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Table des matières  Précédent  Suivant 

 

Chapitre 1
Évolution et perspectives économiques récentes

Points saillants

  • Malgré le ralentissement observé aux États-Unis, la croissance économique demeure forte au Canada. Le produit intérieur brut (PIB) réel a augmenté de 3,4 % au second trimestre de 2007, après avoir connu une hausse de 3,9 % au premier trimestre.
  • Les prévisionnistes du secteur privé s’attendent à ce que le PIB réel augmente de 2,5 % en 2007, de 2,4 % en 2008 et de 2,7 % en 2009.
  • La prévision du secteur privé pour la croissance en 2007 dépasse le taux de 2,3 % prévu au moment du budget de mars 2007. La croissance a dépassé les attentes au premier semestre, mais devrait y être inférieure au deuxième semestre.
  • De même, la prévision de l’inflation du PIB, qui était de 1,5 % au moment du budget, a fait l’objet d’une importante révision à la hausse et s’établit maintenant à 3,3 %.
  • Comme la croissance au premier semestre de 2007 et l’inflation du PIB ont dépassé les prévisions, on s’attend maintenant à ce que le PIB nominal – la mesure la plus large de l’assiette fiscale – dépasse en 2007 la prévision budgétaire de près de 1,9 %.
  • Toutefois, les risques à la baisse pour l’économie canadienne sont prépondérants.
    • L’affaiblissement marqué du marché du logement et le resserrement des conditions de crédit aux États-Unis rendent plus incertaines les perspectives économiques de ce pays.
    • Le dollar canadien a dépassé la parité avec le dollar américain pour la première fois en 30 ans, en raison notamment de la montée soutenue des prix des produits de base et de la faiblesse généralisée du dollar américain. Cela exerce une pression accrue sur notre secteur du commerce international.
  • Le gouvernement est résolu à tirer parti de sa position de force pour faire face à l’incertitude croissante à l’échelle mondiale.

Nota – Le présent chapitre repose sur les données disponibles au 19 octobre 2007 inclusivement. Sauf indication contraire, les chiffres correspondent à des taux annuels.

Introduction

Ce chapitre passe en revue l’évolution et les perspectives économiques récentes. Il traite d’abord de l’évolution récente et des perspectives de l’économie des États-Unis et de l’économie mondiale puis de l’évolution récente de l’économie canadienne. Enfin, il expose la moyenne des prévisions économiques du secteur privé sur laquelle reposent les projections financières du gouvernement et il examine les risques et les incertitudes associés aux perspectives économiques.

Une conclusion centrale de ce chapitre est que l’économie canadienne est très forte. Par ailleurs, un certain nombre de facteurs mondiaux créent de l’incertitude. Les répercussions de l’appréciation rapide du dollar canadien ne se sont pas encore pleinement manifestées. De plus, les effets de l’agitation récente sur les marchés financiers mondiaux et le déclin du marché du logement aux États-Unis continuent de poser des défis. Ces facteurs d’incertitude à l’échelle mondiale font ressortir l’importance de mettre en place des mesures pour atténuer les risques pesant sur l’économie.

Évolution et perspectives économiques aux États-Unis et dans le monde

Évolution récente de l’économie américaine

L’économie américaine a progressé à un rythme modéré depuis le deuxième trimestre de 2006; la croissance moyenne du PIB réel a été de 2,9 % en 2006, et de 2,2 % pendant le premier semestre de 2007. Cette croissance modérée dissimule une baisse importante de l’investissement résidentiel, qui a jusqu’ici été compensée par une augmentation continue des dépenses de consommation et des investissements des entreprises (graphique 1.1).

Graphique 1.1 Croissance du PIB réel aux États-Unis / Croissance de l'investissement résidentiel réel aux États-Unis

Des données récentes laissent penser que la contraction de l’investissement résidentiel aux États-Unis sera plus importante et plus longue qu’on l’avait d’abord prévu (graphique 1.2). Les mises en chantier continuent de diminuer, les ratios des stocks aux ventes demeurent élevés et les prix des maisons sont en chute.

Graphique 1.2 Mises en chantier et temps d'écoulement de l'inventaire de maisons existantes aux État-Unis / Indice du prix des maisons S&P/Case-Shiller aux États-Unis

Pendant la dernière année, les défauts de paiement ont beaucoup augmenté pour les prêts hypothécaires de qualité inférieure (dits « à risque ») (graphique 1.3). Par conséquent, de nombreux prêteurs à risque ont fait faillite, et les détenteurs de titres adossés à des prêts hypothécaires à risque ont subi des pertes considérables. À la suite de ces événements, l’octroi de nouveaux prêts hypothécaires à risque a pratiquement cessé.

Graphique 1.3 Taux de défaut de paiement pour les prêts hypothécaires aux États-Unis / Prêts hypothécaires à risque consentis aux États-Unis

Depuis août, la faiblesse du marché des prêts à risque s’est étendue aux marchés financiers en général, ce qui a donné lieu à une réévaluation à grande échelle des risques. Les investisseurs ont délaissé les titres adossés à des actifs, tandis que les écarts de taux se sont creusés pour les obligations des sociétés, particulièrement pour les titres de moindre qualité. Parallèlement, les rendements des bons du Trésor à court terme ont chuté, témoignant d’une ruée vers des placements de qualité.

En réponse à l’agitation qui persiste sur les marchés financiers et aux craintes selon lesquelles la forte contraction de l’investissement résidentiel pourrait avoir des répercussions négatives sur l’ensemble de l’économie, la Réserve fédérale américaine a réduit le taux cible des fonds fédéraux de 50 points de base le 18 septembre. En outre, la Réserve fédérale et des banques centrales du monde entier, y compris la Banque du Canada, ont pris des mesures pour injecter des liquidités afin de favoriser le bon fonctionnement des marchés financiers.

Perspectives de l’économie américaine

Étant donné l’évolution du marché du logement et des marchés financiers aux États-Unis, les perspectives de l’économie américaine sont fort incertaines. La principale question est de savoir si la récente réduction du taux des fonds fédéraux, conjuguée à la dépréciation du dollar américain, suffira à compenser les effets du resserrement des conditions de crédit et de l’affaiblissement du marché du logement.

En général, les prévisionnistes du secteur privé s’attendent à ce que la croissance de l’économie demeure bien en deçà du taux tendanciel durant le second semestre de 2007 et la majeure partie de 2008. Pour 2007, ils prévoient que le PIB réel n’augmentera que de 1,9 %; sa croissance devrait être de 2,2 % en 2008, pour ensuite remonter à 2,9 % en 2009. Par rapport aux prévisions du budget de mars 2007, la croissance projetée de l’économie américaine perdrait 0,6 point de pourcentage pour 2007, 0,7 point de pourcentage pour 2008 et 0,4 point de pourcentage pour 2009 (graphique 1.4).

Graphique 1.4 Perspectives de croissance du PIB réel des États-Unis

On prévoit un ralentissement de la progression des dépenses de consommation, par suite d’une croissance plus faible de la richesse des ménages. Même si rien ne laisse présager pour l’instant que ce ralentissement s’accentue, cela pourrait se produire si la faiblesse continue du marché du logement ébranlait davantage la confiance des consommateurs. Les investissements des entreprises devraient augmenter à un rythme vigoureux, puisqu’on s’attend à ce que leur rentabilité se maintienne; toutefois, ils devraient être quelque peu freinés par les coûts d’emprunt plus élevés et l’incertitude grandissante des perspectives économiques. Pour la première fois en 11 ans, les exportations nettes devraient contribuer à la croissance, compte tenu de la demande mondiale qui reste forte et de la diminution de la demande d’importations aux États-Unis. Ces résultats commerciaux ont également contribué à mettre un terme à l’augmentation continue du déficit du compte courant des États-Unis.

Perspectives économiques mondiales

Malgré la faiblesse de l’économie américaine, l’expansion mondiale devrait se poursuivre à un rythme vigoureux. Dans l’ensemble, on s’attend que la forte croissance des économies de marché émergentes, dont la Chine, compense un léger ralentissement de la croissance des économies avancées. Selon le Fonds monétaire international (FMI), le taux de croissance du PIB réel mondial (calculé selon les taux de change du marché) devrait fléchir, passant de 3,8 % en 2006 à 3,5 % en 2007, puis à 3,3 % en 2008 (graphique 1.5)[1].

Graphique 1.5 Perspectives de croissance du PIB réel mondial

Au Japon, la reprise économique s’est interrompue au deuxième trimestre de cette année, car une baisse des investissements des entreprises s’est soldée par une contraction de l’ensemble de l’économie. On s’attend à ce que le taux de croissance du Japon, qui était de 2,2 % en 2006, diminue jusqu’à 2,0 % en 2007 et 1,7 % en 2008; la consommation et l’investissement devraient demeurer les principaux facteurs de croissance, soutenus par la progression des revenus et par des bénéfices substantiels.

Dans la zone euro, l’expansion se poursuit à un rythme rapide depuis le milieu de 2006, grâce notamment à une hausse des investissements (particulièrement en Allemagne) et à une augmentation des exportations. La croissance devrait demeurer forte, étant donné que de meilleures conditions du marché du travail viennent soutenir les dépenses des ménages, que la rentabilité élevée devrait entraîner une hausse des investissements et que les exportations devraient rester vigoureuses. Le taux de croissance de la zone euro devrait se chiffrer à 2,5 % en 2007, avant de diminuer pour s’établir à 2,1 % en 2008.

L’économie chinoise poursuit sa croissance rapide et inégale, alimentée par la montée en flèche des investissements et des exportations, mais également marquée par la faiblesse de la consommation intérieure. Le FMI s’attend à ce que son taux de croissance soit d’au moins 10 % en 2007 et en 2008. Les prix à la consommation ont augmenté, et le FMI croit que l’inflation se chiffrera à 4,5 % cette année. La prévision de croissance pourrait être surpassée si les autorités ne parviennent pas à refroidir l’économie au moyen d’une série de mesures, dont une appréciation plus rapide de la monnaie et un resserrement de la politique monétaire. En revanche, le degré de dépendance de l’économie chinoise à l’égard des marchés américain et mondiaux demeure important; l’excédent du compte courant devrait se situer à environ 12 % du PIB en 2007 et en 2008. Un ralentissement de la croissance aux États-Unis pourrait donc peser sur les perspectives de l’économie chinoise.

Évolution de l’économie canadienne

L’économie canadienne a enregistré un taux de croissance de 3,4 % durant le deuxième trimestre de 2007, après avoir affiché un taux de 3,9 % au premier trimestre (graphique 1.6). Depuis 2001, la croissance est alimentée par la forte demande intérieure finale.

Graphique 1.6 Croissance du PIB réel et de la demande intérieure finale

Le marché du travail demeure serré, plus de 280 000 nouveaux emplois ayant été créés jusqu’ici en 2007. Toutes les régions du pays ont profité de cette hausse (graphique 1.7). Cette progression de l’emploi fait suite à 14 années de croissance solide à ce chapitre, et le taux de chômage est maintenant réduit à son niveau le plus bas en près de 33 ans. La croissance de l’emploi cette année a été particulièrement forte en Colombie-Britannique, dans les Prairies et au Québec. En Ontario, la faiblesse du secteur manufacturier a été compensée par une croissance marquée du secteur des services.

Graphique 1.7 Emploi et taux de chômage / Répartition régionale de la croissance de l'emploi

Les prix des produits de base sont demeurés à des niveaux record ces derniers mois. Depuis janvier 2007, les prix des produits de base mesurés en dollars américains ont augmenté de 11 %, surtout grâce à la hausse des prix de l’énergie et des produits agricoles (graphique 1.8). Le prix du pétrole brut West Texas Intermediate a atteint un niveau record de plus de 90 $US en octobre, en raison de la forte demande mondiale, de la baisse des stocks et de préoccupations géopolitiques accrues. Les prix des produits agricoles ont augmenté de 41 % depuis avril 2006 en raison de la croissance économique rapide de nombreux pays à faible revenu, de la demande accrue de produits d’élevage à alimentation intensive, et de la plus grande production de biocarburants, qui a créé une autre source de demande pour les produits agricoles. Cependant, les prix du gaz naturel ont baissé d’environ 5 % depuis le premier trimestre de 2007.

Graphique 1.8 Prix des produits de base (en $US) / Prix des produits agricoles (en $US)

Les bénéfices des sociétés ont été soutenus par la forte demande intérieure, la hausse des prix des produits de base et la baisse des prix des intrants importés. Ils restent donc près de leur niveau record (graphique 1.9).

Graphique 1.9 Bénéfices des sociétés / Investissement non résidentiel réel des entreprises

Les bénéfices élevés ont stimulé l’investissement, particulièrement dans le secteur du pétrole et du gaz, qui englobe environ le cinquième de l’investissement non résidentiel total au Canada. De plus, l’appréciation du dollar canadien, qui a fait baisser les coûts des importations de machines et de matériel, a fait augmenter le volume des investissements à ce chapitre.

Dans l’ensemble, l’inflation est demeurée basse et stable, bien qu’on ait observé une tendance quelque peu à la hausse ces deux dernières années pour l’inflation mesurée par l’indice de référence (qui exclut les huit éléments les plus volatils de l’indice global ainsi que l’effet des modifications des impôts indirects). En septembre, l’inflation selon l’indice des prix à la consommation (IPC) global était de 2,5 % tandis que l’inflation mesurée par l’indice de référence s’établissait à 2,0 %, après être restée depuis août 2006 au-dessus du point médian de 2 % de la fourchette cible visée par la Banque du Canada (graphique 1.10). Cela s’expliquait en grande partie par une forte hausse du coût de remplacement des maisons (ce qu’il en coûte actuellement pour remplacer une maison endommagée), des frais d’assurance des propriétaires occupants et des prix des aliments inclus dans l’indice de référence. Depuis juillet 2007, la Banque du Canada a maintenu son taux directeur à 4,5 %.

Graphique 1.10 Inflation mesurée par l'IPC global et par l'indice de référence

À compter de la mi-juin mais plus encore en août, les marchés du monde entier ont réévalué les risques liés à une large gamme d’actifs, ce qui a conduit à une baisse marquée des liquidités. Les principales banques centrales, y compris la Banque du Canada, ont injecté des montants importants de liquidités dans leurs systèmes financiers afin de maintenir leurs taux directeurs aux niveaux cibles.

Étant donné cette tournure des événements, l’écart entre les taux du papier commercial conventionnel et ceux des bons du Trésor du gouvernement du Canada s’est accru ces derniers mois. Le taux du papier commercial à trois mois, qui était de 4,74 % le 1er août, a atteint un sommet de 5,27 % le 18 septembre, tandis que le taux des bons du Trésor à trois mois chutait, ce qui a élargi l’écart des taux à trois mois jusqu’à un sommet de 131 points de base le 24 août (graphique 1.11). Au Canada, un écart d’une telle ampleur entre les taux à court terme ne s’était pas vu depuis 26 ans. Bien que les écarts se soient récemment refermés au Canada et à l’étranger, les liquidités demeurent en deçà des moyennes historiques atteintes sur les marchés monétaires.

Graphique 1.11 Rendements à court terme au Canada / Rendements à long terme au Canada

Le marché canadien du papier commercial adossé à des actifs (PCAA) non bancaire, dont la valeur estimative totale est d’environ 34 milliards de dollars, a été particulièrement touché. En vertu de l’Accord de Montréal, un comité pancanadien représentant les porteurs des titres en question est en train de négocier une proposition de restructuration avec les contreparties des émetteurs et les fournisseurs de liquidités. Le 15 octobre 2007, ce comité a annoncé la prolongation jusqu’au 14 décembre 2007 des ententes de moratoire sur lesquelles repose l’Accord de Montréal. Ce processus devrait déboucher sur un arrangement ordonné, mis en place sur le marché, concernant les titres visés.

Le 20 septembre, pour la première fois depuis 1976, le dollar canadien a atteint la parité avec le dollar américain (graphique 1.12). La force du dollar canadien découle en partie d’une hausse soutenue des termes de l’échange (le rapport entre les prix des exportations et ceux des importations), car la hausse des prix du pétrole et des autres produits de base a fait monter les prix des exportations canadiennes alors que la vigueur du dollar a fait baisser les prix des importations.

Graphique 1.12 Taux de change Canada-États-Unis / Contributions à la dépréciation du dollar américain après pondération selon le échanges (de janiver 2002 à septembre 2007)

Toutefois, cette force récente du dollar ne saurait s’expliquer uniquement par la variation des prix des produits de base. Elle a aussi été alimentée par les écarts de taux d’intérêt et par la poursuite de l’ajustement visant à corriger le déséquilibre dans les comptes courants à l’échelle mondiale. Depuis le début de 2002, après pondération selon les échanges, la valeur du dollar américain a chuté de plus de 20 % par rapport à un vaste groupe de devises. Durant cette période, le Canada a représenté plus du tiers de la dépréciation du dollar américain. La zone euro en a représenté un autre tiers, et l’ensemble des autres pays, le reste. Le Canada a de toute évidence dû supporter l’essentiel du poids du rajustement du dollar américain.

L’appréciation du dollar canadien entraîne un ajustement important de l’économie. La force du dollar canadien représente un défi considérable pour les exportateurs, en particulier les manufacturiers, ainsi que pour les producteurs canadiens qui font concurrence à des fournisseurs étrangers sur le marché canadien. Le secteur manufacturier a été le plus durement touché ces deux dernières années : depuis décembre 2005, sa production réelle a diminué de plus de 3 %, et au-delà de 130 000 emplois ont été perdus.

La part du secteur manufacturier dans la production totale a décliné dans tous les pays du Groupe des Sept (G7) ces 35 dernières années (graphique 1.13). Cette tendance à long terme tient au transfert des activités de fabrication vers des pays où les coûts sont faibles ainsi qu’à l’importance croissante du secteur des services. Au Canada, la part du secteur manufacturier dans l’économie a connu une croissance solide entre 1993 et 2000, soutenue par la faiblesse du dollar canadien. Depuis, la forte appréciation du dollar canadien a exercé une pression à la baisse sur les exportations de produits manufacturés.

Graphique 1.13 Part du secteur manufacturier dans le PIB dans certains pays

Le déclin de la production manufacturière depuis la fin de 2005 a été particulièrement marqué dans les secteurs du bois et des produits connexes, de l’automobile et du textile (graphique 1.14). Le secteur du bois et des produits connexes a connu une chute marquée de sa production par suite de la détérioration du marché du logement aux États-Unis depuis le début de l’année dernière. La production de véhicules automobiles et de pièces a diminué pour la plus grande partie de 2006 et au début de 2007, compte tenu de la demande anémique d’automobiles en Amérique du Nord et de la restructuration des trois grands producteurs américains de l’automobile. Quant à l’industrie du textile et du vêtement, elle continue à souffrir de la concurrence de pays à faibles coûts de productions comme la Chine.

Graphique 1.14 Croissance du PIB réel par secteur depuis décembre 2005 / Croissance du PIB manufacturier réel par secteur depuis décembre 2005

L’appréciation du dollar comporte aussi un certain nombre d’avantages qui ont favorisé jusqu’à présent une hausse marquée du niveau de vie des Canadiens. Le premier avantage consiste en des prix moins élevés pour les machines et le matériel importés, ce qui encourage l’investissement. Depuis que le dollar a commencé à s’apprécier au début de 2002, les prix des machines et du matériel ont chuté de 18 %. Cela a contribué à faire progresser l’investissement dans les machines et le matériel, qui a augmenté de 48 % pendant la même période, ce qui correspond à la hausse observée pendant la vague d’investissement dans la haute technologie (de 1996 à 2000). Par contre, l’investissement dans le matériel et le logiciel augmente à un rythme beaucoup plus lent aux États-Unis depuis 2002. Les hausses récentes des taux de la déduction pour amortissement favoriseront encore l’investissement au Canada.

Graphique 1.15 Investissement réel des entreprises et taux de change

Le deuxième avantage que procure la valeur élevée du dollar est la baisse des prix des biens de consommation importés. Bien qu’il soit difficile d’isoler les répercussions de la hausse du dollar de celles d’autres facteurs, comme les progrès technologiques, les prix de certains biens de consommation importés ont baissé depuis que le dollar canadien a commencé à s’apprécier en 2002, particulièrement ceux des appareils électroménagers et audiovisuels (graphique 1.16). Les Canadiens ont donc vu leur pouvoir d’achat réel augmenter. Il est raisonnable de s’attendre à ce que les pressions concurrentielles réduisent les prix des biens importés en réaction à l’appréciation du dollar.

Graphique 1.16 Niveaux moyens des prix

Les mêmes facteurs ayant contribué à l’appréciation du dollar ont également entraîné une forte hausse du niveau de vie des Canadiens, mesuré au moyen du revenu réel par habitant (graphique 1.17).

Graphique 1.17 Progression cumulative du niveau de vie des Canadiens

Les termes de l’échange du Canada (le rapport entre les prix des exportations et ceux des importations) ont augmenté de 23 % depuis le quatrième trimestre de 2001. Les hausses des prix des produits exportés ont été soutenues par des prix beaucoup plus élevés pour les exportations de produits de base. Parallèlement, les prix des produits importés ont connu une forte tendance à la baisse en raison de l’appréciation marquée du dollar canadien et de l’offre accrue d’importations à faible coût provenant d’économies émergentes (graphique 1.18). L’amélioration des termes de l’échange qui en a résulté a fait augmenter le revenu réel par habitant de 7,6 % au Canada depuis la fin de 2001.

Graphique 1.18 Prix des exportations et des importations et taux de change du Canada / Dette extérieure nette

De plus, une part croissante des revenus générés au Canada reste au pays, tandis que les Canadiens touchent aussi plus de revenus provenant d’autres pays. Le fait que le Canada enregistre maintenant des excédents, au lieu d’afficher des déficits importants comme au début des années 1990, a permis de réduire sa dépendance à l’égard des sources de financement étrangères ainsi que les sorties de fonds vers l’étranger qui s’ensuivent. L’amélioration des revenus nets de placements à l’étranger qui en a résulté a fait monter le revenu réel par habitant des Canadiens de 2,4 % depuis la fin de 2001.

Globalement, l’amélioration des termes de l’échange et la hausse des revenus nets de placements à l’étranger ont fait que le revenu réel par habitant a augmenté presque deux fois plus rapidement que la production réelle par habitant depuis cinq ans et demi.

Prévisions économiques du secteur privé

Chaque trimestre, le ministère des Finances mène une enquête auprès de prévisionnistes du secteur privé. Les prévisions économiques ci-après incorporent les données économiques recueillies jusqu’en octobre. La moyenne des prévisions du secteur privé sert de fondement aux hypothèses économiques qui sous-tendent les projections financières qui sont présentées dans le prochain chapitre.

Perspectives à court terme

Depuis le budget de mars 2007, la croissance du PIB réel et l’inflation du PIB (soit la variation du prix moyen des biens et des services produits au Canada) ont été plus fortes que prévu (graphique 1.19). Au moment du budget, les prévisionnistes s’attendaient à ce que le PIB réel augmente en moyenne de 2,6 % durant le premier semestre de 2007, ce qui s’est révélé inférieur de 1 point de pourcentage à sa croissance réelle.

Graphique 1.19 Croissance moyenne du PIB réel et contributions à l'inflation du PIB au premier semestre de 2007

Au premier semestre de 2007, l’inflation du PIB a été quatre fois plus élevée que ce qui avait été prévu au moment du budget. Cela s’explique par une amélioration soutenue des termes de l’échange pour le Canada ainsi que par une hausse des prix à la consommation. L’inflation du PIB a de plus été haussée par des versements gouvernementaux ponctuels ayant trait au règlement d’équité salariale de la fonction publique du Québec et à des cotisations versées par le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador au régime de retraite.

Toutefois, pour le second semestre de 2007 et pour l’ensemble de 2008 et de 2009, les prévisionnistes du secteur privé s’attendent maintenant à ce que la croissance du PIB nominal soit inférieure à ce qui avait été prévu au moment du budget de 2007 (graphique 1.20).

Graphique 1.20 Perspectives de croissance de PIB réel / Perspectives de croissance du PIB nominal

Les prévisionnistes s’attendent maintenant à ce que la croissance du PIB réel soit de 2,4 % en 2008 et de 2,7 % en 2009, en baisse par rapport aux taux respectifs de 2,9 % et de 3,1 % figurant dans les prévisions budgétaires. La révision à la baisse des perspectives de croissance s’explique principalement par le ralentissement de la croissance aux États-Unis, qui résulte de la faiblesse prolongée et imprévue du marché du logement américain, par les effets de l’appréciation du dollar sur le secteur des exportations et par les répercussions de l’incertitude persistante concernant les marchés financiers.

Les prévisionnistes du secteur privé ont nettement révisé à la hausse leur prévision en ce qui a trait à l’inflation du PIB en 2007, qui est passée de 1,5 % dans le budget à 3,3 %. Ils s’attendent à ce que l’inflation du PIB fléchisse pour s’établir à 2,4 % en 2008, ce qui dépasse quelque peu la prévision du budget, et à 2,0 % en 2009, comme il était prévu dans le budget.

Le PIB nominal devrait donc augmenter de 5,9 % cette année et de 4,8 % en 2008, comparativement à 3,9 % et à 5,0 % respectivement selon les prévisions budgétaires. Sa croissance devrait être de 4,7 % en 2009, soit moins que le taux de 5,2 % prévu au moment du budget. Les prévisionnistes du secteur privé anticipent maintenant que le PIB nominal dépassera les prévisions du secteur privé présentées dans le budget de près de 29 milliards de dollars en 2007, de 27 milliards en 2008 et de 20 milliards en 2009 (graphique 1.21).

Graphique 1.21 Perspectives de croissance du PIB nominal - Variation depuis le budget de mars 2007

Les taux d’intérêt à court terme devraient s’établir en moyenne à 4,2 % en 2007 et à 4,4 % en 2008, ce qui dépasse de 20 points de base les prévisions budgétaires. Les prévisionnistes du secteur privé s’attendent à ce que les taux d’intérêt à court terme augmentent ensuite quelque peu pour atteindre en moyenne 4,7 % en 2009, comparativement au taux de 4,3 % prévu au moment du budget.

Selon les prévisionnistes du secteur privé, les taux d’intérêt à long terme au Canada devraient s’établir en moyenne à 4,3 % en 2007 et à 4,6 % en 2008, ce qui est légèrement supérieur aux prévisions budgétaires. Pour 2009, ils s’attendent à ce que les taux d’intérêt à long terme s’élèvent en moyenne à 5,0 %, soit un peu moins que leurs prévisions au moment du budget.

Les prévisionnistes s’attendent à ce que le taux de change Canada-États-Unis s’établisse en moyenne à près de 92 cents américains en 2007, ce qui correspond à un niveau d’environ 97 cents américains pour le reste de l’année. Il devrait rester à peu près le même en 2008 et en 2009.

Les prévisionnistes s’attendent à ce que le marché du travail au Canada demeure sain. Le taux de chômage devrait être en moyenne de 6,1 % en 2007 et de 6,2 % en 2008 et en 2009, soit légèrement sous les niveaux prévus au moment du budget.

Perspectives à moyen terme

Les prévisionnistes du secteur privé n’ont pas apporté de modifications notables aux perspectives économiques à moyen terme depuis le budget. Le taux de croissance du PIB réel devrait s’établir en moyenne à 2,8 % de 2010 à 2012. Pour ce qui est du PIB nominal, il devrait augmenter en moyenne de 4,4 % durant la même période, soit un peu moins que le taux prévu dans le budget, en raison d’une inflation du PIB plus faible. À moyen terme, les taux d’intérêt à court et à long terme devraient s’établir en moyenne à 4,6 % et à 5,0 % respectivement. On s’attend à ce que le taux de chômage demeure proche des niveaux actuels durant la période allant de 2010 à 2012.

Tableau 1.1
Prévisions du secteur privé pour 2007 à 2012


 

2007

2008

2009

Moyenne
 de 2010
 à 2012


 

(%, à moins d’indication contraire)

Croissance du PIB réel

       

  Budget de mars 2007

2,3

2,9

3,1

2,8

  Énoncé économique

2,5

2,4

2,7

2,8

Inflation du PIB

       

  Budget de mars 2007

1,5

2,0

2,0

1,9

  Énoncé économique

3,3

2,4

2,0

1,6

Croissance du PIB nominal

       

  Budget de mars 2007

3,9

5,0

5,2

4,7

  Énoncé économique

5,9

4,8

4,7

4,4

PIB nominal (G$)

       

  Budget de mars 20071

1 503

1 578

1 660

n.d.

  Énoncé économique

1 532

1 605

1 680

n.d.

Taux des bons du Trésor à 3 mois

       

  Budget de mars 2007

4,2

4,2

4,3

4,5

  Énoncé économique

4,2

4,4

4,7

4,6

Taux des obligations
  du gouvernement à 10 ans

  Budget de mars 2007

4,1

4,5

5,2

5,4

  Énoncé économique

4,3

4,6

5,0

5,0

Taux de chômage

       

  Budget de mars 2007

6,3

6,4

6,3

6,2

  Énoncé économique

6,1

6,2

6,2

6,0

Croissance du PIB réel aux États-Unis

       

  Budget de mars 2007

2,5

2,9

3,3

2,9

  Énoncé économique

1,9

2,2

2,9

2,8


1 Le PIB nominal a été ajusté en fonction des révisions apportées en mai 2007 aux Comptes nationaux des revenus et dépenses.
Source : Enquêtes menées par le ministère des Finances auprès de prévisionnistes du secteur privé en mars et en octobre 2007

Facteurs de risque et d’incertitude

Les risques à la baisse pour les perspectives économiques du Canada sont prépondérants. Les plus importants sont que l’économie américaine s’affaiblisse davantage et que le taux de change du dollar canadien soit plus élevé que prévu. D’autres facteurs pourraient concourir à une amélioration modeste des perspectives économiques du Canada. Il se pourrait que les dépenses des consommateurs et des entreprises dépassent les prévisions et que l’investissement résidentiel ne ralentisse pas autant que prévu, étant donné la persistance du niveau élevé des revenus et des bénéfices.

Le gouvernement est résolu à passer à l’action pour affronter l’incertitude mondiale croissante et contribuer à maintenir la force actuelle de l’économie pour l’avenir. Pour cela, il lui faut prendre des mesures structurelles à long terme afin de relever les défis que la concurrence pose à l’économie.

Ralentissement de la croissance
aux États-Unis et dans le monde

Les prévisionnistes du secteur privé s’attendent à ce qu’il y ait une contraction additionnelle importante du marché du logement aux États-Unis, ce qui pourrait accentuer les pressions sur le prix des maisons et les finances des ménages et avoir des répercussions plus fortes que prévu sur les dépenses de consommation dans ce pays. Des perspectives moins favorables concernant l’économie américaine entraîneraient une réduction de la demande d’exportations canadiennes destinées aux marchés américains. De même, il se pourrait que le marché du logement se détériore encore plus que prévu aux États-Unis.

En outre, la récente agitation sur les marchés financiers mondiaux pourrait se prolonger, ce qui se solderait par des coûts d’emprunt plus élevés pour les entreprises et les consommateurs, une réduction de l’accès au crédit et une perte de confiance chez les consommateurs et les entreprises. Cela aurait des répercussions négatives tant sur les dépenses de consommation que sur les investissements des entreprises aux États-Unis et dans le monde, mais les conséquences seraient probablement plus importantes aux États-Unis, étant donné que leur économie est déjà affaiblie. Cela aurait des répercussions négatives sur la croissance au Canada, en plus d’entraîner un léger resserrement des conditions de crédit au pays.

Taux de change

Selon la prévision du secteur privé, le dollar devrait se déprécier jusqu’à ce que sa valeur atteigne 96 cents américains en 2008 et 95 cents américains en 2009, ce qui est beaucoup moins que son taux de change actuel. Si ce taux devait rester près de son niveau récent, cela représenterait un risque à la baisse pour le secteur du commerce international et pour la croissance de l’économie dans son ensemble. De plus, les hausses récentes du dollar pourraient être attribuables à la faiblesse généralisée du dollar américain ainsi qu’à un optimisme spéculatif envers le dollar canadien plutôt qu’aux facteurs fondamentaux de l’économie.


1 Le FMI calcule la croissance du PIB réel mondial de deux façons, soit selon les taux de change du marché et selon la parité des pouvoirs d’achat (PPA). Selon la PPA, le taux de croissance du PIB réel mondial devrait aussi diminuer, passant de 5,4 % en 2006 à 5,2 % en 2007, puis à 4,8 % en 2008. [Retour]

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Dernière mise à jour :  2007-10-31 Haut

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