M. EGGLETON - ALLOCUTION À L'OCCASION DE LA SIGNATURE DE L'ACCORD DE LIBRE-ÉCHANGE CANADA-ISRAËL - TORONTO (ONTARIO)

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NOTES POUR UNE ALLOCUTION

DE

L'HONORABLE ART EGGLETON,

MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,

À L'OCCASION DE LA SIGNATURE

DE

L'ACCORD DE LIBRE-ÉCHANGE CANADA-ISRAËL

TORONTO (Ontario)

Le 31 juillet 1996

Aujourd'hui, nous sommes réunis pour célébrer la signature d'un accord de libre-échange avec Israël. Et nous sommes fort honorés d'accueillir au Canada le ministre israélien de l'Industrie et du Commerce, M. Natan Sharansky.

Je puis dire sans hésitation, Monsieur, que vous êtes un héros aux yeux de bien des gens. Aux jours les plus sombres de l'oppression soviétique, vous portiez le flambeau de la liberté.

Comme le pays que vous servez, vous avez enduré les peines et les dangers que comporte la stricte adhérence à des principes. Mais comme Israël lui-même, vous avez choisi de vivre dans l'espérance de l'avenir plutôt que dans le souvenir des maux passés.

Comme le pays que vous servez, vous avez tenu bon malgré l'oppression, surmonté les oppositions et triomphé des risques.

Et, comme Israël s'est signalé en faisant fleurir les déserts, vous avez montré votre détermination à persévérer et à transcender les épreuves.

Nous sommes honorés de votre présence ici aujourd'hui.

Dans deux ans, Israël célébrera le 50e anniversaire de sa fondation : cinquante ans de lutte et de succès, cinquante ans de persévérance et de progrès.

Et à l'heure où Israël entreprend la prochaine étape de son voyage, le Canada est fier d'être à la fois son allié et son ami.

Israël et le Canada jouissent depuis longtemps de relations étroites, fondées sur des valeurs et des convictions communes, sur la foi dans la liberté et la dignité de l'individu.

Nos relations reposent sur des espoirs communs de paix et de prospérité.

Aujourd'hui, nous nous apprêtons à cimenter ces liens et à réaliser le potentiel économique de nos relations.

En novembre 1994, les premiers ministres Yitzhak Rabin et Jean Chrétien ont amorcé le processus qui a mené à l'accord historique d'aujourd'hui.

Je suis ravi que le nouveau gouvernement d'Israël ait choisi d'accepter et de soutenir l'Accord de libre-échange avec le Canada. Voilà qui montre avec force la détermination d'Israël à travailler à la création d'un nouveau Moyen-Orient, d'un Moyen-Orient dynamique et ouvert, qui fait bon accueil au changement et qui élargit les débouchés.

Dans le monde en perpétuelle mutation d'aujourd'hui, aucun pays, riche ou pauvre, ne peut rester longtemps isolé de la grande révolution économique qui balaie le monde. Les marchés s'ouvrent, les barrières tombent et le libre mouvement des marchandises, des services et des idées est désormais inévitable.

Les vieilles divisions entre marchés nationaux et internationaux sont en passe de devenir plus sémantiques que fondées sur la réalité. Les différends entre pays cèdent la place à de nouveaux partenariats. Les entreprises considèrent le monde entier comme leur marché et les débouchés sont illimités.

Tant Israël que le Canada ont compris ces nouvelles réalités. C'est pourquoi Israël développe systématiquement ses liens commerciaux, ayant signé des accords de libre-échange avec les États-Unis, l'Union européenne, la Turquie, la République tchèque et la Slovaquie.

Et c'est pourquoi le Canada a signé l'ALENA [Accord de libre-échange nord-américain] et pourquoi il travaille ferme pour préparer l'accession du Chili à cet accord. Et c'est pourquoi il soutient si vigoureusement l'Organisation mondiale du commerce et oeuvre en faveur d'une Zone de libre-échange des Amériques.

Dans un tel environnement, il est à la fois approprié et heureux qu'Israël et le Canada instituent le libre-échange entre eux.

À l'heure actuelle, notre commerce réciproque est modeste, mais en croissance. L'an dernier, nos échanges bilatéraux ont affiché une hausse de 37 p. 100 atteignant plus de 500 millions de dollars. Je crois que ce chiffre est appelé à une croissance exponentielle, à mesure que cet Accord nous ouvrira réciproquement nos marchés.

En fait, même avant la négociation de cet Accord, les entreprises des deux pays ont commencé à se rééquiper et à ajuster leurs plans d'affaires. Dorénavant, les compagnies canadiennes et israéliennes auront accès en franchise à leurs marchés réciproques des produits industriels. Et ils profiteront de l'élimination ou de la réduction des tarifs douaniers sur les produits agricoles.

Israël jouit d'une économie forte et croissante, affichant un standard de vie élevé et une croissance économique impressionnante. La construction résidentielle est en plein essor et l'investissement étranger augmente.

Et si Israël a pu accomplir tout cela en 48 années de difficultés, imaginez ce qu'il aurait pu réaliser dans un climat de paix et de stabilité! Israël est manifestement destiné à devenir une économie extrêmement puissante dans une importante partie du monde, et il est vital pour les intérêts du Canada d'y être présent.

Israël dans son ensemble représente un marché sain et dynamique pour les produits et les services canadiens, mais certains secteurs offrent un potentiel particulièrement riche, notamment ceux des systèmes électroniques et de communication avancés, les projets énergétiques, l'exploration pétrolière et gazière, ainsi que les produits agro-alimentaires et la technologie environnementale.

Dans tous ces secteurs, le Canada jouit d'une expertise de calibre mondial, et tous sont des secteurs où les occasions d'affaires sont excellentes en Israël.

Les compagnies canadiennes qui veulent prendre de l'expansion en Israël y trouvent maints appuis. L'ambassade du Canada à Tel-Aviv déploie beaucoup d'efforts pour mettre en communication les partenaires potentiels et dispose de renseignements précieux sur les marchés à l'intention des entreprises canadiennes et israéliennes.

Un organisme joue un rôle important dans cette recherche : la Fondation Canada-Israël pour la recherche et le développement industriels. Fondée en 1993 avec mission de promouvoir la coopération industrielle, la Fondation met en relation des entreprises canadiennes et israéliennes. Jusqu'à maintenant, elle a approuvé 11 projets de collaboration en R-D, d'une valeur de plus de 9 millions de dollars. Elle offre également des subventions remboursables pour les coentreprises prometteuses.

Par ailleurs, la Société pour l'expansion des exportations [SEE] offre quatre lignes de crédit pour le financement du crédit acheteur en Israël, et les compagnies canadiennes en quête de services financiers ou de gestion des risques en trouveront une source toute prête à la SEE.

Donc, les appuis sont là, et maintenant que les gouvernements ont joué leur rôle en établissant le cadre du libre-échange, c'est aux secteurs privés des deux pays de prendre la relève et de réaliser le potentiel de cette nouvelle relation.

Les réformes économiques d'Israël trouvent leur complément dans des relations politiques en expansion. À la fin de 1995, Israël avait rétabli ses relations avec plus de 40 pays qui les avaient rompues dans les années 1960 et au début des années 1970.

Le Canada a toujours soutenu fermement le processus de paix au Moyen-Orient. Et la relation entre paix et libre-échange est claire. Au mieux, le libre-échange est un système de règles qui permet des relations économiques pacifiques. Lorsque les nations commencent à commercer ensemble et à établir des liens mutuellement profitables entre elles, elles ont tendance à se considérer, non pas comme des adversaires à affronter, mais comme des alliés à consulter.

Nous en voyons déjà les preuves : grâce au processus de paix qui est maintenant en marche, Israël et ses voisins envisagent un grand nombre de projets d'immobilisation dans les domaines des transports, de l'énergie et des communications.

Le Canada appuie ces alliances constructives et veut participer activement et de plain-pied au développement économique futur de cette région.

Et même si cet Accord lie le Canada et Israël, nous avons offert d'en faire bénéficier les produits fabriqués en Cisjordanie et à Gaza. Nous examinons les modalités de cette extension de l'Accord avec l'Autorité palestinienne.

Le Canada a aussi l'intention de soutenir le sommet du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, qui doit avoir lieu en novembre au Caire. Nous enverrons à cette conférence une délégation du secteur privé d'une ampleur sans précédent, ce qui ne montre pas seulement l'intérêt que nous portons à la région, mais encore notre conviction qu'un fort développement des affaires y est possible.

Enfin, le Canada se réjouit de l'Accord qu'il signe aujourd'hui, parce que commerce est synonyme d'emplois, et d'emplois ici chez nous. Les exportations ne génèrent pas moins de 37 p. 100 de notre PIB [produit intérieur brut], et un emploi sur trois au Canada dépend de notre capacité de vendre nos produits et nos services à l'étranger.

Doté d'une population relativement modeste, le Canada est forcé de trouver des marchés à l'étranger pour sa production. Nous devons élargir et diversifier nos échanges, sous peine de stagnation.

C'est pourquoi nous nous sommes fixé l'objectif qui consiste à doubler le nombre de nos compagnies exportatrices d'ici l'an 2000. Et cet Accord de libre-échange avec Israël offre aux compagnies canadiennes, qu'elles exportent ou non actuellement, un riche marché à explorer.

Aujourd'hui, nous posons les bases d'un travail gigantesque : commercer les uns avec les autres.

Maintenant, nos puissants liens d'amitié seront complétés par des liens économiques plus forts. Plus que jamais, nous nous verrons mutuellement comme des partenaires, non pas seulement pour la paix, mais pour le progrès, non pas seulement pour la sécurité, mais pour la prospérité et non pas seulement pour la survie, mais pour l'enrichissement.

Israël et son fils distingué, Natan Sharansky, incarnent la volonté qui est en chacun de nous de persévérer et de transcender. Si cet Accord peut contribuer, tout modestement que ce soit, à créer les conditions qui mèneront à la paix, nous aurons réussi au-delà de nos espérances.

Merci.