Droits et Démocratie accueille favorablement la déclaration du Conseil de sécurité des Nations Unies sur la Birmanie et réclame l’application de mesures punitives

Montréal, le 12 octobre 2007 – Droits et Démocratie accueille favorablement la déclaration présidentielle historique adoptée par le Conseil de sécurité des Nations Unies. Dans cette déclaration, le Conseil condamne la répression exercée récemment par la dictature militaire birmane, demande la libération de tous les prisonniers politiques et en appelle à la réconciliation nationale.

« Il s’agit d’un premier pas significatif pour la Birmanie, a dit Janice Stein, présidente intérimaire de Droits et Démocratie. Le consensus auquel en est arrivé le Conseil de sécurité de l’ONU envoie à la junte militaire un message clair indiquant que la Birmanie est désormais sous haute surveillance. »

L’émission d’une déclaration présidentielle par le Conseil de sécurité nécessite un consensus de l’ensemble de ses 15 membres. Pour la première fois, la Chine, l’allié le plus puissant de la Birmanie, n’a pas eu recours à son droit de veto pour bloquer toute critique à l’égard de la Birmanie.

Selon Droits et Démocratie, le Conseil de sécurité doit adopter des mesures punitives contre le régime militaire birman, comme le permet la Charte des Nations Unies. Ainsi, un embargo sur la vente de matériel militaire et d’armes, une interdiction des investissements étrangers ou d’autres sanctions économiques devraient être appliqués si le régime militaire refuse de se conformer à la déclaration présidentielle du Conseil de sécurité.
 
Ces mesures punitives inciteront la junte militaire à entreprendre un dialogue réel avec la Ligue nationale pour la démocratie (LND) et les représentants des groupes ethniques afin d’amorcer une transition pacifique vers la démocratie. Dans le passé, la junte militaire a ignoré les appels au dialogue tripartite lancés tant par la LND que par les dirigeants des minorités ethniques du pays.
 
La prise de mesures énergiques par le Conseil de sécurité aiderait aussi M. Ibrahim Gambari, envoyé spécial de l'ONU au Myanmar, à mener à bien son mandat consistant à favoriser la réconciliation nationale.
 
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Sous le joug militaire depuis 1962, la Birmanie est gouvernée par un régime brutal et corrompu, le Conseil d’État pour la paix et le développement (State of Peace and Development Council, SPDC). Le SPDC fait régner un climat de terreur dans le pays et refuse obstinément de céder le pouvoir à la LND, qui avait pourtant remporté les élections démocratiques de 1990. En août 2007, à la suite d’une augmentation draconienne du prix des carburants, un petit groupe de leaders étudiants (Génération 88), dont Min Ko Naing, a entrepris des protestations publiques. Quelques semaines plus tard, menés par des moines bouddhistes, des milliers de manifestants sont descendus dans la rue et ont subi une brutale répression aux mains du SPDC. Selon les observateurs des organismes de défense des droits de la personne, un nombre élevé de manifestants ont été tués, et des milliers d’autres arrêtés. On compte présentement environ 2 100 prisonniers politiques en Birmanie. Droits et Démocratie est particulièrement préoccupé par le sort des lauréats de son prix John-Humphrey pour la liberté, Min Ko Naing (1999) et Su Su Nway (2006).

Voir aussi:
Page de Droits et Démocratie sur la Birmanie
Tous les communiqués de presse

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Myanmar ou Birmanie?

À la suite de son accession à l’indépendance, sous le gouvernement élu, le pays avait pour nom Union de Birmanie. En 1989, la junte militaire au pouvoir a émis un décret modifiant le nom de plusieurs villes, rivières et régions, de même que le nom officiel du pays, qui est passé de Birmanie à Myanmar. « Myanmar » est une translittération du mot « Birmanie » en birman, langue parlée par le groupe ethnique du même nom, le plus important au pays.

Le mouvement pro-démocratie de Birmanie (tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays) rejette le nom de « Myanmar » pour au moins trois raisons :

1) Le nom du pays a été changé en vertu d’un décret émis par la dictature militaire. Or, seul un parlement élu est légitimement autorisé à changer le nom d’un pays, en faisant adopter une loi à cet effet.

2) L’utilisation du nom de Myanmar, dérivé de la langue birmane, revient à ne pas tenir compte du caractère multiethnique et multilingue de la Birmanie, qui comporte une importante minorité pour qui le birman est une deuxième ou même une troisième langue.  (La population est également composée des groupes ethniques ou autochtones Karen, Shan, Akha, Chin, Chinois, Danu, Indien, Kachin, Karenni, Kayan, Kokang, Lahu, Môn, Naga, Palaung, Pao, Rakhine, Rohingya, Tavoyan et Wa.)

3) L’armée est dominée par les Birmans, et ceux-ci sont majoritaires aux postes de pouvoir. Les dirigeants militaires birmans ont été sévèrement critiqués pour les actes flagrants de violation des droits humains qu’ils commettent à l’encontre des minorités ethniques et des autochtones. Certains experts considèrent ces violations comme une forme de génocide ou de nettoyage ethnique. Pour bien des gens, l’utilisation du nom de « Myanmar » équivaut à soutenir les tentatives du régime militaire de « birmaniser » le pays.

La plupart des pays, dont le Canada, l’Union Européenne et les États-Unis, ont choisi d’utiliser le nom de Birmanie.

Cependant, étant donné que le régime militaire représente la Birmanie aux Nations Unies, tous les documents de l’ONU faisant référence à ce pays doivent employer le nom de Myanmar.
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