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Le Canada dans le monde : Politique internationale du Canada
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« Le monde en 2020 »
John Mearsheimer
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Professeur John Mearsheimer

R. Wendell Harrison Distinguished Service Professor at the University of Chicago 

Présentation à Affaires étrangères Canada, avril 2004

Le 5 avril 2004, le professeur John Mearsheimer a fait un exposé sur « Le monde en 2020 » à Affaires étrangères Canada (
AEC). Le professeur Mearsheimer est professeur émérite R. Wendell Harrison à l'université de Chicago. Il a fait une carrière remarquée dans l'enseignement en se consacrant à l'étude des relations internationales, et il a beaucoup publié dans ce domaine, notamment sur la géopolitique et la sécurité internationale.

L'exposé du professeur Mearsheimer portait sur quatre grandes questions :

 mondialisation et nationalisme;
 changements démographiques;
 migrations;
 rôle des États-Unis dans le monde.

Voici un résumé de son exposé et du débat qui a suivi. Les opinions présentées ici ne représentent pas celles d'Affaires étrangères Canada.

1. Mondialisation et nationalisme

La mondialisation est souvent perçue comme un facteur d'érosion des frontières et identités nationales. Le régime des États serait assiégé et perdrait de sa pertinence, et la diffusion de la culture occidentale mènerait inexorablement à une culture mondiale plus homogène.

Cette interprétation de la mondialisation est erronée. La mondialisation renforce le nationalisme et le rôle de l'État dans le système international. Et ce, pour deux raisons. Premièrement, la mondialisation rapproche des cultures et sociétés qui étaient auparavant séparées. Cette intensification des contacts renforce dans chaque société la conscience de « l'autre », et cette conscience de l'autre - de la différence - renforce l'identité nationale. Deuxièmement, les groupes qui s'identifient comme nations cherchent à confirmer leur appartenance communautaire et se protéger au sein d'une structure étatique. C'est ce que les Juifs européens ont cherché en Israël, c'est ce que les Palestiniens cherchent aujourd'hui dans un État palestinien. Ainsi, la mondialisation entraîne non pas un affaiblissement mais un renforcement des nationalismes et du régime des États.

2. Changements démographiques

Richesse et population sont les deux fondements essentiels de la puissance. Les deux sont nécessaires pour être une grande puissance. L'un des deux seul est insuffisant. Par exemple, la Chine et l'Inde ont des populations énormes mais n'ont pas la richesse nécessaire pour devenir de grandes puissances. En revanche, le Canada et l'Australie sont riches mais n'ont pas la population requise pour être de grandes puissances.

Si la richesse et la population sont les deux facteurs clés de la puissance, que nous disent les tendances démographiques au sujet des puissances du XXIe siècle? Le professeur Mearsheimer s'est penché sur les tendances démographiques (et leur incidence économique) dans cinq pays : Japon, Allemagne, Russie, Chine et États-Unis. Les États-Unis sont évidemment la puissance primordiale du monde actuel. À diverses époques de leur histoire, le Japon, l'Allemagne et la Russie ont été des rivaux économiques ou militaires des États-Unis. La Chine est considérée comme le seul pays susceptible de faire pièce aux États-Unis durant ce siècle.

Comment les tendances constatées dans ces nations affecteront-elles l'équilibre de la puissance au XXIe siècle?

L'Allemagne, le Japon et la Russie deviendront moins puissants. Ces trois pays font face à un déclin démographique, ce qui réduira leur importance dans le monde et freinera leur croissance économique. La population du Japon devrait passer de 127 millions d'habitants aujourd'hui à 109 millions en 2050 (certains analystes prévoient même une diminution jusqu'à 94 millions seulement). La population allemande passera de 83 millions d'habitants à 79 millions, et celle de la Russie, de 145 millions à 101 millions. La Russie fait face à un défi supplémentaire : le déclin de son niveau de vie. L'espérance de vie y est aujourd'hui inférieure à la moyenne du monde en développement. Elle y est aussi inférieure à ce qu'elle était en 1961, lorsqu'elle était de cinq ans plus longue. Et ces trois pays - notamment le Japon - font face au vieillissement de leur population. On voit ainsi que les trois principaux adversaires des États-Unis au XXe siècle constateront un déclin de leur puissance au XXIe.

Qu'en est-il de la Chine, le seul pays considéré aujourd'hui comme un rival potentiel des États-Unis? Il est douteux qu'elle devienne un rival politique, militaire ou économique sérieux des États-Unis d'ici à 2050. Certes, la population chinoise continue d'augmenter et atteindra environ 1,4 milliard d'habitants en 2050. Toutefois, comme le Japon, la Chine est confrontée au vieillissement de sa population mais, à la différence du Japon, la population chinoise vieillira avant de devenir riche. Ceci ralentira la croissance de la Chine et provoquera également de vives tensions sociales puisqu'il n'y a pas de régime de retraite dans ce pays et que les retraités chinois ne pourront pas se fier au soutien familial étant donné la politique d'un seul enfant par famille. De plus, les experts chinois eux-mêmes doutent que la croissance économique de leur pays puisse continuer aux taux actuels durant cette décennie, mais pas uniquement pour des raisons d'ordre démographique.

Les États-Unis continueront leur expansion. Ils bénéficient d'un taux de croissance démographique plus élevé que n'importe quel autre pays industrialisé, grâce à la fois à l'accroissement naturel de la population et à l'immigration. La population américaine passera de 285 millions d'habitants aujourd'hui à 409 millions en 2050 (certaines estimations allant jusqu'à 500 millions). De plus, la population des États-Unis ne vieillira pas à un degré préoccupant. Entre 2000 et 2025, la médiane d'âge de la population américaine n'augmentera que de deux ans. Les États-Unis resteront donc un pays vaste, jeune et riche. Ils deviendront un gigantesque vortex * pompant + des ressources, de la richesse et des gens dans le monde entier. Autrement dit, les États-Unis seront encore plus dominants durant ce siècle que dans le précédent.

3. Migrations

Les migrations - légales et illégales, volontaires et forcées - seront une force puissante durant le siècle. L'immigration jouera un rôle important pour modeler l'avenir des pays du monde occidental et du Japon où l'accroissement naturel de la population sera insuffisant pour combler les besoins en main-d'oeuvre. Pour comprendre l'incidence de l'immigration sur l'avenir des différents pays, il faut faire une distinction entre deux types de sociétés.

Le premier type est celui des « pays d'immigration » comme le Canada, les États-Unis et l'Australie, qui accueillent des immigrants et se sont peuplés en grande mesure par l'immigration. Le deuxième est celui des « pays de sang » comme la France, l'Allemagne et le Japon, qui dépendent généralement moins sur l'immigration et ont conservé un degré d'homogénéité ethnique plus élevé que les pays d'immigration.

De fait, les pays européens ont passé une bonne partie des deux derniers siècles à effectuer des changements souvent violents qui les ont transformés de nations hétérogènes en nations homogènes. Par exemple, la Tchécoslovaquie (et pas la Yougoslavie) était en 1938 l'État le plus hétérogène d'Europe. Elle est maintenant réduite à deux États homogènes.

Les pays de sang ont besoin d'immigration pour compenser des taux de fertilité trop bas pour maintenir leurs populations aux niveaux actuels. Ils trouveront probablement ces immigrants en Europe du Sud, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient (où les taux de croissance démographique sont élevés).

Le défi que ces « pays de sang » auront à relever consistera à s'adapter à une diversité sociale croissante, comme l'ont fait le Canada et les États-Unis. Certains le feront mieux que d'autres. Dans certains cas, comme au Japon, le défi sera considérable à cause de très fortes traditions d'homogénéité ethnique. Les sociétés qui n'arriveront pas à intégrer leurs immigrants seront confrontées à des secousses sociales. En revanche, les pays qui n'arriveront pas à accueillir d'immigrants constateront des effets négatifs sur leur croissance économique.

Il convient également de tenir compte de l'incidence politique éventuelle de l'immigration sur l'Europe, étant donné qu'une bonne partie de cette immigration viendra d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient. On constatera une augmentation des populations musulmanes dans certains États européens, ce qui aura une influence sur les débats politiques à l'intérieur de ces pays, notamment en matière de politique étrangère impliquant le Moyen-Orient et les relations avec le monde musulman.

4. Rôle des États-Unis

Comme nous venons de le voir, les États-Unis seront encore plus puissants au XXIe siècle qu'au XXe. Au siècle dernier, ils se sont efforcés de contrer tout pays susceptible de menacer leur suprématie - l'Allemagne, le Japon, l'Union soviétique. On peut s'attendre à la même chose durant ce siècle.

La Stratégie de sécurité nationale l'indique d'ailleurs de manière explicite. Bien que l'on ait accordé beaucoup d'attention à sa doctrine de préemption, on en a accordé beaucoup moins à son objectif explicite d'assurer la domination américaine dans le monde et d'empêcher toute autre puissance de devenir un rival potentiel. Il est peut-être révélateur que la doctrine de préemption de la Stratégie de sécurité nationale ait été vertement critiquée dans de nombreux secteurs de la société américaine, mais pas la volonté exprimée de rester la première puissance au monde et de n'autoriser aucun autre pays à contester la suprématie américaine.

C'est en matière de relations sino-américaines que cette volonté de préserver leur suprématie revêt le plus d'importance. La Chine est le seul pays susceptible d'émerger comme « pair concurrent » des États-Unis. Si ceux-ci ont l'impression que la Chine est en passe de devenir une grande puissance - un « Hong Kong géant » - ils s'efforceront de contenir cette évolution, en partie au moyen d'alliances stratégiques avec les États environnants, c'est-à-dire l'Inde, les pays d'Asie du Sud-Est, le Japon, la Corée du Sud et la Russie. L'histoire de l'Amérique ne laisse pas de doute à ce sujet. Au cours du siècle passé, elle s'est efforcée de contrer la puissance de l'Allemagne, du Japon et de l'Union soviétique. Elle fera la même chose avec la Chine durant ce siècle si ce pays risque d'apparaître comme un rival sérieux.

Cela dit, les États-Unis ne feront pas qu'essayer de préserver leur domination mondiale. Ils tenteront aussi de modeler le monde à leur image. Et cette idée n'est pas uniquement celle des néo-conservateurs. On la trouve dans tout l'éventail d'opinion des élites américaines - des conservateurs ou libéraux. Les différences ne concernent que la tactique. Les conservateurs sont plus enclins à utiliser la force militaire alors que les libéraux préfèrent des approches multilatérales.

Comment les États-Unis joueraient-ils ce rôle dans le monde? Ils veulent « flotter comme un papillon et piquer comme une abeille ». Ils veulent jouer le rôle « d'agent d'équilibre » outre-mer comme la Grande-Bretagne a voulu le faire durant sa propre période de suprématie. Cela veut dire qu'ils tenteront de réduire leurs engagements de troupes en Europe et en Asie afin de rapatrier une plus grande partie de leurs forces armées. Ce processus est déjà engagé. Les soldats envoyés d'Allemagne en Iraq ne retourneront pas en Europe à la fin de leur mission, ils rentreront aux États-Unis.

À l'avenir, les Américains mettront plus l'accent sur leur capacité de déploiement rapide en maintenant des forces militaires plus restreintes dans un plus petit nombre de régions du monde, afin de pouvoir les envoyer sur les lieux de conflit où les intérêts américains sont en cause. « Flotter comme un papillon et piquer comme une abeille » veut dire être capable d'entrer et de sortir rapidement des situations de conflit. Rien ne prouve cependant que cette stratégie sera couronnée de succès. C'est celle qui avait été retenue pour l'Iraq où les États-Unis sont maintenant dans un bourbier.

Ce changement de stratégie reflète dans une certaine mesure la continuation du démantèlement des structures géopolitiques du monde de l'après-guerre, tels les liens transatlantiques traditionnels entre l'Europe et l'Amérique. Contrairement à ce qu'on a vu après la Deuxième Guerre, les États-Unis vont tenter le plus possible de rester en dehors du continent européen. Ils vont se concentrer sur l'Asie du Sud-Est, l'Asie centrale et le Moyen-Orient.

Quelles sont les conséquences de la puissance inégalée de l'Amérique, de sa détermination à rester le numéro 1 et de son désir de modeler le monde à son image? Mearsheimer croit qu'ils risquent de rencontrer des défis considérables car ils ne comprennent pas la puissance du nationalisme. Les élites américaines voient dans la démocratie l'idéologie et le moteur politique le plus puissant au monde. Ce n'est pas vrai. Le nationalisme l'est encore plus. Les États-Unis, culture ayant assimilé et fusionné des cultures diverses dans un seul peuple, ne le comprennent pas. Les Américains croient que les nationalités sont facilement malléables (« Kissinger est Américain, pas Allemand ») et qu'il est donc possible de faire d'apporter de tels changements dans les autres pays. En Iraq, ils butent sur les réalités du nationalisme et les difficultés inhérentes au remodelage des sociétés. Ainsi, quand ils tenteront de jouer le rôle d'agent d'équilibre à l'étranger tout en façonnant le monde selon leurs idéaux, ils buteront de temps à autre contre les forces puissantes du nationalisme.

Période de discussion

L'immigration contribuera de manière importante à la croissance démographique des États-Unis, ce qui aidera l'Amérique à continuer sa domination mondiale. N'y a-t-il pas cependant un risque de ressac contre l'immigration aux États-Unis mêmes? Samuel Huntington parlait récemment de « l'hispanisation » de l'Amérique en disant qu'il y a peut-être des limites au nombre de nouveaux immigrants que les États-Unis peuvent ou devraient absorber. La droite religieuse tentera peut-être de limiter l'immigration. Les États-Unis ne vont-ils pas réduire leur immigration, ce qui ralentirait leur croissance démographique par rapport aux prévisions?

Maintes tentatives ont été faites pour rationaliser ou modifier la politique d'immigration de l'Amérique mais elles ont toutes échoué. L'immigration a des racines profondes aux États-Unis. Elle a commencé dans les années 1850 et s'est poursuivie généralement sans frein jusqu'en 1924, et elle a repris de plus belle à la fin du siècle dernier. La Loi de 1965 sur l'immigration, qui est encore aujourd'hui l'assise de la politique américaine, semble intouchable et il est peu probable qu'elle soit profondément modifiée.

La crainte que les États-Unis voient leur caractère national et leur identité écrasés par les nouveaux arrivants est exagérée. Le pourcentage d'Américains nés à l'étranger est aujourd'hui inférieur à ce qu'il était en 1910. De plus, les mariages interraciaux constituent une force d'assimilation extraordinaire sur les nouveaux arrivants. Il est vrai que les Hispanophones ont tendance à s'établir dans les États du Sud, alors que les immigrants qui les ont précédés avaient tendance à se disperser dans tout le pays. Cela risque de donner aux Hispanophones un sentiment plus fort d'identité distincte, mais les statistiques montrent qu'ils font autant de mariages interraciaux que les autres groupes d'immigrants.

La droite religieuse américaine ne s'oppose pas à l'immigration (et elle n'est pas non plus aussi puissante que d'aucuns le croient). Bon nombre d'immigrants sont très religieux, ce qui convient parfaitement à la droite religieuse.

Les États-Unis sont également perçus comme le grand creuset dans lequel s'intègrent les autres cultures, alors que le Canada cherche à préserver le caractère plus multiculturel de sa société. C'est peut-être vrai mais une étude porte à croire que, sur la base des mariages interraciaux, le Canada assimile mieux ses immigrants que les États-Unis.

Quel est l'avenir du multilatéralisme et de la gouvernance mondiale à l'ère de la prédominance américaine?

La gouvernance mondiale n'existe pas aujourd'hui. Quand un État connaît des difficultés, il n'y a pas de numéro 911 pour appeler au secours, il n'y a pas d'autorité supérieure. Et la gouvernance mondiale ne sera pas une réalité dans l'avenir prévisible. Le système des États est bien vivant et les États ne veulent pas céder les aspects les plus fondamentaux de leur souveraineté à un système de gouvernance mondiale.

Le monde est de plus en plus interdépendant - par le commerce, l'investissement, les voyages et les communications. Cela ne joue-t-il pas contre le type de rivalité plus traditionnelle dont vous parlez? L'interdépendance ne limite-t-elle pas l'utilité de la force militaire parce que les pays dépendent de plus en plus d'économies régionales et d'une économie mondiale stables?

Il se peut que cette tendance ait cet effet. Qui voudrait tuer la poule aux oeufs d'or? N'oublions pas cependant que l'interdépendance existait en Europe avant la Première Guerre mondiale - mais nous avons tout de même connu la guerre. Et que se passera-t-il en cas de dépression et de réduction de la prospérité?

Ne sous-estimez-vous pas l'impact potentiel de la Chine sur la communauté internationale? La Chine est de plus en plus intégrée à l'Asie, sur le plan économique. N'est-elle pas trop grosse pour pouvoir être contenue? Et les autres pays asiatiques voudront-ils la contenir, étant donné leurs liens économiques solides et croissants avec elle?

Il est impossible de dire avec certitude si la Chine émergera comme puissance rivale des États-Unis ou si elle rencontrera des difficultés qui ralentiront sa croissance. Quoi qu'il en soit, si la puissance de la Chine augmente, les conséquences sur l'équilibre mondial de la puissance seront profondes. Même au faîte de la puissance soviétique, le PIB de l'URSS n'était que la moitié de celui des États-Unis. Si la Chine devait atteindre un PIB par habitant équivalent à celui de Hong Kong, elle aurait un PIB égal à deux ou trois fois celui des États-Unis. Bien que l'on ne puisse donc répondre à cette question, la Chine a certainement le potentiel de devenir un pair concurrent des États-Unis.

Vous n'avez pas parlé du rôle que pourraient jouer l'Inde ou l'Union européenne. Ne pourraient-ils pas devenir eux aussi des « pairs concurrents » des États-Unis?

Si l'économie indienne devait décoller, l'Inde pourrait bien dépasser le Chine en 2050 mais on ne prévoit pas que sa croissance économique puisse être assez rapide pour cela. L'Union européenne pourrait devenir une concurrente mais il est peu probable qu'elle soit assez unifiée en matière de politique étrangère et de sécurité pour constituer un défi pour les États-Unis.