M. PAGTAKHAN - ALLOCUTION À L'OCCASION DU DÉJEUNER-CONFÉRENCE« WESTERN CHINA MEETS WESTERN CANADA » - EDMONTON (ALBERTA)
SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE REY PAGTAKHAN,
SECRÉTAIRE D'ÉTAT (ASIE-PACIFIQUE),
À L'OCCASION DU DÉJEUNER-CONFÉRENCE
« WESTERN CHINA MEETS WESTERN CANADA »
EDMONTON (Alberta)
Le 5 octobre 2001
Je tiens tout d'abord à remercier le Conseil de coopération et de développement Canada-Chine de
m'avoir convié à la conférence « Western Canada meets Western China ». C'est pour moi un véritable
honneur que de pouvoir m'entretenir avec vous aujourd'hui. Le ministre du Commerce international, M.
Pierre Pettigrew, m'a prié de vous transmettre ses salutations ainsi que son regret de ne pouvoir être
des nôtres aujourd'hui.
De nouvelles réalités
De quelles nouvelles réalités sommes-nous témoins aujourd'hui, et que signifient-elles pour le Canada
et la Chine? La Chine est sur le point de se joindre à l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
L'ajout de ce marché de 1,3 milliard de consommateurs, septième économie du marché mondial fondé
sur des règles, constituera un important pas en avant dans l'essor de l'économie mondiale. L'économie
chinoise peut déjà s'enorgueillir d'une croissance parmi les plus rapides du monde : à ce train, sa
valeur devrait passer du simple au double d'ici 10 ans. De plus, la Chine est assoiffée de capitaux, de
technologies et de savoir-faire étrangers. La Chine a donné le coup d'envoi à un vaste programme de
réforme de ses politiques économique et industrielle, dont l'intervention phare est la transformation du
système d'exploitation commerciale chinois, traditionnellement sous la houlette de l'État. Le Canada
applaudit aux efforts déployés par la Chine en vue de réformer le contrôle des changes, sa structure
d'imposition, son commerce extérieur et sa structure de maître-État. Nous appuyons également les
mesures prises par la Chine pour améliorer ses lois et règlements se rapportant à l'investissement
étranger.
Bref, l'adhésion de la Chine à l'OMC se traduira par une prévisibilité et une transparence accrues du
régime commercial chinois, ce qui ouvrira d'importants nouveaux débouchés aux exportateurs
canadiens tout en renforçant les intérêts substantiels du Canada en matière de commerce et
d'investissement en Chine. De plus, l'accession à l'OMC conjuguée à une tendance vers une
participation accrue à l'économie mondiale donnera lieu à une nette augmentation de l'investissement
chinois à l'étranger au cours des 10 prochaines années.
En effet, la politique officielle encourage vivement les entreprises chinoises à investir de façon
stratégique dans les marchés étrangers non seulement pour y obtenir des matières premières mais
aussi pour établir des passerelles d'acquisition et de transfert de technologies. En outre, la Chine ouvre
aux investisseurs canadiens l'accès à un vaste éventail d'industries. Ces dernières années, les
organismes et entreprises privées de la Chine ont cherché de nouveaux projets d'investissement au
Canada, dans des secteurs tels que l'extraction pétrolière, gazière et minière, et l'exploitation de biens
à usage commercial. De nombreuses entreprises chinoises ont ouvert des bureaux au Canada. Ces
derniers font office de centres pour l'investissement dans le marché canadien et le commerce avec des
entreprises canadiennes.
Relations au chapitre de l'investissement
J'aimerais aborder la raison d'être et l'importance des relations en matière de commerce et
d'investissement entre nos deux pays. L'an dernier, la Chine occupait le quatrième rang des
partenaires commerciaux du Canada (exportations et importations conjuguées) et se classait au
troisième rang lorsqu'il était tenu compte des échanges avec Hong Kong. La valeur totale du commerce
bilatéral entre le Canada et la Chine en 2000 s'élevait à 15 milliards de dollars, soit une hausse de 30,4
p. 100 par rapport aux 11,5 milliards de dollars enregistrés en 1999. Au cours de cette période, les
exportations du Canada vers la Chine ont augmenté de 41 p. 100 et les importations canadiennes, de 26
p. 100. La présence canadienne sur le marché chinois est importante et variée. En effet, les
investisseurs canadiens s'intéressent à de nombreux secteurs clés, notamment l'agriculture, les
transports, les télécommunications, les services financiers, l'énergie, l'extraction minière,
l'agroalimentaire et la biotechnologie, la machinerie, la construction et les produits forestiers.
Selon les données chinoises, le Canada comptait parmi les 10 premières sources d'investissements
étrangers en Chine. De fait, on recense en Chine plus de 4 500 projets financés par des intérêts
canadiens. Les particuliers et organismes canadiens coopèrent de longue date avec la Chine dans des
domaines autres que celui du commerce et nous estimons que cet esprit de coopération continuera de
se développer au cours des années à venir. Cet esprit coopératif s'est clairement manifesté en février
dernier, lors de la mission d'Équipe Canada en Chine, dirigée par le premier ministre du Canada, M.
Jean Chrétien. Celui-ci a profité de l'occasion pour souligner que « le Canada est conscient que les
circonstances et les expériences varient d'un pays à l'autre, mais est d'avis que nous partageons tous
un souci de ce qui est juste ». En véritables amis de la Chine que nous sommes, nous échangeons sur
divers sujets, dont la réforme judiciaire. Nous savons en effet que la Chine s'efforce actuellement
d'établir un système juridique qui lui permettra de relever ce défi.
La délégation commerciale d'Équipe Canada dont je viens de parler comptait plus de 600 représentants
d'entreprises canadiennes -- la plus importante délégation canadienne jamais constituée pour une
mission de ce genre. Cette mission, d'une durée de 10 jours, a donné lieu à la signature de contrats
dont la valeur combinée s'élevait à plus de 5,7 milliards de dollars. Dans le courant du mois, le premier
ministre, le ministre Pettigrew et moi-même, accompagnés d'une délégation nombreuse de cadres
supérieurs canadiens, représenteront le Canada à Shanghai dans le cadre des réunions ministérielles
et du sommet des chefs d'entreprises de l'APEC [Coopération économique Asie-Pacifique]. Le Canada
a été heureux de constater la solidarité exprimée par la Chine à l'égard de la lutte internationale contre
le terrorisme, fléau susceptible de nuire au commerce international. D'ailleurs, l'un des sujets à l'ordre
du jour de la Réunion des dirigeants de l'APEC les 20 et 21 octobre portera sur les mesures
antiterroristes, point ajouté par la Chine.
Si l'on trouve des intérêts canadiens partout en Chine, la plupart des investisseurs ont préféré les
régions côtières. Je crois savoir que plusieurs d'entre vous aimeraient que cette situation change.
Comme vous le savez, lors de la session de mars 2000 du Congrès national du peuple, le premier
ministre Zhu Rongji a dévoilé la Stratégie de développement de l'Ouest de la Chine et un plan
d'investissement intensif dans 10 régions, à savoir les provinces de Shaanxi, Gansu, Qinghai, Sichuan,
Yunnan et Guizhou, les régions ethniques indépendantes de Ningxia, Xizang (Tibet) et Xinjiang et la
municipalité de Chongqing. Ces régions s'étendent sur 5,4 millions de kilomètres carrés (57 p. 100 de la
superficie totale du pays) et sont peuplées par 280 millions de personnes (environ 23 p. 100 de la
population totale du pays). De plus, elles recèlent plus de la moitié des réserves énergétiques prouvées
du pays (charbon, pétrole et gaz naturel) et regorgent de ressources minières, forestières et agricoles.
Les principales interventions prévues par la Stratégie comprennent l'engagement d'accorder au moins
60 p. 100 des prêts de la Banque de développement de Chine aux régions intérieures et la stimulation
de l'investissement par les gouvernements étrangers et les institutions financières internationales.
Plusieurs des projets d'investissement prioritaires déjà définis concernent les routes et les chemins de
fer, les aéroports, les infrastructures énergétiques, comme les pipelines, ainsi que la conservation de
l'eau et la protection de l'environnement. Les projets de mise en valeur des ressources et
d'amélioration de l'infrastructure joueront un rôle clé dans l'essor de l'Ouest de la Chine. Il s'agit de
secteurs où le Canada a des compétences avérées. Les entreprises canadiennes ont de l'expérience et
de la technologie à partager. En effet, le Canada jouit d'une expérience enviable dans le développement
des infrastructures, en agriculture et dans le domaine politique et social, conséquence naturelle de sa
population largement dispersée et de son vaste territoire.
Les associations commerciales canadiennes, telles que le Conseil de coopération et de développement
Canada-Chine, sont appelées à jouer un rôle de premier plan dans l'établissement et la consolidation
des liens sino-canadiens essentiels à notre dialogue commercial. L'épanouissement de ce dialogue
sera garant d'un accès accru au marché chinois pour les exportateurs canadiens de biens et de
services.
Les gouvernements fédéral et provinciaux ont tous une longue expérience de la promotion des intérêts
commerciaux canadiens en Chine. Nos trois consulats sur le continent ainsi que notre ambassade à
Beijing, qui comprend un bureau du gouvernement de l'Alberta, unissent leurs efforts pour offrir aux
milieux d'affaires des deux pays l'aide et les conseils nécessaires pour développer encore nos
relations commerciales.
Le Canada reconnaît depuis longtemps l'importance que revêt le développement de l'Ouest canadien.
Nous avons acquis de ce fait non seulement des compétences dont peut bénéficier l'Ouest de la Chine,
mais aussi une intime compréhension des objectifs de développement de la Chine. Cela dit, le Canada
respecte la nature distincte des économies régionales chinoises et nous faisons en sorte d'adapter
notre approche à cette réalité. Le consulat du Canada à Chongqing a été l'un des premiers à ouvrir ses
portes dans cette municipalité et demeure l'un des rares bureaux étrangers de représentation à s'être
établi en dehors des régions côtières.
Une réussite digne de mention est l'événement d'une journée « Info-Com West », organisé par le
consulat de Chongqing en juin dernier. « Info-Com West », fruit d'une collaboration avec les
gouvernements locaux, a attiré une vingtaine d'entreprises canadiennes spécialisées en technologie et
plus de 150 participants locaux. L'initiative, dirigée par notre consul, M. Craig Wilson, qui nous honore
de sa présence aujourd'hui, visait à mettre en valeur les entreprises canadiennes ayant des activités en
Chine et à permettre aux sociétés chinoises locales de tisser de précieux liens avec celles-ci. Au cours
de la mission commerciale d'Équipe Canada, le premier ministre a eu la chance de visiter l'ancienne
capitale, X'ian. Malgré la brièveté de la visite, le gouvernement canadien désirait souligner l'importance
que revêt l'Ouest de la Chine pour le Canada et notre désir de collaborer avec les citoyens de l'Ouest
de la Chine pour leur assurer un avenir prometteur.
S'il est un secteur qui me tient particulièrement à coeur, c'est bien celui de l'éducation. Les Canadiens
accordent beaucoup d'importance à l'éducation et à la qualité de leurs écoles. Le Canada investit plus
d'argent par personne dans son système d'éducation que n'importe quel autre pays du G-8 et fait partie
des trois pays au bilan le plus enviable de l'Organisation de coopération et de développement
économiques. L'éducation universitaire canadienne est reconnue de par le monde et, de ce fait, les
étudiants étrangers titulaires d'un diplôme d'une université canadienne sont promis à une belle
carrière.
Le Canada est un chef de file international dans les domaines de l'informatique et des technologies de
l'information. Parmi les réalisations de marque du Canada dans le secteur des télécommunications
figure le câble CANTAT 3 de Teleglobe, premier câble du monde à permettre la transmission multimédia
transocéanique haute vitesse et haute capacité. Les sociétés téléphoniques de l'alliance Stentor
investissent actuellement 8 milliards de dollars en vue d'offrir la technologie de pointe de large bande à
80 p. 100 des foyers canadiens d'ici 2005. Grâce au programme Rescol d'Industrie Canada, le Canada
est le premier pays à avoir branché ses écoles et ses bibliothèques à l'inforoute. Ce programme est
imité partout dans le monde. Ainsi, les représentants du Rescol collaborent actuellement avec la
province de Hainan en vertu d'un protocole d'entente ratifié il y a deux ans visant à développer certains
aspects du système d'éducation électronique local. Le Canada a beaucoup à offrir à ses partenaires
étrangers intéressés aux enjeux des réseaux d'apprentissage axés sur le savoir. Le Canada a déjà
composé avec les enjeux que connaissent actuellement d'autres pays à cet égard, tels que la
prestation de programmes en plusieurs langues, le financement, l'exécution de programmes et la
prestation en région éloignée. Nous avons déjà passé l'épreuve et sommes prêts à transposer nos
connaissances en des modèles internationaux.
Un autre exemple d'étroite collaboration du Canada avec la Chine dans le secteur de l'éducation réside
dans un projet récemment annoncé par l'Agence canadienne de développement international auquel
participeront l'Alberta et l'Ouest de la Chine. Ma collègue, la ministre de la Coopération internationale,
Mme Maria Minna, a consenti 11,8 millions de dollars à la société Agriteam Canada Consulting Ltd. de
Calgary, en association avec Alberta Learning, l'Université Athabasca, l'Université de l'Alberta et
l'Université de Calgary, pour un projet quinquennal visant à améliorer l'éducation fondamentale dans
l'Ouest de la Chine.
Récemment, nombre d'établissements d'enseignement canadiens ont pris conscience de l'importance
de compléter leurs activités de recrutement d'élèves en Chine par l'exécution de programmes conjoints
et l'établissement d'écoles coopératives. Un nombre croissant d'universités et de collèges canadiens
offrent des programmes canadiens en Chine, lesquels sont animés par des enseignants d'origine ou de
formation canadienne. Le Canada offre ainsi aux étudiants chinois n'ayant pas les moyens d'étudier à
l'étranger une éducation canadienne de haute qualité en Chine.
La question de l'heure est évidemment celle de savoir comment bâtir sur cette solide fondation. En
cette ère de mondialisation, d'économie axée sur l'information et de transformation de la technologie,
nous devons examiner les relations internationales et planifier en vue du changement et du renouveau.
Comme vous pouvez le constater, le Canada et la Chine, plus particulièrement l'Ouest du Canada et
l'Ouest de la Chine, jouissent d'une base solide pour la poursuite de la collaboration.
Sur ce, je désire exprimer ma gratitude au Conseil de coopération et de développement Canada-Chine,
qui m'a invité à m'entretenir avec vous aujourd'hui, et remercier tous ceux qui ont contribué à faire de
cette conférence un véritable succès, en particulier les nombreux commanditaires. Je ne saurais
terminer sans souligner l'important rôle que jouent vos organismes dans l'épanouissement des
relations bilatérales Canada-Chine. Les organismes comme le vôtre, grâce à leur vaste expérience et
leurs vastes réseaux, sont essentiels à l'essor du commerce entre le Canada et l'Asie-Pacifique. Nous
vous sommes redevables de la vigueur des exportations et de la création d'emplois non seulement au
Canada, mais aussi en Chine. Nos relations en matière de commerce et d'investissement encouragent
dans un même souffle la création de liens entre particuliers qui permettent de promouvoir et de cultiver
des valeurs humaines universelles et de favoriser une meilleure qualité de vie pour tous et toutes, ce
qui constitue une aspiration humaine véritable, et partant, un objectif économique louable.
Je vous souhaite beaucoup de succès dans vos travaux.
Je vous remercie.