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<html> <head> <meta name="Generator" content="Corel WordPerfect 8"> <title>M. AXWORTHY : ALLOCUTION AU SYMPOSIUM DU BICENTENAIRE DU MIDDLEBURY COLLEGE SUR LES AFFAIRES INTERNATIONALES - NEW YORK, NEW YORK</title> </head> <body text="#000000" link="#0000ff" vlink="#551a8b" alink="#ff0000" bgcolor="#c0c0c0"> <p><font size="+1"></font><font face="Arial" size="+1"></font><font face="Arial" size="+1"><strong>2000/12 <u>SOUS R&Eacute;SERVE DE MODIFICATIONS</u></strong></font><font face="Arial" size="+1"><u></u></font></p> <p align="CENTER"><font face="Arial" size="+1"><strong>NOTES POUR UNE ALLOCUTION</strong></font></p> <p align="CENTER"><font face="Arial" size="+1"><strong>DE</strong></font></p> <p align="CENTER"><font face="Arial" size="+1"><strong>L'HONORABLE LLOYD AXWORTHY,</strong></font></p> <p align="CENTER"><font face="Arial" size="+1"><strong>MINISTRE DES AFFAIRES &Eacute;TRANG&Egrave;RES,</strong></font></p> <p align="CENTER"><font face="Arial" size="+1"><strong>AU SYMPOSIUM DU BICENTENAIRE DU MIDDLEBURY COLLEGE</strong></font></p> <p align="CENTER"><font face="Arial" size="+1"><strong>SUR LES AFFAIRES INTERNATIONALES</strong></font></p> <p><font face="Arial" size="+1"><strong>NEW YORK, New York</strong></font></p> <p><font face="Arial" size="+1"><strong>Le 30 mars 2000</strong></font></p> <p><font face="Arial">Je suis tr&egrave;s heureux de me trouver parmi vous ce soir pour c&eacute;l&eacute;brer le bicentenaire de Middlebury College. C'est aussi un privil&egrave;ge pour moi de vous adresser la parole ici m&ecirc;me, dans cette grande institution qu'est la New York Public Library. Tout comme le Middlebury&nbsp;College, en effet, la New York Public Library est depuis longtemps un mod&egrave;le de l'apprentissage de la d&eacute;mocratie. On ne pourrait envisager un endroit plus appropri&eacute; pour souligner ce jalon dans l'histoire du coll&egrave;ge.</font></p> <p><font face="Arial">Depuis 200&nbsp;ans, Middlebury incarne la quintessence de l'exp&eacute;rience am&eacute;ricaine&nbsp;: son esprit d'entreprise, son humanit&eacute;, son attachement aux valeurs d&eacute;mocratiques et son ind&eacute;pendance. Cette tradition, ancr&eacute;e dans l'exp&eacute;rience du Si&egrave;cle des lumi&egrave;res et d'une r&eacute;volution, a fait de Middlebury un centre du savoir hors pair et qui a fait ses preuves. Il est tout &agrave; fait &eacute;vident &agrave; mes yeux que ces valeurs communes, qui sont le fondement m&ecirc;me de la vie publique dans ce pays, restent tr&egrave;s vivantes &agrave; Middlebury au moment o&ugrave; l'institution entame le troisi&egrave;me si&egrave;cle de son existence.</font></p> <p><font face="Arial">J'ai moi-m&ecirc;me &eacute;t&eacute; expos&eacute; &agrave; cette tradition pendant les ann&eacute;es&nbsp;1960. Apr&egrave;s avoir termin&eacute; mes &eacute;tudes sup&eacute;rieures &agrave; Princeton, c'est en effet &agrave; Middlebury que j'ai d&eacute;croch&eacute; mon premier emploi, &agrave; titre de professeur de sciences politiques. C'&eacute;tait une p&eacute;riode de bouillonnement et de mutation, et bon nombre des valeurs qui sont le fondement m&ecirc;me du coll&egrave;ge faisaient &agrave; l'&eacute;poque l'objet d'un &acirc;pre d&eacute;bat dans votre pays.</font></p> <p><font face="Arial">Les &Eacute;tats-Unis prenaient conscience du fait que, pour un grand nombre de citoyens, l'&eacute;galit&eacute; devant la loi &eacute;tait loin d'&ecirc;tre une r&eacute;alit&eacute; et que l'&eacute;galit&eacute; des chances ne restait qu'un r&ecirc;ve. Ces ann&eacute;es m'ont form&eacute;, comme elles ont form&eacute; votre r&eacute;publique.</font></p> <p><font face="Arial">En janvier 1965, avec d'autres membres du corps enseignant et une vingtaine d'&eacute;tudiants, je me suis rendu &agrave; Montgomery, en Alabama, pour participer &agrave; une manifestation en faveur des droits civils, pour voir et entendre Martin Luther King Jr. Cette exp&eacute;rience m'en a beaucoup appris sur les droits des gens et les obligations de l'&Eacute;tat. J'en ai aussi retir&eacute; une importante le&ccedil;on sur l'autorit&eacute;, &agrave; savoir que celle-ci n'est pas absolue. L'autorit&eacute; est conditionnelle, c'est-&agrave;-dire qu'elle doit &ecirc;tre exerc&eacute;e comme il convient par ceux et celles qui la poss&egrave;dent. Cette exp&eacute;rience a montr&eacute; que, quand un gouvernement viole les droits fondamentaux d'une partie de sa population, il faut contester sa l&eacute;gitimit&eacute;. Elle m'a aussi enseign&eacute; que, lorsque les vieilles fa&ccedil;ons de faire ne s'appliquent plus, il ne faut pas avoir peur de chercher de nouvelles solutions, de changer ce qui ne va plus.</font></p> <p><font face="Arial">Voil&agrave; ce que le mouvement en faveur des droits civils a fait pour votre pays. L'adoption du <em>Voting Rights Act</em> a &eacute;t&eacute; une de ses r&eacute;alisations les plus importantes. Cette loi a &eacute;tabli clairement que des pouvoirs in&eacute;gaux ne peuvent ni ne doivent se traduire par des droits in&eacute;gaux. Elle a ench&acirc;ss&eacute; des principes inali&eacute;nables et affirm&eacute; sans ambigu&iuml;t&eacute; qu'il existe des codes de conduite universels dont il faut assurer le respect en &eacute;tablissant la primaut&eacute; du droit.</font></p> <p><font face="Arial">On assistait en m&ecirc;me temps &agrave; la multiplication des efforts sur la sc&egrave;ne internationale, souvent sous les auspices des &Eacute;tats-Unis, pour &eacute;tablir des normes et des codes de conduite qui devaient s'appliquer &agrave; toute l'humanit&eacute;. Ces d&eacute;marches &eacute;taient une r&eacute;action aux horreurs de la Seconde Guerre mondiale. En effet, les conventions et les instruments internationaux qui existaient &agrave; l'&eacute;poque avaient &eacute;t&eacute; insuffisants pour contrer les souffrances humaines massives qui avaient &eacute;t&eacute; provoqu&eacute;es, et c'est l&agrave; une bien triste ironie, au nom du pouvoir et du prestige de l'&Eacute;tat.</font></p> <p><font face="Arial">L'holocauste nous a forc&eacute;s &agrave; examiner s&eacute;rieusement le r&ocirc;le que doivent jouer les normes et les codes internationaux dans la conduite des affaires mondiales. Elle nous a aussi amen&eacute;s &agrave; repenser les principes de la souverainet&eacute; nationale. &Agrave; mon avis, Isaiah Berlin a vu juste lorsqu'il a dit que l'obligation premi&egrave;re dont tout syst&egrave;me politique doit s'acquitter envers la population, c'est, d'abord et avant tout, d'emp&ecirc;cher les souffrances extr&ecirc;mes. Il avait aussi raison de dire que les camps de concentration repr&eacute;sentaient la justification la plus &eacute;vidente qu'on puisse imaginer de la n&eacute;cessit&eacute; d'une loi morale universelle.</font></p> <p><font face="Arial">Les proc&egrave;s de Nuremberg sont venus attester que les violations grotesques et extr&ecirc;mes des droits fondamentaux ne pouvaient rester impunies. La Charte des Nations Unies, la D&eacute;claration universelle des droits de l'homme, les Conventions de Gen&egrave;ve et la Convention sur le g&eacute;nocide sont pr&eacute;cis&eacute;ment issues de cette prise de conscience&nbsp;: la souffrance humaine ne saurait &ecirc;tre un &eacute;l&eacute;ment acceptable ou in&eacute;vitable de l'art de gouverner. Ces instruments ont &eacute;tabli les fondements, en droit international et dans la pratique, qui servent &agrave; contester les notions classiques de la souverainet&eacute; quand des actes manifestement criminels sont commis.</font></p> <p><font face="Arial">Et ils ont une pertinence &eacute;vidente &agrave; notre &eacute;poque, o&ugrave; les souffrances extr&ecirc;mes restent beaucoup trop fr&eacute;quentes.</font></p> <p><font face="Arial">Les dangers qui guettent les gens aujourd'hui ne cessent de s'accro&icirc;tre. Les violations flagrantes des droits de la personne, la d&eacute;gradation de l'environnement, le crime transnational organis&eacute;, les maladies infectieuses et le trafic de la drogue menacent tous la s&eacute;curit&eacute; de l'individu. Ces ph&eacute;nom&egrave;nes influent sur la vie de tous les jours, ils sapent la volont&eacute; des gens et des nations et ils minent les fondements du progr&egrave;s. Mais de toutes les menaces qui p&egrave;sent sur les populations civiles, c'est la guerre, dans sa forme actuelle, qui reste la plus grave.</font></p> <p><font face="Arial">Au cours des dix derni&egrave;res ann&eacute;es, plus d'une centaine de conflits ont &eacute;clat&eacute;, ont repris ou se sont intensifi&eacute;s dans diverses r&eacute;gions du monde, mettant en p&eacute;ril la vie de multitudes d'&ecirc;tre humains. Ce qui est diff&eacute;rent aujourd'hui, c'est la nature de ces conflits. La majorit&eacute; des affrontements ne sont plus entre des &Eacute;tats, mais au contraire se d&eacute;roulent presque enti&egrave;rement &agrave; l'int&eacute;rieur des fronti&egrave;res nationales. Souvent ancr&eacute;s dans les divisions religieuses ou ethniques, ces conflits sont plus violents, plus pernicieux et plus insidieux que jamais. Au d&eacute;but du si&egrave;cle dernier, 90&nbsp;p. 100 des victimes &eacute;taient des militaires; &agrave; la fin du si&egrave;cle, 90&nbsp;p. 100 des victimes &eacute;taient des civils. La Bosnie, le Kosovo, le Rwanda et, tout r&eacute;cemment, le Timor-Oriental illustrent clairement les cons&eacute;quences tragiques de cette nouvelle r&eacute;alit&eacute;; ces exemples montrent de fa&ccedil;on fulgurante que les anciennes fa&ccedil;ons de mener la politique &eacute;trang&egrave;re sont aujourd'hui d&eacute;pass&eacute;es.</font></p> <p><font face="Arial">Des millions de personnes vuln&eacute;rables ont &eacute;t&eacute; chass&eacute;es de leurs foyers, pouss&eacute;es vers des fronti&egrave;res ouvertes un instant puis ferm&eacute;es l'instant d'apr&egrave;s, forc&eacute;es de se cacher, s&eacute;par&eacute;es de leurs familles, utilis&eacute;es comme boucliers, d&eacute;pouill&eacute;es de leur identit&eacute;, victimes d'abus sexuels et froidement assassin&eacute;es. Un nombre incalculable d'autres se sont vu refuser l'acc&egrave;s &agrave; la nourriture et aux m&eacute;dicaments n&eacute;cessaires &agrave; leur survie. Il existe aujourd'hui un m&eacute;pris &eacute;hont&eacute; pour la vie et les valeurs humaines.</font></p> <p><font face="Arial">La n&eacute;cessit&eacute; de combattre ces menaces est au cœur de l'approche adopt&eacute;e par le Canada vis-&agrave;-vis la politique &eacute;trang&egrave;re. C'est ce que nous appelons notre programme de la s&eacute;curit&eacute; humaine -- un programme qui accorde la priorit&eacute; aux droits et &agrave; la protection de la personne.</font></p> <p><font face="Arial">Voil&agrave; d&eacute;j&agrave; quatre ans que nous nous employons &agrave; promouvoir les objectifs de ce programme, car nous croyons que nous sommes confront&eacute;s aujourd'hui &agrave; une nouvelle r&eacute;alit&eacute; troublante, c'est-&agrave;-dire &agrave; une tendance &agrave; exposer de plus en plus les populations civiles aux dangers que je viens d'&eacute;voquer, et ce, &agrave; l'&eacute;chelle mondiale. Le caract&egrave;re prioritaire donn&eacute; &agrave; la s&eacute;curit&eacute; humaine met en lumi&egrave;re le fait que la th&eacute;orie et la pratique des relations internationales subissent pr&eacute;sentement une profonde transformation.</font></p> <p><font face="Arial">Nous nous employons aussi &agrave; favoriser le d&eacute;veloppement d'une nouvelle coalition des forces politiques en vue d'assurer le respect des trait&eacute;s internationaux d&eacute;j&agrave; en place et de faire adopter de nouvelles conventions pour contrer les nouvelles menaces qui surgissent. Cette coalition unique en son genre est compos&eacute;e de gouvernements, d'organisations non gouvernementales [ONG] et d'experts qui unissent leurs efforts pour affirmer ensemble que la protection de l'individu est une condition essentielle &agrave; la r&eacute;alisation de la paix et de la s&eacute;curit&eacute; dans le monde.</font></p> <p><font face="Arial">&Agrave; mon avis, la menace qui p&egrave;se sur la s&eacute;curit&eacute; humaine est l'un des probl&egrave;mes les plus graves qui se posent &agrave; la communaut&eacute; internationale &agrave; l'aube de ce nouveau si&egrave;cle. Or, je suis fermement convaincu que le Canada a un r&ocirc;le tout &agrave; fait particulier &agrave; jouer dans la recherche de solutions &agrave; ce probl&egrave;me. Nous sommes une soci&eacute;t&eacute; affluente, tr&egrave;s marqu&eacute;e par la diversit&eacute;. Nous n'avons aucune ambition territoriale et aucun ennemi naturel. Et surtout, nous avons appliqu&eacute; avec succ&egrave;s un programme de s&eacute;curit&eacute; humaine &agrave; l'int&eacute;rieur de nos propres fronti&egrave;res. Donc, si je joue un peu les trouble-f&ecirc;te, si je vous pousse dans une direction qui ne vous sourit gu&egrave;re &agrave; prime abord, eh bien, comme le dit la chanson de South Park&nbsp;: «&nbsp;Bl&acirc;mez le Canada!&nbsp;»</font></p> <p><font face="Arial">En raison de la nature m&ecirc;me des conflits modernes, il a fallu axer de plus en plus les pr&eacute;occupations relatives &agrave; la s&eacute;curit&eacute; sur le co&ucirc;t humain de la violence. En l'occurrence, la pratique a pris le pas sur la th&eacute;orie. La campagne en vue d'interdire les mines terrestres et les d&eacute;marches qui ont men&eacute; &agrave; la mise sur pied de la Cour criminelle internationale ont d&eacute;montr&eacute; la puissance d'une approche de la s&eacute;curit&eacute; centr&eacute;e sur la personne humaine. Les mines terrestres repr&eacute;sentent une menace bien plus grande pour la s&eacute;curit&eacute; des gens que pour le bien-&ecirc;tre des &Eacute;tats. Elles ne contribuent gu&egrave;re &agrave; la s&eacute;curit&eacute; des &Eacute;tats mais elles ont un impact d&eacute;vastateur sur les efforts faits par les gens pour refaire des vies d&eacute;vast&eacute;es par la guerre. La Convention d'Ottawa interdit l'utilisation de ces armes qui frappent sans discernement. Elle a emp&ecirc;ch&eacute; la pose d'innombrables nouvelles mines, elle a contribu&eacute; &agrave; la destruction de millions d'engins stock&eacute;s dans les arsenaux &agrave; travers le monde et elle a favoris&eacute; l'enl&egrave;vement d'une multitude de mines d&eacute;j&agrave; enfouies dans le sol.</font></p> <p><font face="Arial">Pour sa part, la Cour criminelle internationale, qui a &eacute;t&eacute; cr&eacute;&eacute;e &agrave; Rome sous la pr&eacute;sidence du Canada, tient les auteurs d'atrocit&eacute;s responsables de leurs actes et promet d'emp&ecirc;cher que se commettent &agrave; l'avenir des abus &agrave; l'endroit de civils sans d&eacute;fense. Elle est la premi&egrave;re grande institution internationale &agrave; &ecirc;tre mise sur pied dans le but de combattre les crimes de guerre, les crimes contre l'humanit&eacute; et le g&eacute;nocide. &Agrave;&nbsp;ce titre, elle est une &eacute;tape d&eacute;cisive vers la responsabilisation des auteurs de ces m&eacute;faits devant la communaut&eacute; des peuples.</font></p> <p><font face="Arial">Permettez-moi de prendre quelques instants pour saluer la contribution de deux Vermontois &agrave; ce mouvement en faveur de la s&eacute;curit&eacute; humaine. Le s&eacute;nateur Patrick&nbsp;Leahy a &eacute;t&eacute; un grand alli&eacute; dans la campagne en vue d'interdire les mines terrestres et il continue de militer ferme &agrave; Washington en faveur de la ratification de la Convention d'Ottawa. Quant &agrave; Jody&nbsp;Williams, laur&eacute;ate du prix Nobel de la paix, elle est la preuve vivante de la force que rev&ecirc;t cette nouvelle forme de diplomatie, qui allie des concepts tr&egrave;s puissants &agrave; un travail inlassable de persuasion, &agrave; des activit&eacute;s de promotion publique et &agrave; la cr&eacute;ation de partenariats avec la soci&eacute;t&eacute; civile, et qui s'est r&eacute;v&eacute;l&eacute;e un instrument remarquablement efficace pour faire &eacute;voluer les priorit&eacute;s des gouvernements et promouvoir la s&eacute;curit&eacute; humaine.</font></p> <p><font face="Arial">En privil&eacute;giant l'&ecirc;tre humain plut&ocirc;t que de se concentrer exclusivement sur la s&eacute;curit&eacute; du territoire ou sur les gouvernements, ces deux animateurs affirment la n&eacute;cessit&eacute; de mettre les gens sur le m&ecirc;me pied que les &Eacute;tats dans les relations internationales.</font></p> <p><font face="Arial">Cette notion n'est pas sans en inqui&eacute;ter certains, mais elle ne le devrait pas. La s&eacute;curit&eacute; humaine ne remplace pas la s&eacute;curit&eacute; nationale -- bien au contraire. En effet, les &Eacute;tats d&eacute;mocratiques tol&eacute;rants qui sont dot&eacute;s d'institutions ouvertes renforcent la s&eacute;curit&eacute; humaine de leurs citoyens et, par l&agrave;, leur propre souverainet&eacute;. Et m&ecirc;me plus, l'&Eacute;tat reste l'instrument le plus puissant d'action collective pour la d&eacute;fense de la s&eacute;curit&eacute; humaine.</font></p> <p><font face="Arial">Certains voient dans la d&eacute;fense de la s&eacute;curit&eacute; humaine une remise en question directe des droits souverains des &Eacute;tats. Mais l'intervention qui vise &agrave; prot&eacute;ger les gens qui souffrent n'est pas une attaque directe contre la souverainet&eacute;. Pour qu'une telle action puisse m&ecirc;me &ecirc;tre envisag&eacute;e, il faut qu'un &Eacute;tat se refuse &agrave; prot&eacute;ger ses citoyens ou en soit incapable. Dans un tel cas, ou bien cet &Eacute;tat s'est effondr&eacute;, ou bien il a failli &agrave; ses devoirs envers ses citoyens. Le seul but que doit alors poursuivre la communaut&eacute; internationale est de mettre fin aux souffrances massives de la population civile. C'est de cette fa&ccedil;on que nous pouvons assurer la souverainet&eacute; de l'&Eacute;tat &agrave; long terme.</font></p> <p><font face="Arial">On pardonnera ais&eacute;ment aux victimes du colonialisme et d'autres formes d'intervention externe de se montrer sceptiques. Pour ces gens-l&agrave;, intervention est devenu synonyme d'intrusion. Pourtant, l'une n'attire pas forc&eacute;ment l'autre. Pr&eacute;venir les abus, mettre fin aux atrocit&eacute;s et g&eacute;rer les cons&eacute;quences de la guerre sont des enjeux qui concernent aussi les &Eacute;tats d&eacute;mocratiques, car ils ont un impact sur leur propre situation et, cela va sans dire, sur la stabilit&eacute; du monde qui les entoure.</font></p> <p><font face="Arial">Cette question ne se pr&ecirc;te pas &agrave; des solutions faciles. Elle nous confronte tous &agrave; de s&eacute;rieux d&eacute;fis, que nous appartenions au secteur public, au milieu universitaire, &agrave; la soci&eacute;t&eacute; civile ou au monde des m&eacute;dias. Elle n'en commande pas moins notre examen attentif, car elle a, en ce d&eacute;but de si&egrave;cle, une incidence d&eacute;terminante sur le contenu et l'orientation des priorit&eacute;s de la communaut&eacute; internationale. Nous devons tous prendre part &agrave; ce d&eacute;bat -- &agrave; Ottawa, &agrave; Middlebury et sur les ondes de CNN.</font></p> <p><font face="Arial">Comme l'a d&eacute;clar&eacute; le Secr&eacute;taire g&eacute;n&eacute;ral des Nations Unies, Kofi Annan, le mot intervention a un sens plus b&eacute;nin. Nous applaudissons tous le policier qui intervient pour arr&ecirc;ter une bagarre ou l'enseignant qui emp&ecirc;che les plus grands de bousculer les plus petits. Et la m&eacute;decine utilise le mot intervention pour d&eacute;crire l'action du chirurgien qui sauve des vies en intervenant pour enlever une tumeur maligne ou pour r&eacute;parer des organes. Le sens des interventions destin&eacute;es &agrave; mettre fin &agrave; la souffrance est tout aussi large.</font></p> <p><font face="Arial">L'intervention humanitaire ne se r&eacute;sume pas aux actions coercitives. Les mesures pr&eacute;ventives et non coercitives sont souvent le meilleur moyen, et certainement le plus souhaitable, d'assurer la s&eacute;curit&eacute; des gens. Je parle ici des efforts de m&eacute;diation destin&eacute;s &agrave; mettre fin aux tensions ou aux conflits d&egrave;s le d&eacute;but, avant qu'ils ne fassent des victimes parmi les civils. Ce sont l&agrave; des initiatives que le Canada a prises &agrave; l'ONU et dans d'autres instances internationales. Les efforts d&eacute;ploy&eacute;s pour instaurer la confiance, promouvoir la saine gestion des affaires publiques, renforcer les institutions d&eacute;mocratiques et favoriser la diplomatie pr&eacute;ventive sont des formes l&eacute;gitimes d'intervention, qu'il faut &eacute;puiser avant d'envisager des mesures de police.</font></p> <p><font face="Arial">Une action pr&eacute;ventive et non coercitive ne peut r&eacute;ussir, toutefois, que si l'on dispose assez t&ocirc;t d'une information ad&eacute;quate et cr&eacute;dible au sujet de la menace qui p&egrave;se sur les droits des gens. Et ces droits ne peuvent &ecirc;tre prot&eacute;g&eacute;s que s'il existe, au sein des instances multilat&eacute;rales, la volont&eacute; politique n&eacute;cessaire pour agir.</font></p> <p><font face="Arial">Pour mobiliser cette volont&eacute; politique, il faut que les objectifs et les m&eacute;thodes de l'intervention humanitaire rallient de larges appuis. Or, nous sommes &agrave; cet &eacute;gard &agrave; une crois&eacute;e des chemins. Tous reconnaissent la n&eacute;cessit&eacute; de prot&eacute;ger les gens, mais on s'entend moins sur les moyens &agrave; employer. Cette ind&eacute;cision a eu des cons&eacute;quences tragiques, comme on l'a vu au Rwanda. </font></p> <p><font face="Arial">Le Canada entend mettre l'accent sur la s&eacute;curit&eacute; humaine &agrave; l'ONU lorsqu'il assumera la pr&eacute;sidence du Conseil de s&eacute;curit&eacute; en avril. Nous entendons aussi donner suite au rapport historique du Secr&eacute;taire g&eacute;n&eacute;ral au Conseil de s&eacute;curit&eacute; sur la protection des civils dans les conflits arm&eacute;s, que le Canada a demand&eacute; de produire et qui a d&eacute;j&agrave; eu pour effet, pour la premi&egrave;re fois, de confier au personnel du maintien de la paix la t&acirc;che de prot&eacute;ger les populations civiles en Sierra&nbsp;Leone. Le Canada examinera aussi, entre autres questions, l'application efficace des sanctions et la situation des femmes en Afghanistan. Tout ceci s'inscrit dans nos efforts pour &eacute;largir la d&eacute;finition de la s&eacute;curit&eacute; au Conseil de s&eacute;curit&eacute;.</font></p> <p><font face="Arial">Pour calmer les craintes de certains &Eacute;tats &agrave; cet &eacute;gard, il serait utile de pr&eacute;ciser les divers paliers ou degr&eacute;s d'action. Il serait &eacute;galement utile de clarifier ce qu'on entend par intervention et de d&eacute;finir ce qui constitue une r&eacute;ponse appropri&eacute;e.</font></p> <p><font face="Arial">Tout d'abord, entendons-nous bien. Si la pr&eacute;vention &eacute;choue et qu'il devient clair qu'une intervention militaire s'impose, alors il faut que la barre soit haute. Il ne s'agit pas de recourir &agrave; des mesures coercitives chaque fois que se produisent des violations mineures des droits humains, car il existe d'autres fa&ccedil;ons de sanctionner de tels &eacute;carts. Quand je parle d'intervention par la force, c'est dans le but de pr&eacute;venir ou d'arr&ecirc;ter des souffrances humaines sur une grande &eacute;chelle. L'intervention militaire &agrave; des fins humanitaires n'est justifi&eacute;e que dans des cas extr&ecirc;mes -- g&eacute;nocide, crimes de guerre, crimes contre l'humanit&eacute; et violations massives et syst&eacute;matiques des droits de la personne et du droit humanitaire.</font></p> <p><font face="Arial">Dans un premier temps, il faudrait d'abord faire appel &agrave; des intervenants appropri&eacute;s sur place, par exemple les repr&eacute;sentants diplomatiques et les ONG int&eacute;ress&eacute;es, pour emp&ecirc;cher une escalade des tension ou des combats.</font></p> <p><font face="Arial">On ne saurait passer sous silence l'impact du secteur non gouvernemental dans ce contexte. Nous collaborons d&eacute;j&agrave; avec les entreprises canadiennes pour les aider &agrave; composer avec les situations &eacute;pineuses auxquelles elles sont parfois confront&eacute;es &agrave; l'&eacute;tranger en ce qui a trait au respect des droits de la personne. Nous esp&eacute;rons qu'en adoptant des codes de conduite volontaires, ces entreprises pourront faire la promotion des valeurs et des politiques canadiennes et user de leur influence aupr&egrave;s des bellig&eacute;rants pour assurer le respect des droits et la s&eacute;curit&eacute; de la population lors de conflits arm&eacute;s.</font></p> <p><font face="Arial">Mais il y a aussi un c&ocirc;t&eacute; plus sinistre des pratiques commerciales dans les zones de conflit. Je parle ici des fournisseurs de la nouvelle &eacute;conomie de la guerre&nbsp;-- entre autres, les marchands d'armes et les n&eacute;gociants de diamants qui font fi des sanctions et qui prolongent les conflits. En Angola, comme le confirme un audacieux rapport que viennent de produire des experts ind&eacute;pendants, ces acteurs non &eacute;tatiques ont facilit&eacute; la guerre et d&eacute;truit un accord de paix qui &eacute;tait le fruit de longues n&eacute;gociations. Le Canada, qui pr&eacute;side le comit&eacute; du Conseil de s&eacute;curit&eacute; sur les sanctions en Angola, saisira le Conseil de cette question durant sa pr&eacute;sidence en avril et proposera des mesures de fond pour mettre fin &agrave; ces pratiques. Les m&ecirc;mes crit&egrave;res doivent s'appliquer &agrave; d'autres activit&eacute;s criminelles -- aux blanchisseurs d'argent et aux narcotraficants, et &agrave; ceux qui vendent des pr&eacute;curseurs chimiques pour la production de narcotiques.</font></p> <p><font face="Arial">Bref, nous croyons qu'il y a un &eacute;ventail d'options &agrave; explorer et de ressources &agrave; mobiliser. Pour pouvoir utiliser ces options efficacement, toutefois, il faut amener de nombreuses institutions internationales &agrave; s'adapter. C'est ce que fait le Canada en int&eacute;grant la dimension humaine dans les travaux du G-8, de l'OEA [Organisation des &Eacute;tats am&eacute;ricains], de l'OSCE [Organisation pour la s&eacute;curit&eacute; et la coop&eacute;ration en Europe] et de l'ONU.</font></p> <p><font face="Arial">Si ces d&eacute;marches diplomatiques &eacute;chouent et que les initiatives de pr&eacute;vention sont rejet&eacute;es, c'est alors que la communaut&eacute; internationale doit envisager des mesures multilat&eacute;rales d'intervention coercitive. Comme je l'ai dit plus t&ocirc;t, l'intervention militaire n'est pas une option facile et il ne faut pas y recourir &agrave; la l&eacute;g&egrave;re, mais c'est une solution qu'on devrait toujours garder en r&eacute;serve. Pour y parvenir, il faut renforcer les lois et les pratiques, mobiliser la volont&eacute; politique et d&eacute;velopper les capacit&eacute;s militaires et civiles n&eacute;cessaires.</font></p> <p><font face="Arial">Cette question devrait faire l'objet d'un examen international s&eacute;rieux, un examen qui engage la communaut&eacute; internationale &agrave; un haut niveau, comme l'a fait la Commission Brundtland dans le domaine de l'environnement.</font></p> <p><font face="Arial">&Agrave; cet &eacute;gard, les &Eacute;tats-Unis, avec tous les moyens dont ils disposent, ont un r&ocirc;le important &agrave; jouer.</font></p> <p><font face="Arial">Agir unilat&eacute;ralement ne sert les int&eacute;r&ecirc;ts de personne. Permettez-moi de retourner un moment aux ann&eacute;es 1960, et &agrave; mon affirmation selon laquelle le fait d'avoir plus de pouvoir ne signifie pas qu'on a plus de droits. Si les grandes puissances se placent au-dessus des normes et des conventions internationales et que, dans la conduite de leur politique &eacute;trang&egrave;re, elles passent outre aux instances internationales indispensables, la s&eacute;curit&eacute; humaine s'en trouve affaiblie.</font></p> <p><font face="Arial">En favorisant la protection des populations d'autres pays contre les conflits et les abus, et en appuyant des institutions multilat&eacute;rales vitales, les &Eacute;tats-Unis accro&icirc;tront leur s&eacute;curit&eacute; nationale et la s&eacute;curit&eacute; de leurs citoyens sur leur propre sol et &agrave; l'&eacute;tranger.</font></p> <p><font face="Arial">Les &Eacute;tats-Unis ne peuvent toutefois partir du principe qu'ils sont au-dessus des lois parce qu'ils sont une superpuissance. Ils doivent utiliser leur influence consid&eacute;rable pour aider &agrave; mettre en place le droit, les pratiques et les institutions n&eacute;cessaires au niveau international pour assurer un leadership r&eacute;el au regard de cet enjeu crucial et marquant de notre &eacute;poque.</font></p> <p><font face="Arial">La s&eacute;curit&eacute; humaine et la protection des &ecirc;tres humains qui se trouvent dans des situations de conflit nous interpellent tous. J'ai r&eacute;cemment lu le livre de Peter&nbsp;Gourevitch dans lequel il d&eacute;crit son s&eacute;jour au Rwanda. Il y raconte que des jeunes filles hutues dans un couvent ont refus&eacute; d'abandonner leurs amies tutsies, m&ecirc;me apr&egrave;s que les g&eacute;nocidaires leur en aient donn&eacute; l'ordre. S'il y a une le&ccedil;on &agrave; tirer aujourd'hui, c'est bien celle-ci. Si des jeunes femmes sans d&eacute;fense peuvent tenir t&ecirc;te &agrave; des hommes arm&eacute;s de machettes et de fusils pour sauver la vie de leurs amies, la communaut&eacute; internationale se doit &agrave; tout le moins d'en faire autant. Sinon, comment ceux qui sont le plus durement touch&eacute;s par les conflits pourront-ils croire qu'il existe bel et bien une communaut&eacute; internationale pr&ecirc;te &agrave; prot&eacute;ger la dignit&eacute; humaine la plus fondamentale?</font></p> <p><font face="Arial">Je vous remercie.</font></p> </body> </html>

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Dernière mise à jour : 2006-10-30 Haut de la page
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