M. MARCHI - ALLOCUTION DEVANT LECONSEIL COMMERCIAL CANADA-CHINE - TORONTO (ONTARIO)
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NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE SERGIO MARCHI,
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,
DEVANT LE
CONSEIL COMMERCIAL CANADA-CHINE
TORONTO (Ontario)
Le 27 novembre 1997
Ce document se trouve également au site Internet du Ministère :
http://www.dfait-maeci.gc.ca
Permettez-moi d'abord de dire à quel point nous sommes honorés d'avoir le
président Wang avec nous aujourd'hui pour ces importantes rencontres. Je suis très
heureux d'être ici, et nous sommes enchantés que le président Jiang soit ici en
visite d'État.
J'ai grand plaisir à me trouver ici aujourd'hui et à voir autant de vieux amis.
Jim Kelleher et moi siégions autrefois face à face à la Chambre des communes;
aujourd'hui, nous nous tenons côte à côte, et je dois vous dire, Jim, que je
préfère nettement cela.
Selon votre programme, je note que je suis le conférencier canadien principal.
J'ai toujours été grandement honoré d'être le conférencier principal, ou le «
keynote speaker » en anglais, jusqu'à ce qu'on me dise que la tonique, ou
« keynote », est la note la plus basse sur l'échelle musicale!
Je ferai de mon mieux pour que mes propos ne soient pas le point creux de vos
rencontres!
Je voudrais d'abord remercier le Conseil commercial Canada-Chine pour son énorme
contribution à la promotion du commerce et des échanges de capitaux entre nos deux
pays. Peu de nations offrent autant de potentiel et de possibilités aux
entreprises canadiennes que la Chine. Grâce à vos efforts et à ceux d'autres
intervenants, nous manifestons notre engagement à réaliser ce potentiel.
Qu'il se soit agi d'organiser la fructueuse visite Équipe Canada du premier
ministre en 1994 ou de jouer un rôle clé dans la récente « Mission Québec » du
premier ministre Bouchard, votre Conseil a aidé à tenir la lanterne et à éclairer
la voie à nombre d'entre nous.
Aujourd'hui, j'aimerais parler brièvement de l'avenir de la relation commerciale
Canada-Chine, et du rôle que vous pouvez jouer, avec d'autres, dans le
développement de cette relation.
Trouver la porte de l'APEC
À certains égards, le thème que vous avez choisi pour cette réunion annuelle --
Trouver la bonne porte -- pourrait être appliqué très justement à la réunion de
l'APEC [Coopération économique Asie-Pacifique] qui s'est achevée plus tôt cette
semaine à Vancouver.
Parce que je crois que lorsque l'histoire de l'APEC sera écrite, malgré
l'attention portée aux problèmes de devises et à l'altercation sur le campus de
l'Université, on se souviendra de la réunion de Vancouver comme le moment où
l'APEC est arrivée à maturité. Quant à la libéralisation du commerce, on s'en
rappellera comme de l'époque où nous avons trouvé la bonne porte.
En 1962, lorsqu'il a introduit le Trade Expansion Act, le président Kennedy a
rappelé aux Américains -- et au monde -- que « dans la vie de toute nation, vient un
moment où elle se trouve à un carrefour, un moment où elle peut ou bien craindre
l'avenir et se retirer dans sa coquille, ou bien aller de l'avant et affirmer sa
détermination et sa foi dans une mer incertaine ».
Ces dernières semaines, l'Asie s'est vue confrontée à une mer incertaine. Et dans
ces circonstances, il était peut-être compréhensible que certains proposent de
chercher refuge dans des ports commodes et de se retrancher dans des havres
protectionnistes pour attendre la fin de la tempête.
Mais l'APEC a eu la sagesse de comprendre la folie de tels conseils, sachant que
les progrès ne sont jamais fondés sur la certitude et la sécurité. L'APEC a
compris que, aujourd'hui plus que jamais, nous devons avoir le courage de naviguer
sur ces « mers incertaines ».
Plutôt que de battre en retraite, l'APEC a choisi d'aller de l'avant. Plutôt que
de nous replier sur nous-mêmes, nous avons choisi de nous tourner vers
l'extérieur. Un ensemble important et équilibré de 15 secteurs a été choisi par
les ministres du Commerce et entériné par les dirigeants. Nous avons également
convenu que neuf de ces secteurs feront l'objet d'une accélération de sorte que
les droits de douane commencent à chuter d'ici janvier 1999. Plusieurs de ces
secteurs ont une importance particulière pour le Canada -- poisson et produits de
la pêche, produits forestiers, énergie et télécommunications.
Nous avons recherché plus d'ouverture que jamais dans nos économies, dans nos
régimes commerciaux et dans nos sociétés. Et je suis fier de dire que nous nous
sommes nous-mêmes placés sur une voie dont nous ne dévierons pas.
Et je peux aussi vous dire que les progrès que nous avons réalisés ces derniers
jours n'auraient jamais été possibles sans l'aide du ministre Wu Yi et de sa
délégation chinoise.
Cela n'a pas de quoi nous étonner. Le Canada sait que la Chine, au plan du
commerce, s'est engagée à bâtir des ponts et à abattre des murs, à ouvrir des
portes et des débouchés, et à participer pleinement aux avantages de la
mondialisation.
Canada-Chine
Aujourd'hui, la Chine et le Canada partagent plusieurs objectifs communs. Nous
avons, par exemple, collaboré pour promouvoir l'accent que l'APEC met sur
l'édification de l'infrastructure de base qui est si cruciale pour le
développement économique de cette région.
Nous partageons les mêmes préoccupations concernant l'environnement. Et, à titre
d'ex-ministre de l'Environnement, je suis enchanté que la Chine établisse à
Beijing un Centre de recherches environnementales de l'APEC.
Et, bien sûr, la Chine a offert d'accueillir l'APEC en 2001, ce qui montre
clairement son attachement à l'APEC et à ses objectifs.
Le Canada se réjouit des efforts de la Chine pour libéraliser son régime
commercial, et nous lui souhaitons du succès dans cette entreprise. Nous savons
que cette année seulement, la Chine a abaissé ses droits de douane sur environ 4
000 articles et qu'elle a accepté d'abandonner ses subventions à l'exportation de
produits agricoles.
Ces efforts n'ont pas été faciles -- le changement l'est rarement. Mais ils sont
nécessaires si la Chine veut jouer le rôle qui lui appartient dans le système
commercial international de demain.
Pour toutes ces raisons, et bien d'autres, le Canada appuie fermement l'accession
de la Chine à l'OMC [Organisation mondiale du commerce]. Nous voulons nous assurer
que la Chine adhère à l'OMC à des conditions mutuellement avantageuses -- qui
maintiennent la nature dynamique de son économie tout en maintenant la force de
l'OMC. J'ai personnellement hâte de voir le jour où la Chine franchira ce seuil et
fera son entrée à l'OMC.
Nous profiterons tous de l'adhésion éventuelle de la Chine à l'OMC. Cette adhésion
assujettira nos liens commerciaux aux règles de l'OMC. Elle favorisera la
transparence et la prévisibilité et permettra le règlement objectif des différends
commerciaux. Elle améliorera notre capacité de soutenir la concurrence en Chine.
Et, en Chine même, elle contribuera à promouvoir davantage la primauté du droit.
L'avenir de la relation commerciale
Je n'ai pas besoin de vous rappeler les liens historiques qui unissent nos deux
pays. L'histoire a fait de nous des amis, et le commerce a fait de nous des
partenaires. En fait, la Chine est maintenant le troisième partenaire commercial
du Canada.
Mais si solides que puissent être nos liens économiques, nous savons que nous ne
faisons encore que gratter la surface et qu'un vaste potentiel reste à réaliser.
Notre tâche est de faire de ces possibilités des réalités. Je pense qu'il y a
quatre façons d'y parvenir.
Premièrement, nous devons renforcer le rôle des associations commerciales et des
groupements de gens d'affaires. Des organismes comme le vôtre ont déjà fait
beaucoup pour accroître le commerce entre la Chine et le Canada, le faisant passer
de juste un peu plus de 161 millions de dollars en 1970 à plus de 10 milliards de
dollars aujourd'hui.
Votre expertise et votre expérience nous seront d'une utilité incalculable. Vos
membres sont sur le terrain. Ils connaissent les intervenants, ils connaissent la
culture, et ils connaissent la langue. Ils savent comment trouver -- et ouvrir --
les bonnes portes.
En unissant nos efforts, nous pouvons réaliser bien plus que ce que nous pourrions
faire seuls.
Je vous invite donc à me dire comment le gouvernement et le secteur privé peuvent
collaborer pour cultiver les liens commerciaux. Ce n'est pas une invitation de
pure forme. Lorsque j'ai été nommé ministre du Commerce international, j'ai donné
comme priorité à mon Ministère de dynamiser le rôle des associations commerciales,
des conseils de gens d'affaires et des chambres de commerce. Et d'examiner comment
nous pouvons rendre ces organismes plus utiles aux entreprises canadiennes qui
recherchent des marchés à l'étranger. Et aussi d'examiner comment nous pouvons les
amener à collaborer plus efficacement avec nos ambassadeurs et nos délégués
commerciaux, surtout sur des marchés aussi distincts que la Chine.
Les associations professionnelles et les groupements de gens d'affaires aident
aussi à établir les relations personnelles qui sont essentielles pour faire des
affaires en Asie. Le fax-à-fax ne remplacera jamais le face-à-face et, en
développant les partenariats et les relations personnelles, ces associations
rendent un service inestimable.
Deuxièmement, nous devons apprendre à mieux utiliser nos délégués commerciaux. Je
considère nos délégués commerciaux comme une sorte d'éclaireurs, qui connaissent
le terrain et peuvent mettre nos entreprises sur la bonne voie.
Le Canada compte actuellement 13 délégués commerciaux dans trois missions en
Chine. J'entends envoyer un plus grand nombre de délégués commerciaux sur le
terrain. La moitié de nos délégués commerciaux travaillent actuellement au Canada,
et la moitié à l'extérieur du pays. J'ai récemment annoncé que nous affecterons
70 p. 100 de nos délégués commerciaux à l'étranger, là où leurs services sont le
plus requis.
Le nombre des missions canadiennes en Chine va aussi augmenter. Nous allons ouvrir
un consulat à Chongqing l'an prochain pour aider les compagnies canadiennes à
Chongqing et dans la province du Sichuan, qui forment ensemble un marché de 120
millions de consommateurs. Nous allons aussi reclasser à la hausse notre bureau
commercial à Guangzhou et en faire un consulat général plus tard dans l'année.
Et nous avons été ravis d'entendre le président Jiang annoncer au début de la
semaine que la Chine allait ouvrir un consulat à Calgary. L'expansion de ces
échanges à deux voies et de la ressource que constituent nos délégués commerciaux
nous aideront à réaliser tout notre potentiel en Chine.
Troisièmement, nous devons cibler précisément les bonnes portes. Par conséquent,
je dévoile aujourd'hui notre Plan d'action commercial pour la Chine et Hong Kong
de 1998. Ce plan est une autre étape importante de l'approche prospective d'Équipe
Canada pour le renforcement de notre partenariat économique avec la Chine.
Il recense les secteurs prioritaires et les nouveaux marchés qui s'offrent aux
exportateurs canadiens. Il souligne notre détermination de coopérer avec les
petites et moyennes entreprises qui sont prêtes à exporter, et il nous aide à
atteindre notre objectif qui est de doubler le nombre des exportateurs actifs
d'ici l'an 2000. Nous allons aussi continuer nos efforts pour obtenir un meilleur
accès pour nos entreprises et pour conclure un accord de protection de
l'investissement étranger.
Ce plan d'action ouvre la porte -- la bonne porte -- aux marchés à grand potentiel
comme le delta du Yangtze, qui connaît un taux de croissance phénoménal.
Plus de 193 millions de personnes vivent dans un rayon de 500 kilomètres de
Shanghai, soit la distance entre Montréal et Toronto. Et dire que Mel Lastman
croit avoir du pain sur la planche avec sa mégaville!
Mais les possibilités sont proprement stupéfiantes. Une étude effectuée pour la
Banque mondiale révèle que cette région fera des investissements substantiels dans
ses infrastructures d'ici quelques années :
-
près de 12 milliards de dollars pour 170 usines de traitement de l'eau;
-
plus de 5 milliards pour 166 usines d'épuration des eaux usées;
-
et 27 000 kilomètres de routes à construire, et 3 200 kilomètres de voies
ferrées à construire ou à rénover.
Ce qui est vraiment encourageant, c'est que le Canada est un chef de file mondial
dans plusieurs des domaines où les besoins sont le plus pressants, dans le delta
du Yangtze et dans toute la Chine : les technologies environnementales,
l'infrastructure des transports, la production d'électricité, les technologies de
l'information et les communications.
Alors, comme dirait mon ami le sénateur Jack Austin, des « débouchés
inéluctables » nous attendent en Chine. Mais nous devons nous donner une approche
stratégique et focalisée.
Enfin, notre ressource humaine est notre meilleur atout pour développer nos
relations commerciales. La population chinoise du Canada dépasse aujourd'hui le
million. Lorsque la Chine observe le Canada, elle peut donc voir les reflets de sa
propre culture.
La plupart des pays n'ont aucun de ces atouts. Et en tant que ministre du
Commerce, je me dois de souligner l'avantage concurrentiel qu'ils représentent.
Nous avons des gens qui connaissent la Chine, qui comprennent la façon dont les
affaires y sont menées, et qui apprécient les possibilités qui s'offrent sur ses
marchés. Les liens familiaux, la compréhension culturelle et le sens des affaires
de nos communautés chinoises constituent l'une des « bonnes portes » dont vous
parliez cette semaine. Nous nous efforçons d'intensifier nos échanges
interpersonnels, et l'établissement d'une Association parlementaire Canada-Chine
serait un pas concret en ce sens. Par cette exportation et cette importation de
valeurs, nous faisons fond sur une relation d'ouverture qui renforce notre
partenariat commercial.
Par conséquent, cet atout multiculturel que nous avons souvent tendance à oublier,
il ne faudrait jamais le sous-estimer.
Conclusion
Coopération plus étroite avec nos associations professionnelles et nos groupements
de gens d'affaires, meilleure utilisation de nos délégués commerciaux, mise en
oeuvre d'un plan d'action dynamique qui cible nos marchés en Chine, et meilleure
appréciation et utilisation des ressources que représente notre société
multiculturelle, voilà certains des moyens d'ouvrir les bonnes portes et de nouer
des liens commerciaux plus forts avec la Chine.
Pour donner un nouvel élan à notre relation bilatérale et faire fond sur l'Année
canadienne de l'Asie-Pacifique, je me rendrai en Chine avec une délégation de gens
d'affaires au printemps de 1998. Et je compte bien collaborer avec votre Conseil
pour cette visite.
En terminant, je me rappelle ce que je lisais récemment au sujet de la culture du
bambou. Nos amis chinois en savent sans doute plus long que les Canadiens au sujet
du bambou, mais je lisais dans un article que, lorsqu'on plante du bambou, on ne
voit rien pousser pendant des années; la plante étend alors un vaste et complexe
réseau de racines.
Puis, après être resté pendant environ quatre ans à l'état de pousse minuscule, le
bambou peut pousser jusqu'à 15 mètres en une seule année.
De plus d'une façon, je crois, la relation commerciale du Canada avec la Chine est
comme le plant de bambou. Ceux d'entre vous qui l'ont semé et cultivé au fil des
années ont déjà observé les signes de son immense potentiel.
Ne nous laissons donc pas décourager, mais prenons comme guide la notion chinoise
de « guanxi », la croyance que les racines d'une relation solide demandent du
temps et un engagement personnel. Si nous sommes patients et continuons à cultiver
cette relation, je crois qu'elle deviendra plus forte et plus robuste que nous ne
pouvons l'imaginer. Alors, avançons, en sachant qu'il n'est rien que nous ne
puissions faire en unissant nos efforts et que, quelque considérables qu'aient été
nos progrès dans le passé, nos plus grandes réalisations restent à accomplir.
Je vous remercie.