos collègues mexicains et chiliens un passé qui commence avec des
explorateurs espagnols comme Quadra et Juan de Fuca. L'immigration asiatique,
amorcée au tournant du siècle, a incité notre regard à se tourner vers l'Ouest.
Les nouveaux arrivants en provenance de vos économies apportent avec eux une
multitude d'expériences et de nouvelles visions des affaires qui renforcent le
tissu de la société canadienne. Je suis heureux de signaler que, pour souligner le
rôle du Canada à la présidence de l'APEC et pour célébrer nos liens avec le
Pacifique, le premier ministre Jean Chrétien a déclaré l'année 1997, Année
canadienne de l'Asie-Pacifique.
Reconnaissant l'importance de la région pour l'ensemble du Canada, ce gouvernement
a créé mon poste, secrétaire d'État (Asie-Pacifique), après son élection, en 1993.
Lorsque je voyage dans vos économies et au Canada, je suis toujours impressionné
de voir combien de points nous avons en commun. C'est là, je crois, l'essence même
de l'APEC 18 économies travaillant ensemble pour leur bénéfice mutuel dans une
optique de coopération commerciale et économique et de développement social et
humain.
Le premier ministre lui-même montre un attachement spécial pour l'APEC. Deux
semaines seulement après son entrée en fonction, il a effectué son premier voyage
officiel à l'étranger, qui l'a amené à Seattle, pour participer à la première
réunion des dirigeants économiques de l'APEC. Ce qu'il a particulièrement aimé de
l'APEC, c'est la nature spontanée, et pourtant centrée, des discussions entre les
dirigeants. Quand on considère l'évolution rapide de l'APEC de Blake Island à
Bogor, puis à Osaka et à Subic , on voit nettement, je pense, que la réunion
annuelle des dirigeants a donné de l'élan et un dynamisme politique au processus.
L'APEC doit maintenant relever le défi de mettre en oeuvre ses visions et ses
plans. Il ne fait aucun doute, selon moi, que l'élément clé du succès de cette
tâche demeurera l'engagement des dirigeants.
Les détracteurs de l'APEC ont insisté tout particulièrement sur les divergences
d'opinions autour de la table et sur la diversité culturelle, économique et
politique de ses membres. Ces facteurs, disent-ils, font que les membres de l'APEC
sont incapables de s'entendre sur une vision convaincante unique. Nous avons tous
entendu dire que la « coopération économique Asie-Pacifique » était une expression
à peu près vide de sens.
Je ne suis pas de cet avis. L'histoire même du Canada est marquée par le besoin
pour le pays de puiser sa force dans la diversité. En réunissant des gens issus de
milieux linguistiques, sociaux, religieux et culturels très variés, le Canada a
appris à apprécier exactement les mêmes concepts que ceux qui caractérisent
l'APEC le règlement des différends par la consultation et le remplacement de la
coercition par le consensus. En effet, un des plus grands premiers ministres du
Canada, sir Wilfrid Laurier, doit son immense succès politique à la mise en valeur
de ce qu'il appelait « le bon côté du consensus ». En fait, je dirais que dans le
mot « consensus », l'APEC a trouvé sa vision centrale.
Je ne doute pas que vous réussirez à tirer parti des succès antérieurs de l'APEC
pour avancer sur la route de la libéralisation et continuer à favoriser la
prospérité dans la région. Il faut pour cela équilibrer adroitement les activités
centrales de l'APEC liées au commerce et à l'investissement et les priorités en
matière de coopération économique et technique sur lesquelles reposent le
programme relatif aux échanges. Pensons à l'orientation donnée par les dirigeants
à Subic, soit de centrer les activités de coopération économique et technique sur
six objectifs clés, qui sont cruciaux pour soutenir la croissance dans la région,
à savoir développer le capital humain, établir des marchés financiers sûrs et
efficaces, renforcer l'infrastructure économique, exploiter les technologies de
l'avenir, promouvoir une croissance écologiquement viable et favoriser l'essor des
petites et moyennes entreprises.
Je vous invite à considérer les points que je vais mentionner ci-après comme des
buts à atteindre en 1997, là encore selon l'orientation prise par les ministres et
les dirigeants.
Nous devons insister pour que d'autres mesures de libéralisation des échanges et
de l'investissement soient prises. À cet égard, les dirigeants ont recommandé que
des efforts concertés soient dirigés vers des secteurs désignés. La crédibilité de
l'APEC est étroitement liée à la mesure dans laquelle il réussira à libéraliser
davantage les échanges et l'investissement, et il faut obtenir des résultats à ce
chapitre pour soutenir l'élan. Une des tâches importantes est de mettre en place
un mécanisme de comparaison qui garantira des améliorations continues dans les
plans d'action individuels. Il nous faut aussi renforcer les plans d'action
collectifs, en particulier en ce qui concerne la simplification de la conduite des
affaires. Les ministres du Commerce se réuniront en mai pour faire avancer ces
questions et pour trouver d'autres moyens pratiques de contribuer à la réalisation
du plan de travail de l'OMC [Organisation mondiale du commerce].
On ne peut soutenir la croissance sans une infrastructure économique solide par
exemple des réseaux de transports efficaces qui permettent la circulation des
biens et des personnes à l'intérieur et à l'extérieur des frontières, des
approvisionnements en énergie qui soient rentables et adéquats ainsi que des
technologies et des méthodes de production sans danger pour l'environnement. Il
incombe aux gouvernements d'aider à créer les conditions propices à la prospérité
économique et de fournir le cadre approprié pour assurer le succès des mesures de
libéralisation des échanges et de l'investissement. À cet égard, les dirigeants
ont désigné comme prioritaire dans le plan de travail de cette année la
stimulation de l'investissement du secteur privé dans le développement de
l'infrastructure.
Demander l'avis du secteur privé et tenir compte de cet avis dans l'élaboration
des orientations générales est depuis longtemps une priorité pour l'APEC. Ce n'est
qu'en connaissant les obstacles au commerce que nous, en tant qu'économies
membres, pouvons contribuer à abolir ces obstacles. Le Conseil consultatif des
gens d'affaires de l'APEC nous a fourni des conseils précis sur un large éventail
de questions et nous devons examiner chacune des recommandations du Conseil
pendant l'année qui vient afin d'obtenir un consensus quant à la mise en oeuvre.
La crédibilité de l'APEC auprès du secteur privé est primordiale. Nous devons
spécialement veiller à ce que les opinions des chefs de petites entreprises soient
entendues et qu'elles transparaissent dans les politiques et les orientations de
l'APEC. Une des façons d'atteindre cet objectif est de collaborer à l'élaboration
de mesures visant à faciliter la conduite des affaires. Par exemple, les
formalités douanières interminables ainsi que les normes de produits et les normes
professionnelles divergentes peuvent être d'importants obstacles à l'expansion des
plus petites entreprises sur les marchés internationaux.
Enfin, nous ne pouvons prendre de décisions sur l'avenir de la région sans
élaborer une vision qui tienne compte des besoins et des aspirations de nos
jeunes. En définitive, nous ne serons pas jugés en fonction de statistiques sur
les échanges commerciaux ou de taux de croissance, mais bien selon l'état dans
lequel nous laissons le monde aux générations futures. J'encourage chacun de vous,
tout au long de l'année, à réfléchir aux répercussions qu'auront vos décisions sur
les enfants et les jeunes autour de vous.
En terminant, j'aimerais reprendre quelques mots des dirigeants de l'APEC pour
vous rappeler l'importance de la tâche à laquelle vous vous attelez aujourd'hui :
Nous sommes pleinement convaincus que les activités de l'APEC donneront des
résultats substantiels, concrets, mesurables et durables qui amélioreront de façon
tangible la vie de tous nos citoyens d'ici la fin du siècle.
Voilà une oeuvre de taille à réaliser, et nous comptons sur les hauts
fonctionnaires pour guider l'APEC vers le succès. J'attends avec impatience les
résultats et je me réjouis à la perspective de vous revoir en novembre.
Merci.