NOTES POUR UNE ALLOCUTION DE L'HONORABLE SERGIO MARCHI, MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL, À L'OCCASION D'UN COLLOQUE DE LA COMMUNAUTÉ ANDINE - OTTAWA (ONTARIO)

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NOTES POUR UNE ALLOCUTION

DE

L'HONORABLE SERGIO MARCHI,

MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,

À L'OCCASION D'UN COLLOQUE DE LA COMMUNAUTÉ ANDINE

OTTAWA (Ontario)

Le 20 avril 1999

(12 h 30 HAE)

Permettez-moi tout d'abord de souhaiter la bienvenue à Ottawa à tous nos distingués invités. Vous avez choisi pour votre visite une magnifique période de l'année et j'espère que vous aurez l'occasion de mieux connaître notre capitale pendant la durée de votre séjour parmi nous.

Nous sommes particulièrement honorés de la présence des ministres Marquez, Crespo, Luna et Ramirez, et du sous-ministre Icaza, et nous sommes heureux d'accueillir M. Algrett (secrétaire général de la Communauté andine) et M. Garcia (président de la Société andine de développement).

Vous me permettrez aussi de remercier les ambassades des pays membres de la Communauté andine d'avoir organisé l'important colloque qui nous réunit aujourd'hui.

La présente rencontre nous offre une merveilleuse occasion de renouer de vieilles amitiés et de prendre à nouveau l'engagement de renforcer les courants du commerce et de l'investissement entre la Communauté andine et le Canada. Nous vous remercions donc de votre initiative.

Pendant l'année qui vient de s'écouler, nous avons eu l'honneur d'accueillir un certain nombre d'invités distingués en provenance de la Communauté andine : le président Fujimori et le président Chavez nous ont tous deux rendu visite récemment et nous nous réjouissons à la pensée d'accueillir le président Pastrana à la fin du mois de mai.

Ces visites de haut niveau indiquent clairement que les relations entre le Canada et la Communauté andine sont vigoureuses et s'approfondissent tous les jours.

Tant la Communauté andine que le Canada ont reconnu que le monde est en train de changer de manière spectaculaire. Dans le monde entier, les barrières s'effondrent et des possibilités s'ouvrent à nos populations d'améliorer leurs conditions de vie et celles de leurs enfants.

C'est dans notre propre hémisphère que nous observons les indices les plus nets des possibilités exaltantes qui s'offrent à nous.

Aujourd'hui, le Canada se considère comme un pays des Amériques. L'Accord nord-américain de libre-échange, notre Accord de libre-échange avec le Chili, nos ententes de coopération en matière de commerce et d'investissement avec le Mercosur et avec le Marché commun centraméricain, de même que celui que nous négocions actuellement avec la Communauté andine : tous ces éléments font ressortir notre engagement de consolider nos liens à l'échelle de l'hémisphère, dans les domaines des échanges commerciaux et de l'investissement.

De plus, nous présidons en ce moment les négociations relatives à la création éventuelle d'une zone de libre-échange des Amériques [ZLEA], initiative qui, à nos yeux, est porteuse de très grandes promesses quant à la prospérité future des populations de notre hémisphère.

Le Canada estime que la Communauté andine a un important rôle à jouer pour que la ZLEA devienne réalité. Vous avez fait preuve d'un leadership dynamique dans ces négociations par l'intermédiaire de votre présidence de trois des groupes de négociation et nous attendons avec grand intérêt la présidence par l'Équateur de l'ensemble du processus de la ZLEA, après le mandat de l'Argentine.

Évidemment, les possibilités qui apparaissent dans la région suscitent un optimisme qui ne se limite pas à notre gouvernement. Les dirigeants d'entreprises canadiennes ont également pris conscience de ce potentiel et ils se positionnent en vue de participer à l'énorme croissance qui se prépare.

L'an dernier, plus de 500 entreprises canadiennes ont participé à la mission commerciale d'Équipe Canada en Amérique latine, la plus imposante mission de ce type qui ait jamais eu lieu.

Nous avons également été témoins d'un nombre croissant d'initiatives bilatérales de la part du secteur privé. Les conseils commerciaux Canada-Colombie et Canada-Pérou, par exemple, donnent des possibilités de réseautage visant à faire progresser la coopération entre nos milieux des affaires.

De plus, des associations d'entreprises, dont la Canadian Association of Mining Equipment and Services for Export, ont joué un rôle directeur pour ce qui est de l'organisation de la participation canadienne à d'importantes foires commerciales qui se tiennent un peu partout dans la région andine.

Nous sommes très heureux d'accueillir à Toronto, en novembre prochain, juste avant les réunions ministérielles de la ZLEA, le Forum des gens d'affaires des Amériques. On prévoit que plus de 1 000 dirigeants d'entreprises provenant des 34 pays de notre hémisphère assisteront à cette importante manifestation. Non seulement présentera-t-elle au secteur privé une formidable possibilité de réseautage, mais elle fournira aux ministres une importante liste d'occasions et de défis à relever.

Donc, l'engagement du Canada, à la fois à l'échelle des pouvoirs publics et au sein du secteur privé, est clair : nous voulons accroître nos rapports commerciaux avec les pays d'Amérique latine.

Le Canada voit dans la Communauté andine une région particulièrement prometteuse. Les échanges commerciaux entre la Communauté et le Canada sont déjà considérables et la valeur du commerce dans les deux sens s'établissait à environ 3 milliards de dollars en 1998. Ce volume se compare aux échanges d'une valeur de 3,4 milliards de dollars que le Canada réalise avec le Mercosur.

J'ajoute que notre commerce avec la Communauté andine est en progression, au rythme d'environ 3,5 p. 100 par année depuis 1995.

Notre investissement dans votre Communauté connaît lui aussi une vigoureuse croissance. Selon les prévisions, l'investissement canadien au Pérou, à lui seul, atteindra 6 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années.

Comme vous le savez, une grande partie de cet investissement est affectée au secteur des ressources naturelles. La similarité de nos reliefs, particulièrement en ce qui concerne l'Ouest canadien, permet la mise à contribution directe de l'expérience et des compétences des entreprises canadiennes dans le milieu andin.

Les sociétés Teck, Noranda et Rio Algom, par exemple, investiront plus de 3 milliards de dollars afin de mettre en valeur ANTAMINA, la plus importance mine de zinc et de cuivre d'Amérique latine, au Pérou.

Au Venezuela, Placer Dome affecte plus d'un demi-milliard de dollars à la mine d'or de Las Cristinas.

Enfin, en Équateur, la société albertaine Pacalta est active dans le secteur pétrolier et elle a produit plus de 200 000 barils de pétrole brut l'an dernier.

Le secteur minier a également fait la preuve des rapports qui unissent le commerce et l'investissement : des investissements canadiens dans les opérations minières ont débouché sur l'exportation d'équipement et de services canadiens dans le secteur de l'extraction minière.

Le Canada partage également ses compétences dans le domaine des technologies de pointe.

En Colombie, par exemple, la société Northern Telecom est un des principaux fournisseurs de technologie et d'autocommutateurs cellulaires, tandis que Bell Canada, par l'entremise de sa filiale Comcel, est un grand prestataire de services de communications sans fil.

En Bolivie, l'entreprise Walsh Automation, de Montréal, a modernisé le système de sécurité de l'aéroport de Santa Cruz.

Nous avons donc jeté de solides fondements pour nos relations commerciales; le moment est maintenant venu de bâtir sur ces fondements, de faire passer nos relations au degré supérieur et de mettre en valeur ensemble ce grand potentiel encore inexploité.

Une des mesures importantes que nous pouvons prendre à cette fin consiste à conclure d'autres accords sur la protection des investissements étrangers, et la double imposition, avec des membres de la Communauté andine. Ces accords contribueraient dans une large mesure à l'instauration d'un climat positif en ce qui concerne le commerce et l'investissement; elles enverraient également un signal éloquant à nos milieux des affaires respectifs.

Récemment, un de nos objectifs communs a été la conclusion d'un accord de coopération en matière de commerce et d'investissement entre le Canada et la Communauté andine.

J'ai le plaisir d'indiquer que ces négociations sont maintenant très avancées et que nous signerons cet accord très prochainement. Nous avons bon espoir que cet accord contribuera à renforcer encore plus les liens qui nous unissent et ouvrira la voie à une coopération encore plus étroite à l'avenir.

J'ai également le plaisir d'annoncer que le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, en collaboration avec le Programme Bolivar, parrainera cette année huit stages à l'intention des jeunes en Amérique latine, notamment dans la Communauté andine. Ces stages donneront à de jeunes Canadiens l'occasion d'étoffer leur connaissance de l'activité commerciale en Amérique latine et, aussi, de mieux comprendre le problème du transfert de technologies.

Ces stages concourront aussi à renforcer les vigoureuses relations interpersonnelles entre nous.

Cet accent sur la dimension « humaine » de nos rapports n'est pas fortuit : nous considérons que le meilleur moyen d'édifier de solides relations commerciales de longue durée consiste à acquérir une expérience directe, une expérience de première main.

La communication entre télécopieurs ne remplacera jamais les rencontres en personne dans le développement de nos relations; nous avons l'intention de continuer de soutenir des initiatives qui mettent nos citoyens en présence les uns des autres.

De fait, nos citoyens sont au coeur des efforts que nous déployons conjointement afin de renforcer le commerce et l'investissement entre nos États. Tout comme la vie politique, le commerce se fait à l'échelle locale.

Au-delà de l'amélioration des résultats financiers de nos entreprises, le commerce a pour but de relever les possibilités qui s'offrent à nos citoyens et de rehausser leur qualité de vie. La libéralisation des échanges offre à nos citoyens des marchés pour leurs produits, des récompenses pour leur travail et un espoir en l'avenir.

Aujourd'hui, plus que jamais, le débat sur le commerce doit aborder les questions de justice et de partage équitable de la prospérité. En effet, si nous pouvons tirer un enseignement de l'Histoire, c'est que nous ne pouvons assurer une stabilité à long terme qu'à condition de partager les retombées du commerce, de faire intervenir les populations et que le système soit juste.

C'est pourquoi nos discussions au sujet du commerce et de l'investissement doivent avoir un caractère d'inclusion. Elles doivent comprendre un large éventail d'opinions au sein de nos sociétés : celles des entreprises, des syndicats, des milieux universitaires et de la communauté dans son ensemble.

En écoutant toutes ces voix différentes, non seulement nous susciterons une plus grande acceptation de la libéralisation des échanges, mais nous garantirons aussi que ses retombées soient effectivement largement partagées.

Il y a plus de 150 ans, Simon Bolivar a parlé de son désir que les Amériques deviennent la plus grande région du monde. « La plus grande », a-t-il précisé, « moins en vertu de sa superficie et de sa richesse que du fait de sa liberté et de sa gloire. »

Aujourd'hui, l'occasion se présente à nous de rapprocher le rêve de Bolivar de la réalité. Nous pouvons unir les Amériques plus que jamais auparavant et créer une région qui soit grande à la fois par sa richesse et par sa liberté.

Nous sommes convaincus que le Canada et la Communauté andine effectueront cette démarche côte à côte, la main dans la main.

Prenons la résolution de ne pas dévier de notre route jusqu'à ce que tout le potentiel de l'hémisphère ait été mis en valeur et que tous ses habitants jouissent équitablement de ses richesses.

Merci.