M. KILGOUR - CONFÉRENCE SUR L'INTÉGRATION DE L'HÉMISPHÈRE AU-DELÀ DU LIBRE-ÉCHANGE ORGANISÉE PAR L'UNIVERSITÉ LAVAL : SOMMET DES AMÉRIQUES - QUÉBEC (QUÉBEC)
2001/20 SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE L'HONORABLE DAVID KILGOUR,
SECRÉTAIRE D'ÉTAT (AMÉRIQUE LATINE ET AFRIQUE),
À LA CONFÉRENCE SUR L'INTÉGRATION DE L'HÉMISPHÈRE
AU-DELÀ DU LIBRE-ÉCHANGE
ORGANISÉE PAR L'UNIVERSITÉ LAVAL
« SOMMET DES AMÉRIQUES 2001 :
DÉFIS ET POSSIBILITÉS »
QUÉBEC (Québec)
Le 17 avril 2001
Introduction : Le passé comme prologue
Je suis heureux d'être parmi vous aujourd'hui et de partager quelques réflexions avec vous sur le
Canada, les Amériques et les défis et les possibilités que présente le Sommet des Amériques 2001.
Le Canada a pris conscience assez tardivement du potentiel des Amériques. Nous réalisons maintenant
que nous ne sommes pas seulement dans les Amériques, mais que nous sommes une nation des
Amériques.
Le premier défi auquel le Canada s'est trouvé confronté sur le chemin de Québec a été d'accepter que
son destin, sa prospérité et sa stabilité futurs étaient étroitement liés à ceux de la région.
Il n'a pas été toujours facile ou évident pour les Canadiens de s'en rendre compte. Nos regards étaient
tournés ailleurs. Nous accordions plus d'attention à d'autres régions et déployions de plus grands
efforts pour développer nos relations avec d'autres partenaires.
Une nouvelle orientation
Les choses se sont améliorées.
Les années 1990 ont été la décennie des Amériques pour le Canada. Nous avons adhéré à l'OEA
[Organisation des États américains] en 1990. L'Accord de libre-échange entre le Canada et le Chili a été
signé en 1997. Le premier ministre Chrétien a dirigé deux missions d'Équipe Canada dans la région en
1998. Nous avons accueilli les Jeux panaméricains à Winnipeg, en 1999, et célébré cette même année le
cinquième anniversaire de l'ALENA [Accord de libre-échange nord-américain]. L'an dernier, à Toronto,
nous étions les hôtes de la Réunion des ministres du Commerce des Amériques.
Nous avons marqué cette décennie d'appartenance en accueillant, en juin dernier, l'Assemblée
générale de l'OEA à Windsor, en Ontario, peut-être la réunion la plus remarquable de l'histoire de
l'Organisation, car la région s'y est unie pour la défense de la démocratie au Pérou.
Dans trois jours, nous serons les hôtes de la plus grande -- et très probablement de la plus importante
-- réunion de chefs d'État et de gouvernement jamais tenue au Canada : le Sommet des Amériques
2001.
Le Canada est honoré d'avoir été choisi pour organiser ce Sommet. Les dirigeants de l'hémisphère y
trouveront l'occasion d'affirmer avec force leur engagement en faveur de la communauté en prenant
des mesures pratiques pour faire progresser un programme politique, économique et social cohérent et
équilibré.
Le processus préparatoire
Lors de l'Assemblée générale de l'OEA qui a eu lieu à Windsor, l'an dernier, les ministres des Affaires
étrangères ont approuvé, en prévision du Sommet de Québec, un programme articulé autour de trois
thèmes principaux : renforcer la démocratie; créer la prospérité et réaliser le potentiel humain. Ils ont
accepté l'idée qu'il fallait maîtriser les technologies de l'information et des communications -- la
connectivité -- pour atteindre ces objectifs communs. De plus, les ministres ont reconnu la nécessité
de mobiliser les ressources nécessaires pour concrétiser ces engagements.
Nous nous sommes fixés pour défi de produire une Déclaration et un Plan d'action centrés sur les
personnes, axés et orientés vers les résultats, et étayés de ressources adéquates, pour répondre aux
priorités les plus pressantes de l'hémisphère.
Les pays qui participeront au Sommet ont relevé ce défi. Je crois que nous réussirons.
Renforcer la démocratie
La promotion de la démocratie, la protection des droits de la personne et le respect de la primauté du
droit sont les thèmes centraux du Sommet. L'an dernier, l'OEA a fermement veillé à la protection de la
démocratie péruvienne. Le communiqué de la Réunion des présidents d'Amérique du Sud déclarait que
le « maintien de la primauté du droit et le strict respect du système démocratique » seraient une «
condition pour la participation » aux réunions futures.
Il y a eu de grandes réalisations. Néanmoins, nous devons reconnaître que les progrès vers la
démocratie n'ont pas été uniformes : il y a eu des retards et beaucoup reste encore à faire.
Il est fondamental de s'entendre sur des valeurs et des principes communs et d'agir pour donner une
expression pratique à nos entreprises. Le Canada exerce des pressions pour l'inclusion d'une « clause
sur la démocratie » dans la Déclaration du Sommet afin d'établir des sociétés plus stables et plus libres
dans les Amériques. Nous chercherons à obtenir une adhésion explicite aux principes qui sont au
coeur même du programme du Sommet des Amériques.
Je pense que nous y parviendrons.
Créer la prospérité
Lors du Sommet de 1998 à Santiago, au Chili, les dirigeants ont lancé des négociations sur la Zone de
libre-échange des Amériques [ZLEA] -- exprimant ainsi leur foi dans le dynamisme, le talent et l'énergie
créative des peuples de l'hémisphère.
Ils ont été motivés par un désir commun de créer la richesse, de favoriser la croissance et d'améliorer
la répartition des retombées économiques dans un système où une transparence et une certitude
accrues ouvriraient de nouveaux débouchés, stimuleraient la croissance de l'emploi et contribueraient
à promouvoir une meilleure équité sociale.
Le Canada, grande nation commerçante, partage cette vision. Nous exportons près de la moitié de ce
que nous produisons. Quatre-vingt-douze pour cent de ces exportations ont pour destinations les pays
qui participeront au Sommet.
Ce rassemblement permettra aux chefs de gouvernement de faire le point sur le projet de Zone de libre-échange des Amériques et d'évaluer le chemin à parcourir. Bien que le commerce reste l'objet principal
de l'effort collectif visant à promouvoir la croissance économique et à répandre la prospérité dans les
Amériques, nous devons bien faire comprendre que le Sommet traite de nombreux autres sujets. On
s'attend, en fait, à ce que la ZLEA n'occupe que 15 à 20 minutes de l'ensemble du temps des dirigeants.
Le Sommet exprimera avec force un engagement à partager les retombées de la croissance, tout en
abordant la responsabilité sociale des entreprises, les marchés financiers, l'infrastructure,
l'environnement, le travail, la pauvreté, la gestion des catastrophes et le problème des inégalités.
Nous nous trouvons confrontés à deux défis, ici. Le premier est de veiller à ce que les mesures
qu'approuvent les dirigeants aient un effet positif dans l'ensemble de l'hémisphère, en créant de
nouveaux et de meilleurs débouchés économiques, de nature à améliorer la qualité de vie de tous les
citoyens des Amériques.
Encore une fois, je suis certain que nous relèverons ce défi.
Le deuxième défi est de faire passer le message à ceux qui ne voient dans la ZLEA et le Sommet qu'une
autre manifestation d'une mondialisation dévastatrice. Le problème, ici, n'est pas de « vendre la salade
», mais de susciter la confiance publique à l'égard d'un processus qui, nous en sommes certains, sera
bénéfique pour tous les peuples des Amériques. La publication du texte de négociation de la ZLEA est
un premier pas vers une transparence et une compréhension accrues, dont le mérite peut
particulièrement être attribué au Canada.
Réaliser le potentiel humain
Au meilleur sens du terme, la mondialisation est affaire d'interdépendance, de communauté et de
soutien mutuel. Il s'agit de s'entraider pour devenir économiquement plus forts, répandre la justice
sociale et renforcer le respect des droits de la personne. Elle concerne le respect de la dignité humaine.
Le Canada peut, à juste titre, faire figure de modèle à cet égard; notre engagement en faveur du
Sommet est le reflet de notre engagement en faveur de ce programme.
Cela signifie que nous devons veiller à ce que les engagements qui composent le programme social
approuvé au Sommet -- principalement les activités de suivi autour du thème « Réaliser le potentiel
humain » -- soient étayés par des ressources adéquates et une volonté politique. Ils doivent être
considérés comme faisant partie intégrante d'un Plan d'action cohérent et équilibré -- un Plan d'action
axé sur les personnes et sur leur qualité de vie.
Créer de nouveaux et de meilleurs débouchés pour les peuples signifie leur donner les outils
nécessaires pour réaliser leur potentiel. Les dirigeants ont reconnu ce fait à Santiago, quand ils ont
qualifié l'éducation de « clé du progrès » pour l'hémisphère.
Le Sommet de 2001 favorisera l'habilitation des jeunes, des femmes, des peuples autochtones, des
personnes défavorisées et des personnes handicapées -- personnes qui ont été souvent repoussées en
marge de la société. Elle contribuera à donner à tous la possibilité de vivre dans la dignité, de réaliser
leur plein potentiel et de participer au développement de leurs sociétés.
Il faut s'attacher particulièrement à multiplier les possibilités de profiter de l'économie mondiale basée
sur le savoir, à accroître l'accès à l'éducation et à améliorer les soins de santé dans toute la région.
Sans une bonne santé et une éducation de qualité, nous n'avons pas d'avenir.
Les initiatives élaborées à Québec doivent aider tous nos peuples à profiter de la société dans laquelle
ils vivent et à y apporter leur contribution, dans le respect de leur diversité sociale et culturelle.
La connectivité
La technologie de l'information et des communications est en train de transformer rapidement et
radicalement le monde.
La connectivité n'est pas une fin en soi, mais un outil. Le Canada propose d'étudier de quelle manière
nous pouvons tous collaborer pour répandre l'utilisation des nouvelles technologies dans l'ensemble
des Amériques, non seulement au profit de ceux qui sont les mieux placés pour tirer parti des
débouchés commerciaux, mais dans l'intérêt de tous.
L'expérience du Canada a montré que nous devons envisager des partenariats nouveaux et créatifs
permettant de relier les secteurs public et privé, la société civile, les institutions financières
internationales, et les organisations régionales et internationales. La coopération peut aider au partage
équitable du potentiel des nouvelles technologies -- leur capacité de couvrir de vastes distances,
d'élargir l'accès au savoir et d'augmenter la productivité économique.
Nous allons relever ce défi aussi à Québec. Les dirigeants quitteront le Sommet après avoir approuvé
un document qui présentera à la fois une vision commune et des orientations pratiques pour une
coopération future.
Grand défi, possibilités encore plus grandes
Aujourd'hui, je vous ai présenté un aperçu du Sommet de 2001 et quelques perspectives sur ses
principaux défis. Il ne sera pas facile de faire de notre vision commune pour les Amériques une réalité.
Mais nous sommes confrontés à des possibilités encore plus grandes et plus importantes, que nous ne
pouvons ignorer et que nous devons réaliser. Ces possibilités ne justifient pas seulement notre
investissement dans le Sommet; il est certain qu'elles seront très profitables.
Je vous remercie.