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Le Canada dans le monde : Politique internationale du Canada
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Entrevue vidéo
Jennifer Welsh
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Le Dr. Jennifer Welsh discute du concept du citoyen modèle.

Le Dr. Welsh est une citoyenne canadienne qui vit au Royaume-Uni depuis cinq ans. Elle enseigne les relations internationale à l'Université d'Oxford.

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Entrevues vidéo: (en anglais avec transcription en français)

Note: Les opinions exprimées ne sont pas nécessairement celles du gouvernement du Canada.

 
  Biographie20 secondesQuicktime

  Citoyen modèle

3 minutes

Quicktime

  Utilisation du concept de citoyen modèle pour susciter l'engagement des Canadiens

1 minute

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   Institutions multilatérales

3 minutes

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(Les vidéolecteurs sont disponibles ici : QuickTimeWindows Media)


Transcription

Biographie

Je m’appelle Jennifer Welsh et je suis canadienne. J’enseigne les relations internationales à l’Université d’Oxford et j’ai été chargée de recherche au ministère des Affaires étrangères. J’ai déjà enseigné les relations internationales dans des universités canadiennes, mais j’habite maintenant au Royaume-Uni depuis cinq ans.


Citoyen modèle

J’ai proposé ce concept de citoyen modèle car j’étais de plus en plus frustrée par l’idée que le Canada n’était qu’une moyenne puissance parmi d’autres. Je n’arrivais pas à en faire la pierre de touche de ma façon d’envisager le rôle du Canada dans le monde, et je crois que les autres Canadiens n’étaient pas davantage inspirés par cette idée. J’ai élaboré le concept du citoyen modèle à partir de différentes visions du Canada qui s’offrent à nous en cette ère de post 11 septembre. Selon une de ces visions, les relations extérieures du Canada devraient en fait être axées sur ses relations avec les États-Unis, où reposerait son salut. Selon une autre, le Canada devrait devenir la « nouvelle Norvège », ce petit pays scandinave qui sert d’intermédiaire dans les négociations de paix et tente de cultiver un créneau au sein du système international. Selon une troisième vision, le Canada doit exercer un pouvoir discret dans le cadre du système international, un pouvoir souvent associé aux années Axworthy. Je crois que je m’appuie un peu sur ce dernier concept, mais je suis de plus en plus persuadée qu’un aspect primordial de la politique étrangère du Canada se résume simplement à ce qu’est le pays, un modèle hautement efficace de démocratie libérale. Cet aspect a un rôle à jouer en matière de politique étrangère, car il s’agit d’un incubateur d’idées, de modèles et d’expériences de construction de pays dont peuvent profiter les autres pays du monde. Voilà un aspect du modèle que je propose.

Il s’agit donc non seulement de devenir des citoyens modèles, mais aussi de servir de modèles. Pas de « top-modèles », mais de modèles pour les autres, de manière à leur montrer des choses, à les aider et à les instruire. Ce qui ne veut pas nécessairement dire qu’il faut imposer ou même fournir une réponse, mais qu’il faut aider les autres à s’aider. J’y vois d’ailleurs une certaine analogie avec ce que le Canada pourrait faire en matière de construction et de reconstruction des États. Là encore, cette approche est légèrement différente de ce à quoi on pourrait s’attendre des États-Unis; elle s’apparente probablement davantage à l’approche européenne à l’égard de la reconstruction, mais elle est en fait typiquement canadienne. Nous avons notre propre créneau à investir. À mon avis, le Canada peut donner une valeur ajoutée à la construction des États en apportant sa contribution par rapport à la primauté du droit et aux questions concernant l’instauration d’un organe judiciaire, d’une charte fonctionnelle et d’une force de police civile. Ce sont en effet des domaines parmi lesquels le Canada possède le plus d’expertise.

L’idée du citoyen modèle, si vous permettez que je glisse un mot à ce sujet, vient en réalité de la vision selon laquelle la scène internationale est constituée d’une collectivité de citoyens. Et du fait que le Canada agira rarement seul ou indépendamment du reste du monde, qu’il s’associera à d’autres – un peu comme le ferait un citoyen modèle. J’ai donc essayé de bien faire passer cette idée dans mon livre, c'est-à-dire de faire en sorte qu’on envisage le Canada du point de vue de la citoyenneté et du modèle qu’il présente au monde.


Utilisation du concept de citoyen modèle pour susciter l’engagement des Canadiens

Je crois que ce concept est utile pour deux raisons. Avant tout, il peut servir à solliciter les commentaires des citoyens : croyez-vous qu’il s’agit d’une façon adéquate de voir le Canada, ou avez-vous une meilleure vision à proposer? Je crois qu’il est toujours souhaitable que les gens puissent réagir à une vision ou à une idée, ou encore qu’ils les façonnent à leur manière. D’autre part, je crois que ce concept est utile de par son côté très participatif. L’idée de citoyen modèle sous-entend que les citoyens ordinaires peuvent aussi participer à l’élaboration de la politique étrangère.

Cet aspect doit être mis à l’avant-plan. Nous disons souvent que notre engagement international doit être moulé sur nos valeurs et nos intérêts, mais pour être en mesure de bien les définir, il faut d’abord savoir ce que nous sommes et qui nous sommes. Voilà donc une bonne façon pour les Canadiens d’entamer ce processus de réflexion et de se demander : « Que voulons-nous être? ». Dès lors, leurs intérêts et leurs valeurs s’éclairciront. Cette discussion préalable est donc très importante.


Institutions multilatérales

Je crois que, d’une certaine manière, la guerre en Iraq a fait ressortir certains problèmes de notre système multilatéral. J’en mentionnerai trois. Le premier concerne la lenteur excessive du processus de décision. C’est un problème qui se pose également à l’égard du Darfour. Puisque les décisions sont prises par consensus, il est très difficile d’obtenir rapidement des résultats. Comme en témoignent les crises comme celle du Darfour, ou même du Rwanda, ce n’est pas suffisant si on veut être réellement en mesure de réagir en temps opportun.

Le deuxième problème tient au fait que nos institutions multilatérales sont vues de plus en plus comme illégitimes et opaques; qu’elles fonctionnent selon un certain code en privé, et selon un autre en public. Elles ne sont pas forcément représentatives de toutes les parties du monde; elles sont influencées par la basse politique et elles ne donnent pas les résultats escomptés.

Le dernier problème auquel les institutions multilatérales doivent faire face se rapporte aux États-Unis. Comment gérer le système multilatéral lorsqu’un de ses membres est particulièrement puissant? Ce problème n’est pas nouveau, mais il se présente aujourd’hui d’une manière particulière.

Voilà donc quelques-uns des problèmes de notre système multilatéral. Évidemment, je crois que certaines solutions passent par une réforme : il faut songer à un nouveau mode de participation des membres au sein de quelques organisations clés, dont les Nations Unies. Il faut aussi envisager des processus de décision plus souples, en catégorisant les problèmes; si pour certaines questions il est essentiel qu’il y ait un large consensus, pour d’autres il faudrait être en mesure de passer à l’action avec seulement une partie des membres de l’organisation, de manière à permettre une réponse rapide aux crises qui surviennent.

Je crois en fait que ce dernier problème est le plus difficile à régler, mais il existe une solution. Il s’agit de réengager les États-Unis dans le système multilatéral en leur rappelant la raison pour laquelle il est important et en leur montrant qu’il peut fonctionner. Il faut leur faire comprendre qu’il permet de réduire les risques au minimum et de partager les fardeaux. Voilà un argument très pragmatique, surtout dans le contexte actuel. Le multilatéralisme permet de répartir l’attention lorsque les choses vont mal, mais aussi lorsqu’elles vont bien, tout en répartissant les charges. Pour une superpuissance qui possède des intérêts partout dans le monde, ce message relatif au partage des fardeaux peut représenter un moyen de réengager les États-Unis, dont les ressources ne sont tout de même pas illimitées.