Description en français des objets exposés

Qu’est-ce que la Béringie?


Le terme «Béringie» a été inventé en 1937 par le botaniste suédois Eric Hulten. Après avoir observé une remarquable similitude entre les plantes des deux rives du détroit de Béring, il a avancé l’idée que la Sibérie et l’Alaska avaient un jour été reliées par une bande de terre. La Béringie tire donc son nom du détroit de Béring et fait référence au sous-continent qui s’étendait de la rivière Lena en Sibérie au fleuve Mackenzie dans les Territoires du Nord-Ouest. Ce continent a été créé à l’époque glaciaire, au cours de laquelle d’énormes couches de glace recouvraient la quasi-totalité de l’hémisphère Nord. Ces couches de glace renfermaient une bonne part de l’eau de la planète et ont provoqué une baisse du niveau des océans, allant parfois jusqu’à 125 mètres. C’est ainsi que la bande de terre qui formait la Béringie s’est retrouvée émergée. Nous savons que cet événement a vraiment eu lieu parce que les échantillons du sol provenant du plateau continental contiennent des restes de vie végétale qui ont déjà poussé sur un sol sec. Cette vaste étendue de terre battue par les vents abritait bon nombre de nos animaux modernes, en plus de ceux qui ont disparu.


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1. Le chat des cavernes (Homotherium serum)Le chat des cavernes
Le chat des cavernes était l’un des prédateurs les plus féroces de la Béringie. Vers la fin de l’âge glaciaire, ce félin carnivore de la taille d’un lion vivait dans presque toutes les régions du Canada et des États-Unis. Il s’attaquait aux gros herbivores à peau épaisse, dont les mammouths et les mastodontes. Ses longues incisives servaient à trancher la gorge de sa proie. Le chat des cavernes avait les pattes relativement plates, comparées à celles de ses descendants, comme le lion ou le guépard. Il est donc probable qu’il n’arrivait pas à courir aussi vite que les félins modernes et qu’il préférait s’attaquer à sa proie rapidement et par surprise. Le modèle nous donne une idée de l’allure de ce félin. La reconstruction est une approximation fondée sur la couleur de la peau des lions et des couguars des temps modernes. Jusqu’à ce jour, personne n’a encore découvert de carcasse bien conservée de chat des cavernes, bien que de nombreux ossements nous soient parvenus.

2. Remerciements aux Premières nations et aux mineurs
Nous souhaitons exprimer notre gratitude aux mineurs et aux Premières nations qui nous ont aidés à reconquérir le passé. Les fossiles et l’aide que nous ont fournis gratuitement les personnes désignées ci-dessous ont contribué à la reconstitution des histoires et des artefacts présentés au Centre d’interprétation de la Béringie du Yukon. Bon nombre des fossiles de la Béringie sont conservés dans le pergélisol, c’est-à-dire la couche du sol qui est restée gelée depuis la période glaciaire. Les chercheurs d’or du Yukon et de l’Alaska ont déplacé d’énormes portions de pergélisol pour pouvoir atteindre le gravier où se trouvait l’or. C’est ainsi qu’on a exhumé plusieurs fossiles, dont des squelettes de mammouths et de bisons. Parfois, il arrive même que les fossiles retrouvés portent encore la peau, les muscles et la fourrure.

Nous sommes reconnaissants envers les mineurs qui ont prélevé des fossiles avec précaution et nous les ont remis pour nos collections. L’étude de ces fossiles et leur exposition nous permettent dans une large part de mieux comprendre l’histoire du Yukon.

Lee Olynyk, Lisle Gatenby, la famille Schmidt, Pete Risby, Ron Toews, Jerry Klein, Norm Ross

Pendant plus de 30 ans, les Vuntut Gwitchin d’Old Crow ont guidé et aidé les scientifiques à découvrir l’histoire de la période glaciaire de la Béringie dans la région d’Old Crow. D’impressionnants fossiles continuent de remonter à la surface près des falaises longeant les rivières Old Crow et Porcupine dans le nord du Yukon, aux endroits où les eaux de ces rivières traversent le lit d’anciens lacs glaciaires. On a également retrouvé la trace des premiers humains qui ont peuplé l’Amérique du Nord dans le nord du Yukon. Nous souhaitons exprimer ici notre reconnaissance aux habitants d’Old Crow qui ont contribué aux recherches dans la région :

Charlie Peter Charlie, Lazarus Charlie, John Joe Kay, Charlie Thomas, Abraham Peter, Peter Lord

3. Centre d’interprétation de la Béringie du Yukon
L’histoire de la Béringie à l’époque glaciaire est une partie essentielle de l’histoire du Yukon. Les légendes autochtones parlent de cette époque, des monstres d’antan et de la création du monde à partir de terres englouties. Les fossiles spectaculaires découverts par les mineurs à l’époque de la ruée vers l’or du Klondike ont suscité l’intérêt dans le monde entier. Les fossiles et les artefacts découverts à Old Crow ont aussi connu la gloire. Ils ont contribué à documenter l’arrivée des premiers humains en Amérique du Nord.

Une visite au Centre d’interprétation de la Béringie du Yukon sert d’introduction à la riche histoire de la Béringie. Partez à la découverte de l’époque glaciaire.

4. Le mammouth laineux (Mammuthus primigenius)
Le mammouth laineuxLe spécimen, qui fait 4 mètres de haut et 3,6 mètres de long et dont les défenses mesurent 2,4 mètres, est une réplique exacte des plus gros squelettes de mammouth découverts à ce jour. La steppe à mammouth, recouverte de graminées et de sauge où broutaient les géants, était le nom donné à la toundra froide et sèche qui existait à l’époque glaciaire. Les fossiles les plus récents de mammouths nord-américains ont environ 12 000 ans. Jusqu’à il y a environ 4 000 ans, des mammouths laineux de plus petite taille avaient survécu sur l’île Wrangel, en Sibérie. Le mammouth laineux était l’animal le plus commun de la Béringie à l’époque glaciaire. Il avait environ la taille de l’éléphant d’Asie d’aujourd’hui et pesait plus de trois tonnes. La reproduction présentée au Centre s’inspire d’un squelette découvert dans le Wisconsin. Dans les légendes autochtones, les mammouths sont les animaux de l’époque glaciaire qui occupent la plus grande place. Chaque Première nation du Yukon a sa légende racontant les attaques perpétrées par les mammouths et des histoires de trappe et de chasse aux mammouths.

5. L’ours à face courte (Arctodus simus)
L'ours à face courteLe plus gros des prédateurs de l’époque glaciaire, l’ours à face courte mesurait 1,5 mètre aux épaules en position verticale. Un gros mâle pouvait peser environ 700 kilogrammes, soit un peu plus qu’un gros ours polaire. Ces animaux féroces étaient presque exclusivement carnivores. Des études récentes indiquent qu’ils étaient probablement des charognards plutôt que des chasseurs. L’ours à face courte géant vivait en Alaska et au Yukon il y a 44 000 à 20 000 ans, au cours de la période de réchauffement qui a précédé la dernière avancée de la nappe glaciaire.

L’ours à face courte n’est pas le précurseur des ours qui vivent aujourd’hui en Amérique du Nord. Son descendant le plus proche serait plutôt l’ours à lunettes d’Amérique du Sud.

Vers la fin de l’époque glaciaire, l’ours à face courte était réparti dans presque toute l’Amérique du Nord, à l’exception du sud-est des États-Unis. L’ours à face courte géant a disparu il y a environ 10 000 ans. Le spécimen du Centre s’inspire d’un squelette de l’Illinois.

6. Présentation de la Béringie
C’est entre deux continents, aux limites de l’Arctique, que se trouvait la terre appelée Béringie. C’était l’époque de la glace, des mammifères géants et des premiers habitants. C’était une époque semblable à nulle autre. Il peut nous arriver de penser que notre climat actuel est caractéristique, mais en fait le climat de l’hémisphère Nord au cours des deux derniers millions d’années a été dominé par d’immenses couches de glace. Au cours de la période glaciaire, d’énormes glaciers se sont formés dans l’hémisphère Nord, emprisonnant dans la glace une grande partie de l’eau de la planète. Le niveau des océans a chuté de 100 à 150 mètres, ce qui a eu pour résultat d’exposer le fond de la mer de Béring et de créer un pont entre l’Alaska et la Sibérie (illustré par la région en vert). Ce pont faisait partie d’une région plus grande et non glaciaire appelée Béringie.

Il n’y a jamais eu de glaciers en Béringie, car le climat y était trop sec. La Béringie, recouverte d’herbes et de graminées résistantes, était le berceau des géants de l’époque glaciaire : le mammouth, l’ours à face courte géant, le bison des steppes et le chat des cavernes. À l’apogée de l’époque glaciaire, les plus rusés parmi ces chasseurs, les humains, sont arrivés en Béringie par les steppes de Sibérie. Ils allaient conquérir la dernière frontière encore jamais franchie par l’espèce humaine.

La Béringie a disparu après la dernière glaciation. Toutefois, on trouve encore aujourd’hui des vestiges de cette contrée perdue dans le nord et le centre du Yukon et de l’Alaska et en Sibérie.

7. Les époques de la Béringie
L’époque glaciaire n’est que l’un des plus récents chapitres de la longue histoire climatique du monde. À l’échelle géologique, il s’agit du Pléistocène. Il y a environ deux millions d’années, des glaciers continentaux, ou inlandsis, se sont formés et ont couvert à plusieurs reprises une bonne partie de l’hémisphère Nord. Le Pléistocène a été ponctué de périodes plus chaudes, ou interglaciaires, qui ont duré parfois des centaines de milliers d’années. Au cours du Pléistocène, les glaciers recouvraient le nord de l’Amérique du Nord et de l’Europe et une petite partie de l’Asie. Les grandes couches de glace de l’Amérique du Nord étaient constituées de l’Inlandsis de la Cordillère, qui partait des montagnes de l’Ouest, et de l’Inlandsis laurentidien, qui partait du centre du nord de l’Arctique. Des glaciers de montagne s’étendaient aussi des Appalaches et d’autres montagnes de l’Est. La dernière grande période glaciaire d’Amérique du Nord, appelée glaciation du Wisconsin (ou glaciation McConnell), remonte à entre 70 000 et 10 000 ans. La glaciation du Wisconsin tire son nom de l’État du Wisconsin, où l’on a trouvé des traces très bien préservées de cette glaciation. Les régimes climatiques et la végétation modernes se sont établis au cours des 10 000 dernières années (en termes géologiques, il s’agit de l’Holocène). Bon nombre de scientifiques estiment que la vague de chaleur actuelle ne serait qu’un autre interglaciaire.

8. Tibia de mammouth
Voici le tibia d’un mammouth laineux, l’éléphant de la période glaciaire dans l’hémisphère Nord. Au toucher, le fossile ressemble beaucoup à un os tout frais, même s’il a en fait plus de 10 000 ans. C’est parce que cet os a été conservé dans le pergélisol, dont l’action s’apparente à celle d’un congélateur.

9. Glaciers et paysage
Les montagnes conservent des traces très claires de la glaciation. Leur profil en dents de scie nous montrent les endroits où les glaciers ont arraché le roc de leurs flans. Là où il n’y avait pas de glace, la silhouette des montagnes s’arrondit par l’effet cumulatif de l’érosion sur des millions d’années.

Bien que la région de Whitehorse ait été largement recouverte de glace, les montagnes des environs sont arrondies, parce que le calcaire dont elles sont composées s’érode rapidement.

Sur les routes du Yukon, jetez un coup d’œil aux montagnes qui vous entourent et essayez de deviner si elles ont vu ou non le passage des glaciers. Recherchez les roches qui semblent venir d’ailleurs et qui sont de toute évidence différentes de celles qui les entourent. Ce sont des «erratiques». Tous les erratiques ont été déplacés de leur lieu d’origine par les glaces de l’âge glaciaire. L’absence d’erratiques indique que le territoire n’a pas subi le passage des glaciers.

10. L’étrange et le familier
Voici un chameau d’autrefois, un lion d’Amérique, un castor géant, un caribou de la toundra, un renard roux, un pica à collerette et un loup. Les animaux de la période glaciaire de la Béringie sont à la fois étranges et familiers. À la fin de l’époque glaciaire, certains de ces animaux, comme le bœuf musqué, ont tout simplement quitté la région. D’autres, comme le loup, le lynx, le renard roux, le caribou, le mouflon de Dall, le carcajou, le pica à collerette et le lièvre arctique habitent toujours parmi nous. Enfin, une grande partie de la faune a disparu. Bon nombre des animaux typiques de l’époque glaciaire n’existent plus. Le mammouth laineux, le chameau d’autrefois, le castor géant, le lion d’Amérique, l’ours à face courte géant et le chat des cavernes ont tous disparu il y environ 10 000 ans.

Ces animaux n’ont pas tous vécu en Béringie à la même époque. Ainsi, le mastodonte, le castor géant et le paresseux marcheur dit «de Jefferson» n’ont vécu dans la région qu’entre deux glaciations, à une époque où le climat était plus doux, plus humide et où la région était plus boisée. D’autres animaux, comme le saïga, ou antilope des steppes, n’existent plus de nos jours qu’en Asie. On croit que le saïga n’a d’ailleurs vécu en Béringie qu’à l’époque de l’extension des glaciers, lorsque le climat était sec et le terrain ouvert et couvert d’herbes. Dans certains cas, les animaux ont réussi à s’adapter rapidement au changement, comme ce fut le cas du bison, par exemple. Nous en sommes toutefois encore à l’étape où nous tentons d’expliquer, à mesure que nous nous employons à résoudre l’énigme de la Béringie, comment et quand ont vécu les animaux qui l’ont peuplée.

11. Le paresseux marcheur dit «de Jefferson» (Megalonyx jeffersoni)
Le parresseuxVoici le squelette de l’un des plus étranges animaux de la Béringie. Il avait environ la taille d’un bœuf, mesurait 2,5 à 3 mètres de long et pesait plus d’une tonne. Le paresseux géant était un herbivore aux longues dents aplaties et striées. Ses griffes du devant, recourbées, lui permettaient de s’accrocher aux hautes branches feuillues des arbres.

Ce spécimen qui fait partie des nombreuses espèces de paresseux qui habitaient les Amériques, a été nommé en l’honneur du président américain Thomas Jefferson, qui fut l’un des premiers paléontologues d’Amérique du Nord. Le paresseux marcheur géant venait d’Amérique du Sud et est arrivé en Amérique du Nord il y a environ 5 millions d’années. Ce paresseux s’inspire de fossiles du Yukon et de l’Alaska qui remontent à entre 150 000 et 130 000 ans, apparemment d’une époque antérieure à la glaciation du Wisconsin. À cette époque, la plus grande partie de la Béringie était recouverte de forêts, contrairement à la steppe représentée dans la plupart des tableaux. Au Yukon, des fossiles de paresseux géants ont été découverts à Old Crow, mais aucun aux alentours de Dawson. Plus au sud, le paresseux marcheur a vécu jusqu’à environ 9 400 années avant aujourd’hui.

12. Scène de la vie quotidienne
Voici une représentation de la chasse traditionnelle et des activités rattachées aux ressources naturelles pratiquées par les Premières nations du Yukon. Tout près, un panneau illustre l’aïeule Sarah Abel, aujourd’hui décédée, en train d’écharner une peau. L’observation des traditions des peuples autochtones du Yukon nous permet de mieux comprendre la vie quotidienne des humains à l’époque de la Béringie. Depuis plus de 20 000 ans, ces peuples ont vécu au rythme des saisons et suivi la migration des animaux. Depuis l’époque glaciaire, le caribou est l’espèce la plus prisée des chasseurs du nord du Yukon. Dans un climat où la pratique de l’agriculture même la plus rudimentaire est impossible, les activités qui ont permis aux humains de subsister étaient encore pratiquées au début de notre siècle.

13. Le campement d’hiver
Ce diorama représente une famille autochtone sous une tente traditionnelle faite de peaux, entourée de glace, de neige et de loups. Bon nombre des traditions du Nord sont restées intactes. Dans la steppe des mammouths de la Béringie ou dans la forêt boréale du Yukon, il fallait pour survivre porter des vêtements chauds, se déplacer fréquemment et connaître intimement la nature et le cycle des saisons chez les animaux. L’aménagement des campements d’hiver, comme celui du diorama, n’a sans doute pas beaucoup changé au fil des millénaires. Ces abris étaient conçus pour être transportés et procurer de la chaleur, au détriment du confort (les aînés se rappellent encore à quel point l’atmosphère devenait enfumée à l’intérieur des tentes de peaux!). Pendant les longs mois d’hiver, c’est dans de tels campements qu’on se préparait à la prochaine saison de la chasse, qu’on réparait le matériel et partageait les repas en écoutant des histoires. C’est ainsi que l’on transmettait la tradition orale d’une génération à l’autre et qu’était conservée la connaissance essentielle à la survie dans un environnement difficile.

14. Sous la marquise
Les quatre photos reproduites ici donnent une idée de la diversité du territoire du Yukon. Du caribou aux mines d’or, le Yukon a beaucoup à offrir.

15. Sites de la Béringie
Grâce aux vestiges de la Béringie qui parsèment le paysage du Yukon, il nous est possible d’avoir un aperçu d’un passé lointain. Il arrive aussi que certaines caractéristiques du paysage soient associées à l’époque glaciaire par des légendes. Les processus géologiques qui ont marqué l’époque glaciaire peuvent encore être observés dans des régions du Yukon et dans quelques communautés. Des centres d’interprétation et des musées nous renseignent aussi sur l’histoire des Premières nations et sur le Yukon dans son ensemble. Tous les endroits que vous visiterez au Yukon ont une histoire à raconter.

Old Crow: Une grande quantité de dépôts remontant à l’époque glaciaire sont exposés sur les falaises longeant les rivières Old Crow et Porcupine. On y trouve certains des animaux les plus complets et les mieux conservés de la période béringienne en Amérique du Nord. Les légendes vuntut gwitchin racontent l’histoire du mammouth qui vivait dans les terres aux alentours d’Old Crow. Selon la légende, lorsque les animaux approchaient la fin de leurs jours, ils s’enfonçaient dans le sol pour aller rejoindre la rivière. C’est pourquoi on trouve encore des ossements de ces animaux qui se détachent des falaises le long des rivières sous l’effet de l’érosion.

Fort Selkirk: C’est ici, dans les falaises en face de Fort Selkirk, qu’on a retrouvé les plus anciens ossements de caribou au monde, vieux de plus de 1,6 million d’années. Des ossements appartenant à des espèces de l’époque glaciaire ont également été découverts à l’embouchure de la rivière Pelly.

Beaver Creek: Les Upper Tanana racontent l’histoire de leurs ancêtres qui chassaient les mammouths il y a fort longtemps. D’importants gisements paléontologiques ont été découverts au moment de la reconstruction de la route de l’Alaska à proximité de Beaver Creek. Un os de cheval tiré de l’un des sites remonte à 20 000 ans avant nos jours. Au lac Mosse, un peu au sud de Beaver Creek, se trouve l’un des plus anciens sites archéologiques connus dans le sud du Yukon, qui remonte à 10 000 ans avant nos jours.

Chuu Tsanh Njik (ruisseau Engineer): C’est ici que se jette le ruisseau Red. C’est ici également que l’Homme-saule aurait tué le castor géant qui vivait dans les parages, ce qui expliquerait la couleur rouge du ruisseau. Km 168, route Dempster.

Chii Doh Deeh: Mont Beaver House («de la hutte du castor»). Il s’agit de la deuxième ou de la plus petite hutte du castor géant qui vivait dans les parages. Km 216, route Dempster.

Il s’agit de la hutte principale du castor géant qui vivait dans les parages. On raconte que le castor a déjà érigé un barrage sur la rivière Ogilvie, comme en témoignent les glissements de roches qui ont presque bloqué le chenal de la rivière Ogilvie à cet endroit. Km 224, route Dempster.

Grottes de la Bluefish: On a retrouvé dans ces grottes des traces de présence humaine qui remontent à 24 000 ans. Ces traces sont les plus anciennes qu’on connaisse dans le Nouveau Monde. Les grottes contenaient aussi d’importants dépôts de l’époque glaciaire, âgés de 24 000 à 11 000 ans. Ne manquez pas le diorama sur les grottes de la Bluefish dans la salle d’exposition.

Île Herschel: Il arrive qu’on trouve des ossements d’espèces de l’époque glaciaire, dégagés par érosion des affleurements de l’île Herschel. Ici, on a retrouvé un os de cheval de 36 000 ans, un os de morse de 45 000 ans et un os de bison sur les plages de l’Arctique remontant à plus de 47 000 ans. On a récemment découvert un os de saïga sur l’île dont l’âge n’a pas encore été établi.

Rivière Rock: Endroit où la rivière Rock (Chii Deetak) croise la route Dempster. La tache rouge qu’on aperçoit au loin dans les falaises est un dépôt d’ocre. On raconte qu’il s’agirait des restes d’un feu de camp de Ch’itahùukaii, où il se serait reposé après avoir traversé les monts Richardson. Ch’itahùukaii est un héros mythique des légendes gwitch’in, qui avait pour tâche «d’arranger» tous les animaux géants d’autrefois pour qu’ils deviennent les animaux d’aujourd’hui.

Terrain de camping du parc Tombstone: On trouve là un centre d’interprétation du gouvernement du Yukon, des paysages béringiens et une concentration de sites archéologiques.

Dawson: On trouve un grand nombre de fossiles dans les gisements alluvionnaires des alentours de Dawson. La plupart de ces fossiles proviennent de la base du mort-terrain congelé qui recouvre le gravier aurifère. Au début du siècle, les KoYukon du bas du fleuve Yukon racontaient que les âmes des morts séjournaient en amont de la rivière à l’endroit où se trouve aujourd’hui Dawson. À cet endroit, ils attendaient de revenir à la vie. Dans l’au-delà, ils poursuivaient leur vie comme si de rien n’était, et allaient à la pêche et à la chasse. Les animaux qu’ils pourchassaient s’appelaient le «gibier des profondeurs», et ce sont leurs os qu’on peut apercevoir encore aujourd’hui autour de Dawson. Ce sont les restes fossiles des animaux de la période glaciaire de ce pays. N’oubliez pas de visiter le musée de Dawson pour y voir son impressionnante collection d’objets géologiques de la région.

Carmacks: La légende raconte qu’un mammouth a été abattu il y a très longtemps au lac Frenchman (Lutthi Män). Les aînés de la Première nation Little Salmon/Carmacks rapportent que dans leur enfance on pouvait encore voir des ossements de mammouth dans le lac. Ne manquez pas de visiter le centre d’interprétation de la Première nation Little Salmon/Carmacks.

Mont Freegold: On trouve d’importants dépôts paléontologiques dans les gisements alluvionnaires de la région.

Désert de Carcross: À la dernière période glaciaire, alors que le climat était surtout sec et venteux, les dunes faisaient partie du paysage. On trouve aujourd’hui un exemple de ces dunes, autrefois plus grandes, dans le désert de Carcross.

Ross River: Des restes de prairie font partie du paysage des alentours de Ross River. Autrefois, les prairies étaient plus grandes et jusqu’à il y a à peine 200 ans accueillaient encore des hordes de bisons. Le nom que les Tlingit donnent à Ross River, Xão Hini, signifie «rivière des bisons», en souvenir de ces géants qui ont été l’un des derniers vestiges des espèces de l’époque glaciaire.

Watson Lake: Les Kaska de Watson Lake racontent des histoires anciennes de rencontres avec le mammouth aux sources de la rivière Liard et sur la falaise qui longe la rivière Hyland. L’une de ces histoires décrit un mammouth congelé dans les glaces du lac Watson alors qu’il pourchassait des hommes sur une île. En langue kaska, le mot mammouth se dit «negutih».

Teslin: Le musée George-Johnston présente la vie des peuples des Premières nations dans la région de Teslin. On y dépeint, entre autres, l’histoire du chef autochtone George Johnston, représenté avec sa voiture. À ne pas manquer!

Whitehorse: Le musée MacBride, le musée de l’ancienne église en rondins (Old Log Church Museum) et le musée du transport du Yukon sont tous de merveilleux attraits touristiques de Whitehorse qui, ensemble, contribuent à expliquer notre patrimoine. Le musée MacBride propose une petite exposition sur l’histoire de la Béringie; on y trouve notamment un squelette restauré de castor géant. Le musée de l’ancienne église en rondins possède une belle collection d’objets ethnographiques, tandis que le musée du transport du Yukon protège l’histoire des moyens de transport au Yukon, de l’embarcation recouverte de peau jusqu’à l’avion.

Champagne: Village autochtone ancestral et Kwäday Dan Kenji, «village des gens d’autrefois».

Burwash Landing: Le musée d’histoire naturelle de Kluane possède une petite collection et propose une exposition sur la période glaciaire ainsi que de nombreux dioramas sur les animaux qui vivent actuellement au Yukon.

Keno: Le musée des mines de Keno expose des collections de fossiles de la localité et explique l’histoire de l’exploitation des mines d’argent au Yukon.

16. À la découverte des fossiles
Les traces de la Béringie sont découvertes de plusieurs façons. Ainsi, il arrive que les ossements d’animaux de la période glaciaire soient exposés lorsque l’eau d’une rivière érode les berges ou lorsqu’on utilise du matériel de terrassement pour enlever des couches de terrain. Pendant des générations, les autochtones du nord du Yukon ont aidé les chercheurs à retrouver des objets de la période glaciaire qui font aujourd’hui partie des découvertes les plus importantes. Les chercheurs d’or du Klondike ont aussi trouvé de riches dépôts fossilifères à plusieurs mètres de la surface du sol lorsqu’ils ont creusé pour atteindre le gravier aurifère. Depuis la ruée vers l’or du Klondike, les chercheurs d’or ont trouvé non seulement des ossements, mais aussi des carcasses conservées dans la glace d’animaux disparus depuis longtemps. Il arrive même que les ossements du Pléistocène portent des marques d’anciens outils de pierre, preuve du passage des premiers humains.

Les découvertes de fossiles et d’artefacts nous fournissent des clés pour résoudre les mystères du passé. Les vestiges déterrés comprennent notamment des outils de pierre, d’anciens campements et sites de chasse, du pollen, des fossiles d’origine végétale et animale. Bon nombre de mineurs reçoivent tous les ans la visite de paléontologues du Yukon qui examinent la récolte de fossiles de la saison. S’il vous arrive de découvrir un fossile ou un artefact, il faut signaler votre découverte à la Direction du patrimoine du Yukon et, si la découverte a été faite sur un territoire autochtone ancestral, à la Première nation locale. Votre coopération pourrait permettre de résoudre des questions fondamentales sur l’arrivée des premiers humains au Nouveau Monde. Le personnel du Centre peut vous aider à entrer en communication avec les autorités compétentes.

17. La science au travail
Comment l’écosystème de la Béringie a-t-il pu être si productif à l’âge glaciaire? Comment pouvons-nous espérer arriver à comprendre ces temps reculés et ces terres disparues? Une bonne partie de notre savoir sur la Béringie provient du travail de nombreux chercheurs. Les scientifiques trouvent en effet des traces du passé conservées dans le pollen fossile, les os, les restes d’insectes et les outils de pierre. Ces vestiges nous permettent également de reconstituer le climat et l’habitat du monde exceptionnel de l’âge glaciaire. Des éléments du paysage nous renseignent sur les glaciers et les lacs glaciaires. Le sol nous renseigne sur les précipitations, la température et les organismes vivants.

Les Premières nations du Yukon ont aussi contribué largement à l’étude de cet univers ancien. Leur connaissance approfondie du territoire et la tradition orale qui remonte à plusieurs générations ont aidé les scientifiques à assembler les pièces du casse-tête de la Béringie.

18. Le saïga (Saiga tatarica)
Le saïgaLe saïga, ou antilope des steppes, est un petit animal léger (de 26 à 32 kg) et rapide qui peut atteindre des vitesses dépassant les 70 km/h. De nos jours, le saïga n’existe qu’en Asie, mais par le passé, son territoire s’étendait jusqu’en Angleterre vers l’ouest et jusqu’aux îles Baillie, dans les Territoires du Nord-Ouest. L’espèce habite des prairies sèches semblables à la steppe, comme celle de la Béringie. Il est probable que le saïga n’ait vécu en Béringie que pendant les périodes les plus sèches et les plus froides de la dernière glaciation. Son museau en forme de trompe lui permettait de bien respirer l’air aride et poussiéreux; c’était une excellente adaptation au lœss porté par le vent, fréquent en Béringie. Les femelles n’avaient pas de bois, tandis que les mâles portaient des bois grêles et annelés. Des spécimens fossiles de saïga ont été découverts dans un dépôt de 13 000 ans dans les grottes de la Bluefish.

19. Café Beringia
Offrez-vous une bonne tasse de café accompagnée de pain bannock traditionnel ou d’autres gâteries.

20. Côté jardin
À partir de cet endroit, vous pourrez observer des os exposés par l’érosion de la rivière. C’est souvent ainsi, entre autres façons, que les ossements sont découverts. À mesure que la rivière érode la couche de sédiments, d’anciens ossements de l’époque de la Béringie sont déterrés. En été, diverses plantes poussent à travers les objets. Pour obtenir des renseignements plus détaillés sur les plantes, passez voir la vitrine sur la botanique, dans la salle d’exposition.

21. La création du monde par le Corbeau et le Voyageur
La création du monde par le Corbeau et le VoyageurCette sculpture est inspirée de deux légendes autochtones sur la création du monde : Ch’itahùukaii le Voyageur et le Corbeau créent le monde. Nous pouvons apercevoir Ch’itahùukaii à la fin de son périple, quittant le monde par une ouverture ronde entre la mer et le ciel. Dans le cercle, le Corbeau apporte au monde la lumière.

22. Le mur de glace
Le corridor de glace reproduit les sons et l’impression visuelle que dégageaient les glaciers qui formaient les limites de la Béringie. La Béringie était en effet bordée de glaciers au Yukon, en Alaska et dans une bonne partie de l’Asie. Les champs de glace modernes des monts St-Élie sont des vestiges des glaciers qui recouvraient la presque totalité de l’Amérique du Nord il y a plus de 10 000 ans.

La glace des glaciers est habituellement mêlée de cailloux et de poussière. Les glaciers sont d’un bleu vert particulier causé par l’air qui se comprime à mesure que la neige se transforme en glace.

23. Le bison des steppes (Bison priscus)
Le bison des steppesÀ l’âge glaciaire, l’habitat du bison s’étendait dans tout le nord de l’Europe, en Asie et en Béringie. L’espèce a vécu partout en Béringie au cours des 700 000 dernières années; le bison était l’animal le plus répandu et le plus fréquemment chassé dans la région. On ne le trouvait qu’à quelques endroits dispersés ailleurs dans l’ouest de l’Amérique du Nord. Plutôt que de disparaître, le bison s’est adapté pour devenir le bison des plaines et des bois moderne. Les fossiles les plus récents connus à ce jour ont environ 8 000 ans.

Nous savons que le bison se nourrissait surtout de graminées grâce aux fossiles végétaux et au pollen conservés dans leurs carcasses. La carcasse de bison la plus renommée est celle du «Blue Babe», un gros spécimen mâle de bison des steppes. Exposé au musée de l’Université de l’Alaska à Fairbanks, le bison Blue Babe a environ 31 000 ans et représente un exemple typique de conservation de carcasses congelées issues de la période glaciaire en Béringie. L’animal avait été tué par un lion d’Amérique et rapidement refroidi à mesure qu’il était dévoré par ses prédateurs. Les restes ont gelé en peu de temps et ont été conservés par enfouissement dans la boue, qui a fini par se transformer en pergélisol. Comme bon nombre de fossiles remarquables de la Béringie, Blue Babe a été découvert par des chercheurs d’or.

24. Paysage non glaciaire
La photo-murale au-dessus du bison illustre les monts Richardson sans glace, vus de la route Dempster, un peu au nord du cercle polaire.

25. Le harfang des neiges (Nyctea scandia)
Loin au-dessus de votre tête plane le harfang des neiges. Cet oiseau préfère les régions ouvertes et non protégées, où le vent et le froid sont rigoureux. De nos jours, l’aire de nidification du harfang des neiges est dans l’Arctique, et son aire d’hivernage au sud du cercle polaire.

26. Carte interactive de la Béringie
Cette carte en relief illustre comment les glaciers se sont déployés à plusieurs reprises au cours des deux derniers millions d’années, abaissant ainsi le niveau de la mer et donnant naissance à la Béringie. Le spectacle son et lumière s’active automatiquement et explique l’avancée et le recul des glaciers et la montée et l’abaissement du niveau de la mer. Vous pourrez également découvrir des lieux importants de la Béringie en appuyant sur les boutons du garde. Les glaciers se sont déployés plusieurs fois au cours des trois derniers millions d’années et ont eu pour effet d’abaisser le niveau de la mer et de faire de la Béringie un sous-continent permanent.

27. Paysage glaciaire
La grande photo-murale illustre les monts St-Élie recouverts de glace, dans le sud-ouest du Yukon, près du mont Logan, le plus haut sommet du Canada.

28. Le climat de la Béringie
La plus grande partie de la Béringie, du centre du Yukon vers l’ouest jusqu’en Alaska et en Sibérie, était recouverte de prairies arides. Cette «steppe à mammouth» s’étendait encore plus loin vers l’ouest et traversait le sud de l’Europe jusqu’à l’océan Atlantique. Au cours de la dernière période glaciaire, la Béringie n’a pas été recouverte de glace étant donné que le climat y était trop aride pour favoriser la formation des glaciers. Plusieurs facteurs ont joué un rôle déterminant dans le maintien de cet environnement hors du commun.

Des champs de glace formaient les abords de la Béringie au Yukon et en Alaska. La pluie et la neige tombaient contre la cime des glaciers, laissant leurs flancs du côté opposé à l’océan au sec. De nos jours, le même effet se produit dans les champs de glace des monts St-Élie et rend le climat du sud-ouest du Yukon extrêmement sec.

Même là où il n’y avait pas de glacier, les hautes montagnes qui allaient du Yukon jusqu’au centre de l’Asie provoquaient ce même effet de protection contre la pluie. La forêt qui existe aujourd’hui n’aurait pu survivre dans des conditions aussi arides. L’herbe poussait en abondance, mais le sol était nu par endroit. La terre brune et chaude était réchauffée par les rayons du soleil, et la très mince couverture de neige en hiver permettait aux animaux de brouter toute l’année.

29. Diorama sur l’ours à face courte (Arctodus simus)
Cet ours à face courte géant vient tout juste d’éloigner deux loups de leur proie, un veau de bison des steppes. Tandis que l’ours mange, les loups attendent et espèrent reprendre leur proie. Avez-vous vu le lagopède à l’arrière? L’ours à face courte géant était peut-être le plus gros et le plus féroce des carnivores de l’âge glaciaire en Amérique du Nord. Il semble qu’il était le spécialiste du pillage et qu’il se nourrissait principalement des proies fraîches des autres prédateurs.

30. La flore de la Béringie
Les plantes de la Béringie comprennent notamment les herbes, les graminées et les arbres nains de la steppe à mammouth, mais le peuplement végétal variait en fonction de l’humidité ambiante et de l’altitude. Les plantes modernes qui se rapprochent le plus des végétaux de la Béringie se trouvent aujourd’hui dans le sud et le centre du Yukon, sur des pentes dépourvues d’arbres qui ressemblent à la steppe. Bien que dominée surtout par les herbes et les graminées, la végétation de la Béringie à l’âge glaciaire était constituée d’une mosaïque de plantes.

C’est en étudiant le pollen conservé et les restes de plantes mêmes que nous arrivons à nous renseigner sur la végétation de la Béringie. Ce pollen et ces restes de plantes se retrouvent souvent dans les boues glaciaires et les fonds de lacs, et même dans l’estomac des animaux momifiés de la période glaciaire, comme le mammouth et le bison. Dans certains cas, ils nous sont parvenus dans un état remarquable. Ainsi, des scientifiques ont été en mesure de faire germer et de cultiver des plantes saines provenant de graines de lupins âgées de plus de 10 000 ans qui ont été récupérées dans un nid de lemming préhistorique trouvé dans les environs de la rivière Sixty Mile, dans le Klondike.

L’analyse du contenu de l’estomac de mammouths et d’autres recherches indiquent par ailleurs que les plantes suivantes existaient déjà à l’époque béringienne :

La végétation de la steppe à mammouth, composée de graminées et d’une variété d’herbes, recouvrait de grandes parties de la Béringie, dont la presque totalité du pont terrestre.

Le terrarium contient des graines et des plants des espèces mentionnées ci-dessus. Vous les reconnaîtrez sûrement lors de vos déplacements au Yukon.

31. Spermophile arctique (Spermophilus parryi)
Les rongeurs semblables au spermophile arctique étaient tout aussi nombreux qu’ils le sont aujourd’hui. On aperçoit ici un spermophile recroquevillé et momifié, âgé d’environ 47 000 ans. Il est probablement mort gelé dans son terrier et a ensuite été conservé dans le pergélisol depuis la période glaciaire, près de la rivière Sixty Mile, dans la région de Dawson. La conservation des carcasses par le gel est un phénomène propre à la Béringie. Ailleurs, les tissus mous ne se sont pas conservés, soit parce que d’autres animaux les ont mangés, soit parce qu’ils se sont décomposés avant d’avoir été enterrés et protégés. Le spécimen du Centre est un prêt du Musée canadien de la nature, d’Ottawa. Les spermophiles arctiques étaient un élément essentiel de la chaîne alimentaire de la Béringie. Ils se nourrissaient de graines et de racines et servaient eux-mêmes de nourriture aux grands mammifères, aux humains et aux oiseaux.

32. Mini-diorama sur la Béringieloups
Cette scène typique de la période glaciaire illustre plusieurs animaux qui existaient au Yukon et en Alaska à cette époque. Sont ici représentés : le spermophile arctique (Spermophilus parryi), le lièvre arctique (Lepus arcticus), le bison des steppes (Bison priscus), le chameau d’autrefois (Camelops hesternus), le cheval sauvage du Yukon (Equus lambei), le paresseux marcheur de Jefferson (Megalonyx jeffersoni), l’humain (Homo sapiens), le lynx (Lynx canadensis), le mammouth laineux (Mammuthus primigenius), le saïga (Saiga tatarica), le chat des cavernes (Homotherium serum), l’ours à face courte (Arctodus simus) et le mouflon de Dall (Ovis dalli).

La Béringie était vraiment le berceau des monstres de l’âge glaciaire. Les herbivores et leurs prédateurs les plus féroces étaient beaucoup plus gros que tout mammifère moderne. Il existait autrefois une surprenante variété d’animaux, bien qu’ils n’aient pas tous vécu en Béringie à la même époque. L’environnement de la Béringie était très productif, malgré sa situation nordique et son climat rigoureux.

Les mammouths, les bisons et les chevaux ont vécu dans le Nord tout au long de l’âge glaciaire. Le caribou a réussi à évoluer en Béringie et continué d’exister en Amérique du Nord et en Asie pendant près de deux millions d’années. On a retrouvé au Yukon et en Alaska des fossiles de paresseux marcheurs qui datent de 150 000 à 130 000 ans et remonteraient à l’étape interglaciaire qui s’est produite entre les glaciations de l’Illinois et du Wisconsin. Les ours à face courte géants ont vécu au Yukon et en Alaska il y a environ de 44 000 à 20 000 ans, un peu avant et pendant la dernière avancée glaciaire.

33. Les premiers humains
On croit que la Béringie a été le point d’entrée dans le Nouveau Monde, dernière masse continentale colonisée par les humains. L’expansion de populations humaines en Béringie de l’Est s’est produite à l’époque que les archéologues appellent le Paléolithique supérieur (ou la fin de l’âge de pierre). Cette période de l’histoire de l’humanité, qui remonte à entre 40 000 et 10 000 ans, correspond à l’apparition des premiers êtres humains modernes (Homo sapiens sapiens).

La capacité d’adaptation des humains à la steppe à mammouth s’est appuyée en partie sur un ensemble d’innovations culturelles et technologiques de la période du Paléolithique supérieur. D’importance capitale, l’instauration d’une organisation sociale évoluée a permis la transmission des idées et des connaissances parmi de petits groupes dispersés sur une grande échelle. Les formes complexe d’art du Paléolithique sont, essentiellement, une forme de communication par symboles. C’est aussi l’époque du développement de la tradition orale, qui servira de moyen de codification de l’information vitale. Les mythes et les légendes de bon nombre de cultures autochtones modernes sont riches de connaissances essentielles sur le paysage, les ressources animales, les techniques de survie et les règles de vie en société.

Les technologies qui sont la marque du Paléolithique supérieur de l’Eurasie-Béringie comprennent notamment des vêtements taillés, des techniques de traitement, de conservation et d’entreposage des aliments, des habitats, la maîtrise du feu, des techniques de chasse, y compris les techniques d’encerclement du gibier et les battues, et la pêche. La boîte à outils de l’époque contenait plusieurs types de pierres et d’instruments fabriqués à partir d’os, qui montrent des tendances à l’innovation, comme la miniaturisation et l’uniformisation. Ces traits culturels et technologiques que recèlent les objets archéologiques nous permettent de mesurer les réalisations des Béringiens du Paléolithique supérieur, qui étaient aussi les premiers Américains.

a) Confectionnées il y a plus de 20 000 ans, ces petites sculptures, qu’on appelle figurines de Vénus, ont été trouvées dans de nombreux sites de la période glaciaire en Europe centrale, de l’Est et de l’Ouest et jusqu’aux limites orientales de la Sibérie centrale.

b) Les peintures des grottes de la fin de la période glaciaire reflètent des liens étroits entre les chasseurs et la faune du biome de la steppe à mammouth d’Eurasie. Les peintures rupestres les plus connues sont en Europe de l’Ouest; de piètres facteurs de conservation expliquent probablement leur absence de la Béringie et de la Sibérie.

c) Découverts sur un site de la rive est de la rivière Yenesei en Sibérie centrale et âgés d’environ 18 000 ans, des outils comme ceux qui sont exposés ici sont représentatifs d’une complexité technologique toujours croissante, caractéristique du Paléolithique supérieur. Les outils sont des instruments composites faits de bois, d’os ou d’ivoire dont le tranchant a été fabriqué par l’insertion dans de minces sillons d’une série de microlames de silex ou de chailles.

d) Autres indices qui témoigneraient de contacts lointains avec l’Eurasie, de petites sculptures comme celles-ci ont été retrouvées aussi loin à l’est que sur les rives du lac Baïkal, en Sibérie. Âgées de 24 000 ans, elles sont composées en bonne partie de représentations d’humains de petite taille (des femmes le plus souvent) et de sculptures miniatures d’oiseaux et rappellent l’art paléo-esquimau, beaucoup plus tardif, de l’Arctique canadien ainsi qu’une variété d’objets décoratifs. Fait particulièrement intéressant, certaines de ces figurines humaines nous montrent les détails du type de vêtements que portaient les chasseurs-cueilleurs de l’Eurasie orientale à la période glaciaire.

e) La survie aux limites nordiques du biome à mammouth de l’âge glaciaire était largement tributaire de la capacité des humains à construire des abris convenables pour passer l’hiver. Des traces de tels abris, parfois soutenus par des os de mammouth (semblable aux structures de fanons de baleine des Esquimaux Thulé), ont été retrouvées principalement dans la partie euro-orientale du biome à mammouth.

f) La gravure sur os de mammouth Berelekh remonte à la fin de l’âge glaciaire (il y a un peu plus de 10 000 ans) et correspond aux traces les plus au nord-est de la Sibérie de la longue et complexe tradition artistique qui reflète une partie des réalités de la faune du biome à mammouth eurasien.

g) Les archéologues ont découvert que les détenteurs de la technologie des microlames et des burins de l’âge glaciaire n’étaient pas seuls en Béringie orientale et qu’il existait déjà une assez grande diversité technologique aux confins est du biome à mammouth. Il y avait en fait d’autres groupes de premiers Américains, dont les origines sibériennes restent obscures, et dont les aires de distribution connues vont de la région centrale intérieure de l’Alaska à l’extrémité nord des monts Ogilvie, au Yukon. Désignés sous le nom de Nenana, d’après l’emplacement des premiers sites découverts en Alaska, ces groupes sont caractérisés par une technologie fort différente, composée en bonne partie d’outils nucléiformes et de grattoirs, de grandes lames, de bifaces et de pointes triangulaires finement travaillées ainsi que d’une variété d’instruments en ivoire.

h) Voici des dessins représentant une partie des artefacts des grottes de la Bluefish, qui sont parmi les plus anciens de ce genre jamais découverts dans le Nouveau Monde. Désignés sous l’appellation de Paléo-arctique américain (Dyuktai en ce qui concerne leurs équivalents sibériens), ils remontent à au moins 13 000 ans et sont caractéristiques de la technologie des microlames et des burins qui, au dernier millénaire de la période glaciaire, s’est répandue de la Sibérie centrale et de la Mongolie à la Béringie orientale et au nord du Yukon. Comme dans le cas des outils polyvalents sibériens, les microlames étaient probablement incrustées dans des os ou des bois et les burins servaient à travailler les os, les bois et l’ivoire, et peut-être même à sculpter de petites figurines.

34. Grottes de la BluefishGrottes de la Bluefish
Cette vitrine reproduit le site archéologique le plus important non seulement du nord du Yukon, mais d’Amérique du Nord. Les restes trouvés à cet endroit dans les années 1970 et 1980 indiquent qu’il a été visité par intermittence au cours des 15 000 à 25 000 dernières années. La vitrine représente des chasseurs autochtones en train de dépecer un caribou.

Les trois petites grottes de la Bluefish sont situées dans le nord du Yukon, à 50 kilomètres au sud-ouest d’Old Crow. Elles sont à la base d’une crête de calcaire à mi-parcours de la rivière Bluefish, à environ 200 mètres au-dessus du plancher de la vallée. La scène représentée dans le diorama est inspirée de six saisons de fouilles aux grottes de la Bluefish. Le pollen, les ossements d’animaux, les dépôts dans le sol, la datation au radiocarbone et les vestiges culturels ont tous servi à créer la scène sous vos yeux.

Les preuves recueillies à ce jour indiquent que sur une période d’environ 15 000 ans, les grottes de la Bluefish ont été visitées à répétition pendant de courtes périodes par de petits groupes de chasseurs.

Le paysage à l’arrière-plan illustre la végétation d’automne caractéristique de l’époque. Les forêts-galeries de peupliers rabougris et de saules longent la rivière tandis que les graminées et les herbes de la steppe à mammouth se retrouvent sur les pentes plus sèches et plus en altitude. Un petit troupeau de caribous se tient près de la grotte. Suspendu dans l’air, un fin voile de poussières soufflées par le vent ou de lœss provient des bassins Old Crow et Bluefish.

À l’époque, tout comme aujourd’hui, le caribou était l’un des animaux qui assuraient la survie des humains. Dans la scène, l’un des chasseurs procède au dépeçage du caribou à l’aide d’un couteau de pierre.

L’homme à genou près de l’ouverture de la grotte est en train de détacher des éclats d’un os de mammouth. Des tels éclats, provenant des ossements épais de mammouth, devenaient des outils improvisés servant à dépecer les animaux et à écharner les peaux.

Les vêtements que portent les personnages sont inspirés des vêtements gwitch’in du milieu du dix-neuvième siècle. Ces habits bien conçus qui procurent chaleur et liberté de mouvement n’ont pas beaucoup changé depuis la période glaciaire.

Les fragments d’os éparpillés à l’ouverture de la grotte sont peut-être des traces de visites antérieures par d’autres chasseurs ou encore de la présence d’animaux prédateurs et charognards, qui s’abritaient aussi dans les grottes et disputaient la nourriture aux chasseurs humains.

35. Le cheval sauvage du Yukon (Equus lambei)
Les chercheurs d’or Lee Olynyk et Ron Toews ont découvert, en septembre 1993, la carcasse partielle d’un cheval sauvage du Yukon au ruisseau Last Chance près de Dawson. Il s’agit de la carcasse la mieux conservée jamais découverte au Canada de l’un des plus gros animaux de l’âge glaciaire. La plus grande partie de la patte avant droite, recouverte de chair desséchée, de peau et de poils sur sa partie inférieure, et une grande partie de la peau et de la crinière tirant sur le blond étaient intacts. Les examens réalisés à ce jour indiquent qu’il s’agissait d’un spécimen adulte de grande taille pour l’espèce et que son pelage était d’un brun noir près des sabots et passait au marron puis au blond vers la crinière. La peau a été confiée à l’Institut canadien de conservation d’Ottawa qui s’occupe de la stabiliser. De récentes analyses des os au radiocarbone indiquent que le cheval est mort il y a environ 26 000 ans au cours d’une période relativement chaude avant que la dernière glaciation n’atteigne son point culminant. L’ADN qui a été prélevé de la carcasse démontre que le cheval sauvage du Yukon est un proche parent du cheval moderne. De grands troupeaux de chevaux sauvages parcouraient les prairies de l’Amérique du Nord, semblables à la steppe, durant la dernière moitié de la période glaciaire. Les espèces se sont éteintes il y a 10 000 ans environ. La découverte de la carcasse de cheval sauvage a largement contribué à nous faire connaître cette espèce et à assembler une autre pièce du casse-tête de la Béringie.

36. Fouilles aux grottes de la Bluefish
Cette vitrine illustre les recherches effectuées par l’archéologue Jacques Cinq-Mars de la Commission archéologique du Canada, du Musée canadien des civilisations, à Hull (Québec). Bien que le sol dans les grottes de la Bluefish ne fasse qu’un mètre d’épaisseur, il renferme des traces d’événements et de milieux environnants qui remontent à environ 24 000 ans. Les couches sédimentaires ou stratigraphiques exposées lors des fouilles ont fourni des renseignements qui ont permis aux scientifiques de reconstituer l’histoire de ces grottes avec étonnamment de détails. Les sédiments mêmes sont révélateurs de l’environnement d’autrefois. Les couches basales, qui reposent sur la roche-mère, sont composées de limon et de lœss soufflés par les vents forts et persistants du maximum glaciaire et provenant de la plaine d’inondation légèrement végétalisée de la vallée de la rivière Bluefish, à 600 mètres plus bas. Les couches sédimentaires au-dessus du lœss témoignent d’un régime de déposition et d’un climat nettement différents. Les sédiments sont d’une nature plus organique et on y retrouve de plus en plus de gravats calcaires détachés des parois de la grotte, qui sont le reflet du climat plus doux et plus humide de la période post-glaciaire.

Des vestiges de végétation du passé et d’ossements d’animaux de la période glaciaire qui peuplaient ce paysage sont conservés dans les sédiments. Le pollen et les restes de plantes contenus dans les couches de lœss des grottes montrent que la couverture végétale était composée principalement de graminées et d’herbes, plantes types du maximum glaciaire. Les couches de gravats organiques du dessus contiennent dans l’ordre une plus grande proportion de bouleau nain, suivi de pruche, qui atteste du retour de la forêt dans le nord du Yukon à l’époque où les températures et les précipitations se sont accrues, à la fin de la période glaciaire.

Les ossements d’animaux renfermés dans les couches de lœss proviennent principalement d’espèces de la période glaciaire : cheval, bison, mammouth, wapiti, saïga et caribou. La datation d’un fémur de cheval, d’une omoplate de mammouth et d’un membre de mammouth indiquent des dates de 13 000, 15 500 et 24 000 ans avant aujourd’hui et démontrent que l’utilisation des grottes, à la fois par les animaux et par les humains, a duré plusieurs millénaires au cours de la période glaciaire. L’examen méticuleux au microscope des ossements découverts dans les grottes de la Bluefish a révélé des marques de couteau et de dépeçoir, notamment sur des os de mammouth, de caribou et de cheval. Les grottes ne portent aucune trace de passage des humains après la fin de la glaciation.

Les grottes de la Bluefish sont situées au pied d’une crête calcaire isolée, surplombant la rivière Bluefish qui coule vers le nord, à quelques kilomètres à l’est de la frontière avec l’Alaska.

De nombreux efforts de recherche sont consacrés à la reconstitution des environnements et des modes de vie de la Béringie. Voici quelques exemples d’études des grottes de la Bluefish qui ont lieu sur place et en laboratoire.

Grotte de la Bluefish II
Photographie de la grotte de la Bluefish II, exposée au sud, prise d’un hélicoptère au cours des fouilles de 1983. La grotte I, exposée au nord, est à gauche, près de la crête de roche-mère. Le point de vue correspond à celui reproduit dans la maquette.

Dépôt de la grotte de la Bluefish II
La stratigraphie, ou couches de sédiments, découverte dans les grottes de la Bluefish témoigne d’événements environnementaux qui se sont déroulés au cours des 25 000 dernières années. Reposant sur la roche-mère, la couche inférieure (unité 1) est composée de limon ou de lœss qui s’est lentement accumulé il y a entre 25 000 et 10 000 ans. C’est à ce niveau qu’on a retrouvé les vestiges d’animaux de la période glaciaire et les traces de la présence des humains. Par-dessus l’unité 1, se trouvent les sédiments qui remontent aux 10 000 dernières années (unité 2), composés en majeure partie d’humus et de gravats de calcaire, qui témoignent du climat plus doux et plus humide de la fin de la période glaciaire.

Environnements anciens
La palynologie, qui est l’étude des spores et des grains de pollens, peut servir à reconstituer la végétation et le climat de la Béringie. Établi à partir d’échantillons provenant de la grotte de la Bluefish II, le diagramme nous renseigne sur les changements qui se sont produits il y a de 25 000 à 10 000 ans. La zone inférieure (I-jaune) date de 25 000 à 13 000 ans. La végétation représentée est celle de la toundra dénuée d’arbres et recouverte d’herbes, dont se nourrissait la faune de la période glaciaire. La zone médiane (II-orange) marque un changement vers un climat plus humide et un autre type de végétation, attesté par l’augmentation du pollen de bouleau. La zone supérieure (III-verte) correspond à la fin de la période glaciaire et montre l’établissement, il y a environ 10 000 ans, des forêts de pruche qui existent encore aujourd’hui aux alentours des grottes de la Bluefish.

Animaux de l’âge glaciaire
Les grottes de la Bluefish ont permis de récupérer un riche assemblage de vestiges d’animaux de la période glaciaire. En plus de ceux qui sont illustrés ici, quelques carnivores de plus petite taille, des rongeurs, des oiseaux et des poissons ont aussi été découverts. L’étude de tels vestiges peut nous renseigner sur l’environnement du passé.

Dépôt d’ossements
Les dépôts des grottes de la Bluefish contenaient de grandes quantités d’animaux de la période glaciaire. Bien que certains de ces ossements se soient accumulés de façon naturelle, d’autres ont été abandonnés par des chasseurs humains il y a de 25 000 à 10 000 ans.

Os portant des marques d’outils
L’étude minutieuse des ossements des grottes de la Bluefish peut aussi révéler des traces d’activité humaine. Des marques d’entailles, comme celle qu’on aperçoit sur l’os d’une patte de caribou, prouvent que l’animal a été dépecé au moyen d’outils de pierre. La datation au radiocarbone de l’os de caribou indique qu’il est âgé de 12 000 ans.

Enregistrement des données
La conservation d’enregistrements photographiques détaillés, de cartes et de notes prises sur le terrain est essentielle à toute fouille archéologique. Voici une photographie d’un os de mammouth à sa découverte dans les dépôts de la grotte de la Bluefish II.

Os et éclats d’os de mammouth
L’os et les éclats d’os de mammouth récupérés dans la grotte de la Bluefish II ont 24 000 ans. Ces artefacts sont les plus anciens vestiges d’activité humaine «in situ» jamais retrouvés en Béringie. Les éclats d’os ont été arrachés d’un morceau d’os de patte de mammouth pour servir d’outils à couper ou à racler. On aperçoit ici un éclat remis en place, à la surface de l’os d’où il a été arraché. L’utilisation d’outils fabriqués à partir d’ossements pourrait s’expliquer par la rareté des roches pouvant servir à cette fin dans le terrain calcaire qui entoure la Bluefish. Ces ossements contribuent à faire des grottes de la Bluefish l’une des découvertes archéologiques les plus importantes des Amériques.

Outils de pierre
Les chasseurs qui ont occupé les grottes de la Bluefish il y a plusieurs milliers d’années devaient apporter avec eux les chailles et d’autres silex à grains fins qui servaient à fabriquer des outils et des instruments. Les échantillons illustrés ici comprennent notamment des microlames, des nucleus à microlames et des burins. Les microlames sont de petites lames de pierre minces qui sont incrustées dans des os et des bois. Assemblées en série dans un sillon, les microlames forment le tranchant des couteaux ou la pointe des lances. Les burins servaient à travailler les os, les bois et l’ivoire.

37. La fin de la Béringie
La fin de la période glaciaire commence il y a environ 14 000 ans, alors que le climat se réchauffe. Le niveau de la mer augmente avec la fonte des glaciers et les régions plus basses que le niveau de la mer, dont la Béringie centrale, sont inondées. À mesure que les précipitations augmentent, la tourbe et les petits arbres se mettent à pousser. Ce rétablissement de la forêt provoque le déclin de la productivité de la Béringie. Les prairies nourricières de la steppe à mammouth disparaissent et, avec elles, les hordes d’animaux brouteurs, tels que le mammouth, le cheval et le bison des steppes, ainsi que les prédateurs qui se nourrissent de ces animaux comme l’ours à face courte géant, le lion, le chat des cavernes et le loup menaçant. Avec la fin de la période glaciaire, la Béringie et les géants qui l’ont habitée ne survivent que dans les légendes et enfouis dans le sol, congelé. La fin de la période glaciaire est marquée par des changements catastrophiques.

38. Légendes de la Béringie : murale de l’histoire du Voyageur
Les histoires de la création des Premières nations sont l’écho des événements qui ont eu lieu à la fin de la période glaciaire. Les légendes, telles celles de la création du monde par le Corbeau, décrivent les changements environnementaux et les grandes inondations. De lointains souvenirs des animaux de l’âge glaciaire nous sont parvenus sous la forme de contes sur le Voyageur, (Ch’itahùukaii), héros mythique gwitch’in, et sur l’Homme-castor (Soh Jhee ou Asuya ), héros mythique tutchone. Ces histoires racontent que le Voyageur et l’Homme-castor ont parcouru la terre et transformé les animaux géants et mangeurs d’homme d’autrefois en ceux que nous connaissons aujourd’hui au Yukon.

39. La création du monde par le Corbeau
La création du monde par le CorbeauÀ mesure que les températures se sont réchauffées à la fin de la période glaciaire, d’énormes quantités d’eau de fonte se sont écoulées des glaciers en recul aux frontières de la Béringie. Selon le mythe, c’est à partir de cette terre inondée que le Corbeau créa le monde tel que nous le connaissons.

 

 

 

Les artistes qui ont illustré la Béringie
Bon nombre des objets exposés au Centre d’interprétation de la Béringie du Yukon ont été fabriqués par des artistes et des artisans du Yukon. On peut ainsi admirer des œuvres personnelles, mais aussi le fruit d’un important travail d’équipe. Certaines équipes étaient entièrement composées de résidents du Yukon, d’autres de gens de l’extérieur ou d’une combinaison des deux. Plusieurs Yukonnais ont dû modifier leurs principales activités pour pouvoir exécuter les contrats qu’ils ont réussi à obtenir. D’autres ont pu s’acquitter de la tâche dans le cadre de leur travail habituel.

Avant de parler de l’apport des artistes du Yukon, nous présenterons les objets qui ont été entièrement confiés à des entreprises de l’extérieur. Les premiers objets que les visiteurs peuvent apercevoir sont de gros mammouths laineux qui les poussent à freiner brusquement sur la route de l’Alaska. Ces bêtes, faites de résine de polyester renforcée de fibre de verre ont été produites et installées par Peter May et son entreprise, Research Casting International, de l’Ontario. Le mammouth à la défense cassée est une réplique d’un animal découvert au Yukon, qui avait bel et bien une défense cassée.

L’objet suivant, sur le chemin qui mène au bâtiment, a été acheté dans sa forme actuelle au Musée canadien de la nature. Les plus gros squelettes qui vous accueillent à votre entrée au Centre ont été produits et montés par une entreprise appelée PAST (Prehistoric Animal Structures), de l’Alberta. La réplique du gros mammouth laineux a été moulée en collaboration avec le Musée du Wisconsin, d’où provenait le squelette à l’origine.

Dans la salle d’exposition, on compte les articles qui n’ont pas été produits par des artistes du Yukon. À ce nombre figurent le spermophile arctique et le mini-diorama, conçus et créés par Gord Prokopetz, et l’arrière-plan, conçu par Wei Lee de la Saskatchewan. Paul Geraghty a peint le fond et les roches du diorama sur les grottes de la Bluefish. Doug Taylor a préparé la scène du campement d’hiver (y compris l’arrière-plan). Jan et Deborah Vriesen ont créé le paresseux marcheur géant et peint l’arrière-plan de la vitrine sur les chevaux. Ron Klein a fourni les photographies panoramiques des champs de glace et des montagnes, et les photographies de Jacques Cinq-Mars nous parviennent du Musée canadien des civilisations.

Les œuvres des artistes et artisans du Yukon sont tout aussi spectaculaires. Par exemple, le diorama sur l’ours à face courte géant est le résultat du travail d’équipe de quatre personnes. Lillian Loponen a peint l’arrière-plan, Dale Rudd a fabriqué l’ours et fait le travail de taxidermie pour le veau de bison, Tony Grabowski a fait le travail de naturalisation des loups et du lagopède et Wayne Mitchell (de la Saskatchewan) a créé et installé l’avant-plan. L’ours à face courte géant a été créé à partir de squelettes pour la forme et d’animaux modernes pour la musculature. La fabrication de ce modèle a nécessité plusieurs peaux de grizzli. Les loups sont en fait de véritables animaux modernes étant donné que ces animaux n’ont pas beaucoup changé depuis l’époque de la Béringie.

Les personnes qui ont travaillé à la réalisation des grottes de la Bluefish composaient une autre équipe dont les efforts ont produit des résultats impressionnants. Frank Jurak et son équipe ont passé de nombreuses heures à construire la réplique de la grotte, y compris à créer la roche à partir de plâtre dur renforcé de fibre de verre. Janet Moore et David Ashley ont créé les personnages humains qu’on voit à l’œuvre devant la grotte, et Tony Grabowski a préparé le caribou que les personnages sont en train de dépecer. Florence Springgay et Dorothy Profeit ont cousu les parkas, et Johanne Maisonneuve, Violet Johnny, Eva Billy, May Roberts et Grace Wheeler ont cousu les vêtements.

Les artistes du Yukon ont également produit d’autres modèles, petits et grands. À partir d’une description des tailles qui permettraient d’obtenir la bonne perspective dans le paysage au complet, Mike Camp a préparé des modèles d’animaux à l’échelle destinés au mini-diorama. Chuck Buchanan a créé le modèle de chat des cavernes grandeur réelle qui accueille les visiteurs à l’entrée. Ce chat des cavernes a été créé à partir de l’observation d’un moulage et à l’aide d’une peau de lion qui lui donne son aspect réel.

George Teichmann s’est vu confier le contrat de peindre le panorama de la Béringie et des animaux préhistoriques, tandis qu’un tableau de Halin de Repentigny illustre un exemple de famille en déplacement. Plusieurs objets d’exposition comportent aussi de très belles photographies, notamment celles de Normand Barichello et de Richard Hartmier, deux photographes du Yukon.

Le visiteur peut aussi admirer un peu partout dans le Centre des dessins à la plume et à l’encre. Sabine Adams, Catherine Deer, Lorant Karnis et Jennie Lamont ont réalisé ces images. La bande sonore que les visiteurs peuvent écouter tout au long de leurs déplacements dans le Centre a été produite par Matthew Lien de Whispering Willows Records.

Le film présenté toutes les 45 minutes est une production du studio Logan Video. Daniel Janke, qui a enregistré la musique, et Steve Shepherd, qui a fourni les dessins à l’encre, faisaient partie de l’équipe. Nous avons obtenu les droits de présentation de la musique de Jerry Alfred et de son groupe Medicine Beat.

Chacun des contrats qui ont permis la réalisation du Centre d’interprétation de la Béringie était un contrat commercial accordé au terme d’un appel d’offres public. L’appel d’offres est différent du concours public qui a mené à l’acquisition de trois œuvres d’art. Un concours d’art public est un processus beaucoup plus subjectif. Un groupe de personnes étudie les propositions d’interprétation, dans le cas qui nous intéresse, de légendes particulières, et le groupe choisit la proposition qui lui semble être la meilleure œuvre d’art. Le comité, composé d’experts du gouvernement et de l’extérieur du gouvernement, passe en revue toutes les soumissions et choisit des œuvres qui ne proposent pas nécessairement la meilleure interprétation de la légende, mais qui sont toutefois les meilleures œuvres d’art.

Dans le cadre d’un appel d’offres, seuls des experts du gouvernement sont appelés à se prononcer. En ce qui concerne le Centre d’interprétation de la Béringie, la meilleure interprétation artistique faisait partie des critères et l’appel d’offres était ouvert à toutes les entreprises. Ce sont deux processus très différents, mais l’un comme l’autre ont à terme permis à des artistes de travailler et de pouvoir contribuer au Centre de façon sensible.

Biographie des artistes
Nous sommes fiers des artistes de la région qui nous ont aidé à raconter l’histoire de la Béringie.

Halin de Repentigny est né à Montréal et a vécu en Gaspésie; il est d’origine canadienne-française et mohawk. Il a toujours manifesté un amour profond de l’arrière-pays et commencé une carrière de piégeur à l’âge de 14 ans. Lorsqu’il n’est pas occupé à piéger, à chasser, à pêcher ou à faire courir ses chiens, il traduit son mode de vie dans ses tableaux. Halin a peint la fresque «Scène de la vie quotidienne» et la murale qui raconte l’histoire de Ch’itahùukaii qu’on peut admirer respectivement dans le grand hall et dans la salle d’exposition.

Keith Wolfe Smarch a conçu et créé le tableau représentant la création du monde par le Corbeau. Il est aussi l’un des trois membres de l’équipe qui a sculpté la création du monde par le Corbeau et le Voyageur. Keith, qui est de parents allemands et autochtones, est né au sein du clan du Loup de la Première nation Tlingit, à Whitehorse, en 1961. Son nom autochtone, Shuk-kaa-koon, signifie Oiseau des montagnes. Smarch a commencé à pratiquer l’art de la sculpture en 1981, alors qu’il étudiait avec Dempsey Bob, un sculpteur respecté de la côte nord-ouest du Pacifique. Par ses sculptures, Smarch met en valeur son identité tlingit.

Mark Porter: L’incendie de sa résidence, le 12 avril 1999, a mis fin de façon tragique à la vie de Mark Porter, un artiste tlingit à qui on prêtait une brillante carrière.

Mark était le seul petit-fils du regretté George Johnston, ancien chef autochtone et photographe dont les œuvres sont exposées au musée qui porte son nom à Teslin.

Il avait entrepris sa carrière de sculpteur comme apprenti de Keith Wolfe Smarch, mais s’était rapidement distingué comme artiste à part entière.

Son style était fortement inspiré des légendes anciennes de son peuple, qu’il travaillait en s’aidant des méthodes traditionnelles de sculpture, de peinture et de conception artistique caractéristiques des Tlingit. Ses œuvres sur tableaux et ses masques témoignent de façon éloquente du talent que lui reconnaissaient ses contemporains, qui s’étonnaient de trouver une telle qualité d’expression chez quelqu’un de si jeune. C’est nul doute ce qui explique que nombre de collectionneurs se soient fait un point d’honneur d’ajouter ses pièces à leur collection privée. La collection permanente du gouvernement du Yukon compte également certaines de ses œuvres. Au moment de la tragédie, il venait de terminer sa dernière commande, un dessin intitulé «Le Saumon apporte les œufs au monde» pour l’affiche annonçant le Potlatch de la Commissaire. Sa carrière était sur le point de prendre un essor considérable et les galeries les plus prestigieuses s’intéressaient de près à son travail.

On décèle la marque distinctive de son talent dans la pièce «Au carrefour des légendes» à laquelle il avait contribué pour le Centre d’interprétation, en montre sur le parterre arrière.

Brian Walker: Parmi les artistes de renommée avec lesquels M. Walker a collaboré mentionnons Philip Lanzé, Mark Porter, Bill Reid et Keith Wolfe Smarch.

En plus des canots traditionnels qui sont sa passion première, Brian a produit un certain nombre de pièces coulées dans le bronze et le cuivre ou taillées dans le bois.

Arrivé au Yukon en 1969, M. Walker vit actuellement avec sa conjointe, la tisserande professionnelle Ann Smith, à leur résidence studio sur les bords du fleuve Yukon, à Whitehorse.

George Teichmann: C’est à M. Teichmann que l’on doit la majorité des illustrations de la faune de la Pléistocène qui ornent les fresques mises en montre par le Centre. Le mammouth laineux et le castor géant que l’on voit à l’extérieur sont aussi ses créations, de même que l’arrière-plan, le chameau d’autrefois, le lion d’Amérique et le castor géant qui contribuent à la magie de la murale «L’étrange et le familier» qui se trouve à l’intérieur. M. Teichmann est aussi l’auteur des scènes qui illustrent les deux affiches produites par le Centre. Durant ses études à la Peoples School of Art et à la Bohemia Glass Cutting Art School, qu’il a fréquentées respectivement de 1964 à 1973 et de 1973 à 1976, George a participé à diverses expositions et s’est distingué à deux expositions concours, soit celle de Budapest, en Hongrie, et de Sofia, en Bulgarie, pour la qualité de ses portraits et de ses dessins animaliers. Durant les dix années qui ont suivi, il s’est consacré au travail du verre taillé, ne poursuivant son travail comme artiste animalier qu’à temps perdu. Arrivé au Canada en 1984, il s’est mis à l’anglais et a financé plusieurs expéditions en canot dans le nord de l’Ontario avec l’argent tiré de la vente de ses toiles mettant la faune en valeur. En 1990, il a fait le trajet en canot de Whitehorse, au Yukon, jusqu’à Delta, en Alaska, le long du fleuve Yukon. Il a été à ce point enchanté par la nature yukonnaise qu’il a décidé de s’établir dans le territoire. Plus connu sous son pseudonyme Rinaldino, M. Teichmann signe des tableaux dorénavant consacrés exclusivement à l’art paléontologique. Il a récemment exposé à Tacoma, dans l’État de Washington, et à Whitehorse, au Yukon.

Nous vous remercions de vous être joint à nous pour ce merveilleux voyage. N’hésitez pas à nous adresser vos questions. Nous vous souhaitons une agréable fin de visite.