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Reconstruire l'Afghanistan Mark Sedra
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Cette réforme du secteur de la sécurité en Afghanistan repose sur cinq piliers, chacun placé sous la direction d'un pays donateur principal, à savoir les États‑Unis (réforme du secteur militaire, ou encore de la défense), l'Allemagne (réforme du secteur policier), le Japon (désarmement, démobilisation et réintégration des anciens combattants), l'Italie (réforme du judiciaire) et le Royaume-Uni (lutte contre la drogue). Depuis quelques années, je suis de près l'évolution de ces cinq piliers. Mon projet, qui se déroule au pays pour l'instant, consiste à tracer un bilan de ce processus. Je suis ici pour voir jusqu'où la réforme a progressé dans chacun de ces secteurs.
Toutes ces données sont difficiles à établir, vu qu'il n'y a pas eu de recensement au pays depuis des décennies. Il s'agit aussi d'une question très sensible sur le plan politique, car le pourcentage de la population contribue à déterminer quelle proportion des postes gouvernementaux chaque groupe ethnique pourrait revendiquer. L'ethnicité en Afghanistan a ceci d'intéressant qu'elle s'accompagne aussi d'un très fort sentiment d'identité nationale. La majorité des Afghans n'hésitent en effet aucunement à s'identifier comme tels, et non pas seulement avec leur groupe ethnique. Cependant, la plupart des groupes se mobilisent selon un axe ethnique, sur le plan politique, et autrefois militaire. Il s'agit donc là d'un facteur vital qu'on ne peut ignorer. Il faut noter également qu'il n'y a pas de mouvement sécessionniste en Afghanistan. Je crois qu'il faut insister sur ce point, parce que nous avons souvent tendance, en Occident, à voir le conflit afghan à travers le prisme de l'ethnicité, ce qui dans bien des cas ne constitue qu'une parcelle de la vérité.
Il y a eu des élections présidentielles en Afghanistan en octobre 2004. Elles ont été remarquablement réussies. Le scrutin serait entaché de nombreuses violences, avaient prévenu maints « prophètes de malheur ». Cela n'a pas été le cas, loin s'en faut. Les élections se sont en effet déroulées dans le calme, et le président Karzaï l'a emporté avec une solide majorité. Il a été le seul candidat à recueillir des votes auprès de tous les groupes ethniques du pays, ce qui était très important. Je pense que ce scrutin a donné une impulsion fort nécessaire à la reconstruction et au processus politique dans ce pays. Il a aussi redonné au gouvernement et à la communauté internationale le sentiment que l'Afghanistan est sur la bonne voie. L'Afghanistan tiendra des élections parlementaires en 2005. L'exercice sera beaucoup plus difficile que lors des présidentielles, sous l'angle à la fois de la logistique et de la sécurité, mais n'en constituera pas moins une étape cruciale dans la marche du pays vers la démocratie. |