M. PETTIGREW - NOTES POUR UNE ALLOCUTION À L'OCCASION DE LA CONFÉRENCE MINISTÉRIELLE DE L'ORGANISATION MONDIALE DU COMMERCE - SEATTLE (WASHINGTON)

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NOTES POUR UNE ALLOCUTION

DE

L'HONORABLE PIERRE S. PETTIGREW,

MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,

À L'OCCASION DE LA CONFÉRENCE MINISTÉRIELLE DE

L'ORGANISATION MONDIALE DU COMMERCE

SEATTLE, Washington

Le 30 novembre 1999

C'est un grand honneur pour moi de me trouver ici, à Seattle, comme représentant du Canada à l'heure où nous tentons de lancer un nouveau cycle de négociations commerciales mondiales.

Comme nous le savons tous, il y a de l'action aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'édifice.

Pendant nos nombreuses plénières et autres réunions moins structurées, nous traitons souvent de complexes questions de procédé, qui sont toutes articulées autour d'une seule interrogation, c'est-à-dire comment? Comment nous entendre pour lancer ce nouveau cycle de négociations? Comment découvrir l'esprit de conciliation qui nous permettra de récolter les fruits de nombreuses années de dur labeur et de l'établissement de règles fondées sur des principes?

Cependant, à l'extérieur, dans des communautés aux quatre coins du globe, des citoyens se posent une autre question, à savoir pourquoi? Qu'ils soient pour ou contre la libéralisation du commerce, ils se demandent pourquoi l'OMC est-elle essentielle? Pourquoi faut-il pousser plus loin la libéralisation du commerce mondial? Pourquoi ne pas tout simplement apprécier les gains réalisés et ralentir le processus?

C'est dans l'avenir et dans le monde que nous voulons continuer d'ériger, que nous trouverons la réponse à ces deux questions.

Ayant jeté un regard sur l'ensemble de la planète, la génération de la Deuxième Guerre mondiale a résolu de se doter de solides institutions démocratiques. Celles-ci ont profondément guidé notre évolution sociale et économique. Le GATT [Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce] et l'OMC font partie de notre héritage; ils ont contribué au maillage du globe auquel nous devons notre prospérité et qui a servi la cause de la paix.

Je crois que nous sommes maintenant parvenus à un tournant de notre histoire qui, fort différent, n'en est pas moins important.

Nos sociétés sont balayées par de profonds changements, mus surtout par les technologies. C'est ce que la plupart d'entre nous appelons la mondialisation.

La mondialisation suscite beaucoup d'enthousiasme chez plusieurs d'entre nous parce qu'elle laisse entrevoir d'immenses occasions et débouchés économiques, sociaux et intellectuels. Le monde s'unit comme jamais auparavant.

Mais, à l'instar de périodes marquées par de grands changements comme la révolution industrielle, certains citoyens sont exclus. Nous sommes nombreux à réaliser que, malgré leur efficacité, les sociétés de marché laissent beaucoup à désirer.

C'est pourquoi il est important de ne pas nous perdre dans notre idéologie et de ne pas adopter une pensée trop rigide. Les Canadiens sont au fait de l'importance de la diversité culturelle et du pragmatisme.

Nous avons fondé et érigé une citoyenneté qui s'écarte du modèle traditionnel de l'État nation et façonné un pays fondé sur la conciliation, l'adaptation et la diversité.

Je crois que ce même esprit d'adaptation pourrait servir à faire progresser nos délibérations cette semaine.

Dans un premier temps, nous pouvons sans doute nous mettre d'accord sur le fait qu'il est inacceptable de gérer un système commercial mondial dans certains pays qui sont loin d'être des membres à part entière et dont les citoyens ne bénéficient pas des avantages du commerce mondial.

Un meilleur accès à nos marchés et une assistance technique accrue pour les pays les moins avancés du monde doivent figurer en tête de liste de nos priorités lors de notre prochain cycle de négociations. Autrement, nous risquons de creuser l'écart entre les pays riches et les pays pauvres.

J'aimerais maintenant vous parler d'un domaine auquel le Canada accorde une grande importance : l'agriculture. Ces nouvelles négociations doivent aboutir à l'élimination des subventions à l'exportation, à une réduction draconienne des subventions nationales qui faussent les échanges et à une amélioration considérable de l'accès aux marchés. Nous nous heurtons encore une fois aux résultats d'une guerre de subventions agricoles qui causent un tort considérable à l'agriculture dans les pays en développement et déciment les revenus des agriculteurs dans des pays comme le Canada. Il faut que cela cesse.

En outre, il faut absolument qu'il y ait de la cohérence et de la coordination entre nos nombreuses organisations internationales. Les pays se livrent trop souvent à des bras-de-fer au sujet de points de vue ou de politiques des principales organisations internationales fort divergents, voire contradictoires.

C'est pourquoi le Canada a proposé de créer un groupe de travail sur la mondialisation, pour coordonner les efforts de l'OMC avec ceux de la CNUCED [Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement], l'OIT [Organisation internationale du Travail], le PNUE [Programme des Nations Unies pour l'environnement], le FMI [Fonds monétaire international] et d'autres organismes.

Quant aux services, le Canada a été très clair. L'AGCS [Accord général sur le commerce des services] doit demeurer un accord qui part de la base et confère aux pays la marge de manoeuvre dont ils ont besoin pour procéder à la libéralisation des services qui, selon eux, profitera à leurs sociétés, tout en conservant le droit de défendre leurs intérêts sociaux essentiels.

Enfin, nous devons veiller à ce que l'OMC devienne une organisation où les citoyens du monde se sentent à l'aise. Nous devons diffuser plus de renseignements à nos citoyens, et plus rapidement. Nous devons continuer de les inviter à participer et écouter ce qu'ils ont à dire.

La transparence doit par conséquent nous servir de principe directeur. Nous sommes partis du bon pied cette semaine, mais il reste beaucoup à faire à cet égard. L'OMC ne peut pas résoudre tous les problèmes du monde, mais plus elle s'inspirera de la sagesse, de l'énergie et de l'innovation des citoyens du monde, plus elle sera forte et représentative.

Merci.