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Le 22 mars 2007

Notes pour une allocution de M. Robert Rabinovitch président-directeur général à l’occasion de la comparution de CBC/Radio-Canada devant le Comité permanent du patrimoine canadien (examen du mandat de la société)

 

LA VERSION PRONONCÉE FAIT FOI

 

Monsieur le président, membres du Comité.

Merci de nous avoir invités. Nous apprécions tous les efforts visant à clarifier le rôle de la radiodiffusion publique.

Je suis accompagné aujourd'hui de M. Sylvain Lafrance, vice-président principal des Services français, de M. Richard Stursberg, vice-président principal, CBC Television et de Mme Jennifer McGuire, vice-présidente par intérim de CBC Radio.

J’irai droit au but. Les Canadiens pourraient être beaucoup mieux servis par leur système de radiodiffusion et par leur radiodiffuseur public, et de loin.

L'environnement de la radiodiffusion subit actuellement de profonds bouleversements. Nous croyons que cette transformation de notre contexte d’exploitation rend nécessaire la conclusion d’une nouvelle convention avec les Canadiens. Il faut instaurer de nouvelles règles du jeu qui tiennent compte de la nouvelle réalité. Je suis tout de même heureux de vous annoncer que CBC/Radio-Canada est aujourd'hui dans une forme resplendissante.

Voyons d'abord l'état de santé des médias traditionnels. Depuis une décennie, nos services de radio connaissent une croissance soutenue, tant pour ce qui est de la taille de leurs auditoires que de la fidélité de leurs auditeurs. Ils ont rehaussé la qualité de leur programmation et ont pratiquement remporté tous les prix les plus prestigieux en radiodiffusion et ce, non seulement au Canada, mais à l'échelle internationale.

Les quatre dernières années ont été fastes pour la Télévision de Radio-Canada qui a remporté autant de succès auprès du public que de la critique, avec des émissions telles que Les Bougon et Tout le monde en parle. Ce succès ne passe pas inaperçu. Ce n’est pas un hasard si Radio-Canada s’est classée au quatrième rang des entreprises les plus admirées des Québécois, selon un sondage publié par la revue Commerce en mars 2007. La Télévision de Radio-Canada est d'ailleurs très près d'atteindre le difficile équilibre vers lequel tend tout radiodiffuseur, soit celui d’offrir une programmation qui plaît à la masse, mais d’une qualité à la hauteur de celle attendue d’un radiodiffuseur public.

Même CBC Television, qui de tous nos services est celui qui est confronté aux plus grands défis, a le vent dans les voiles grâce à l'arrivée d'une nouvelle équipe de direction qui poursuit un plan audacieux.

Confrontée à une concurrence féroce, à l'éclatement du marché et à un changement des habitudes des consommateurs, CBC Television a néanmoins maintenu une part d'auditoire entre 7 et 9 pour cent aux heures de grande écoute, au cours des quatre dernières années, un résultat qui se compare à celui de Global TV et qui équivaut à plus du double de celui des services spécialisés les plus populaires. La saison dernière, 15 des 20 émissions canadiennes les plus regardées ont été diffusées à l’antenne de CBC Television.

Les sites Radio-Canada.ca et CBC.ca comptent parmi les sites de médias canadiens les plus populaires. Enregistrant plus de un million de téléchargements de fichiers par mois, CBC/Radio-Canada est l’un des chefs de file incontestés de la baladodiffusion au Canada. Fait à noter, les fichiers de baladodiffusion les plus populaires sont ceux des émissions les plus sérieuses diffusées à notre antenne, comme Les années lumières, Les premières à la carte, Ideas et Quirks and Quarks. Le public qui les télécharge se situe principalement dans la tranche des 18 à 34 ans, ce qui dément la croyance voulant qu’il faille niveler par le bas pour intéresser les jeunes. Ce que l'on constate par ailleurs, c’est que la nouvelle technologie permet de recruter de nouveaux auditoires pour du contenu existant.

Comme vous le voyez, CBC/Radio-Canada se porte bien en général, malgré l'incertitude du cadre dans lequel elle évolue.

Il y a quelques années de cela, dans le cadre de leur rapport intitulé : Notre souveraineté culturelle, les membres de ce même comité nous ont instamment priés de trouver des moyens pour améliorer les services offerts aux différentes régions du pays. Nous avions alors répondu en soumettant au gouvernement notre premier plan d'action complet à l'automne 2004. N'ayant reçu aucune réponse à notre proposition, nous avons soumis récemment un autre plan plus modeste, dont l'objectif principal est d’offrir des émissions de radio locale aux huit millions de Canadiens qui vivent dans des centres où le radiodiffuseur public national n’offre pas de service local.

Entre-temps, grâce aux progrès de la technologie, nous nous employons à repenser notre offre de nouvelles locales. Nous n’avons pas l'intention de reproduire ce que font déjà les radiodiffuseurs privés. Nous croyons en effet qu’en gérant nos budgets avec une précision chirurgicale et en utilisant la technologie de manière innovatrice, nous pourrons ainsi tisser des liens de proximité avec les citoyens ordinaires et, du même coup, aller à l’encontre de la tendance du secteur privé qui se retire graduellement des émissions des nouvelles locales.

J'ai mentionné les efforts que nous déployons pour gérer nos budgets. J’ajouterai qu’au cours des sept dernières années, notre gestion est devenue beaucoup plus efficace et beaucoup plus pointue. Nous avons en effet réduit nos coûts de 75 millions de dollars par année de façon permanente et l'an dernier, nous avons réalisé au-delà de 93 millions de dollars de revenus en marge de la publicité, au moyen d’un éventail d'activités allant du marchandisage à une utilisation plus efficiente de notre actif immobilier.

Malgré ces prouesses de gestion, nous continuons de subir de graves pressions financières. Le fait est que nous devons trouver rapidement des solutions pour diminuer ces pressions, car nous n’aurons aucune autre carte à jouer pour sauver la mise.

Certains se demandent encore si CBC/Radio-Canada en donne pour leur argent aux citoyens. La réponse est simple : tout à fait!

Selon une étude réalisée par le Groupe Nordicité portant sur un échantillon de 18 pays industrialisés que nous avons déposée avec notre mémoire, le Canada est le pays où le besoin est le plus criant et où le système est le plus complexe. Le Canada figure cependant au 16e rang pour ce qui est de l’importance du financement public accordé, avec un taux inférieur de moitié à la moyenne de 80 dollars par habitant. La BBC, qui offre des services dans une seule langue et à l'intérieur d'un seul fuseau horaire, dispose de 7,3 milliards de dollars. En comparaison, le Canada verse un milliard de dollars à son radiodiffuseur public ou 30 dollars par habitant pour offrir des services dans deux langues et couvrir cinq fuseaux horaires et demi.

Même si nos services offrent un retour exceptionnel sur l’investissement aux Canadiens, il ne faut pas en conclure que nous disposons de moyens suffisants pour satisfaire l'esprit du mandat qui nous a été confié en 1991 ou relever les défis que nous devons surmonter année après année. Le fait est que le contrat de service implicite qui nous lie aux Canadiens est trop général et qu'il ne cadre pas avec la réalité d'aujourd'hui.

Nous avons besoin d’un contrat explicite. C'est ainsi que fonctionnent les autres gouvernements, que ce soit en Irlande, en Afrique du Sud et même à Hong Kong. En Grande-Bretagne, la BBC opère selon une charte royale, qui est renouvelée après examen à tous les dix ans. C'est le genre de prévisibilité et de clarté que nous souhaitons. Accepter toute forme de compromis en deçà de ce modèle optimal équivaudrait à ériger un monument de vœux pieux à l’idéal de la radiodiffusion publique, alors que celle-ci dépérit lentement.

Mais pourquoi maintenant, quelle est l'urgence d'agir?

Je vous répondrai qu'en 1997, le public canadien n’avait pas comme aujourd'hui accès à une centaine de chaînes numériques spécialisées, qu’il ne pouvait recevoir au-delà de 100 chaînes étrangères par satellite ni choisir parmi les 17 services de vidéo sur demande ou à la carte qui lui sont offerts. Les Canadiens ne regardaient pas la télévision et n’écoutaient pas la radio sur leurs ordinateurs portatifs, leurs assistants personnels Blackberry, leurs cellulaires ou leurs iPod comme ils le font maintenant. En 2004, il n’y avait pas encore de radio par satellite. En 2005, le site YouTube était encore à venir. En 2006, on attendait encore l’iPhone.

Aujourd’hui, les Canadiens veulent pouvoir accéder au contenu quand et où ils le veulent. CBC/Radio-Canada est appelée à dépasser son statut de simple entreprise de radiotélévision pour devenir un fournisseur de contenu totalement affranchi des contraintes inhérentes à la technologie. Cette inévitable réalité nous amène déjà à transformer radicalement nos activités.

L'ampleur du changement qui devra être opéré est l'un des facteurs qui expliquent l'urgence d'agir que nous ressentons. Et en raison de la vitesse à laquelle ce changement s’effectue, retarder indéfiniment l'examen des objectifs et des stratégies à long terme de CBC/Radio-Canada décuplera les risques inhérents à la politique du laisser-aller, et ce, sur tous les plans – financier, culturel et politique.

Certains contesteront la nécessité d’un radiodiffuseur public maintenant que l'offre est pratiquement illimitée et que la technologie est de plus en plus puissante. En supposant que ce point de vue ait jamais été valable, cela n'est certes plus le cas aujourd'hui. De nos jours, l’importance du rôle que Radio-Canada joue pour enrichir la vie culturelle et démocratique de la communauté francophone fait pratiquement l’unanimité. Pour les services français comme pour les services anglais, il existe toutefois des éléments, qui touchent à l'essence même de la politique de radiodiffusion, dont les diffuseurs privés ne peuvent ou ne veulent tout simplement pas se charger, mais qu'un radiodiffuseur public digne de ce nom se doit d’offrir :

  • diffuser des émissions canadiennes aux heures de grande écoute à la télévision;
  • offrir des émissions pour enfants qui divertissent, sans publicité et sans risque;
  • assurer une desserte dans le Grand Nord et dans les régions éloignées du pays;
  • produire des émissions d'actualités originales;
  • couvrir la scène internationale selon un point de vue canadien;
  • offrir des émissions consacrées à la culture;
  • et d’autres types de programmation mentionnés dans notre mémoire.

Voilà en quoi se distingue le radiodiffuseur public national.

Il y a également la question de la diversité de la programmation. À Vancouver, deux entreprises se partagent pratiquement la totalité du marché des médias de masse, toutes plateformes confondues. La concentration des médias a pour effet de gommer la diversité des points de vue exprimés. Préserver cette diversité fait également partie des rôles qui incombent au radiodiffuseur public.

Tous ces facteurs expliquent que la demande de produits diversifiés et de qualité a littéralement explosé. La réalité économique est toutefois contraignante. En effet, le financement de base de CBC/Radio-Canada n’a jamais été relevé de façon permanente au cours des 33 dernières années, soit depuis 1974. Par ailleurs, dans une perspective plus large, le modèle de financement de la télévision commerciale est menacé par la multiplication du nombre de chaînes en concurrence pour la même assiette de revenus publicitaires. Je tiens à remercier la ministre Oda qui a annoncé, hier, que le radiodiffuseur public recevrait une enveloppe de financement supplémentaire de 60 millions de dollars pour les deux prochains exercices. Ce financement ponctuel est essentiel et permettra à la Société de continuer à réinvestir dans sa programmation.

Ce dont nous avons besoin, c’est d’une stratégie de radiodiffusion à long terme dûment financée pour les dix prochaines années. Il faut que le Parlement et les citoyens canadiens s’investissent dans un processus de planification pour trouver des solutions aux grandes questions propres à la politique de la radiodiffusion.

Des questions comme :

Le Canada a-t-il besoin d'émissions canadiennes de qualité diffusées aux heures de grande écoute?

Les Canadiens souhaitent-ils qu'on leur propose des émissions qui rendent compte de leur réalité?

Il a été démontré que les dramatiques présentées à la télévision étaient les instruments les plus efficaces et ayant le rayon d’action le plus étendu pour modeler la culture populaire dans les pays occidentaux. De fait, au cours des 20 dernières années, tous les autres pays du monde industrialisé ont fait de leur radiodiffuseur national le point d’ancrage de leur stratégie visant à rapatrier les téléspectateurs aux heures de grande écoute. Partout ailleurs, les dramatiques produites à l’échelle nationale sont les émissions les plus regardées aux heures de grande écoute. Les Canadiens francophones sont très friands des émissions produites ici, mais en raison de pressions financières qui s’exercent sur elle, la Télévision de Radio-Canada est de moins en moins capable de produire le genre de séries lourdes qui reflètent le mieux la culture. Pour ce qui est du contenu canadien d’expression anglaise, CBC Television a déjà décidé d’utiliser sa grille de grande écoute pour investir dans des dramatiques canadiennes attrayantes. Nous avons fait des progrès en ce sens, mais nous sommes sévèrement limités par les moyens dont nous disposons.

Une autre question qui se pose est de savoir comment présenter les événements internationaux aux Canadiens selon un point de vue typiquement canadien?

CBC/Radio-Canada possède déjà le plus vaste réseau de correspondants à l'étranger en comparaison avec les autres radiodiffuseurs canadiens. Faudrait-il intensifier notre présence à l'échelle internationale?

On peut se demander également comment promouvoir la cohésion de notre société qui est l'une de celles qui offrent la plus grande diversité à l’échelle de la planète?

Les radiodiffuseurs publics ont toujours comme un rôle de renforcer la cohérence de leur société d'accueil et de favoriser le partage de valeurs communes. Comment pouvons-nous remplir ce rôle pour soutenir l’identité canadienne dans un monde où la diversité et la fragmentation sont la norme? Comment parvenir à créer un sentiment d'appartenance et de fierté nationales?

À titre d’exemple, nous avons lancé en 2006 un service Internet baptisé RCI viva pour faire connaître les valeurs et les coutumes canadiennes aux nouveaux arrivants et à ceux qui songent à émigrer au Canada.

Comment peut-on inciter les Canadiens à faire avancer les principes de la démocratie?

L'un des éléments clés qui confèrent leur substance à nos chaînes de radio principales est leur engagement à servir de tribune à des débats pancanadiens. Que ce soit avec Christiane Charrette, The Current, Cross Country Checkup ou Maisonneuve en direct, nos services de radio excellent lorsqu'ils unissent toutes les régions dans un même échange. Nous comptons faire appel de plus en plus à la technologie pour élargir ce rôle de la radio au niveau local.

Les émissions d'actualités et les documentaires sont chose rare à télévision généraliste, les chaînes privées offrent en tout 70 heures d’actualités par semaine dans le cas de la télévision anglaise et encore moins à la télévision française. En revanche, CBC Television et la Télévision de Radio-Canada en diffusent des centaines d'heures par année, et nous n’incluons même pas dans ce compte la contribution de CBC Newsworld et du RDI. Qui d’autre est prêt à en faire autant?

CBC/Radio-Canada est en fait une entité mixte, à la fois publique et privée, pour ce qui est de son financement, alors que le mandat qu’elle remplit auprès des Canadiens fait d’elle un radiodiffuseur essentiellement public. En raison du mandat que nous devons remplir et de nos niveaux de financement, nous sommes contraints de trouver des activités commerciales pour soutenir financièrement les services que nous offrons. Est-ce véritablement ce que souhaite le gouvernement? Cette question mérite une réflexion approfondie et une planification rigoureuse pour que nous puissions parvenir à un bon équilibre.

À l'heure actuelle, CBC/Radio-Canada se trouve à un tournant décisif, et aucune solution ponctuelle ou stratégie unidimensionnelle ne suffira à régler l’impasse dans laquelle elle se trouve. Pour réaliser son plein potentiel comme instrument au service de la politique canadienne, CBC/Radio-Canada doit passer un nouveau contrat avec le peuple canadien qui, comme tous les contrats, définira les obligations de toutes les parties en cause pour une durée précise, qui pourrait être fixée à dix ans.

Le contrat en question fournirait des éléments de solution aux grandes questions que j’ai soulevées précédemment. Il reposerait sur les principes de base déjà consacrés dans la Loi sur la radiodiffusion, et viendrait préciser la relation que nous entretenons avec nos 32 millions d'actionnaires.

L'un des principaux postulats de tout contrat est la présomption que les parties disposeront des ressources nécessaires pour s'acquitter de leurs obligations de part et d’autre et respecter les attentes prévues dans la convention. En vérité, si l’argent fait défaut, les obligations contractuelles ne pourront être honorées.

Notre souhait le plus cher est que le Comité voit dans le projet d’instaurer un processus permanent d’examen du mandat CBC/Radio-Canada l’occasion pour les Canadiens de renouveler le lien qui les unit à leur radiodiffuseur national et de clarifier au moyen d’un nouveau contrat comment servir au mieux les citoyens canadiens.

Je vous remercie de votre attention.

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