M. AXWORTHY - ALLOCUTION À LA CONFÉRENCE DE L'UNIVERSITÉ DES NATIONS UNIES SUR LE PACTE MONDIAL ET LES INSTITUTIONS DE L'ONU - TOKYO, JAPON
2000/30 SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE LLOYD AXWORTHY,
MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES,
À LA CONFÉRENCE DE L'UNIVERSITÉ DES NATIONS UNIES SUR
LE PACTE MONDIAL ET LES INSTITUTIONS DE L'ONU
TOKYO, Japon
Le 14 juillet 2000
Je reviens avec grand plaisir à l'Université des Nations Unies. La dernière fois que j'ai
prononcé une allocution ici, j'étais porte-parole de l'opposition pour les affaires
étrangères. J'ai maintenant le devoir de transformer mes idées en politiques.
Vous vous êtes fixés un ordre du jour fort ambitieux, dont les sujets vont de la réforme
du Conseil de sécurité aux codes de conduite volontaires.
J'ai pris connaissance du rapport exposant en détail votre première série de
discussions, à Acton, en Ontario. Je suis encouragé par le niveau de ces discussions et
par les idées que vous y avez exprimées. Je suis en outre heureux de constater qu'un
grand nombre des questions que vous examinez durant cette deuxième série de
discussions sont au centre du programme de politique étrangère du Canada.
Cela reflète un changement de la réalité mondiale. Mais surtout, cela reflète un
changement de perspective.
La notion de sécurité a bien changé depuis ma nomination à titre de ministre des Affaires
étrangères du Canada, il y a près de cinq ans. En conséquence, le vocabulaire propre
aux affaires internationales a commencé à évoluer. Nous ne nous limitons plus aux
discussions sur les droits des États et la souveraineté nationale. La protection des civils,
le sort des enfants touchés par la guerre, la menace du terrorisme et des drogues, la
gestion des frontières ouvertes et la lutte contre les maladies infectieuses figurent
désormais au nombre des principaux sujets de notre dialogue.
Nous employons un vocabulaire différent parce que nous avons pris conscience du fait
que la protection des personnes doit être notre principale préoccupation; cette prise de
conscience fait évoluer la politique étrangère canadienne et motive à plusieurs égards la
mise en oeuvre de ce que nous appelons notre plan d'action pour la sécurité humaine.
Que voulons-nous dire par « sécurité humaine »? Sécurité de qui, de quoi? Qui est
responsable? Et comment y arriver? Toutes ces questions sont importantes.
Le terme « sécurité humaine » n'est pas vraiment nouveau. On reconnaît de plus en plus,
depuis la Deuxième Guerre mondiale, que les droits des personnes sont au moins aussi
importants que ceux des États.
L'holocauste nous a obligés à examiner sérieusement la place qu'occupent les normes
et codes moraux internationaux dans la conduite des affaires internationales. Il nous a
aussi amenés à repenser les principes de la souveraineté nationale.
Les procès de Nuremberg ont établi que les violations extrêmes des droits des
personnes ne devaient pas rester impunies. La Charte des Nations Unies, la Déclaration
universelle des droits de l'homme, les conventions sur le génocide et les conventions de
Genève ont toutes affirmé le droit inhérent des personnes à leur sécurité. Ils ont aussi
jeté les bases du droit international et de la pratique internationale concernant la remise
en question des notions classiques de souveraineté dans les cas de violation.
La sécurité humaine est allée plus loin dans cette évolution, et est maintenant centrée
sur la sécurité des personnes et de leurs collectivités. Cette approche consiste,
fondamentalement, à privilégier les personnes.
La sécurité humaine affirme que la sécurité des personnes est essentielle à la promotion
et au maintien de la paix et de la sécurité internationales.
Elle consiste à reconnaître que la sécurité des États est nécessaire -- mais non
suffisante -- pour assurer la sécurité et le bien-être des citoyens du monde entier, ainsi
qu'à affirmer que nous avons tous la responsabilité d'assurer leur protection et de mettre
fin à leurs souffrances.
La sécurité humaine est aussi le reflet des nouvelles réalités plus inclusives de la
gestion des affaires publiques à l'échelle internationale.
Dans notre monde interconnecté, notre propre sécurité est de plus en plus indissociable
de celle de nos voisins, chez nous et à l'étranger. Le phénomène de la mondialisation a
fait de la souffrance humaine individuelle une préoccupation universelle irréversible. Et
bien que les gouvernements conservent leur importance, l'intégration des marchés
mondiaux et les communications instantanées font des intervenants des milieux
d'affaires, de la société civile et des organisations non gouvernementales [ONG] des
acteurs clés bien en vue.
Nous tirons parti de ces nouvelles synergies et des coalitions en faveur de la promotion
de notre plan d'action pour la sécurité humaine. Ces groupes d'intérêts divers ont leurs
propres priorités et façons de procéder. Ils ont toutefois tous la responsabilité de ne pas
chercher seulement à protéger la sécurité humaine, mais de veiller à ce que leurs actions
ne mettent pas les personnes en danger.
La formation de coalitions entre États aux vues similaires est un autre élément
dynamique de cette « nouvelle diplomatie ». Le Réseau de la sécurité humaine en est un
bon exemple. Ce réseau, qui inclut maintenant plus d'une douzaine de pays de toutes les
régions du monde, est né d'une entente bilatérale entre le Canada et la Norvège, à savoir
le « partenariat de Lysoen ».
Depuis sa création il y a deux ans, le Réseau fait la promotion, auprès de la communauté
internationale, des efforts que déploie l'ONU en faveur de la protection des civils. Il est
en mesure de relever les cas où une action collective est opportune, par exemple en
faisant la promotion d'initiatives en prévision de la Conférence de l'ONU sur les armes
légères, qui aura lieu en 2001. Il peut aussi attirer l'attention internationale sur de
nouveaux enjeux, comme le défi d'inciter des intervenants non étatiques et des groupes
armés à se conformer au droit humanitaire international et à respecter les droits de la
personne.
La nouvelle diplomatie exige aussi la modernisation de nos institutions internationales.
Le Canada y travaille en intégrant la dimension humaine aux travaux de l'ONU, en
particulier ceux du Conseil de sécurité, où il siège encore à titre de membre. Il est aussi
actif au sein de l'OSCE [Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe], du
Commonwealth, de la Francophonie et du G-8.
Je reviens d'ailleurs tout juste de la conférence annuelle des ministres des Affaires
étrangères du G-8, à Miyazaki. Nous y avons abordé des dossiers cruciaux, notamment
la prévention des conflits, la non-prolifération, le contrôle des armements et le
désarmement, le terrorisme, la criminalité, ainsi que les enjeux environnementaux.
Toutes ces questions ont une importante dimension de sécurité humaine et, ce qui
montre bien à quel point celle-ci prend de plus en plus d'importance, elles seront aussi
pour la plupart à l'ordre du jour de la rencontre des dirigeants du G-8, à Okinawa, dans
une semaine.
En coordonnant l'action de ces membres dans ces dossiers, je crois que le G-8 peut
jouer un rôle important au chapitre de l'évolution de l'approche de la sécurité humaine.
En outre, en prenant des mesures concrètes, il peut fournir un appui important aux
autres États, aux organisations internationales et aux intervenants non étatiques dans
leurs efforts en faveur de la sécurité humaine.
Prenons un exemple, celui de la prévention des conflits. Mes homologues et moi avons
adopté un plan ambitieux pour aider à favoriser une « culture de prévention ». Nous
avons convenu d'agir pour enrayer le transfert illégal et incontrôlé des armes légères,
car ces armes ont des effets tragiques sur les populations civiles touchées par des
conflits armés. Le fait d'en limiter l'accès et la disponibilité aidera à contrôler les moyens
de la guerre.
Nous avons aussi convenu d'améliorer la structure de nos politiques de développement
pour mieux éliminer les causes éventuelles de conflits armés.
Il ne fait aucun doute que les marchandises de grande valeur, les diamants par exemple,
peuvent avoir des incidences négatives énormes, du fait qu'elle prolongent et
intensifient les conflits. L'Angola et la Sierra Leone sont deux exemples de ces
conséquences extrêmes de la convoitise personnelle. Nous avons décidé de mieux
coordonner nos efforts pour empêcher que les recettes de la vente de diamants servent
à financer ceux qui font la guerre et commettent des crimes contre des civils. L'embargo
récemment imposé par le Conseil de sécurité sur les diamants bruts de Sierra Leone est
un pas dans la bonne direction.
Nous avons aussi reconnu l'importance de la police civile internationale comme élément
crucial de la prévention des conflits.
Et le G-8 a commencé à s'occuper des conséquences qu'ont les conflits armés sur les
enfants -- qui figurent depuis longtemps au programme de politique étrangère du Canada
-- y compris en cherchant à mettre un terme au déploiement d'enfants-soldats.
La question des enfants touchés par les conflits revêt pour moi une importance
particulière. Le Canada accueillera une importante conférence internationale à ce sujet
en septembre prochain. On y fera le point sur les efforts déployés dans le monde pour la
protection des enfants, et on y dressera un plan d'action qui pourra être présenté à la
session extraordinaire de l'ONU sur les enfants en 2001.
Le Canada a aussi fait de l'intervention humanitaire une priorité.
Il y aura néanmoins des cas où la prévention ne réussira pas. Il faudra alors que la
communauté internationale soit prête à agir pour mettre fin aux souffrances des gens.
Pour pouvoir décider quand l'intervention est justifiée, il faut se poser de sérieuses
questions. Sous les auspices de qui? Selon quels critères? En vertu de quelles normes?
Avec quels outils?
Le Canada fait campagne en faveur de la création d'une commission internationale des
interventions humanitaires, qui pourrait trouver des réponses à ces questions.
Cette commission préparerait un rapport en vue de l'Assemblée générale des Nations
Unies de 2001. Elle serait chargée de définir le cadre politico-légal de l'action
internationale. En favorisant le débat et le dialogue à l'échelle internationale, la
commission tiendrait compte d'un point crucial, qui jusqu'à maintenant n'a pas reçu
l'attention qu'il mérite.
Avant de prendre le chemin de l'Asie, j'ai déposé aux Nations Unies, à New York,
l'instrument par lequel le Canada a ratifié le Statut de Rome de la Cour pénale
internationale. Chaque jour qui passe, que ce soit au Kosovo ou en Sierra Leone, rend
plus impérieuse la nécessité de cette cour permanente qui obligera les individus à
répondre de leurs atrocités et promet de prévenir les exactions contre les civils sans
défense. La Cour est la première grande nouvelle institution internationale dans la
bataille contre les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et les actes de
génocide. Elle marque une étape majeure sur la voie d'une réelle responsabilisation à
l'échelle internationale.
Le Canada s'efforce aussi d'inclure une plus grande dimension de sécurité humaine
dans les travaux des Nations Unies, en particulier ceux du Conseil de sécurité. Nous
cherchons, au cours de notre mandat actuel, à mettre la sécurité des personnes sur le
même pied que celle des États. Nous cherchons aussi à adapter les mécanismes du
Conseil à la nature évolutive de la sécurité et aux exigences d'une plus grande
démocratie. Sur ces deux plans, nous remportons un certain succès.
L'initiative pour la protection des civils en situation de conflit armé, dont le Canada s'est
fait l'instigateur durant ses deux mandats à la présidence, a inscrit fermement la sécurité
humaine au programme du Conseil de sécurité.
En pratique, il en est résulté des mandats de maintien de la paix explicites pour la
protection des civils en Sierra Leone, au Timor-Oriental et en République démocratique
du Congo. Ces mandats incluent maintenant systématiquement des unités de défense
des droits de la personne, des conseillers en matière de protection des enfants et
d'autres dispositions visant à protéger les civils.
Nous avons aussi fait la promotion de la réforme des sanctions du Conseil de sécurité,
pour tenter de les rendre plus humaines et plus efficaces.
En essayant d'ancrer les préoccupations relatives à la sécurité humaine dans le
fondement même du mandat et des instruments du Conseil, nous croyons que les
résultats des efforts que nous aurons déployés durant notre bref passage au Conseil
dureront longtemps après notre départ.
Nous nous sommes aussi occupés en priorité de rendre les activités du Conseil plus
transparentes. Le Canada estime qu'un Conseil plus ouvert, plus démocratique et plus
inclusif serait plus efficace. Que ce soit dû à la prérogative des membres permanents ou
au secret entourant les délibérations du Conseil, beaucoup trop de questions pressantes
relatives à la sécurité sont exclues du programme et beaucoup trop de voix qui devraient
être entendues ne le sont pas. Par exemple, en avril dernier, le Canada s'est efforcé en
vain d'obtenir que le Conseil se penche sur le conflit au Soudan - une crise d'une
ampleur effarante sur le plan de la sécurité humaine. Même si l'on a réussi, dans une
certaine mesure, à rendre les méthodes de travail plus ouvertes et inclusives, il reste
beaucoup à faire.
À l'heure où les « codes de conduite » sont de plus en plus à l'honneur, il est étonnant
que le Conseil de sécurité, en 50 ans d'existence, n'ait jamais adopté officiellement de
règles de procédure. Ce manque de transparence, qui préserve le pouvoir discrétionnaire
des membres permanents du Conseil, n'a pas toujours servi les intérêts de ses
commettants du monde entier.
De l'avis du Canada, l'ajout de membres permanents ne rendra pas le Conseil de sécurité
plus responsable et représentatif. Il faut plutôt s'attacher à augmenter le nombre de
membres élus du Conseil afin de favoriser la démocratie et la responsabilisation au sein
de cet organisme primordial au chapitre de la paix et de la sécurité dans le monde.
Pour être efficace, tout effort déployé en vue de réformer l'ONU doit être accompagné
d'une volonté politique et de ressources matérielles et financières suffisantes. Le Japon,
tout comme le Canada, s'est toujours fait un devoir de veiller à ce que l'ONU dispose des
ressources nécessaires à l'accomplissement de ses fonctions, alors que beaucoup trop
de pays ne s'en sont pas souciés.
Trop souvent, les intérêts nationaux ou régionaux, de même que l'inertie bureaucratique,
empêchent l'ONU de remplir les obligations prévues par sa Charte. La crise récente en
Sierra Leone illustre parfaitement ces deux entraves.
Alors que cette crise atteignait son apogée, le Canada et la Norvège ont proposé de
détacher du personnel pour renforcer les services de planification de la Mission des
Nations Unies en Sierra Leone [MINUSIL]. Le Département des opérations de maintien de
la paix n'a jamais répondu à cette offre, et ce, parce que le personnel était fourni à titre
gracieux et était, de ce fait, politiquement inacceptable. En effet, voilà plus d'un an, des
nations incapables de fournir gracieusement un soutien de cette nature ont formé une
coalition lors de l'Assemblée générale pour empêcher toute nation de le faire. Cette
initiative ne rend pas service à l'ONU, ni n'a aidé le peuple de Sierra Leone. Par ailleurs,
l'ONU hésite à accepter des offres de cette nature parce qu'elle craint de ne pouvoir
intégrer cette contribution.
Il nous faut non seulement pouvoir fournir à l'ONU les ressources nécessaires en cas de
crise, mais aussi lui donner la capacité de les déployer rapidement. Sinon, la communauté
internationale devra dépendre d'États individuels ou d'alliances régionales, qui voudront bien se
charger de maintenir la paix et la sécurité dans le monde.
Si la Grande-Bretagne n'avait pas déployé rapidement quelque 800 parachutistes, il est fort
probable que la crise en Sierra Leone ne se serait pas stabilisée aussi vite et que la violence
aurait redoublé. Il en va de même pour la Force internationale d'interposition au Timor-Oriental
dirigée par l'Australie, dont l'intervention dès le début de la crise a prévenu des souffrances
inqualifiables. Les mesures prises par l'OTAN au Kosovo ont pour ainsi dire eu le même effet.
Pour favoriser la sécurité humaine à l'échelle internationale, les gouvernements doivent
également travailler en collaboration plus étroite avec le secteur non gouvernemental. Le milieu
des affaires a notamment un rôle important à jouer. Le secteur privé reconnaît de plus en plus
l'utilité d'élaborer des initiatives en matière de responsabilité sociale des entreprises, qui
concernent les activités nationales et internationales de ces dernières.
En 1997, nous avons accueilli avec satisfaction l'annonce qu'une coalition de sociétés
canadiennes avait adopté le Code international d'éthique à l'intention des entreprises
canadiennes. Depuis l'adoption de ce Code, je recommande vivement aux entreprises
canadiennes d'en tenir compte et de se comporter de manière responsable partout où
elles mènent des activités.
Le gouvernement canadien continue de travailler avec le secteur privé, des
universitaires, des ONG et des organismes internationaux afin d'élaborer et de mettre en
oeuvre des codes de conduite volontaires. Plusieurs initiatives en cours actuellement
font intervenir divers secteurs des milieux d'affaires canadiens. Parallèlement, je dirige
un dialogue entre des ministères fédéraux clés sur les questions entourant la
responsabilité sociale des entreprises, le but étant de mieux outiller le Canada pour
l'aider à traiter avec les entreprises canadiennes qui, par leurs activités, ajoutent à
l'instabilité ou alimentent les conflits.
Le rôle que les sociétés peuvent jouer dans la promotion de la bonne gestion des
affaires publiques fait également l'objet de nos délibérations à l'échelle internationale.
Le Canada a réclamé que l'on porte sérieusement attention à l'élaboration de lignes
directrices sur la responsabilité sociale des entreprises dans des enceintes telles que
l'OEA [Organisation des États américains], l'OSCE et le G-8.
Je tiens également à souligner l'adoption récente des Principes directeurs révisés de
l'OCDE [Organisation de coopération et de développement économiques] à l'intention
des entreprises multinationales.
Ces principes directeurs couvrent dorénavant d'importantes nouvelles questions telles
que les droits de la personne, la protection du consommateur et les mesures contre la
corruption. Ils ont également actualisé la couverture des normes relatives à la protection
de l'environnement et des normes du travail. Ils constituent un mécanisme grâce auquel
les gouvernements peuvent aider les entreprises, les syndicats et les ONG à régler des
questions difficiles.
Les activités des entreprises apportent une contribution utile au développement
économique et social des collectivités et à la sécurité humaine en faisant avancer les
droits de la personne, la saine gestion des affaires publiques et la démocratie. En
élaborant des principes et des lignes directrices sur leur responsabilité sociale qui
soient clairement formulés, les entreprises seront mieux préparées à prendre certaines
décisions éthiques parfois difficiles auxquelles elles sont confrontées lorsqu'elles ont
des activités à l'échelle internationale.
La nécessité de travailler en partenariat avec la société civile et les ONG est peut-être
plus importante aujourd'hui qu'elle ne l'a jamais été. Les ONG peuvent jouer plusieurs
rôles importants : elles apportent leurs compétences techniques et leur expérience au
processus de prise de décision; elles travaillent souvent avec les gouvernements afin de
mettre en oeuvre les plans d'action à l'échelle internationale; elles informent les citoyens
au sujet des difficultés et des choix figurant à l'ordre du jour international; elles
mobilisent des ressources humaines et financières pour aider à résoudre des problèmes
locaux et mondiaux; elles s'efforcent de mettre fin à la souffrance humaine et elles
demandent des comptes au gouvernement.
Il est essentiel de travailler avec la société civile et les ONG pour faire avancer la sécurité
humaine.
Avec leur aide, nous nous efforçons de créer une nouvelle base politique afin d'appliquer
la législation internationale existante et de créer de nouvelles conventions pour parer
aux nouvelles menaces. Cette coalition unique renforce la croyance selon laquelle la
protection de la personne est une condition préalable indispensable à la paix et à la
sécurité internationales.
Nous n'avons qu'à penser au processus d'Ottawa qui a abouti à la Convention sur
l'interdiction des mines antipersonnel pour reconnaître les avantages de ce nouveau
type de coalition. L'un des aspects les plus importants de cette convention est le
partenariat jusqu'alors inédit qui a réuni des organisations internationales et des
organisations non gouvernementales avec une coalition d'États. Des coalitions
semblables préoccupées par un problème précis se sont constituées pour mettre fin à la
prolifération des armes légères, pour protéger les enfants touchés par la guerre et pour
faire en sorte que justice soit rendue aux victimes des crimes de guerre par l'entremise
de la Cour pénale internationale.
Un activisme tel que celui auquel nous avons assisté lors du processus d'Ottawa et de la
période ayant précédé l'adoption du Statut de Rome n'aurait pas été possible sans un
nouvel outil très important que les entreprises utilisent avec beaucoup plus d'efficacité
que nous -- la technologie de l'information. En élargissant l'utilisation que nous faisons
des systèmes d'information, nous pouvons changer la politique de la sécurité humaine.
Mais nous n'en sommes qu'à nos débuts pour ce qui est de déterminer le potentiel de ce
nouvel outil.
L'essor phénoménal des sociétés point.com, du commerce électronique et des réseaux
intégrés que connaît le secteur privé aux fins de commercialisation, de financement et de
publicité a une incidence profonde sur la façon dont les affaires sont menées. Nous
avons besoin d'un essor créatif semblable pour servir le bien commun -- pour faire
progresser le bien-être et la sécurité des personnes.
Comme je l'ai souligné aujourd'hui, la sécurité humaine implique que tous les
intervenants à l'échelle internationale -- qu'il s'agisse d'États, d'organisations
internationales, d'ONG ou d'entreprises -- agissent de façon responsable. Il faut
notamment élaborer des codes de conduite là où cela est approprié, travailler en vue
d'établir de nouvelles normes internationales pour la protection des personnes, et
intégrer la dimension humaine dans les travaux que nous menons au sein des
organisations internationales.
Au début de ce siècle nouveau, la protection des personnes compte parmi les défis les
plus importants que nous devons relever. La paix et la sécurité -- à l'échelle nationale,
régionale et internationale -- ne sont possibles que si elles résultent de la sécurité des
personnes. La mesure dans laquelle nous parvenons à faire avancer ce concept
dépendra de notre volonté collective de forger de nouveaux partenariats -- avec des
gouvernements, des organisations internationales et des intervenants non étatiques.
Nous avons tous un rôle important à jouer à cet égard. Nous avons tous des intérêts en
jeu. Nous avons tous la responsabilité de veiller à la sécurité des personnes et de
contribuer à atténuer leur souffrance.
Je vous remercie.