M. EGGLETON - ALLOCUTION À L'OCCASION D'UN DÉJEUNER DEL'ASSOCIATION CANADA-SUISSE - ZURICH, SUISSE
97/5 SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE ART EGGLETON,
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,
À L'OCCASION D'UN DÉJEUNER DE
L'ASSOCIATION CANADA-SUISSE
ZURICH, Suisse
Le 30 janvier 1997
Ce document est également disponible au site Internet du Ministère : http://www.dfait-maeci.gc.ca
Je suis ravi d'être parmi vous aujourd'hui, dans la belle ville de Zurich.
L'Association Canada-Suisse a un rôle clé à jouer pour promouvoir la compréhension
mutuelle entre le Canada et la Suisse, ce qui contribuera à faire mieux connaître
les débouchés commerciaux qui existent dans nos deux pays.
La Suisse et le Canada ont beaucoup en commun. Au plan politique, nos pays sont
des États fédéraux où les droits des minorités sont respectés et où les différends
politiques se règlent pacifiquement, dans le cadre des institutions démocratiques.
Les deux pays sont renommés pour leur stabilité politique et leur niveau de vie
élevé. Dans un monde en proie aux conflits, nos pays peuvent servir de modèles,
car la paix et la sécurité y sont les fruits de la tolérance et du respect mutuel.
Les visites entre nos représentants élus sont fréquentes et amicales. Nos pays se
consultent à propos d'environnement et de sécurité aussi bien que de questions
humanitaires et commerciales.
Les échanges touristiques consolident aussi notre amitié. Parmi les destinations
touristiques lointaines privilégiées par les Suisses, le Canada arrive au
troisième rang, derrière les États-Unis et la Thaïlande. En 1996, le nombre de
touristes suisses qui sont venus au Canada a largement dépassé les 100 000. Ils
ont été attirés chez nous par un taux de change favorable, la beauté de nos
paysages et la commodité des langues. C'est un nombre impressionnant, si l'on
considère la population de votre pays. J'aime à penser que ces voyages d'agrément
ont fait naître de nouvelles amitiés et ajouté au capital de bonne volonté qui lie
nos populations.
En 1995, le commerce bilatéral entre le Canada et la Suisse a été de près de 1,5
milliard de dollars, les exportations canadiennes vers la Suisse atteignant 533
millions. Nous avons importé pour environ 902 millions de dollars de la Suisse en
1995, contre 764 millions en 1994, ce qui représente une hausse considérable.
La Suisse est le cinquième investisseur européen direct au Canada et le septième
du monde. Selon Statistique Canada, ses investissements se chiffrent à quelque 3,2
milliards de dollars, soit une augmentation de 800 millions de dollars depuis cinq
ans.
Tout impressionnants que soient ces chiffres, il existe en réalité un vaste
potentiel inexploité.
La vérité toute simple est que le Canada reste un marché en grande partie inconnu
pour la Suisse.
Notre tâche, à vous et à moi, c'est de changer cela. Nous avons un produit
formidable à vendre -- le Canada -- et le temps est venu de le commercialiser
vigoureusement ici en Suisse.
Nous savons d'expérience que lorsque nous pouvons persuader les gens d'affaires
suisses de considérer les avantages du Canada, ils sont impressionnés.
Des entreprises comme Nestlé, qui a son siège social à Toronto, ABA Inc. à Saint-Laurent, Ciment St. Laurent Inc. à Mont-Royal, Cia-Gag à Mississauga et Sandwell
Inc. à Vancouver se sont jointes à des entreprises d'autres pays qui ont choisi le
Canada comme un bon endroit où investir.
Non moins significatif est le rôle joué par les principales institutions
financières, dont les trois grandes banques suisses, qui viennent au quatrième
rang pour leurs actifs au Canada, après celles des États-Unis, du Royaume-Uni et
de la France.
Qu'est-ce qui a attiré toutes ces entreprises au Canada? Pourquoi, alors qu'elles
auraient pu s'installer n'importe où ailleurs dans le monde, ont-elles choisi le
Canada? Les facteurs sont nombreux, mais permettez-moi de signaler brièvement
aujourd'hui cinq raisons pour lesquelles les entreprises suisses devraient
envisager d'investir au Canada.
En premier lieu, l'accès au marché le plus riche du monde. En investissant au
Canada, les entreprises étrangères obtiennent l'accès en franchise douanière aux
États-Unis, en vertu de l'Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis. Elles ont en outre accès au grand et dynamique marché mexicain, en vertu de
l'Accord de libre-échange nord-américain [ALENA]. Voilà un accès inégalé à un
marché de 360 millions de personnes, qui représente une économie totale plus
grande que celle de la Communauté européenne.
La grande majorité des industries canadiennes sont situées assez près des grands
fabricants américains pour assurer la livraison juste à temps par la route.
Et comme le Canada est un pays d'immigrants, notre population active compte des
travailleurs expérimentés qui pratiquent d'autres langues, qui connaissent bien
les cultures et les pratiques commerciales étrangères et qui peuvent assurer une
transition facile de l'Europe à l'Amérique du Nord.
La deuxième raison pour ouvrir boutique au Canada est le niveau compétitif de nos
salaires et notre population active instruite.
Les entreprises établies au Canada profitent d'une population active qualifiée,
productive par rapport à son coût, qui a su prouver qu'elle pouvait s'adapter aux
nouvelles circonstances et aux nouvelles technologies. La productivité est élevée,
et en hausse constante. Depuis deux ans, la productivité de notre industrie de
fabrication a connu la plus forte croissance de tous les pays du G-7. Et dans
l'industrie du montage d'automobiles, elle est plus élevée de 5 p. 100 que celle
des États-Unis.
Les salaires canadiens sont aussi très compétitifs par rapport à ceux d'autres
pays et les tendances actuelles (notamment les conventions salariales et les
attitudes des syndicats en ce qui concerne, entre autres, les horaires de travail
variables) les rendent encore plus concurrentiels.
Les autres coûts du travail, comme les charges sociales des employeurs et les
soins de santé, sont moindres pour les entreprises canadiennes que pour leurs
concurrentes américaines. En fait, la société Chrysler a calculé que sa facture
d'assurance-maladie aux États-Unis était telle que la production d'une voiture au
Canada lui coûtait 500 dollars de moins. On me dit que les coûts salariaux
canadiens équivalent à moins de la moitié des coûts allemands en moyenne.
La population canadienne active est également fort instruite. D'après les chiffres
de l'Organisation de coopération et de développement économiques [OCDE], nous
comptons parmi les quatre pays du monde qui consacrent à l'éducation le
pourcentage le plus élevé de leur PIB [produit intérieur brut]. Et un certain
nombre de programmes de formation professionnelle très efficaces sont en place,
aidant à assortir l'offre de compétences aux besoins de l'industrie.
Comme l'a révélé un sondage américain récent, 9 des 20 meilleures écoles
d'électrotechnique d'Amérique du Nord sont situées au Canada. Et l'université
préférée des recruteurs de Microsoft est l'Université de Waterloo, en Ontario.
Troisièmement, le Canada dispose de fortes capacités en recherche. En fait, les
entreprises internationales établissent de plus en plus de bases de recherche-développement [R-D] au Canada. Les universités, collèges techniques et instituts
de recherche scientifique constituent un bassin de talents incomparable, qui
contribue à la mise au point et à la conception de produits novateurs.
Les compagnies canadiennes bénéficient en outre des incitations fiscales à la R-D
les plus généreuses du G-7. Elles ont accès à des « centres d'excellence » établis
dans des universités et à des consortiums d'universités dans des domaines comme la
robotique, la conception assistée par ordinateur et la mise au point de produits
pharmaceutiques.
À l'heure actuelle, le Canada compte des établissements de recherche et de mise au
point de produits exploités par des sociétés internationales comme IBM, Digital
Equipment, Glaxo et Amdahl.
La quatrième raison pour laquelle, selon moi, les entreprises suisses devraient
considérer le Canada, est l'abondance de nos matières premières et nos vastes
ressources énergétiques.
Le Canada est réputé pour ses riches réserves de minéraux et ses terres agricoles
productives. Grâce à ces ressources et au coût modique de leur extraction, le
Canada est un grand exportateur de produits de base dans le monde entier.
Le Canada est aussi l'un des deux seuls pays du G-7 qui soient autosuffisants en
pétrole et le seul pays du G-7 qui soit exportateur net de gaz naturel. Et les
prix de notre gaz et de notre électricité sont très compétitifs.
Cinquièmement, le Canada jouit d'une infrastructure moderne et efficace. Un
rapport du Forum économique mondial classait en 1993 les pays selon sept critères
de compétitivité. Quatre de ces critères étaient les routes, les chemins de fer,
les transports aériens et les ports. Le Canada obtenait la plus haute cote moyenne
de tous les pays du G-7 pour ces critères.
Mais nous savons que les infrastructures doivent être constamment modernisées.
C'est pourquoi les fournisseurs canadiens de télécommunications investissement
généreusement afin d'offrir les technologies de pointe à fibre optique et les
services de transmission de données à grande vitesse. Et le gouvernement canadien
a récemment investi 6 milliards de dollars dans un programme national
d'infrastructure, afin de maintenir l'avantage compétitif du Canada dans ce
domaine. Il s'agissait d'un programme à frais partagés entre les trois niveaux de
gouvernement -- municipal, provincial et fédéral -- chacun apportant une
contribution de 2 milliards de dollars.
Enfin, et cela revêt une grande importance, il y a le climat économique au Canada.
Nous prévoyons que 1997 sera une autre année de forte croissance économique,
conjuguée à une faible inflation et à des taux d'intérêt modérés. Ce redressement
économique est le produit de deux développements : la réduction des dépenses
publiques et l'accroissement des exportations. Notre gouvernement a dépassé ses
propres objectifs concernant la réduction de son déficit budgétaire. Lorsque nous
avons pris le pouvoir en octobre 1993, le déficit fédéral était de 6 p. 100 du
PIB. Aujourd'hui, il est de 2 p. 100, et nous sommes en voie d'atteindre notre
but, soit un budget équilibré.
Tous ces avantages font du Canada un endroit merveilleux où faire des affaires.
De plus, nous faisons de grands efforts pour minimiser l'intervention des pouvoirs
publics et stimuler les activités du secteur privé, par exemple en privatisant de
nombreuses entreprises publiques.
Par ailleurs, je sais que beaucoup de Canadiens ici présents veulent m'entendre
parler de la qualité de la vie au Canada. Mais la modestie m'interdit de profiter
de cette tribune pour rappeler que le Rapport mondial sur le développement humain
des Nations unies a placé le Canada au premier rang des pays du monde pour
l'ensemble de sa qualité de vie. Et une étude récente de KPMG rapportait que dans
chaque industrie, il est plus économique de faire des affaires au Canada plutôt
qu'aux États-Unis.
Il ne conviendrait pas de parler de nos villes propres et sûres, de nos taux de
criminalité qui sont moins de la moitié de ceux de nos voisins du Sud.
Et il serait proprement déloyal de mentionner que notre pays vient au deuxième
rang des pays du monde pour sa superficie, et que sa population présente la plus
faible densité de toutes les nations industrialisées. Ou que nos parcs nationaux
couvrent à eux seuls une superficie plus grande que l'Italie ou que le Japon.
Je n'aurai pas non plus la présomption de parler à cet auditoire de la pure beauté
de nos paysages, de nos rudes montagnes, de nos lacs d'eau douce, de nos côtes
pittoresques, de nos panoramas arctiques incomparables ou de nos vastes forêts
vierges. Il serait inapproprié de souligner que beaucoup de dirigeants
d'entreprises canadiens ont une résidence secondaire dans une région de montagnes
et de lacs pittoresques, à une heure à peine de nos grandes villes.
Non, je serais malvenu de mentionner tout cela, alors je n'en parlerai pas. Mais
il est impossible que 100 000 touristes suisses se soient trompés.
Bien entendu, vous pourriez me soupçonner de partialité en ce qui concerne mon
propre pays. Alors, la meilleure chose à faire, c'est d'encourager les gens
d'affaires suisses à parler aux gestionnaires de multinationales actives en
Amérique du Nord. Ils leur diront que leurs opérations au Canada affichent les
meilleurs résultats.
On pourrait ajouter que l'économie canadienne entre dans une nouvelle période de
croissance, stimulée par de fortes exportations, une inflation faible et une
productivité en hausse.
Si ces faits leur sont signalés, par des Canadiens et par des étrangers, j'ai le
pressentiment que le Canada ne passera plus inaperçu de nos amis suisses. Et le
véritable potentiel du commerce helvético-canadien se réalisera enfin.
Merci.