M. MARCHI - ALLOCUTION AU FORUM COMMERCIAL PÉROU-CANADA - TORONTO (ONTARIO)

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NOTES POUR UNE ALLOCUTION

DE

L'HONORABLE SERGIO MARCHI,

MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,

AU FORUM COMMERCIAL PÉROU-CANADA

TORONTO (Ontario)

Le 29 octobre 1998

(9 h 45 H.N.E.)

Ce document se trouve également au site Internet du Ministère :

http://www.dfait-maeci.gc.ca

Bonjour. Permettez-moi d'abord de souhaiter aussi la bienvenue à tous nos distingués invités. Nous sommes certes honorés par la visite du président Fujimori, des membres de son Cabinet et de l'impressionnante délégation d'affaires qui l'accompagne.

Même si le temps chez nous est peut-être un peu plus frais que ce à quoi vous êtes habitués, nous voulons que vous sachiez que notre accueil est chaleureux et que nous sommes heureux de votre visite. Encore une fois, bienvenue.

Je tiens à remercier le Conseil canadien pour les Amériques, ainsi que l'ambassade, les consulats et la délégation commerciale du Pérou d'avoir organisé la journée d'aujourd'hui, qui nous donne une merveilleuse occasion d'explorer des possibilités de commerce et d'investissement entre nos deux pays. Félicitations pour cette initiative.

Je tiens aussi à souligner le travail exceptionnel qu'a accompli le secrétaire d'État (Amérique latine et Afrique), David Kilgour, pour resserrer les liens entre nos deux pays. David s'est rendu au Pérou l'an dernier et il en est revenu enthousiasmé par les possibilités de développement des relations commerciales avec votre pays.

Le Pérou compte l'une des plus impressionnantes civilisations du passé. Même s'ils n'étaient que 40 000, les anciens Incas ont conquis 10 millions de sujets pour établir un empire plus grand que l'empire ottoman à son zénith.

Le Canada, par contre, est un pays relativement jeune. Mais si nos histoires sont différentes, notre avenir est relié.

Le Canada est un pays des Amériques. Nous sommes déterminés à resserrer nos liens commerciaux avec les autres membres de la famille de cet hémisphère, que ce soit en faisant avancer le dossier de la ZLEA [Zone de libre-échange des Amériques] ou en défendant énergiquement nos intérêts bilatéraux dans la région.

Le Canada et la Communauté andine cherchent déjà des moyens d'améliorer leurs relations de commerce bilatérales par la voie d'un Arrangement de coopération en matière de commerce et d'investissement. Voilà qui compléterait les ententes qui existent déjà entre le Canada et le Mercosur et le Marché commun centraméricain.

Nous espérons qu'un tel accord avec la communauté andine verra bientôt le jour.

Le commerce entre le Pérou et le Canada est peut-être modeste, mais il se développe rapidement. Les échanges bilatéraux se sont chiffrés l'an dernier à 400 millions de dollars, ce qui représente une hausse de plus de 100 p. 100 depuis 1994.

L'un des secteurs de croissance les plus dynamiques a été l'investissement canadien au Pérou. Il y a un peu plus d'un an, le Pérou a effectué une grande tournée de promotion au Canada pour décrire les débouchés qui attendent les investisseurs canadiens. De toute évidence, le message a été entendu.

De plus en plus d'entreprises canadiennes, surtout les sociétés minières, se tournent vers le Pérou et choisissent d'investir dans son potentiel. Le secteur minier à lui seul vaut 4,2 milliards de dollars. Des sociétés comme Rio Algom, Teck et Noranda effectuent en ce moment le plus gros investissement qu'ait connu le Pérou, pour mettre en valeur Antamina, le plus important gisement de cuivre et de zinc au monde.

D'autres sociétés canadiennes, comme Cominco, Barrick, Ontario Hydro et Hydro Québec, sont sur le terrain et apportent une grande contribution au développement économique du Pérou.

Par ailleurs, les importants besoins d'infrastructure, tels que ceux créés par le vaste projet CAMISEA, et la nécessité de construire des routes, des ports de mer et des chemins de fer, offrent d'énormes possibilités aux sociétés et à la technologie canadiennes.

De même, dans le secteur des télécommunications, l'élimination du monopole de Telefonica del Peru, permet désormais un arrimage parfait entre les besoins du Pérou et ce que le Canada peut offrir.

Que ce soit dans les mines, l'énergie, l'infrastructure ou les télécommunications, le Canada offre une technologie de haut calibre qui répondra aux besoins de la base économique grandissante du Pérou.

Il y a donc lieu d'être optimistes et les milieux des affaires s'efforcent déjà d'intensifier les relations commerciales entre nos deux pays. Les gouvernements doivent aussi faire leur part. À cet égard, le Canada tient beaucoup à un accord sur la protection de l'investissement étranger et, même si cet accord n'est pas encore prêt à être signé, nous continuerons de travailler avec nos amis péruviens, afin d'y mettre la dernière main dans un très proche avenir.

En ce moment, nous cherchons à conclure un accord de double imposition et j'ai bon espoir que ce sera chose faite très bientôt.

Un tel accord est un signal important pour nos dirigeants d'affaires respectifs puisqu'il traduit la nécessité d'instaurer un régime d'investissement transparent et réglementé qui inspirera confiance.

Même si le Pérou est l'une des économies les plus ouvertes et les plus prospères de la région, les investisseurs canadiens tiennent à voir des progrès dans ce domaine, surtout en période de turbulence économique comme en ce moment.

De même, ils voudront avoir l'assurance que les différends relatifs à l'état de leurs investissements seront réglés de manière équitable et ouverte par les organismes de réglementation péruviens. Voilà pourquoi je fais appel à mes collègues les ministres qui nous rendent visite aujourd'hui pour qu'ils prêtent attention sans tarder à cette dimension importante de notre partenariat.

Un autre volet important du rôle du gouvernement est d'assurer l'évolution dans le domaine des droits de la personne et du renforcement des institutions démocratiques. C'est un objectif que nous devons tous viser. Nous avons travaillé étroitement avec des personnes et la société civile du Pérou pour améliorer ces conditions et nous continuerons d'investir des ressources importantes dans ces domaines.

Vous conviendrez sûrement de l'importance de partager les dividendes sociaux à mesure qu'augmenteront les dividendes économiques. Car s'il est une chose que l'histoire nous a enseignée, c'est que la stabilité à long terme passe par le partage des bénéfices et par l'engagement du peuple.

Les liens entre les personnes doivent aussi comprendre un renforcement des liens entre nos entreprises. Un véritable partenariat entre les secteurs public et privé est devenu une nécessité, surtout du fait de la taille réduite des gouvernements. Il nous faut faire participer le secteur privé et mettre en place le cadre par lequel plus de sociétés seront encouragées à exploiter les possibilités offertes par la relation Canada-Pérou.

L'initiative prise aujourd'hui par le Conseil canadien pour les Amériques est un exemple éloquent de ce genre de contact entre entreprises et il faudra reprendre l'idée.

Enfin, comme vous le savez, le Canada préside actuellement les négociations de la ZLEA et cette grande entreprise nous tient beaucoup à coeur.

Pour le Canada, la ZLEA constitue une occasion privilégiée et emballante. Les économies de l'hémisphère grandissent rapidement et apportent les changements structurels profonds qui leur permettront de soutenir la concurrence dans la nouvelle économie planétaire.

La ZLEA constitue donc une priorité régionale pour le Canada et elle s'inscrit dans la prise de conscience que nous sommes nous-mêmes un pays des Amériques.

Comme vous le savez, la ZLEA créera la plus grande région commerciale du monde. Mais les avantages ne seront pas seulement économiques, loin de là. L'histoire nous enseigne que le commerce favorise l'ouverture. Il abat les murs qui nous séparent et crée des intérêts communs qui nous unissent.

À mesure que nous progresserons vers la ZLEA, nous ne devrons pas perdre de vue les principes du Sommet de Miami : des principes qui nous ont rappelé que la libéralisation du commerce ne vise pas simplement à accroître la richesse nationale, mais surtout à améliorer la qualité de vie des gens.

Au bout du compte, nous serons jugés non pas en fonction de la grandeur de nos intentions, mais plutôt de la prospérité accrue que nous aurons créée et des nouvelles possibilités que nous aurons données à nos citoyens.

Nous ne nous faisons évidemment pas d'illusions sur l'ampleur de la tâche qui nous attend. Nous sommes très conscients que, dans les mois qui viennent, nous serons confrontés à de nombreux défis et devrons traverser bien des tempêtes. Mais lorsque ces tempêtes feront rage, il ne faudra pas nous empresser de trouver refuge derrière le protectionnisme. Nous ne devrons pas prêter l'oreille à ceux qui nous murmureront de battre en retraite.

Nous devrons plutôt nous en tenir à nos objectifs. Nous devrons continuer d'avancer sur la voie du libre-échange.

Pourquoi insister là-dessus? Parce que si nous laissons la ZLEA nous échapper, nous risquons de perdre une chance historique de promouvoir la prospérité dans la région. Il est donc vital pour tous les pays de l'hémisphère occidental de maintenir la dynamique de libéralisation du commerce.

Nous pensons que le Pérou peut jouer un rôle clé pour ce qui est de préserver cet essor. Dans les jours et les semaines qui viennent, nous continuerons de compter sur le soutien du Pérou et de nous appuyer sur vos connaissances et votre expérience.

Le Pérou et le Canada sont peut-être divisés par la distance, mais ils sont unis par leur désir commun de favoriser le commerce entre eux et en fin de compte dans tout l'hémisphère. Je crois qu'ensemble nous pouvons faire de grandes choses.

Ne laissons pas se perdre l'élan que nous avons pris aujourd'hui. Continuons de multiplier nos liens et nos échanges. Et travaillons ensemble à la création d'un avenir meilleur et plus prometteur pour les Péruviens et les Canadiens.

Merci.