M. MARCHI - ALLOCUTION À L'OCCASION DU FORUM SUR L'ASIE DE L'EST DE LA BANQUE DE HONG KONG AU CANADA - TORONTO (ONTARIO)
97/44 SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE SERGIO MARCHI,
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,
À L'OCCASION DU FORUM SUR L'ASIE DE L'EST
DE LA BANQUE DE HONG KONG AU CANADA
TORONTO (Ontario)
Le 24 octobre 1997
Ce document se trouve également au site Internet du Ministère :
http://www.dfait-maeci.gc.ca
Je suis très heureux d'être ici aujourd'hui et je tiens à remercier la Banque de
Hong Kong d'avoir parrainé cet excellent déjeuner. Par ailleurs, je suis ravi que
les membres du Conseil économique des pays du bassin du Pacifique et du Conseil du
Premier ministre pour l'Asie-Pacifique se soient joints à nous.
Cette année a été passionnante pour ceux d'entre nous intéressés à
l'Asie-Pacifique. Au cours de l'Année canadienne de l'Asie-Pacifique, plus de
600 activités se sont tenues dans tout le Canada pour rendre hommage à notre
appartenance au Pacifique et explorer de nouveaux débouchés aux chapitres du
commerce et de l'investissement.
Nous avons rehaussé le profil de cette région dans notre conscience nationale. Et
maintenant que nous avons fait de cette question l'essentiel de nos
préoccupations, nous ne devons pas la perdre de vue.
Aujourd'hui, j'aimerais vous faire part de quelques réflexions sur l'« état de la
situation » à l'APEC [mécanisme de Coopération économique Asie-Pacifique] et vous
dire quelles sont nos priorités en prévision des réunions des ministres et des
dirigeants à Vancouver, le mois prochain, et par la suite.
Cette année, le Canada s'était fixé trois objectifs bien définis :
premièrement, nous voulions promouvoir la libéralisation du commerce et de
l'investissement;
deuxièmement, nous voulions cibler les éléments clés du développement économique
comme l'infrastructure et la croissance durable;
troisièmement, nous voulions renforcer l'APEC en encourageant la participation
d'un plus vaste éventail d'intervenants, notamment les milieux d'affaires, les
jeunes, les universitaires, les femmes et des organisations environnementales et
autres.
Permettez-moi de passer brièvement en revue chacune de ces priorités.
D'abord, promouvoir la libéralisation du commerce.
L'APEC a oeuvré sur de nombreux fronts pour libéraliser les échanges et ce, non
seulement en raison des avantages qui en découlent pour nos économies, mais aussi
parce que nous pouvons agir, ensemble, comme un groupe régional capable de
renforcer le système commercial multilatéral.
L'une des percées les plus stimulantes, qui a suscité un intérêt considérable dans
le monde entier, est la libéralisation des échanges dans des secteurs précis.
L'année écoulée a vu des progrès notoires à ce chapitre.
Comme vous le savez sans doute, les membres de l'APEC ont convenu de dresser une
liste de secteurs devant être libéralisés d'ici 1999. Plus tôt cette année, à
Montréal, nous nous sommes entendus pour devancer cette échéance de deux ans, de
sorte qu'une liste de secteurs sera soumise pour examen à la réunion de Vancouver,
le mois prochain. En fait, mes représentants se penchent en ce moment même sur
cette question à Singapour.
Plusieurs des secteurs pressentis présentent un intérêt particulier pour le
Canada, surtout les produits et services environnementaux, le poisson et les
produits du poisson, les engrais, les produits forestiers et les dérivés
d'oléagineux.
En ce qui a trait à divers secteurs, nous souhaitons une libéralisation aussi
globale que possible. De plus, nous devons aussi faire avancer le dossier de la
facilitation des échanges.
Cela ne servira pas à grand chose de libéraliser un secteur si nous laissons une
montagne de difficultés administratives et de règlements se dresser entre vous et
vos clients. L'accès est important, mais nous devons également nous soucier des
problèmes concrets auxquels vous faites face au quotidien sur le terrain.
En tant que gens d'affaires qui devez adapter vos produits à différentes normes,
trouver des renseignements exacts sur les règles et procédures et obtenir des
capitaux et une assurance pour les petites transactions, vous connaissez les
frustrations -- et les coûts -- que cela comporte.
Il existe des défis particuliers pour les petites sociétés, ces sociétés mêmes que
nous voulons encourager à faire leur entrée en plus grand nombre dans le monde des
échanges. Nous devons pour cela établir des normes qui soutiennent la comparaison
et rationaliser davantage les procédures douanières. Justement, nous avons préparé
une ébauche cette année dans le but de simplifier ces procédures d'ici à l'an
2000.
Par exemple, il existe maintenant des techniques qui peuvent relier les autorités
douanières et réduire le temps de dédouanement de quelques semaines à quelques
minutes. Ce procédé permet d'économiser non seulement du temps mais de l'argent.
Je suis très fier de nos progrès dans ce domaine et je suis optimiste quant aux
répercussions que cela aura sur les affaires à l'avenir.
Pour vous aider à faire fructifier vos affaires dans le bassin du Pacifique, nous
voulons vous donner le feu vert, et non vous mettre des bâtons dans les roues.
Nous voulons faciliter vos efforts et non vous laisser un sentiment de
frustration.
Ensuite, nous voulions cibler les éléments clés du développement économique :
infrastructure, travailleurs qualifiés et croissance durable.
Ces éléments sont vitaux car le commerce d'aujourd'hui nécessite des
télécommunications et des moyens de transport modernes. Nous ne pouvons continuer
à bâtir des relations commerciales qui ne cessent de s'amplifier sur des
fondations qui n'en supportent pas l'envergure.
Lorsque vous passez une commande par téléphone ou par télécopieur, vous devez
avoir la certitude que le téléphone marche. Vous devez êtes sûrs que les systèmes
de transport routier, ferroviaire et aérien vous amèneront vous ou vos produits à
votre destination en temps voulu. Si vous devez construire une nouvelle usine ou
un édifice à bureaux, vous voudrez vous assurer que l'aménagement électrique, les
réseaux d'égouts et l'approvisionnement en eau sont adéquats.
Mais comme vous le savez, cette infrastructure de base n'est pas bon marché et les
gouvernements ne peuvent souvent à eux seuls en assurer le financement. Voilà pour
les mauvaises nouvelles. La bonne nouvelle est que les capitaux privés ne manquent
pas, à condition qu'il existe des moyens de minimiser les risques pour les
investisseurs.
Aussi avons-nous proposé un cadre relatif à l'investissement privé dans
l'infrastructure, qui sera présenté à la réunion de l'APEC en novembre. Entre
autres, ce cadre assurerait un meilleur échange d'information et un engagement de
la part des sociétés de crédit à l'exportation à coopérer en matière
d'investissement et d'assurance pour des projets de ce type.
Nous savons d'autre part qu'en plus d'être sûres de l'infrastructure, les
entreprises doivent aussi être sûres qu'elles disposeront des travailleurs
qualifiés pour le travail à accomplir.
C'est la raison pour laquelle nous avons mis sur pied des projets-pilotes afin de
reconnaître les compétences professionnelles dans des domaines comme l'ingénierie,
la comptabilité et l'arpentage. C'est pour cela que nous tentons de trouver des
moyens d'accroître la participation des femmes dans les secteurs des sciences et
de la technologie. Et c'est aussi pour cela que nous examinons les diverses façons
d'utiliser les technologies de l'information pour faciliter le téléenseignement et
améliorer l'accès électronique à l'information.
Infrastructure et travailleurs qualifiés : ce sont là deux des éléments cruciaux
du développement économique. Mais ces deux éléments doivent aller de pair avec le
respect de notre environnement et un engagement envers le développement durable.
À l'APEC, nous devons relever des défis bien précis à cet égard.
D'ici l'an 2015, les économies de l'APEC compteront 13 mégapoles, chacune peuplée
de plus de 8 millions d'habitants. Chacune de ces mégapoles est à elle seule plus
peuplée que la Nouvelle-Écosse, Terre-Neuve, le Nouveau-Brunswick, le Manitoba et
la Colombie-Britannique réunis.
Les populations urbaines sont déjà victimes de la détérioration de la qualité de
l'air et, qui plus est, de la pollution des sols et de l'eau. Les dépenses de
santé attribuables à la pollution de l'air atteignent des niveaux stupéfiants.
Selon la Banque mondiale, Bangkok et Djakarta doivent chacune dépenser près de
1 milliard de dollars annuellement à cause de la piètre qualité de l'air. À
Mexico, ce coût est encore plus élevé, soit près de 1,5 milliard par année.
On ne peut passer cette situation sous silence. Les ministres de l'APEC ont
déterminé un certain nombre de mesures spécifiques visant à encourager
l'investissement dans des équipements écologiques, à accroître l'utilisation des
techniques de développement durable et à favoriser la coopération entre les
secteurs public et privé, pour qu'ils trouvent des solutions qui garantiront une
croissance durable.
Ces efforts conduiront non seulement à la création d'une infrastructure moderne,
mais aussi à celle de villes écologiquement viables.
Cette année, notre troisième et dernière priorité consistait à renforcer l'APEC en
sollicitant la participation d'une couche plus diversifiée de la population.
En plus de compter sur l'engagement du secteur privé -- qui a toujours été l'un des
points forts de l'APEC --, le Canada s'efforce d'accroître la participation des
petites entreprises, des femmes, des jeunes, des dirigeants municipaux, et des
milieux syndical et environnemental.
Cette année, plus que jamais, nos activités dans le cadre de l'APEC tentent de
tisser des liens avec la société civile, afin qu'elle participe davantage.
Cette participation, qui se caractérise par sa vigueur et sa diversité, nous amène
à mieux nous connaître et contribue à élargir l'appui à de futurs efforts de
coopération. Elle permet, en outre, de s'assurer que nos lignes de conduite
tiennent compte des intérêts et des priorités des gens que nous représentons.
La combinaison de tous ces efforts nous aide à établir des rapports humains
solides, qui, comme le souligne aujourd'hui le thème de votre forum, représentent
la clé du développement de nos relations commerciales et culturelles. Le Canada
compte plus de 2 millions de Canadiens d'origine asiatique, dont la contribution
explique en partie l'importance et le dynamisme de nos relations avec
l'Asie-Pacifique.
Au cours de la dernière année, nous avons amené l'APEC au Canada. Beaucoup, qui
n'étaient à leur arrivée que des visiteurs, sont devenus des amis. D'autres,
parfois sceptiques, sont repartis convertis.
Ils y ont vu un milieu stimulant, ouvert sur l'extérieur et propice au commerce.
Ils ont aussi vu un pays qui occupe une position stratégique pour qui veut accéder
au vaste marché nord-américain et au bassin du Pacifique. Ils ont vu un pays qui,
selon une étude récente de KPMG, est l'endroit le plus abordable et le mieux situé
pour le démarrage et l'exploitation d'une nouvelle entreprise.
Cette étude compare le coût d'une multitude de facteurs dans cinq pays européens,
ainsi qu'au Canada et aux États-Unis. Le Canada l'emporte haut la main sur ses
concurrents.
Nous avons démontré notre engagement en faveur de facteurs économiques
fondamentaux solides, de faibles taux d'inflation et d'intérêt, et de la
disparition du déficit. De plus, les entreprises peuvent compter sur
l'environnement le plus abordable qui soit.
Maintenant, nous devons maintenir la dynamique créée par l'Année canadienne de
l'Asie-Pacifique. Il est vrai que la réunion de Vancouver marque la fin de cette
année spéciale, mais celle-ci ne représente qu'une partie des efforts déployés en
Asie. Il importe surtout de tenir tête à nos concurrents et de consolider notre
part de marché.
Pour poursuivre sur cette lancée et afin de démontrer clairement notre engagement
à l'égard de la région de l'Asie-Pacifique, qui représente un marché essentiel
pour le Canada, j'annonce aujourd'hui notre Stratégie d'investissement en Asie.
Nous en avons apporté des exemplaires, et je vous invite à en prendre un et à
examiner les mesures que nous avons prises afin d'affûter notre approche et de
cibler nos ressources.
La Stratégie vise huit marchés -- Hong Kong, le Japon, la Corée, la Malaisie,
Singapour, Taïwan, l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Nos efforts en vue de
démontrer les avantages d'investir au Canada seront centrés sur ces marchés. Pour
notre part, nous multiplierons le nombre de visites aux investisseurs potentiels,
ici et à l'étranger, et consacrerons davantage de ressources à la tâche.
Pour concrétiser le potentiel de cet investissement, nous aurons besoin de votre
appui à tous, et nous vous inviterons, en tant qu'institutions et particuliers, à
être les ambassadeurs du Canada. Un des principaux outils à votre disposition est
l'étude de KPMG, dans laquelle on souligne qu'il coûte moins cher aux entreprises
d'exercer leurs activités au Canada, dans l'ensemble ainsi que dans chacune des
huit industries visées par l'étude.
Armés de preuves comme celles fournies par l'étude de KPMG, nous réussirons, j'en
suis convaincu, à attirer des investissements créateurs d'emplois et à stimuler
les échanges dont notre pays a besoin.
Jusqu'ici, nous avons avant tout pris un engagement ferme de libéraliser des
secteurs et de faciliter les échanges, nous avons ciblé les éléments clés du
développement économique et tenté d'élargir l'éventail des participants. Ces
priorités demeureront notre centre d'attention pour la conférence de Vancouver et
par la suite.
Selon un proverbe japonais, il est facile de casser une seule flèche, mais plus
ardu d'en casser 10 à la fois.
Nous pouvons tirer une leçon importante de ce proverbe. En effet, l'action
coopérative est une force. Rechercher des occasions d'affaires au-delà de nos
frontières est une force. Et sentir que nous visons tous le même but est une
force.
Faisons donc de l'APEC un groupe spécial. Transformons l'esprit de l'APEC en un
esprit de solidarité.
Merci.