M. PAGTAKHAN - ALLOCUTION : « L'AFGHANISTAN DE DEMAIN : PERSPECTIVES RÉALISTES D'UNE PAIX DURABLE » - OTTAWA (ONTARIO)
SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE REY PAGTAKHAN,
SECRÉTAIRE D'ÉTAT (ASIE-PACIFIQUE),
« L'AFGHANISTAN DE DEMAIN :
PERSPECTIVES RÉALISTES D'UNE PAIX DURABLE »
OTTAWA (Ontario)
Le 22 novembre 2001
Je vous adresse mes salutations, collègues parlementaires et participants à la conférence. C'est pour moi un
honneur et un privilège de partager ce moment avec vous. Je vous transmets également les vœux du ministre
des Affaires étrangères, M. John Manley, et de mes collègues et fonctionnaires du Ministère.
Nous sommes manifestement à un moment critique de l'histoire récente de l'Afghanistan. Dans la foulée de la
tragédie du 11 septembre, et des tensions et risques liés à la campagne contre le terrorisme, une occasion se
présente au peuple afghan de commencer à construire un avenir meilleur et plus prometteur. Le Canada est
disposé à oeuvrer avec la communauté internationale afin de soutenir le peuple afghan dans ses efforts de
reconstruction de sa vie et de son pays. Le moment est venu de mettre à l'écart les intérêts des factions pour
mettre en place une administration provisoire multiethnique et largement représentative.
Le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU, M. Brahimi, rencontrera la semaine prochaine à Bonn
des représentants de tous les groupes afghans que concerne l'avenir de leur pays, dont des représentants de
l'Alliance du Nord, du processus de Rome, du processus de Chypre et de la Conférence de Peshawar. Le
Canada demande instamment à tous les groupes de jouer un rôle constructif et d'être résolus à trouver des
solutions équilibrées et applicables à la gouvernance de l'Afghanistan -- des solutions qui servent les intérêts
de tous les Afghans. On pense particulièrement aux besoins des femmes et des enfants, à l'établissement de
la primauté du droit, au respect des droits de la personne, y compris des droits des femmes, et à la réalisation
du développement humain sous tous ses aspects.
Les défis qui se posent à l'Afghanistan sont grands, effectivement. Sa population a à la fois les aspirations et la
capacité voulues de construire un avenir meilleur. Et elle pourra compter sur notre soutien. Je dis notre parce
que vous -- les organisations non gouvernementales [ONG] et les membres de la communauté afghano-canadienne -- avez un rôle d'appui à jouer.
Je suis donc honoré de vous souhaiter la bienvenue à Ottawa et au ministère des Affaires étrangères et du
Commerce international pour la tenue d'une manifestation aussi opportune et importante. Je souhaite
également exprimer ma gratitude à la Société asiatique des partenaires Canada et à son directeur général
Richard Harmston d'avoir proposé cette manifestation.
Le gouvernement du Canada a un engagement de longue date envers la population de l'Afghanistan et nous
sommes heureux de pouvoir, à nouveau, accorder un appui à des délibérations au sein de la diaspora afghane
au Canada et à l'étranger. Il y a près de deux ans, le Ministère a dispensé une assistance à une manifestation
similaire sur la colline parlementaire intitulée « L'Afghanistan : la population et les programmes ». Il est
maintenant encore plus urgent de trouver des solutions durables. Il y a à peine quelques semaines, le Centre
canadien pour le développement de la politique étrangère a tenu une table ronde sur l'Afghanistan, à laquelle
certains d'entre vous présents ici aujourd'hui ont également participé. Les discussions qui se tiendront ici au
cours des deux prochains jours fourniront de précieuses analyses et idées aux décideurs gouvernementaux, et
j'espère qu'elles jetteront aussi les fondements de votre participation à la reconstruction et au développement à
plus long terme de l'Afghanistan.
Je n'ai pas à répéter les raisons qui motivent l'action militaire menée en Afghanistan. Sous les auspices de
l'article 51 de la Charte des Nations Unies, le Canada a contribué avec fierté à l'intervention militaire dirigée par
les États-Unis en Afghanistan. Il s'agit d'un acte d'autodéfense. Nous avons un différend avec ceux qui ont
parrainé les attaques contre les États-Unis le 11 septembre -- Oussama ben Laden et le réseau al-Qaïda --
ainsi qu'avec le régime des Talibans qui les a hébergés. Nous n'avons pas de différend avec le peuple afghan.
Et lorsque la campagne militaire sera terminée -- et même avant --, la communauté internationale
n'abandonnera pas l'Afghanistan comme elle l'a fait par le passé. Déjà mardi dernier, de hauts fonctionnaires
du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, de l'ACDI [Agence canadienne de
développement international] et du ministère des Finances ont participé à Washington à une réunion,
coanimée par les États-Unis et le Japon, afin de discuter des besoins humanitaires et de reconstruction en
Afghanistan. Certes, la sécurité sur le terrain sera nécessaire pour que les travaux importants soient menés à
bien, mais la planification a commencé. L'ONU joue un rôle central et la Banque mondiale et d'autres
institutions internationales examinent ce qu'elles peuvent faire. On est en train d'évaluer les besoins et les
donateurs réfléchissent à la meilleure contribution qu'ils pourraient faire. Les préparatifs sont engagés pour une
conférence gouvernementale de haut niveau au Japon en janvier afin de regrouper ces plans. Le Canada est
disposé à faire sa part. Le rôle que nous jouons de longue date, pour lequel nous sommes connus et respectés
dans le monde entier, est un rôle de renforcement des capacités pour la paix.
Déjà, le Canada et d'autres membres de la communauté internationale réagissent aux énormes besoins
humanitaires en Afghanistan et dans les environs. Des années de conflit civil, un gouvernement répressif et,
plus récemment, la sécheresse ont prélevé un lourd tribut sur la population de ce pays montagneux. Même
avant les événements du 11 septembre, environ 5 millions d'Afghans étaient vulnérables à la famine, un million
étaient déplacés à l'intérieur du pays et quelque 3,5 millions de personnes étaient des réfugiés dans les pays
voisins. Au cours des 10 dernières années, le Canada a prodigué une assistance d'environ 150 millions de
dollars à l'Afghanistan. Depuis le 11 septembre, il a versé 16 millions de plus. Le Canada a été présent là-bas
pendant les années difficiles d'isolement et il y demeurera maintenant que les projecteurs de l'attention
internationale se sont tournés vers l'Afghanistan.
La réunion de mardi a indiqué clairement que la communauté internationale est saisie de la situation en
Afghanistan et est prête et résolue à aider la population à reconstruire son pays. Nous nous réjouissons du fait
que les besoins de protection et d'assistance des civils afghans retiennent l'attention internationale : il est
impératif que nous profitions de cet intérêt et prenions la résolution de nous attaquer non seulement à
l'urgence immédiate, mais aussi de contribuer à l'identification de solutions durables.
La voie à suivre sera difficile. Nous n'avons pas d'illusions à ce sujet et vous non plus. Sans une administration
multiethnique et reposant sur de larges assises, et sans sécurité, la remise en état et la reconstruction seront
bloquées. C'est pourquoi les discussions de la semaine prochaine à Bonn sont aussi cruciales. Mais même là,
les institutions et les infrastructures de l'Afghanistan ont été dévastées par des années de conflit civil, de
sous-développement et par le pouvoir exercé par des tyrans égoïstes. Il y a tant de priorités auxquelles il faut
penser et tant de choses à faire absolument. Le déminage en est manifestement une -- pour permettre aux
réfugiés et aux personnes déplacées dans le pays de rentrer chez eux et pour permettre aux agents des
secours de fournir les vivres, le logement, les soins de santé et la protection dont ils auront besoin pendant les
premières étapes. L'emploi est une autre priorité. Une aide est nécessaire pour faire redémarrer l'agriculture,
pour réintégrer ceux qui ont vécu les armes à la main ces dernières années et pour reconstruire leurs
communautés. Les femmes revêtent une importance déterminante de ce point de vue, à la fois comme actrices
du processus de reconstruction et comme bénéficiaires. L'éducation et les écoles sont une autre
priorité -- pour que les enfants ne vivent plus dans la rue ou dans des milices, et pour les intégrer dans des
milieux qui leur enseignent des moyens pacifiques de coexister avec leurs concitoyens. Après tout, les enfants
sont l'avenir de l'Afghanistan. Il faut reconstruire les institutions -- le pouvoir judiciaire, la police, le
gouvernement. Inculquer le respect des droits de la personne et mettre en place les institutions qui garantiront
leur protection constituent une autre priorité. Il faut également remettre en état les routes, les systèmes
d'irrigation et les systèmes de transport. Vous voyez que la tâche est énorme.
De toute évidence, les Afghans eux-mêmes sont d'une importance déterminante pour la reconstruction de leur
pays. Les Afghans, y compris les femmes, doivent participer au processus de planification et à la réalisation de
la reconstruction. Et la diaspora afghane, tant ici au Canada que dans le monde entier, jouera un rôle capital
pour la prestation des compétences nécessaires à la reconstruction du pays.
Pour atteindre ces objectifs, je souhaite à nouveau féliciter la Société asiatique des partenaires Canada d'avoir
réuni ici au Canada une brochette impressionnante d'experts afghans ayant une grande diversité de
connaissances et d'antécédents. Vos compétences enrichiront notre propre compréhension des besoins de
l'Afghanistan et suggéreront des moyens appropriés et efficaces d'y répondre. Votre connaissance des
nombreuses dimensions culturelles, linguistiques et politiques sera vraiment essentielle pour garantir une
approche canadienne bien informée et déterminée. La présente conférence est tout autant une occasion qui
s'offre au milieu des ONG canadiennes d'examiner les options avec la diaspora, d'évaluer les besoins et de
définir le rôle que les gens et organisations d'ici peuvent jouer.
Des fonctionnaires du gouvernement du Canada sont ici pour écouter et pour apprendre de vos délibérations
au cours des deux prochains jours. Nous attendons avec intérêt vos idées sur les moyens d'aider le peuple
afghan à concrétiser sa vision d'un Afghanistan stable et prospère dans lequel toutes les tribus et tous les
groupes ethniques, ainsi que les femmes et les enfants, pourront trouver leur place. Là où existent maintenant
la faim, l'anxiété et le désespoir, il y a une occasion de semer l'espoir, la paix et la sécurité. Comme le titre de
la conférence le donne à penser, nous devrions envisager l'avenir avec réalisme -- mais je vous demande
instamment aussi de regarder vers l'avant avec une forte dose d'enthousiasme et d'optimisme pour l'avenir de
cette terre troublée et de son peuple qui souffre depuis longtemps.
Les défis qui se posent à l'Afghanistan sont grands, effectivement. Mais je tiens à vous assurer que le
gouvernement du Canada est résolu à jouer son rôle pour concrétiser cette vision -- la vision de l'Afghanistan
de demain. Et cette réalité signifie que des décennies de conflit prendront fin pour faire place à une paix
durable.
Je vous remercie.