Le 5 juin 2006
SAINT-DOMINGUE, République dominicaine
2006/9
SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DU
MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES ET
MINISTRE DE L’AGENCE DE PROMOTION ÉCONOMIQUE
DU CANADA ATLANTIQUE,
L'HONORABLE PETER MACKAY,
À L’OCCASION DE LA SÉANCE PLÉNIÈRE DE LA 36e ASSEMBLÉE
GÉNÉRALE DE L’ORGANISATION DES ÉTATS AMÉRICAINS
Il s’agit de ma première réunion de l’Organisation des États américains (OEA). C’est
pour moi un honneur de m’associer aux traditions de cette Assemblée en une
compagnie aussi estimable et de me joindre à la famille des ministres des Affaires
étrangères à l’occasion de cette rencontre importante.
La bonne gouvernance et le développement dans une société du savoir : voilà
assurément un sujet d’importance dans plusieurs pays, incluant le Canada. C’est un
thème qui est à la hauteur de cette Assemblée et qui est devenu un sujet majeur de
discussion. Aussi, il me fait plaisir de participer aux échanges, ici à Saint-Domingue.
Comme je dois aborder un thème impressionnant devant un auditoire qui ne l’est pas
moins, je vais m’y prendre de la manière qui m’est la plus familière : en disant quelques
mots de ma région, de la perspective canadienne ainsi que de la compréhension et de
l’approche retenue par mon gouvernement à l’égard de ces enjeux fort importants.
J’ai la chance de venir de l’un des plus beaux coins de la planète, une petite province
canadienne appelée la Nouvelle-Écosse. Pendant des siècles, nous avons bâti une
économie fondée sur nos avantages comparatifs, lesquels ressemblaient à ceux des
Caraïbes : la pêche, les mines, les forêts, l’agriculture et les industries secondaires qui
s’y rattachent, notamment la construction de bateaux.
Une grande partie de nos exportations traditionnelles allaient vers le sud, vers les
Antilles et au-delà, et c’est l’une des raisons pour lesquelles je suis si heureux d’être ici.
Nous étions de véritables adeptes du libre-échange, bien avant que ce sujet soit abordé
de manière officielle. Ce matin, j’ai rencontré des représentants de la CARICOM
[Communauté des Caraïbes]. Celle-ci me rappelait la grande tradition qui existait à une
époque lorsque le poisson salé et le bois allaient vers les Caraïbes en échange du
rhum, du sucre, de la mélasse et des fruits. Il y avait également l’industrie de la
construction de bateaux qui se portait bien en ces temps où l’ère de la voile battait à
plein vent.
Les Néo-Écossais ont toujours été ouverts sur le monde. Comme exportateurs, marins,
enseignants et investisseurs, ils se sont toujours sentis chez eux dans les Amériques.
D’entrée de jeu, vous pouvez donc compter sur mon engagement personnel à étendre
les relations du Canada dans tout notre hémisphère.
Lorsque nous songeons aux industries primaires, c’est l’image d’êtres robustes
affrontant les éléments pour gagner leur vie qui vient à l’esprit, et il y a là beaucoup de
vrai. Mais il est un autre élément de notre patrimoine qui est loin d’être aussi rustique.
En effet, dès les débuts du Canada, la Nouvelle-Écosse a été un grand centre
d’éducation. En réalité, notre capacité de produire des diplômés instruits et pleins de
talents dépassait notre capacité de leur trouver du travail. En conséquence, le reste du
Canada a profité énormément de l’attachement de la Nouvelle-Écosse à l’éducation,
puisque nos gens ont pris des postes importants dans les industries, les universités et
les services gouvernementaux partout au Canada.
À présent, un changement s’opère. D’une manière frappante et tout à fait visible, les
talents de chez nous restent chez nous et il y a pour eux des emplois qui les tiennent
occupés et productifs. Plus important encore, beaucoup de jeunes créent des emplois –
pour eux-mêmes et pour d’autres – dans des domaines qui sont entièrement nouveaux
dans cette partie du monde.
Soudain, une province qui devait compter sur les ressources naturelles est devenue
une collectivité qui prospère grâce à l’économie du savoir. Elle prend sans cesse de
l’expansion et trouve de nouvelles manières d’exploiter ses talents et son sens des
affaires. Voilà qui est très bien car plusieurs industries primaires traditionnelles, qui sont
à la merci des fluctuations des marchés mondiaux, ont amorcé un déclin. Si ce n’était
de cette explosion des industries du savoir, nous éprouverions de graves difficultés. Je
suis certain que nous partageons une expérience commune à cet égard.
Comment cela est-il arrivé? Une tradition en éducation y est certainement pour quelque
chose, tout comme un milieu de vie sûr, sain et attrayant. Diverses formes de soutien
gouvernemental ne sont pas négligeables non plus. Mais c’est la volonté des
personnes, leur ingéniosité, les investissements par le milieu des affaires et
l’entrepreneurship qui mèneront véritablement à la réussite.
Si je me suis lancé en politique, c’est notamment pour essayer de trouver comment
favoriser d’autres succès semblables. Aujourd’hui, comme membre du gouvernement
du Canada et d’une équipe qui va de l’avant, mes collègues et moi-même avons la
possibilité d’oeuvrer en ce sens. Nous désirons capitaliser sur nos relations et nos
avantages naturels, et moderniser nos relations traditionnelles. Pour emprunter au
vocabulaire naval, nous voulons en quelque sorte retrouver le vent qui soufflait sur nos
économies.
Nous savons tous que, dans les économies modernes, les industries du savoir sont
essentielles. Cela est aussi vrai pour un pays doté d’abondantes ressources, comme le
Canada, que pour des pays comme Singapour ou la Suisse qui, faute de ressources,
ont dû se lancer dès le début dans les activités économiques fondées sur le savoir.
Nous élaborerons au cours de la prochaine année des politiques pour favoriser une
économie canadienne plus compétitive, innovatrice et productive.
Permettez-moi de vous citer un seul fait qui fera comprendre la nécessité d’une
innovation constante et qui a des répercussions beaucoup plus larges pour toutes les
collectivités : au Canada, plus de la moitié des emplois actuels n’existaient pas en
1997. Cette donnée illustre la forte croissance du secteur de la haute technologie au
sein de notre économie.
L’innovation est l’une de nos grandes priorités, et nous sommes déterminés à ce que
plus de gens participent à la vie économique, chez nous et ailleurs. L’emploi contribue
à la prospérité et à une meilleure qualité de vie. Une conjoncture favorable profitera à
tous.
Il n’y a pas de secret dans l’approche canadienne : nous voulons que le gouvernement
favorise la créativité au lieu de l’étouffer par des contrôles et des impôts excessifs.
Nous croyons que les gouvernements peuvent aider les entrepreneurs à créer des
emplois, mais qu’ils ne doivent pas nécessairement leur dire comment s’y prendre. Ils
créent les conditions propices et suscitent la confiance pour attirer les investissements
qui viennent du pays même ou de l’étranger. Nous croyons que les gens qui, pour
innover, disposent de l’espace voulu sur les plans politique, économique et social
créeront une multitude de débouchés. Nous croyons que les gens, sachant que leurs
droits garantis par la loi sont protégés, seront disposés à prendre les risques inhérents
au fait d’investir, sûrs de pouvoir s’appuyer sur les assises solides de la sécurité et de
la stabilité.
Et voilà qui nous ramène au thème de notre Assemblée. Ainsi que je le conçois, la
bonne gouvernance dans une société du savoir exige une démocratie fonctionnelle de
droit où les droits de la personne sont protégés et la créativité personnelle encouragée.
Savoir, c’est pouvoir, et le pouvoir politique fait son travail au mieux lorsqu’il se met au
service du savoir, lorsqu’il donne aux citoyens les moyens et le soutien dont ils ont
besoin pour devenir plus créatifs et plus prospères.
C’est une relation mutuellement avantageuse et nous lui accordons une grande valeur.
Le Canada possède une expérience et une expertise considérables, et nous savons
que d’autres pays ici représentés ont également des leçons importantes à nous
enseigner. D’ailleurs, honnêtement, nous sommes ici autant pour apprendre que pour
partager nos propres expériences.
Le Canada continuera d’appuyer les efforts qui tendent à combler le fossé numérique
en renouvelant son soutien à l’Institut pour la connectivité dans les Amériques et nous
espérons que d’autres pays en feront autant. De plus, nous sommes toujours
déterminés à collaborer avec l’OEA et les gouvernements nationaux pour renforcer la
gouvernance démocratique. Nous voulons travailler avec nos partenaires de
l’hémisphère pour que, ensemble, nous trouvions les moyens de promouvoir une plus
grande innovation et favoriser une plus grande prospérité dans toutes les Amériques.
Je vous remercie.