M. MARCHI - ALLOCUTION DEVANT LA CHAMBRE CANADIENNE ALLEMANDEDE L'INDUSTRIE ET DU COMMERCEETL'ASSOCIATION GERMANO-CANADIENNE - TORONTO (ONTARIO)
98/68 SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE SERGIO MARCHI,
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,
DEVANT LA CHAMBRE CANADIENNE ALLEMANDE
DE L'INDUSTRIE ET DU COMMERCE
ET
L'ASSOCIATION GERMANO-CANADIENNE
TORONTO (Ontario)
Le 17 octobre 1998
(20 h 30 H.A.E)
Ce document se trouve également au site Internet du Ministère :
http://www.dfait-maeci.gc.ca
Je suis enchanté d'être avec vous ce soir pour célébrer le 30e anniversaire de la Chambre canadienne
allemande de l'industrie et du commerce ainsi que le 45e anniversaire de l'Association germano-canadienne.
Permettez-moi tout d'abord de féliciter vos deux organisations pour les 75 années de travail remarquable
qu'elles ont consacrées ensemble à la promotion des liens commerciaux entre l'Allemagne et le Canada.
Lorsqu'elles ont vu le jour, la guerre froide étendait encore son ombre sur l'Europe. L'Allemagne était divisée et
les tensions Est-Ouest battaient leur plein.
Mais, comme on dit, ces temps sont révolus. Aujourd'hui, la guerre froide est finie, Berlin n'est plus une ville
divisée et l'Allemagne est la plus grande puissance économique en Europe.
Ce soir, donc, bien que réunis pour célébrer le passé, nous devons aussi regarder vers l'avenir et les
promesses qu'il comporte.
Le moment est historique. Un nouveau gouvernement a été élu en Allemagne et toute l'Europe est au seuil
d'une ère nouvelle et dynamique.
Le Canada est impatient de collaborer avec le chancelier Schroeder et son gouvernement, tout comme il l'a fait
avec les précédentes administrations, pour ce qui concerne notamment l'élargissement de l'OTAN, les efforts
visant l'élimination des mines terrestres et la campagne pour la promotion des droits des enfants.
Dans les mois qui viennent, les yeux du monde seront tournés vers l'Allemagne pour bien des raisons. En effet,
celle-ci assumera la présidence de l'Union européenne (UE) à un tournant critique de son cheminement et elle
sera également l'hôte, à Cologne, du Sommet du Groupe des Huit (G-8) à une époque de grande incertitude
économique internationale.
C'est à de tels moments qu'il est bon d'avoir des amis. L'Allemagne a un ami dans le Canada.
Nos deux pays sont unis par de multiples liens officiels, mais aussi par un grand nombre d'étroites relations
personnelles. Près de 500 000 touristes allemands ont visité le Canada l'an dernier seulement et, chaque
année, 2 000 Allemands choisissent de venir s'établir chez nous.
Aujourd'hui, près de trois millions de Canadiens de souche allemande font bénéficier leur patrie d'adoption de la
forte éthique du travail de leur pays d'origine. Les Germano-Canadiens contribuent à la vie de notre pays dans
tous les domaines : ils sont entrepreneurs, comptables, avocats et ouvriers, ingénieurs et architectes.
Vous tous réunis ici comprenez l'importance de ces liens. Il y a parmi vous beaucoup de chefs d'entreprise
allemands qui ont su voir les possibilités qu'offre le Canada et qui sont venus soit s'établir soit élargir leurs
activités chez nous. Et, tous, vous avez oeuvré de façon remarquable à la promotion de partenariats entre
Canadiens et Allemands.
L'initiative prise par la Chambre d'emmener des représentants de l'industrie canadienne du logement en
Allemagne pour y rencontrer des partenaires potentiels n'est qu'un exemple parmi d'autres du genre de travail
important que vous accomplissez.
Ce soir, donc, je suis venu à la fois vous remercier de vos efforts et vous demander de souscrire à un
engagement renouvelé pour le renforcement du commerce et de l'investissement entre nos deux pays. En
particulier, je voudrais vous encourager à faire savoir partout en Allemagne que le Canada est un lieu
extraordinaire pour y faire des affaires.
L'Allemagne et le Canada ont déjà une relation commerciale importante. L'an dernier, les échanges bilatéraux
ont dépassé les 11 milliards de dollars. L'Allemagne est notre cinquième partenaire commercial en importance
et elle se classe au sixième rang de nos sources d'investissement étranger. Mais nous savons aussi que cela
ne représente qu'un début, que nous pouvons et devons faire bien davantage ensemble.
Prenons par exemple l'investissement. L'Allemagne est un leader mondial dans ce domaine, ayant fourni plus
de 8 p. 100 de l'investissement étranger dans le monde en 1996. Or, plus de 22 p. 100 des capitaux investis
sont partis pour les États-Unis, contre 1 p. 100 seulement pour le Canada.
Je pense que nous pouvons faire mieux. Nous avons un merveilleux produit à vendre - le Canada - et je crois
que nous devons faire un meilleur travail de commercialisation.
Nous devons révéler aux entrepreneurs allemands un Canada qu'ils ne connaissent peut-être pas, un Canada
qui mène le monde dans des domaines où ils ne s'y attendent peut-être pas.
Pour bien des Allemands, le Canada reste un pays de lacs et de forêts, une économie à base de ressources
peuplée de joueurs de hockey et où le maintien de l'ordre est assuré par des gendarmes à cheval. C'est là une
belle image, certes, mais elle est plutôt dépassée!
Le fait est que la part des produits de base dans les exportations canadiennes a chuté, passant d'environ 60 p.
100 qu'elle était en 1980 à tout juste 35 p. 100 en 1997. Cela ne représente que 12 p. 100 de notre produit
intérieur brut (PIB)!
Notre tâche consiste à porter ce message chez nos amis, en Allemagne. Dans leur esprit, l'image du Canada
devrait être synonyme de technologie de pointe. Elle devrait évoquer une économie fondée sur le savoir, une
économie alimentée par la technologie de l'information, dynamisée par les télécommunications et fortifiée par la
troisième industrie mondiale de l'aérospatiale.
Lorsqu'ils pensent au Canada, ils devraient penser à une pays qui est numéro un parmi les membres du
Groupe des Sept (G-7) pour la pénétration de l'ordinateur, du câble et du téléphone dans les foyers, et numéro
un aussi pour son potentiel technologique. Un pays qui a placé toutes ses écoles et toutes ses bibliothèques en
ligne.
Ils devraient aussi penser à un pays dont les bases économiques sont solides. Le Canada a équilibré son
budget, et il est le premier à le faire au sein du G-7. Chez nous, l'inflation et les taux d'intérêt sont faibles, et la
croissance est forte.
Le Financial Times de Londres qualifie le Canada de « modèle haut de gamme du G-7 ». C'est aussi l'avis de
l'Economist Intelligence Unit, qui classe le Canada parmi les cinq meilleurs pays au monde où faire des affaires
pour les cinq prochaines années.
Assurément, les très nombreuses entreprises internationales qui ont des investissements au Canada ne
peuvent qu'être d'accord avec ce point de vue. Leurs bénéfices ont augmenté de 50 p. 100 en moyenne au
cours des dernières années.
En vous disant tout cela, j'ai bien l'air de me vanter, alors que les Canadiens sont connus pour leur modestie.
C'est pourquoi je m'abstiendrai de mentionner que le Canada est arrivé en tête d'une étude effectuée par
l'entreprise internationale de consultants KPMG et comparant le coût des affaires en Allemagne, en France, en
Italie, aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Suède et au Canada.
Et je ne voudrais surtout pas dissiper le mythe selon lequel les impôts sont très élevés au Canada en faisant
valoir que, dans l'étude en question, nous nous sommes classés à égalité avec la Suède comme ayant
globalement le plus faible taux d'imposition des sociétés. Je ne vous rappellerai pas non plus que nous offrons
les crédits d'impôt à la R-D les plus généreux au monde.
Non, j'aurais tort de mentionner tous ces points et c'est pourquoi je n'en dirai pas un mot. Cependant, je tiens à
dire que, dans un monde où la technologie permet aux entreprises de s'établir pratiquement n'importe où, la
qualité de vie devient un facteur très important dans le choix du lieu d'établissement.
Le Canada, pour sa part, présente de nombreux avantages à cet égard. Des avantages tels qu'un système de
soins de santé qui ne vérifie pas votre solvabilité avant de prendre votre pression artérielle. Des avantages tels
que des localités sûres, des rues propres, une main-d'oeuvre superbement instruite, un cadre naturel
spectaculaire et un environnement multilingue et multiculturel.
Vous qui êtes ici ce soir savez tout cela; vous avez connu par vous-mêmes tous ces avantages. Nous avons
besoin de vous pour continuer à transmettre ce message à vos contacts en Allemagne.
Nous avons besoin d'amener les Allemands à voir dans le Canada, non pas un marché de 30 millions de
personnes, mais une voie d'accès à un marché de centaines de millions de consommateurs - une porte ouvrant
non seulement sur les États-Unis, sur l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) et sur la région Asie-Pacifique, mais également à terme sur la Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA). Lorsque des
entrepreneurs allemands se chercheront un tremplin vers ces vastes marchés, nous voulons qu'une énorme
feuille d'érable rouge se présente à leur esprit.
Bien sûr, l'investissement, comme le commerce, est réciproque. Tout comme nous voulons attirer un plus grand
nombre d'entreprises allemandes chez nous, les entrepreneurs canadiens s'intéressent au plus haut point aux
possibilités qu'offre l'Allemagne.
En fait, plus de cent entreprises canadiennes, dont certaines très connues comme Nortel, Magna et
Bombardier, exercent des activités en Allemagne. Mais il existe aussi de nombreux partenariats entre
entreprises plus petites - et souvent familiales - dans des domaines aussi divers que la construction domiciliaire,
le multimédia et les technologies environnementales.
Nous voyons aussi de plus en plus d'entreprises canadiennes conclure des alliances stratégiques en
Allemagne - en particulier dans les « Nouveaux Länder » , où le Canada vient au quatrième rang des
investisseurs.
Bref, l'Allemagne et le Canada ont un long passé de coopération.
C'est donc avec grand enthousiasme que nous nous apprêtons à voir l'Allemagne assumer la présidence de
l'UE en janvier.
Le Canada attache de l'importance au renforcement de ses liens avec l'Europe. En effet, après les États-Unis,
l'Europe est notre plus grand partenaire commercial et nous avons travaillé énergiquement ces dernières
années à améliorer notre relation. Nous avons signé en 1996 le Plan d'action Canada-UE et nous avons
entamé des négociations en vue de la conclusion d'un accord de libre-échange avec les quatre pays membres
de l'Association européenne de libre-échange.
Nous avons aussi proposé que l'Europe combine son actuelle stratégie à trois volets, qui prévoit des
négociations séparées avec le Canada, le Mexique et les États-Unis, pour en faire une seule série de
négociations visant le libre-échange entre l'Europe et tous les membres de l'ALENA.
Il est tout simplement plus logique d'emprunter une grande autoroute unique plutôt que trois routes distinctes
pour acheminer le commerce entre l'Amérique du Nord et l'Europe.
À mesure que l'Europe et l'Amérique du Nord se font plus interdépendantes, il est essentiel que nous
poursuivions notre collaboration afin de libéraliser le commerce à travers l'Atlantique.
Pendant plusieurs décennies, la Chambre canadienne allemande de l'industrie et du commerce et l'Association
germano-canadienne n'ont épargné aucun effort dans ce but. Vous avez ouvert des portes et semé la bonne
parole, et votre rôle n'a jamais été plus important ni plus nécessaire qu'aujourd'hui.
Car nous regardons vers l'avenir, vers une ère nouvelle dans les relations germano-canadiennes, avec
beaucoup d'espoir et beaucoup d'optimisme. Je suis sûr qu'un quelconque futur ministre du Commerce que
vous inviteriez pour le 60e anniversaire de la Chambre, ou pour le 90e anniversaire de l'Association, vous dirait
que les années écoulées sont celles qui ont vu nos relations vraiment démarrer, celles où nous avons réalisé
notre potentiel et saisi les occasions qui s'offraient.
Prenons la résolution de faire en sorte que cela se réalise.
Et continuons de travailler ensemble en alliés, de planifier ensemble en amis et de commercer ensemble en
partenaires.