M. MARCHI - ALLOCUTION À L'INSTITUT PEARSON-SHOYAMA - VANCOUVER (COLOMBIE-BRITANNIQUE)
97/54 SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE SERGIO MARCHI
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL
À L'INSTITUT PEARSON-SHOYAMA
VANCOUVER (Colombie-Britannique)
Le 20 novembre 1997
Ce document se trouve également au site Internet du Ministère :
http://www.dfait-maeci.gc.ca
Je suis ravi de me joindre à vous ici à l'Institut Pearson-Shoyama, un
établissement dont le nom rappelle notre patrimoine comme nation du Pacifique et
la place que nous occupons avec fierté sur la scène mondiale.
Ce soir, j'aimerais vous livrer quelques réflexions sur ce qu'il conviendrait de
nommer les « atouts cachés du Canada ».
Ces atouts sont notre société multiculturelle, le dynamisme de nos petites et
moyennes entreprises (PME), notre solide réseau d'associations sectorielles et nos
femmes chefs d'entreprise débordantes d'activité.
Vous savez, il y a des gens qui considèrent que le multiculturalisme est une
source de discorde. En tant que fils d'immigrants, je n'ai jamais partagé cette
vue des choses. Et en tant que ministre du Commerce international, je peux vous
affirmer que notre société multiculturelle nous confère un avantage concurrentiel
considérable dans le contexte actuel de la mondialisation de l'activité
économique.
Les Canadiennes et les Canadiens sont en contact avec tous les coins du globe, et
il y a bien peu de pays qui peuvent se tourner vers le Canada sans y voir un peu
d'eux-mêmes.
Cela nous donne une bonne longueur d'avance sur nos concurrents. Les gens
préfèrent souvent transiger avec des pays où ils se sentent à l'aise, dans une
langue qu'ils parlent et où la culture ne leur est pas étrangère.
Ici, à Vancouver, certains des liens les plus étroits que nous ayons avec
l'étranger sont ceux qui nous unissent à nos voisins du bassin du Pacifique. Cela
signifie que nous avons déjà un réseau bien établi de contacts, de liens de
parenté et d'autres relations qui peuvent servir de base à l'accroissement de nos
relations commerciales.
Nous avons au sein de notre population des gens qui connaissent bien les pays du
Pacifique, qui savent comment s'y font les affaires et qui connaissent bien les
débouchés qu'on peut y trouver.
La plupart des autres pays ne jouissent tout simplement pas de cette longueur
d'avance. Et même s'il nous arrive souvent d'oublier cet atout multiculturel, nous
ne devrions jamais le sous-estimer.
Les PME représentent un autre de nos atouts. Elles comptent parmi nos entreprises
les plus dynamiques, les plus imaginatives et les plus innovatrices, et elles
constituent l'épine dorsale de notre économie. La vaste majorité des emplois au
Canada sont créés par ces petites entreprises.
Vous avez probablement déjà entendu dire que le Canada était une nation
commerçante - et bien sûr c'est tout à fait vrai : 40 p. 100 de notre produit
intérieur brut (PIB) provient de nos échanges commerciaux, et un emploi sur trois
au Canada dépend de notre capacité de vendre nos produits et nos services à
l'étranger.
Mais si le Canada est une nation commerçante, cela ne veut pas dire que nous
soyons une nation de commerçants. Seul un petit nombre d'entreprises sont
responsables de la majorité de nos exportations : près de la moitié de nos
exportations globales sont le fait de 50 grandes entreprises.
À mon avis, il faut que nous permettions aux PME de faire rayonner leur énergie
sur les marchés mondiaux. Nous devons accroître le nombre d'entreprises qui
exportent et recherchent des débouchés à l'étranger. À l'heure actuelle, environ
10 p. 100 seulement des PME réalisent des ventes à l'extérieur du pays.
En élargissant la base pour qu'elle englobe de plus en plus de petites
entreprises, nous pouvons multiplier nos débouchés et les nouveaux emplois, et
assurer par là l'avenir de nos enfants.
Il est très encourageant de constater que plus de la moitié de la délégation
d'Équipe Canada en janvier dernier se composait de PME, ce qui représentait une
hausse du tiers, environ, par rapport aux missions précédentes. En fait, des 73
contrats signés en Corée du Sud, plus des deux tiers ont été paraphés par ces
entreprises de taille moindre.
Elles ont constaté qu'il n'y a pas que des débouchés pour « les gros joueurs » et
que la capacité d'innover et de s'adapter rapidement -- qui caractérise un si grand
nombre de petites entreprises -- constitue un atout très apprécié sur les marchés
internationaux.
Elles ont constaté que bien des grandes entreprises, ici et à l'étranger,
cherchent à s'associer à des entreprises plus petites pour profiter de leurs
talents d'entrepreneurs et de leurs compétences spécialisées.
Elles ont constaté qu'il y avait des marchés à exploiter et des besoins à combler,
qu'elles avaient des services à offrir et qu'il n'était pas nécessaire d'avoir une
grosse structure corporative pour se livrer à ces activités.
Pour encourager un plus grand nombre de PME à se tourner vers les marchés
d'exportation, nous avons mis en place un certain nombre de programmes, ainsi que
toute une gamme de services adaptés à leurs besoins particuliers.
Permettez-moi d'en énumérer quelques-uns.
Avec Industrie Canada, nous avons créé les Centres du commerce international un
peu partout au pays. Il y en a un ici même, à Vancouver. Ces Centres permettent
aux petits entrepreneurs de se renseigner, en un seul endroit, au sujet de tous
les services commerciaux, y compris les conseils concernant l'exportation, que
leur offrent tous les paliers de gouvernement.
Un des aspects les plus importants et les plus encourageants, pour toute
entreprise qui souhaite exporter, c'est de savoir que quelqu'un, quelque part veut
acheter ce qu'elle vend. Nous avons constitué une énorme banque de données,
baptisée WIN Exports, qui permet d'apparier les produits et services vendus par
des entreprises canadiennes à ceux que recherchent des entreprises partout dans le
monde.
Lorsque vous inscrivez votre entreprise à WIN Exports, nos délégués commerciaux
partout dans le monde s'efforcent de dépister des clients éventuels pour vous.
Agissant comme intermédiaires, ils peuvent vous mettre en rapport avec les bonnes
personnes sur les bons marchés.
Nous avons aussi réuni tous nos services de promotion du commerce sous une même
enseigne, celle d'« Équipe Canada Inc », qui mise sur l'esprit et les succès des
missions précédentes d'Équipe Canada. Nous avons mis sur pied un groupe
consultatif de cadres d'entreprise, qui sera présidé par Lynton Wilson, de BCE et
aura pour tâche de conseiller ce nouveau service sur tous les aspects de la
promotion et de la politique commerciales.
La création d'ExportSource est une autre facette d'Équipe Canada Inc. Ce nouveau
site Internet renferme tous les renseignements sur l'exportation qu'une PME peut
souhaiter. Plus besoin de se promener d'un ministère à l'autre -- il suffit
désormais d'un simple clic de la souris, sept jours par semaine, 24 heures sur 24.
Nous modifions aussi le mode de déploiement de nos délégués commerciaux. À l'heure
actuelle, environ la moitié seulement travaillent à l'extérieur du pays. Nous
voulons réaffecter ces délégués de façon que 70 p. 100 d'entre eux soient postés à
l'extérieur du Canada en l'an 2006. En envoyant plus de délégués sur le terrain,
nous pourrons optimiser leur efficacité pour la petite entreprise.
Enfin, nous avons créé, au ministère des Affaires étrangères et du Commerce
international, un service spécial exclusivement axé sur les besoins d'exportation
des PME. Cela reflète l'importance que nous attachons à ces entreprises et
démontre notre désir de les aider à prospérer.
Ce ne sont là que quelques-uns des nombreux programmes et services offerts à la
petite entreprise. Ce que nous souhaitons, en fin de compte, c'est collaborer à
votre réussite, et nous ferons tout en notre pouvoir pour faire en sorte que vous
obteniez l'aide et le soutien dont vous avez besoin pour vendre votre produit ou
votre service à l'étranger.
Notre vaste réseau d'associations sectorielles et professionnelles est un autre de
nos atouts cachés. Ces associations assurent un lien vital entre les gouvernements
et le secteur privé -- un lien qui nous aide à aider leurs membres.
Certaines associations sont regroupées autour d'intérêts communs ou d'industries
particulières. Elles sont des sources inestimables de renseignements et servent de
point d'attraction pour la discussion de diverses questions.
D'autres associations s'articulent sur des liens culturels et nous donnent ainsi
un aperçu des ouvertures et des obstacles qui se présentent dans différentes
régions du monde. Ces organisations contribuent de façon vraiment impressionnante
à promouvoir le commerce et l'investissement avec ces diverses régions et
deviennent une partie toujours plus importante de notre stratégie commerciale
internationale.
Nous devons continuer à redéfinir leur rôle pour les associer plus étroitement à
nos entreprises et à nos ambassades à l'étranger.
Et nous devons aussi élargir les liens entre les groupes eux-mêmes. En
particulier, nous devons faire plus pour connecter certaines des associations
commerciales plus importantes, telle l'Alliance des manufacturiers et
exportateurs, aux associations commerciales ethniques plus petites. Mon ministère
est disposé à faciliter ces liens dans toute la mesure de ses moyens.
En travaillant ensemble, nous pourrons réaliser bien plus que ce qu'il nous serait
possible de faire seuls.
Notre dernier « atout caché » n'est certainement pas le moindre : ce sont les
entrepreneures du Canada. Charlotte Whitton, qui fut la mairesse d'Ottawa, a dit
un jour quelque chose que je n'ai jamais oublié. Elle a dit que la femme doit
travailler deux fois plus dur et être deux fois plus intelligente que l'homme pour
connaître la moitié de son succès. Heureusement, ajoutait-t-elle, ce n'est pas
difficile.
Nous avons encore bien du chemin à faire pour faire participer pleinement nos
dirigeantes d'entreprise à la vie économique du pays, mais nous faisons des
progrès et nous en récoltons les bienfaits.
Aujourd'hui, le tiers des entreprises canadiennes appartiennent à des femmes ou
sont dirigées par des femmes. Ces entreprises fournissent de l'emploi à près de
deux millions de Canadiens. En fait, les dirigeantes d'entreprise créent des
emplois à un rythme quatre fois plus rapide que la moyenne nationale. Ce sont là
des réalisations que nous ne pouvons ignorer parce qu'elles engendrent des
bienfaits dont nous ne pouvons nous passer.
Le taux de réussite des dirigeantes d'entreprise est près de deux fois supérieur à
celui des hommes, ce qui montre que Charlotte Whitton avait bien raison!
Et cet essor des entreprises dirigées par des femmes n'est pas confiné au Canada.
En Asie du Sud-Est, les femmes constitueront bientôt la moitié de tous les
entrepreneurs.
Nous devons donc simplement faire mieux pour fournir aux femmes qui dirigent des
entreprises les outils dont elles ont besoin pour réussir à l'étranger. Des outils
comme l'accès au capital, à la technologie, à l'information et aux marchés.
Les entreprises gérées par des femmes ont également des besoins particuliers,
notamment de meilleures garderies pour les entrepreneures qui élèvent leurs
enfants seules.
Ce n'est pas seulement une question d'équité. Je crois que c'est une question de
survie. Dans un monde où la concurrence est toujours plus vive, aucun pays ne peut
espérer réaliser son plein potentiel s'il se prive volontairement des ressources
intellectuelles et de l'esprit d'entreprise de la moitié de sa population.
Comme le Canada vise à doubler le nombre des firmes exportatrices d'ici l'an 2000,
il est évident que les dirigeantes d'entreprise doivent jouer un rôle de plus en
plus considérable. En fait, elles seront la clé de notre succès.
La semaine dernière, j'ai eu le privilège de diriger la première Mission
commerciale internationale des femmes d'affaires canadiennes à Washington, une
initiative à laquelle ont participé plus de 120 femmes venues de toutes les
régions du pays. Certaines d'entre elles dirigent des entreprises qui commencent à
songer à exporter, alors que d'autres font déjà de bonnes affaires à l'étranger.
Leur visite leur a donné une merveilleuse occasion de prendre connaissance de
nouveaux débouchés, de créer des réseaux et de prendre contact avec des
représentants clés du gouvernement.
Cette mission de quatre jours a certes aidé les participantes à atteindre leurs
objectifs d'exportation. Mais elle a aussi contribué à mieux faire comprendre
l'importance des femmes dans l'économie canadienne.
Qui plus est, la mission a montré que les entrepreneures, après avoir contribué à
fonder leur foyer et à bâtir leur collectivité, peuvent aussi jouer un rôle unique
dans la promotion de l'unité nationale par leurs réseaux de contacts d'affaires
répartis aux quatre coins du pays. C'est là une réalité impressionnante que nous
devons tous appuyer et promouvoir.
Alors que nous nous préparons à faire des entrepreneures de véritables partenaires
dans l'expansion du commerce avec le monde, nous savons qu'il y aura des défis à
surmonter et des attitudes à changer.
Mais ce sont des défis que nous devons relever, et nous les relèverons.
J'ai décrit la société multiculturelle, les petites et moyennes entreprises, les
associations commerciales et les entrepreneures du Canada comme étant des « atouts
cachés ». Il serait peut-être davantage approprié de les appeler des « armes
secrètes » à utiliser dans la lutte pour les marchés du monde!
Au cours des prochains mois, ces groupes continueront à démanteler les vieilles
barrières et à ouvrir de nouvelles possibilités. Ils resteront des éléments
dynamiques de notre participation au commerce international. Et ils maintiendront
le contact avec de vieux amis et avec de nouveaux clients de toutes les régions du
monde.
Il y a dix ans, on ne pouvait s'imaginer que le Canada deviendrait un grand centre
de commerce international. Aujourd'hui, sa progression ne peut plus être arrêtée.
Mais il y a encore des marchés à gagner, des entreprises à impliquer, et des
femmes à inclure. Je crois qu'avec tous nos atouts, nous aurons un avenir plus
prometteur que ce que nous pouvons imaginer. Développons ces atouts sagement, et
bâtissons cet avenir ensemble.