M. PETTIGREW - ALLOCUTION DEVANT LA CHAMBRE DE COMMERCE CANADA-ARGENTINE - BUENOS AIRES, ARGENTINE
SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION DE
L'HONORABLE PIERRE S. PETTIGREW
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL
DEVANT LA
CHAMBRE DE COMMERCE CANADA-ARGENTINE
BUENOS AIRES, Argentine
Le 9 mars 2000
Bonjour. Je suis ravi de me trouver parmi vous aujourd'hui.
Je tiens à commencer par féliciter les membres de la Chambre de commerce Canada-Argentine de l'énorme
travail qu'ils ont fait pour resserrer les liens commerciaux entre nos deux pays. On m'apprend que vous êtes
maintenant 59 sociétés affiliées et que vous prenez sans cesse de l'expansion.
Je suis particulièrement heureux que la Chambre appuie activement les efforts des entreprises canadiennes en
Argentine, ayant été un partenaire local clé d'Équipe Canada lors de notre mission très réussie de 1998.
Promotion des échanges
Les missions commerciales d'Équipe Canada sont très importantes pour nous. Elles ont ouvert des portes
dans toutes les parties du monde pour plus de 1 800 de nos entreprises, les aidant à dénicher 882 nouvelles
affaires évaluées à 24,4 milliards de dollars.
Donc, du point de vue du gouvernement, ces missions sont très profitables!
En outre, nos agents commerciaux, au nombre de 500, répartis dans plus de 100 missions dans toutes les
parties du monde, aident des centaines d'entreprises canadiennes à affronter avec succès la concurrence sur
les marchés étrangers. Par ailleurs, nous coopérons aussi directement avec d'autres gouvernements dans les
marchés émergents d'Amérique latine (y compris l'Argentine), ayant signé de nouvelles ententes pour
encourager les exportations de technologie et de services de gestion ainsi que d'autres types de partenariat
avec de petites et moyennes entreprises canadiennes.
Intensification des échanges avec l'Argentine
Le Canada s'emploie aussi à relier entre elles les PME canadiennes et argentines sous le régime de son
programme Nouveaux exportateurs vers l'Amérique du Sud, qui a organisé deux missions en Argentine, dans
les secteurs de l'ameublement et des télécommunications. Une autre mission semblable est prévue pour le
secteur de la santé, tandis que d'autres activités sont en cours dans celui des communications par satellite.
Industrie Canada s'emploie à transférer les technologies canadiennes relatives à la connectivité, par exemple,
et l'Agence canadienne de développement international applique un certain nombre de projets concernant la
réglementation environnementale dans le secteur minier, l'enseignement technique, l'évaluation des risques en
biotechnologie, la gestion des incendies de forêt, la santé et la sécurité dans l'industrie pétrolière et gazière,
etc.
La Société pour l'expansion des exportations [SEE] appuie beaucoup d'exportations en Argentine; en fait,
l'Argentine est l'un de ses principaux marchés en Amérique du Sud.
En même temps, l'Argentine cherche activement à attirer les investissements et s'est dotée de l'un des régimes
d'investissement étranger les plus libéraux de la région, ce qui n'échappe certainement pas aux entreprises
canadiennes.
L'investissement canadien en Argentine est passé de 50 millions de dollars qu'il était en 1990 à plus de
2,2 milliards de dollars en 2000. Le Canada vient maintenant au septième rang des plus grands investisseurs
en Argentine.
Nous, les gouvernements, voulons encourager ce processus, et nous nous appliquons à améliorer l'Accord
Canada-Argentine de protection des investissements étrangers et nos autres ententes.
Dans l'ensemble, le commerce entre le Canada et l'Argentine est passé, entre 1992 et 1997, de 226 millions à
640 millions de dollars.
La Zone de libre-échange des Amériques
Ce n'est là qu'une des raisons pour lesquelles le gouvernement canadien est persuadé que l'avenir de notre
pays est directement lié à celui de nos voisins dans l'hémisphère. Nous voulons être à l'avant-garde du
développement de ce nouveau géant économique. Et lorsqu'il est question de commerce, nous voulons,
comme vous, bénéficier de règles claires, pour ne pas être à la merci des humeurs des économies plus
puissantes. C'est pourquoi nous sommes de fervents partisans des négociations en cours sur la création d'une
Zone de libre-échange des Amériques [ZLEA].
En fait, le Canada a présidé la première série de pourparlers de la ZLEA, du sommet de Santiago en 1998
jusqu'à la conférence ministérielle de Toronto en novembre dernier, que j'ai présidée. La présidence des
négociations est passée à l'Argentine après les assises de Toronto.
Le Canada se fait depuis longtemps l'avocat des avantages de la libéralisation des échanges commerciaux
entre les pays du monde, et a toujours insisté sur l'importance d'un système commercial international
transparent et fondé sur des règles. Il a été un des signataires fondateurs du GATT [Accord général sur les
tarifs douaniers et le commerce] il y a plus de 50 ans, et reste un ferme tenant du processus de l'OMC
[Organisation mondiale du commerce] aujourd'hui. Et bien que nous n'ayons pas pu résoudre plusieurs
questions en instance à la conférence de l'OMC à Seattle, beaucoup de mes homologues étrangers et moi-même travaillons ferme pour remettre le processus sur les rails.
À titre d'économie de taille moyenne, nous bénéficions du système fondé sur des règles parce qu'il assure un
environnement commercial plus prévisible à nos entreprises, et qu'il nous procure les moyens de concurrencer
à armes égales des économies plus considérables et plus puissantes.
Un système commercial libéralisé, fondé sur des règles claires, aide les exportateurs, et stimule l'emploi par
voie de conséquence. Il encourage les entreprises à se tourner davantage vers l'extérieur en leur procurant de
plus vastes marchés pour leurs produits, et leur permet de réaliser des économies d'échelle. Dans le cas du
Canada, la valeur des exportations dans notre économie est passée de 30 p. 100 de notre PIB [produit
intérieur brut] en 1993 à 43 p. 100 en 1999. Durant la même période, notre taux de chômage a baissé de plus
de 4 p. 100.
Parce que son économie est maintenant à 40 p. 100 tributaire des exportations, le Canada a plus à gagner que
la plupart des pays à bâtir un système commercial international meilleur, plus juste et plus prévisible. Par
conséquent, nous sommes déterminés à rechercher des accords entre puissances moyennes de même
mentalité pour donner à plus de gens la possibilité de participer aux retombées qu'entraîne la création d'une
plus grande richesse mondiale.
L'histoire nous enseigne que les pays qui ont le mieux réussi à réduire la pauvreté chez eux sont ceux qui se
sont le plus ouverts au commerce extérieur. Les pays qui joignent l'ouverture au commerce à une bonne
gouvernance, à de saines politiques sociales et environnementales et à une économie de marché
accomplissent de plus grands progrès encore dans leur développement humain.
La ZLEA est une occasion historique d'unir les 34 États démocratiques des Amériques dans un accord global
d'intégration, de développement et de croissance économiques.
Notre hémisphère compte plus de 800 millions d'habitants et possède une économie d'environ 11 billions de
dollars américains. Il réalise plus de 35 p. 100 de l'activité économique mondiale, avec moins de 15 p. 100 de
la population mondiale! Le PIB total des Amériques dépasse celui de l'Union européenne, qui est actuellement
la plus grande unité économique et politique intégrée du monde.
Le gouvernement canadien estime que la libéralisation du commerce sur une base régionale dans le cadre de
la ZLEA est entièrement conforme à notre but, soit la libéralisation des échanges sur une base mondiale.
Nous bénéficions déjà de plusieurs autres accords régionaux. Nous sommes membres de l'ALENA [Accord de
libre-échange nord-américain], avec les États-Unis et le Mexique. Nous sommes aussi membres de l'APEC
[Coopération économique Asie-Pacifique]. Nous avons des accords commerciaux avec Israël et le Chili. Les
travaux se poursuivent pour la conclusion d'un accord avec l'Association européenne de libre-échange, et nous
avons également entrepris des consultations en vue de négocier un accord de libre-échange avec le Costa
Rica.
Je crois que le Canada bénéficiera grandement d'une ZLEA équilibrée et compatible avec l'OMC.
Pour le Canada, les pays d'Amérique latine non membres de l'ALENA et les pays des Antilles représentent un
nouveau marché énorme. Ils génèrent ensemble un PIB de 2 billions de dollars américains et comptent près de
500 millions d'habitants. En outre, ayant investi plus de 32 milliards de dollars dans les Amériques en dehors
de l'ALENA et du Chili, les entreprises canadiennes auraient beaucoup à gagner à l'instauration de meilleures
règles de protection des investissements dans la région.
Le Canada est un pays commerçant
La recherche d'un environnement commercial international meilleur et plus prévisible est ce qui a inspiré le
GATT-- dont le Canada fut l'un des membres fondateurs -- et elle anime encore l'OMC.
Depuis un demi-siècle, l'ouverture des marchés a contribué énormément à la prospérité et à la croissance des
pays développés et des pays en développement.
Notre défi consiste maintenant à proposer un plan pour expliquer comment nous pourrons bâtir des économies
plus fortes et créer des emplois grâce au commerce, tout en laissant aux communautés nationales la latitude
nécessaire pour être ce qu'elles veulent être.
C'est un projet qui revêt une signification spéciale pour nous, parce que le Canada est maintenant, toutes
proportions gardées, un des plus grands pays commerçants du monde.
Comme je le signalais tout à l'heure, il y sept ans, environ 30 p. 100 de notre produit intérieur brut était relié
aux exportations; aujourd'hui, cette proportion dépasse les 43 p. 100!
Les États-Unis n'exportent que 11 p. 100 de leur PIB, tandis que le Japon n'exporte que 15 p. 100 du sien.
Aujourd'hui, près du tiers de tous les emplois au Canada sont tributaires du commerce!
Et il ne s'agit pas seulement des ressources naturelles, qui représentent seulement 32 p. 100 de nos
exportations, soit la moitié de ce qu'elles représentaient il y a 20 ans. Le Canada devient une économie du
savoir, exportant des services, de l'expertise et bien d'autres choses.
Nous avons encore des ressources abondantes en fait de forêts, d'énergie, de minéraux, et j'en passe, mais la
plus grande ressource du Canada aujourd'hui, ce sont ses habitants!
La plupart de nos exportations sont maintenant des produits et des services à haute valeur ajoutée; les
sociétés canadiennes sont à la fine pointe de nombreux secteurs de la nouvelle économie :
télécommunications, aérospatiale, logiciels, technologies environnementales, etc.
Nous cherchons à partager cette prééminence technologique et ces produits et services de haute qualité avec
des pays et des partenaires d'affaires de toutes les parties du monde.
Conclusion
Je voudrais conclure en parlant quelques instants de l'OMC, qui, je crois, est une institution indispensable qu'il
ne faut pas laisser stagner et devenir caduque. Depuis une quinzaine d'années, elle a pris énormément
d'expansion, passant d'un effectif d'environ 90 membres à 135 aujourd'hui. La Chine et d'autres candidats
jadis exclus s'apprêtent maintenant à y adhérer.
Tout comme le GATT a évolué pour devenir l'OMC, l'OMC elle-même doit continuer d'évoluer pour rester un
mécanisme efficace du commerce international.
Le Canada continue de soutenir le processus de l'OMC et nous continuons de réclamer des solutions dans des
domaines comme l'agriculture, les services et beaucoup d'autres.
Un dossier en particulier dans lequel nous sommes actifs à l'OMC est celui de la culture. Je sais que c'est un
sujet qui tient aussi à coeur à l'Argentine, et en fait à tous les pays d'Amérique latine.
Je crois fermement que le rôle des artistes dans la société n'est pas seulement d'exprimer les émotions
ressenties par la société, mais aussi d'aider à façonner ces émotions. Cela est particulièrement important
aujourd'hui que le monde subit d'énormes changements sous le signe de la mondialisation et de la révolution
technologique. Il est extrêmement important que nos artistes puissent oeuvrer pour nous éclairer -- comme
sociétés -- sur ce qui nous arrive.
Et malgré certaines similarités, ce qui nous arrive au Canada est différent de ce qui vous arrive en Argentine,
ou au Chili, ou au Brésil, par exemple. Chaque pays a sont propre lot de défis et de possibilités. Il est très
important que chacun laisse à ses artistes la latitude nécessaire pour effectuer cet important travail.
C'est en partie pourquoi le Canada recherche un nouvel instrument international sur la diversité culturelle. Cet
accord reconnaîtrait le rôle particulier des produits et des services culturels dans les diverses économies du
monde. Il reconnaîtrait aussi le droit des gouvernements de préserver et de promouvoir la diversité culturelle
dans leurs propres économies tout en respectant les règles du système commercial international et en
assurant des marchés pour les exportations culturelles.
Je suis persuadé que les pays du monde vont continuer à réaliser des progrès constants sur la voie d'un
système commercial international plus ouvert et fondé sur des règles, dans ces domaines importants et dans
beaucoup d'autres qui sont critiques pour le développement soutenu de tous les pays sur les plans
économique et social.
Je crois également que le Canada est fort bien placé pour réussir dans cette nouvelle ère de mondialisation.
Notre économie se fonde sur le savoir.
Le Canada, j'en suis convaincu, est la preuve vivante que le fait de s'ouvrir au monde et de reconnaître et
célébrer la diversité qui en découle rapporte beaucoup de dividendes, tant économiques que sociaux.
Je crois aussi que l'ouverture du Canada est une des principales raisons pour lesquelles nous sommes
devenus une des sociétés et une des économies les plus fortes du monde, en dépit de notre population
relativement modeste.
Le slogan de la mission 1998 d'Équipe Canada était « le Canada et l'Argentine, partenaires pour l'avenir ». Je
crois que c'était un excellent slogan, parce qu'il existe un énorme potentiel de partenariats productifs entre nos
deux pays.
Nous avons beaucoup de similarités, et beaucoup d'occasions de coopérer dans les secteurs des mines, de
l'énergie, des transports, de l'agriculture, du bâtiment, de la technologie de l'information, de l'environnement,
de la santé, des services financiers, et dans plusieurs autres domaines.
Autre point commun : nous avons chacun un très grand voisin!
Au Canada, nous aimons à dire que lorsque l'éléphant américain renifle, la souris canadienne attrape une
pneumonie! Nous comprenons facilement, par conséquent, que lorsque le Brésil éprouve des difficultés,
l'Argentine -- et tous les autres pays de la région -- s'en ressentent!
Un meilleur système commercial international fondé sur des règles joint à de forts accords commerciaux
régionaux et hémisphériques ne régleront pas tous les problèmes du monde, mais ils sont le meilleur moyen
que je connaisse d'empêcher les petites économies comme celles de l'Argentine et du Canada de s'enrhumer
lorsque les grandes éternuent!
Je vous remercie beaucoup.