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Le 15 février 2007

Notes pour une allocution de M. Robert Rabinovitch président-directeur général CBC/Radio-Canada à l’occasion de l’étude, par le Comité permanent du patrimoine canadien, du Fonds canadien de télévision

 

LA VERSION PRONONCÉE FAIT FOI

 

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Membres du Comité, je suis reconnaissant de l'occasion qui m'est offerte de vous entretenir aujourd'hui du Fonds canadien de télévision. Comme vous l'avez sans doute remarqué, je suis accompagné aujourd'hui de M. Richard Stursberg, vice-président principal de CBC Television et un ancien président du conseil du Fonds canadien de télévision, ainsi que de M. Sylvain Lafrance, vice-président principal de nos Services français.

Ensemble, nous aimerions discuter avec vous de la production télévisuelle au Canada et des succès du Fonds canadien de télévision dans l'édification d'une industrie indépendante capable de produire des émissions canadiennes. Dans un premier temps, permettez-moi de vous expliquer brièvement ce que représente le FCT pour le radiodiffuseur public national du Canada.

Je constate que, pour vous pencher sur la question du FCT, vous avez remis à plus tard l'examen du mandat de CBC/Radio-Canada. Il nous tarde de comparaître de nouveau devant ce comité lorsque cet examen sera en cours, car toutes ces questions sont liées.

Un des aspects fondamentaux de notre mandat consiste à offrir une programmation canadienne aux Canadiens. L'automne dernier, lors d'une autre comparution devant ce comité, nous avions fait valoir que les recettes publicitaires sont un des piliers de notre financement. Les crédits que nous obtenons de l'État, et plus particulièrement le financement supplémentaire de 60 millions de dollars que nous avons reçu à chacune des six dernières années au titre de la programmation, en sont un deuxième. Le troisième pilier de notre financement est le Fonds canadien de télévision. L'élimination de l'un ou l'autre de ces trois piliers aurait essentiellement pour effet de retirer à CBC/Radio-Canada la capacité de s'acquitter de son mandat.

Grâce aux émissions de télévision financées par le Fonds canadien de télévision, CBC/Radio-Canada est en mesure d'intégrer à ses grilles-horaires des émissions canadiennes comme The Rick Mercer Report, Et Dieu créa Laflaque, Rumeurs et Little Mosque on the Prairie. Nous sommes le seul radiodiffuseur à offrir autant d'émissions canadiennes, parce que nous sommes le seul à disposer de l'espace nécessaire aux heures de grande écoute pour diffuser ces émissions au moment où la plupart des Canadiens sont à l'écoute. J'ajouterais cependant que nous n'avons pas le monopole du contenu canadien et que nous ne souhaitons pas non plus l'avoir. Voilà pourquoi l'existence d'un organisme de financement indépendant est si cruciale à la santé du système canadien de radiodiffusion.

Vous avez devant vous deux diagrammes représentant la grille-horaire des télédiffuseurs canadiens en soirée, un pour le marché anglophone, l'autre pour le marché francophone. Les émissions canadiennes y figurent en rouge. Les émissions canadiennes financées par le FCT sont indiquées en vert. Il saute aux yeux que le retrait de ces dernières émissions de la grille-horaire créerait de nombreux trous. Quelles émissions pourraient combler ce vide? D'autres émissions américaines?

Récemment, certains observateurs ont annoncé la mort du FCT, déclarant que de toute manière, personne n'écoute les émissions qu'il sert à produire. Or, rien n'est plus éloigné de la réalité. Les parts d'auditoire des émissions produites grâce au financement du FCT sont au contraire à la hausse dans toutes les catégories. Sur le marché de la télévision de langue anglaise, leur part a progressé, passant de 32 pour cent en 2003 à 34 pour cent en 2005. En ce qui concerne la télévision de langue française, leur part a grimpé, passant de 32 pour cent à 56 pour cent au cours de la même période.

Toutes les émissions financées par le FCT sont-elles des succès qui se mesurent uniquement en termes d'auditoires? Sûrement pas. Comme toutes les émissions de télévision, certaines connaissent du succès, d'autres sont des échecs. Pour chaque succès de cote d'écoute comme Little Mosque on the Prairie, The Rick Mercer Report ou Les Bougon, d'autres émissions comme René Lévesque ou October 1970 attirent des auditoires plus restreints. Ces émissions sont-elles pour autant moins importantes? Notre objectif à CBC/Radio-Canada n'est pas d'obtenir systématiquement la part d'auditoire la plus importante, mais plutôt de présenter aux Canadiens des émissions canadiennes significatives.

Raison d'être de l'enveloppe

Ce qui m'amène à l'enveloppe du FCT. Trente-sept pour cent de cette enveloppe est alloué, non pas à CBC Television ni à la Télévision de Radio Canada, mais bien à des producteurs indépendants qui réalisent les émissions que nos deux réseaux s'engagent à diffuser. Si l'on aborde la question sous un autre angle, disons qu'environ les deux tiers de l'enveloppe du Fonds canadien de télévision vont à des émissions qui sont diffusées sur des réseaux commerciaux privés. Il y a récemment eu beaucoup de confusion au sujet de l'enveloppe allouée à CBC/Radio-Canada, et je tiens donc à m'y attarder quelques instants.

Premièrement, cette enveloppe tient compte du fait que CBC/Radio-Canada est le seul radiodiffuseur à avoir « l'espace » nécessaire pour présenter surtout des émissions canadiennes au moment où les Canadiens regardent la télévision, c'est-à-dire aux heures de grande écoute, ce qui correspond à l'un des principaux objectifs du Fonds. La stabilité de cette enveloppe nous donne aussi la capacité de planifier à long terme les productions canadiennes qui seront diffusées sur nos ondes.

Cette enveloppe tient aussi compte de la nature différente du mandat d'un radiodiffuseur public. Un radiodiffuseur public ne peut en effet se contenter d'offrir des émissions qui attireront les auditoires les plus importants en livrant concurrence aux radiodiffuseurs privés, mais doit plutôt présenter des émissions canadiennes de qualité supérieure comme son mandat l'exige. Des émissions comme St. Urbain's Horseman, The Englishman's Boy, Barney's Version, qui font toutes partie de la série d'adaptations littéraires de From Page to Stage, ainsi que Minuit, le soir, Grande Ourse et Les hauts et les bas de Sophie Paquin.

La décision de réserver une partie du Fonds aux émissions diffusées à CBC et à Radio-Canada n'est pas nouvelle. En fait, cette enveloppe correspondant à 37 pour cent du Fonds tient compte de la proportion moyenne de productions indépendantes financées par le FCT et diffusées à CBC et à Radio-Canada au cours des dix dernières années. À la création du FCT en 1996, 50 pour cent de l'argent était réservé à des émissions destinées au radiodiffuseur public.

La semaine dernière, une ancienne ministre du Patrimoine canadien a écrit dans Le Journal de Montréal et dans le Ottawa Sun pour affirmer qu'au moment de la création du FCT, elle avait envisagé de verser directement la contribution de l'État – 100 millions de dollars – à CBC/Radio-Canada. En lieu et place, la décision a été prise de réserver 50 pour cent du Fonds au radiodiffuseur public de manière à s'assurer que celui-ci travaille en collaboration avec des producteurs indépendants. Et c'est ce que nous avons fait. CBC Television a délaissé le modèle mettant l'accent sur la production interne d'émissions, d'où l'essor actuel des producteurs indépendants dans notre pays.

Je tiens aussi à soulever un dernier point : même si les données les plus récentes du FCT sont antérieures à l'attribution des enveloppes formelles, il est clair que les efforts de CBC et de Radio-Canada pour aller chercher des auditoires pour leurs émissions canadiennes sont fructueux. Prenons par exemple la catégorie des dramatiques canadiennes. CBC Television diffusait environ la moitié des émissions produites grâce au FCT par des producteurs indépendants et pourtant, elle génèrait les deux tiers de l'auditoire total des dramatiques financées par le FCT. En d'autres termes, il est rentable d'investir une partie du Fonds dans les projets de CBC et de Radio-Canada, car celles ci savent comment conquérir les auditoires canadiens.

Je suis convaincu que vous comprenez maintenant pourquoi j'affirmais tout à l'heure que le FCT est l'un des piliers du financement de CBC/Radio-Canada. Si cette source de financement disparaît, il en ira de même des émissions produites au moyen de cet argent. Par ailleurs, quelles raisons aurait-on d'abolir un outil qui fonctionne si bien?

Le Fonds atteint ses objectifs

L'objectif du FCT est de préserver et développer la culture et l'identité canadiennes. De par sa taille réduite, le marché canadien ne peut pas, dans des conditions commerciales normales, soutenir le coût élevé d'une télévision de qualité. Sans l'appui fourni par le FCT, il y aurait très peu de programmation télévisuelle canadienne pour mettre en valeur des expériences, des sensibilités et des perspectives canadiennes et pour promouvoir des artistes, des auteurs et des réalisateurs canadiens. Au Canada anglais plus précisément, nous aurions un public diverti presque exclusivement par des thèmes, des expériences et des vedettes issus d'autres pays, principalement des États-Unis.

Du côté français, le Fonds permet de maintenir l'équilibre public-privé de même que la diversité de l'offre télévisuelle, que ce soit en dramatiques, en documentaires, en émissions pour enfants, conformément à l'esprit de la Loi sur la radiodiffusion.

Grâce au FCT, il y a maintenant au Canada une très dynamique industrie de la production télévisuelle qui procure du travail à plus de 16 000 personnes et génère 2 300 heures d'émissions canadiennes diffusées aux heures de grande écoute.

Il est donc approprié, Monsieur le Président, d'affirmer que le FCT est un élément central du financement de la programmation canadienne.

Place à amélioration

Le Fonds est-il parfait? Même les représentants du FCT vous ont affirmé la semaine dernière que les modalités de fonctionnement du Fonds pouvaient être améliorées. En réponse à l'examen du vérificateur général et aux examens ministériels, le Conseil d'administration du FCT continue donc de travailler à l'amélioration de la gestion et des objectifs du Fonds. Et tous les membres du Conseil d'administration participent à cet effort collectif.

La situation actuelle

Nous estimons que la crise actuelle au FCT a été déclenchée par deux entreprises déclarant qu'elles refuseraient de verser leur contribution au FCT. Il s'agit ici de règles qui avaient reçu l'assentiment de l'ensemble de l'industrie qui, en contrepartie d'une augmentation des tarifs du câble, avait accepté de doubler ses cotisations au FCT.

Nous sommes très reconnaissants au gouvernement canadien d'avoir fait preuve de leadership et renouvelé sa contribution au Fonds canadien de télévision pour les deux prochaines années. Non seulement le gouvernement garantit-il ainsi la stabilité de sa partie de l'enveloppe, mais il envoie aussi un signal important en démontrant l'engagement de l'État à l'endroit du Fonds. Nous sommes également d'accord avec la ministre Oda, qui déclarait au début de la semaine que toutes les parties intéressées du système de radiodiffusion doivent suivre les règles et respecter les obligations fixées par la réglementation. Le contraire aurait des effets dévastateurs sur l'industrie.

Face à la menace de mesures réglementaires par le CRTC, Quebecor a maintenant annoncé qu'elle reprendra ses paiements mensuels. Et c'est bien ainsi. Il faut toutefois garantir la stabilité du Fonds pour l'avenir. Je dirais simplement qu'étant donné l'importance du FCT pour le système de radiodiffusion, il est essentiel que CBC/Radio-Canada ainsi que les producteurs indépendants participent à toute discussion engagée par le CRTC sur la réglementation concernant le soutien à la production canadienne et la possibilité pour les Canadiens de profiter de ces productions aux heures de grande écoute.

Nous répondrons maintenant avec plaisir à vos questions.

  • Succès Primé Des Productions Financées par le FCT et Diffusées À CBC/Radio-Canada
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