M. PETTIGREW - ALLOCUTION À L'OCCASION DU CINQUIÈME FORUM DES GENS D'AFFAIRES DES AMÉRIQUES - TORONTO (ONTARIO)
SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE PIERRE S. PETTIGREW,
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,
À L'OCCASION DU
CINQUIÈME FORUM DES GENS D'AFFAIRES DES AMÉRIQUES
TORONTO (Ontario)
Le 1er novembre 1999
Je suis ravi de vous accueillir au Canada à l'occasion du Cinquième Forum des gens d'affaires des Amériques,
et je tiens à vous féliciter de votre travail et de votre détermination à faire de la Zone de libre-échange des
Amériques [ZLEA] une réalité d'ici 2005.
Votre contribution aux négociations de la ZLEA attire notre attention sur les véritables difficultés auxquelles fait
face le monde des affaires dans l'hémisphère occidental. Notre objectif est de vous faciliter la tâche lorsque
vous entreprenez des activités commerciales dans les Amériques, et votre apport est essentiel à notre réussite.
« Mon expérience est dans le milieu des affaires »
Avant d'occuper le poste de ministre du Commerce international, j'ai acquis une vaste expérience des
questions liées au commerce mondial. J'ai travaillé pendant toutes les années 1980 et la moitié des années
1990 sur les conséquences de la mondialisation tant pour les entreprises que pour l'économie du Canada et
celles d'autres pays. Je suis bien incapable de prédire l'avenir, et cette expérience m'a appris que personne ne
peut le faire.
Personne n'est en mesure de nous tracer la voie définitive que nous devrons suivre pour atteindre nos objectifs
économiques et sociaux. Mais je crois que la voie que nous avons choisie, c'est-à-dire la décision de mener à
terme des négociations en vue de conclure un accord sur la ZLEA d'ici 2005, est la meilleure route à suivre.
Nous voulons une Amérique qui au XXI e siècle permettra à nos citoyens de jouir non seulement de la
prospérité mais aussi d'une bonne santé, d'un environnement sain et de la dignité humaine.
Depuis longtemps déjà, le Canada est un ardent défenseur des bienfaits que peut apporter le libre-échange et
il a souvent émis des mises en garde contre les effets pervers de la mondialisation de l'économie. En tant que
pays largement tributaire du commerce et des investissements, le Canada recherche, pour son milieu des
affaires, un régime commercial international qui soit doté de règles claires et applicables, et pour ses citoyens,
une part équitable de la mondialisation et une protection contre ses pires aspects.
Il n'existe pas de solution de rechange à la mondialisation -- à moins de revenir en arrière, ce qui n'est pas
réaliste. Mais, la mondialisation doit respecter les individus. Nous pouvons lui donner un visage humain. Nous
devons nous employer à réaliser les objectifs humains de l'économie, et non simplement laisser les forces
économiques tracer notre avenir.
La mondialisation ne pourra atteindre son plein potentiel que si nous possédons des systèmes politiques
capables d'assurer que tous pourront en bénéficier, et non seulement quelques-uns, et que si la démocratie
règne véritablement. Je crois que nous pouvons amener la mondialisation à devenir un « cercle vertueux » où
les bienfaits économiques engendrés par l'accroissement des échanges commerciaux engendrent des
retombées sociales qui profitent à tous.
J'ai toujours cru que la politique économique et la politique sociale sont les deux faces de la même médaille, et
ce, non seulement pour l'État mais aussi dans la vie d'un pays.
Le succès d'une société et la saine croissance de son économie vont de pair. On ne saurait dissocier le
développement social et le développement économique, car ils se renforcent l'un l'autre. Comment un pays
peut-il espérer jouer un rôle dans cette nouvelle économie -- une économie qui dépend des travailleurs du
savoir -- si elle ne donne pas la priorité au développement social? Il ne peut donc y avoir d'écart entre la
politique sociale et la politique économique. Elles doivent être menées de pair, suivant un même cadre de
référence.
Les entreprises doivent promouvoir le libre-échange : les emplois constituent des contributions
économiques et sociales
Le Canada comprend à quel point il importe de créer des liens et d'établir de bonnes communications. Étant
donné notre géographie et notre climat, nous n'aurions pu devenir un pays qui s'étend « d'un océan à l'autre »
et créer une aussi solide économie si nous n'avions pas rassemblé les gens.
Les réalités de la vie dans un climat rigoureux comme le nôtre sont simples : si vous pensez que vous pouvez
réussir en travaillant seul, nos hivers suffiront à faire échouer une telle ambition. Par contre, si vous pouvez
travailler avec les autres et former une communauté où chacun doit faire des concessions et apporter une
contribution, alors tous ont de meilleures chances de réussir. Au Canada, nous avons appris que nous devons
communiquer et collaborer pour survivre.
Le Canada a toujours essayé de réaliser cet équilibre dans ses relations internationales. Nous avons aidé à
établir des structures internationales plus solides, assorties de règles régissant les rapports entre les pays.
Nous avons appris qu'il vaut beaucoup mieux disposer de règles claires que tous sont tenus de respecter.
Les résultats sont évidents. La présence de règles claires régissant le commerce international a donné au
Canada les moyens de faire croître son économie et de créer de l'emploi, de sorte qu'aujourd'hui, un emploi
sur trois dépend des échanges commerciaux.
Le Canada est une nation commerçante. Nos exportations représentent plus de 40 p. 100 de notre PIB, soit
plus que dans tout autre pays du G-8. Depuis 1993, nos exportations et nos importations dépassent notre
croissance nationale dans une proportion de presque deux contre un.
Cette réalité apporte bien plus que des bienfaits économiques aux Canadiens. Elle est la clé d'une meilleure
qualité de vie pour tous les Canadiens, d'un bout à l'autre du pays. Cette réalité nous donne les ressources
dont nous avons besoin pour réinvestir dans nos programmes sociaux, afin que les gens ne restent pas
derrière. Ainsi, tout le monde profite de l'augmentation des échanges commerciaux.
L'apport du milieu des affaires est essentiel
Les négociateurs commerciaux ne peuvent pas travailler dans le désert. Parce qu'ils cherchent à énoncer des
règles et un régime qui s'appliquent à un environnement que vous avez déjà créé, ils doivent connaître les
rouages du commerce de même que les marchés et les transformations qu'ils subissent.
Pour ce faire, ils doivent se trouver là où les échanges commerciaux se produisent. Alors, ne soyez pas surpris
si vous rencontrez un négociateur commercial à Toronto au cours des prochains jours. Ils doivent comprendre
vos points de vue sur les principaux enjeux des négociations. Ils désirent vous rendre la tâche plus facile dans
vos transactions commerciales et ils sont prêts à axer leurs efforts sur la création ou l'amélioration des règles
du jeu.
Votre détermination à soutenir la ZLEA est un élément essentiel du débat public qui se poursuit au sujet des
mérites de la libéralisation des échanges. Vous pouvez rendre ce message plus crédible.
Nous savons que le libre-échange est une formule gagnante. Nous l'avons tous vu en action et nous savons
que c'est là que réside notre prospérité. Alors, n'hésitez pas à vous faire entendre. Soyez des porte-parole de
la libéralisation des échanges commerciaux à chaque fois que l'occasion se présente.
La nécessité de règles claires
L'ALENA [Accord de libre-échange nord-américain] a aidé à faire connaître aux entreprises canadiennes les
débouchés qu'offrent l'Amérique latine et les Antilles. Et les négociations sur la ZLEA renforcent ce nouvel
intérêt. Le Canada a beaucoup à offrir parce c'est un pays concurrentiel, à la fine pointe de la technologie.
Nous voulons accroître notre commerce avec l'Amérique latine et la région des Antilles. Nous voulons nous
servir de la ZLEA pour tirer parti des succès remportés dans le cadre de l'ALENA et créer de nouveaux
partenariats.
Vu les effets et les tendances de la mondialisation, il est tout à fait logique de miser sur des relations qui ont
donné de bons résultats. Voilà pourquoi la Zone de libre-échange des Amériques est importante pour nous. La
ZLEA sera le fruit d'un accord moderne, détaillé et harmonisé avec les principes de libre-échange de l'OMC,
unissant 34 pays démocratiques des Amériques dans la poursuite d'un même objectif.
Tout cela contribuera à accroître le nombre et la qualité des emplois, ainsi que les revenus, en faveur de nos
citoyens. Voilà pourquoi le Canada est l'un des principaux promoteurs de la ZLEA depuis le début.
C'est aussi pourquoi nous avons accepté avec enthousiasme la présidence de la première phase des
négociations lorsque celles-ci ont été officiellement lancées lors du Sommet des Amériques à Santiago, au
Chili, en 1998.
C'est enfin pourquoi nous encourageons les gens d'affaires à contribuer au processus de la ZLEA. Votre rôle
est crucial si nous voulons maintenir l'élan nécessaire au succès des négociations jusqu'à la fin, en 2005.
La ZLEA, réponse des Amériques à la mondialisation
D'ici à 2005, la conclusion fructueuse des négociations de la ZLEA ouvrira le plus grand marché du monde --
un marché qui, aujourd'hui, représente plus de 800 millions de personnes et couvre 34 pays dont le PIB global
s'élève à 10 billions de dollars américains.
L'accord qui en résultera sera notre réponse à la mondialisation -- une réponse adaptée aux besoins et aux
circonstances qui nous sont propres.
Un point qui vous intéresse de plus près puisque vous représentez le secteur privé, c'est l'énorme progrès qui
a été accompli au chapitre de la facilitation du commerce au sein du Comité des négociations commerciales,
présidé par le Canada.
Le travail s'est concentré jusqu'à présent sur la simplification des formalités douanières pour réduire les
exigences administratives et vous aider à exporter vos produits. Des progrès importants ont également été
réalisés en ce qui a trait à la transparence des règlements des gouvernements relativement aux échanges
commerciaux et à l'investissement dans l'hémisphère.
Vu les progrès accomplis dans ce domaine jusqu'à maintenant, j'espère avoir de bonnes nouvelles à vous
communiquer à ce sujet à la fin de la réunion des ministres du Commerce, cette semaine.
Notre travail relativement à la facilitation du commerce n'est pas uniquement un jalon essentiel au progrès de la
ZLEA dans son ensemble, mais il devrait avoir une incidence importante sur la simplification de la conduite des
affaires de par le continent américain. En fin de compte, tout cela devrait avoir un impact positif sur votre chiffre
d'affaires et sur vos bénéfices.
Ma priorité la plus importante à l'égard de la réunion des ministres du Commerce de la ZLEA consiste à donner
une orientation claire aux représentants en ce qui a trait aux progrès qui devraient être réalisés d'ici 2001. La
nécessité d'une orientation bien définie pour les 18 prochains mois est particulièrement importante, car la
réunion ministérielle qui se tiendra en Argentine précédera de peu le Sommet des Amériques à Québec, et les
dirigeants s'attendront à ce que des progrès substantiels aient été réalisés d'ici là.
Le Canada perçoit les négociations de la ZLEA comme partie essentielle d'un plan d'ensemble de promotion
d'une plus grande intégration sociale et économique aux quatre coins de notre hémisphère, mais il faut que ce
processus soit équilibré. Le Plan d'action de Santiago est la vision à long terme qui assure cet équilibre. Le but
commun que nous poursuivons est le progrès social et économique pour les citoyens des Amériques.
Le rôle inestimable du Forum
Ce Cinquième Forum des gens d'affaires des Amériques s'inscrit dans ce qui est devenu une véritable
tradition, en vertu de laquelle le secteur privé contribue aux négociations sur la ZLEA.
Au cours du Forum de cette année, vous allez discuter d'importantes questions commerciales qu'il s'agit de
résoudre à court terme, mais aussi de questions de longue haleine touchant au développement économique et
social des Amériques. Vous profiterez du Forum sur deux fronts, car vous aurez non seulement l'occasion de
suivre de plus près les négociations de la ZLEA, mais encore celle de rencontrer en personne d'éventuels
partenaires en affaires. C'est aussi une excellente occasion de planifier vos stratégies commerciales pour
l'avenir.
Depuis ses débuts à Denver en 1995, le Forum des gens d'affaires des Amériques a eu lieu à quatre reprises,
précédant immédiatement les réunions des ministres du Commerce de la ZLEA. Chaque fois, vos
recommandations ont ajouté une importante dimension aux délibérations des ministres du Commerce.
Poursuivez vos activités commerciales et faites la promotion du libre-échange
Vous êtes le moteur de la croissance économique du continent américain -- une croissance qui est en train
d'élever le niveau de vie partout dans les Amériques en accélérant la libre circulation des capitaux, des
marchandises et des idées, ainsi que les transferts de technologie.
Nous avons besoin de la ZLEA pour vous garantir les conditions nécessaires à une croissance soutenue et à la
création d'emplois sur notre continent. Je puis vous assurer que mes collègues et moi-même, nous pencherons
de près sur les recommandations que vous nous soumettrez lors de notre séance conjointe mercredi prochain.
Après tout, le but des négociations de la ZLEA, c'est avant tout de faciliter vos activités commerciales dans les
Amériques.
Si elles sont couronnées de succès, les négociations sur la ZLEA serviront également à consolider les acquis
que nous avons récoltés au fil des 10 dernières années d'échanges interaméricains. Nous devons consolider
les réformes économiques accomplies durant ces années-là et maintenir l'engagement des Amériques envers
des marchés ouverts et des systèmes régis par des règles.
Conclusion
L'écrivain colombien et prix Nobel de littérature, Gabriel García Márquez, déclarait, plus tôt cette année :
« N'attendez rien du XXIe siècle; c'est le XXIe siècle qui attend tout de vous. Ce siècle ne nous arrivera pas tout
prêt, mais devra plutôt être forgé par vous, et sa gloire ne dépend que de la mesure de votre imagination. »
Je sais que vous continuerez d'appuyer les négociations en faveur de la ZLEA, et j'espère que vous vous
laisserez inspirer par les mots de Gabriel García Márquez et donnerez libre cours à votre imagination. Vous
êtes le moteur de l'économie des Amériques. Nous avons besoin de vous -- hommes et femmes d'affaires des
Amériques -- pour nous aider à créer un meilleur avenir pour tous nos citoyens.
Merci.