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le 14 mars 2002

Présentation au Comité permanent du patrimoine canadien sur l'état du système canadien de radiodiffusion par Carole Taylor et Robert Rabinovitch

Présentation au Comité permanent du patrimoine canadien sur l'état du système canadien de radiodiffusion par Carole Taylor, O.C., Présidente du Conseil d'administration, et Robert Rabinovitch, Président-directeur général


Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les membres du Comité, c'est avec plaisir que nous avons accepté l'invitation à nous présenter devant vous aujourd'hui pour participer à cet important examen.

Je m'appelle Carole Taylor et je suis présidente du Conseil d'administration de Radio-Canada. M. Robert Rabinovitch, président-directeur général de la Société, que vous connaissez sans doute tous très bien, m'accompagne. J'ai également le plaisir de vous présenter M. Michel Tremblay, vice-président, Stratégie et Développement commercial.

J'amorcerai notre présentation sur une note personnelle en vous laissant entrevoir ce qui m'a amenée à CBC/Radio-Canada et les raisons pour lesquelles j'ai accepté ce poste de présidente du Conseil d'administration l'an dernier.

J'ai été pendant longtemps journaliste dans le Centre du Canada, et à ce titre, j'ai travaillé tant pour Radio-Canada que pour CTV. J'ai eu la chance de couvrir ce que j'estime être certains des événements les plus importants à être survenus dans notre pays et ailleurs dans le monde.

J'ai ensuite réorienté ma carrière et déménagé à Vancouver, il y a quelque 27 ans, mais je suis demeurée active dans le monde de la radiodiffusion en plus de participer à la vie politique à l'échelon municipal et de faire des affaires sur la scène locale et nationale. Ce déménagement dans l'Ouest du pays m'a permis de voir le Canada sous un angle différent. Il m'a permis de mieux saisir la vitalité et la diversité des régions et l'importance qu'elles ont dans notre pays. J'ai aussi acquis une compréhension beaucoup plus intime de la valeur que les Canadiens accordent à CBC/Radio-Canada et au caractère unique de la culture canadienne.

J'ai la conviction que Radio-Canada a contribué plus que toute autre institution culturelle à la définition de l'identité canadienne. Les chiffres à cet égard sont éloquents : 

  • 36 millions de dollars par année versés en honoraires aux artistes; 
  • 64 millions de dollars par année versés directement aux producteurs indépendants. 
  • Soit 100 millions de dollars en tout consacrés au soutien de notre communauté culturelle.

En outre, j'ai vu et j'ai entendu des Canadiens me dire à quel point la gamme des services offerts par Radio-Canada est importante pour eux.

En anglais comme en français, nos émissions de nouvelles fixent la norme en matière de journalisme et d'information dans ce pays. Regardez cette carte du Canada. Chaque symbole indique un endroit où des journalistes à plein temps de Radio-Canada font part aux Canadiens, en anglais et en français, à la radio comme à la télévision, des nouvelles sur lesquelles ils comptent. Chaque jour, ces journalistes s'assurent que Radio?Canada assume sa responsabilité de plus important organe de presse au Canada, diffusant des nouvelles en provenance de toutes les régions du pays à l'ensemble des Canadiens.

Alors, que fait Radio?Canada pour les Canadiens? Permettez-moi de vous en donner quelques exemples…

  • Pensons à Ben Heppner. Cet artiste donne des concerts à guichets fermés partout dans le monde. La semaine dernière, il a obtenu un prix Grammy. Les Canadiens l'ont entendu pour la première fois… sur les ondes de Radio-Canada. C'était il y a 23 ans lorsqu'il a remporté un concours destiné aux jeunes interprètes. Voilà comment la Radio de Radio?Canada met en valeur le talent canadien!
  • Le duo hip hop Snakeye vient de Oakville, en Ontario. Pendant dix dures années, ce duo est plutôt passé inaperçu. Les deux artistes n'ont pas encore produit de disque, mais maintenant la société Universal s'intéresse à eux. Savez-vous pourquoi? La maison de disque a entendu leur musique sur notre site Internet 
    Radio 3. Voilà un autre aspect de nos activités. Nous procurons aux jeunes musiciens canadiens une vitrine pour diffuser leur musique et nous leur donnons ainsi un peu de visibilité. Radio-Canada procure aussi aux Canadiens, et à d'autres, un moyen d'entendre les artistes de la relève avant même qu'ils ne soient officiellement découverts.
  • Un radiodiffuseur public devrait-il aider les Canadiens à améliorer leur qualité de vie? Emma Bourassa est professeur d'anglais à Kamloops et elle utilise les reportages diffusés pendant l'émission Canada Now comme outils pédagogiques dans l'enseignement de l'anglais et de la culture canadienne. Par l'entremise de notre site Web Know Canada, nous aidons les nouveaux Canadiens à se trouver de meilleurs emplois et à se bâtir une vie meilleure en utilisant nos nouvelles comme outil d'apprentissage de l'anglais.
  • Les services offerts par Radio-Canada sont essentiels à de nombreux Canadiens. Prenons Denis Desgagné, un francophone de Regina. Isolé au milieu d'un océan anglophone, Denis et sa jeune famille conservent malgré tout leurs racines bien vivantes grâce à la Radio et à la Télévision françaises de Radio?Canada. Leur histoire est aussi celle d'un grand nombre de Canadiens partout au pays.
  • Au cours de votre récente tournée dans l'Ouest du pays, certains d'entre vous ont rencontré Chris Haynes, ingénieur à l'enregistrement. C'est un homme qui possède beaucoup de talent, qui, après des études aux états-Unis, est revenu au pays pour se trouver un emploi à Radio-Canada, à Regina, où il savait qu'il allait pouvoir travailler à des productions à la fine pointe.
  • Je pourrais aussi vous parler de Danielle Dezort (DE-ZO). Avec son mari Steve, elle vivait en Corée lorsque l'horreur des événements du 11 septembre dernier a frappé. Dans leur désarroi, vers qui se sont-ils tournés? Comme des millions d'autres Canadiens, ils se sont branchés sur Radio-Canada pour obtenir un point de vue authentiquement canadien sur ces événements tragiques.

Voilà le genre d'exemples qui expliquent ma fierté d'appartenir à Radio-Canada, de participer au maintien de cette pépinière de talents canadiens où se regroupent les meilleurs créateurs, techniciens, réalisateurs, metteurs en scène, auteurs, journalistes et artistes du spectacle. Tous sont attirés à Radio-Canada par notre manière typiquement canadienne de faire les choses et par notre excellence.

Combien de Canadiens se sont éveillés à la préservation de l'environnement en regardant l'émission The Nature of Things ou les reportages scientifiques de Découverte? Combien d'entre eux ont été inspirés par l'acharnement des jeunes athlètes canadiens auxquels ils peuvent s'identifier grâce aux émissions sportives de Radio-Canada? Combien d'entre eux ont suivi les grands événements de l'actualité canadienne - référendums, élections, Fête du Canada - en écoutant les nouvelles de Radio-Canada?

Qui d'autre que Radio-Canada pourrait faire vivre à des millions de Canadiens un retour vers le 19e siècle à Terre-Neuve pour voir une histoire authentiquement canadienne comme Random Passage?

Qui d'autre que Radio-Canada prendrait le risque d'offrir aux Canadiens de tout le pays une émission relatant l'histoire de leur propre sang et de leur propre chair, l'histoire de leurs ancêtres qui ont bâti ce pays, comme nous l'avons fait dans la série épique 
Le Canada : Une histoire populaire
?

À un moment où se dressent de grands défis pour la radiodiffusion 
… provenant de la diversité des plate-formes technologiques 
…et du choix quasiment illimité de chaînes, 
il est vital que le Canada en tant que nation se dote de politiques et prenne des mesures en vue de réserver une place à la radiodiffusion publique canadienne indépendante.

Je sens monter une nouvelle flambée de fierté au pays doublée d'une préoccupation grandissante pour la souveraineté du Canada. Sur cette toile de fond, CBC/Radio-Canada se dresse comme une institution nationale vouée à défendre nos valeurs, nos athlètes, nos artistes et nos interprètes, et jusqu'à notre identité propre en tant que Canadiens.

Ainsi, Radio-Canada demeure-t-elle importante pour le Canada? À notre avis, Radio-Canada est plus importante aujourd'hui que jamais auparavant.

J'inviterais maintenant M. Rabinovitch à vous parler de ce thème. Par la suite, je répondrai avec plaisir à vos questions…. Robert?

Je tiens tout d'abord à vous remercier de nouveau, Monsieur le président et Mesdames et Messieurs les membres du Comité, de nous donner la possibilité de nous présenter devant vous et de participer à cet examen fort opportun.

En préambule à mes remarques, je vais vous lire une citation qui va, je le pense, au cœur même de l'examen que vous avez le mandat d'effectuer.

" La seule chose qui importe vraiment en matière de radiodiffusion, c'est le contenu; tout le reste n'est que gestion courante. "

Comme ces propos arrivent à point nommé! Pourtant, ils ont été prononcés pour la première fois il y a 37 ans, au moment où le Comité sur la radiodiffusion a remis son rapport au secrétaire d'état en septembre 1965. Et aujourd'hui encore, ils n'ont rien perdu de leur actualité.

La seule chose qui importe vraiment, c'est le contenu.

Depuis cette déclaration, au demeurant fort simple,

  • la Loi sur la radiodiffusion de 1968 a été adoptée; 
  • de nouveaux règlements régissant le contenu canadien à la radio et à la télévision ont été passés; 
  • la Loi sur la radiodiffusion a été modifiée en 1991; 
  • et, au cours des cinq dernières années seulement, un milliard de dollars de fonds publics ont été dépensés pour bâtir, aider et renforcer le secteur de la production indépendante au Canada. Toutes ces mesures visaient à assurer non seulement la production d'émissions canadiennes, mais aussi leur diffusion.

Cette politique a connu, à n'en pas douter, une part de succès. Certains éléments du système canadien de radiodiffusion sont aujourd'hui plus dynamiques qu'ils ne l'étaient il y a dix ans lorsque la Loi actuelle a pris effet. Le secteur de la radio privée, notamment, est aujourd'hui plus rentable qu'il ne l'a été au cours des dix dernières années et les ventes des stations privées ont établi des profits records.

CBC/Radio-Canada est aussi devenue une organisation très différente de ce qu'elle était il y a dix ans. Elle rejoint aujourd'hui les Canadiens sur une multitude de plates-formes allant de la radio et la télévision traditionnelles aux chaînes spécialisées et aux nouveaux médias. Non seulement nos services radio sont-ils accessibles à un plus grand nombre de Canadiens dans les deux langues officielles, mais nous attirons aussi des auditoires records.

Les grilles-horaires de la télévision de Radio-Canada sont foncièrement canadiennes. Nous sommes aussi propriétaires à part entière ou avec des partenaires de cinq chaînes de télévision spécialisée nationales diffusant en anglais et en français ainsi que de Galaxie, un service audionumérique payant.

Internet n'existait même pas lorsque la Loi actuelle a pris effet, mais les services Internet de CBC/Radio-Canada figurent aujourd'hui parmi les meilleurs au Canada et jouissent d'une réputation internationale pour ce qui est de leur qualité.

Avec tous ces services, notre objectif consiste à offrir aux Canadiens une programmation dans la forme et au moment qui leur conviennent, qu'il s'agisse de services d'information sans fil, d'émissions pour les jeunes sur Internet ou de musique non commerciale. Nous desservons les Canadiens en leur offrant des histoires canadiennes et des points de vue canadiens.

Cependant, malgré nos succès et ceux du secteur privé, des problèmes graves persistent au sein du système canadien de radiodiffusion. Si certains aspects fonctionnent bien, d'autres ne fonctionnent pas du tout, aussi faut-il se préparer aux changements radicaux qui sont sur le point de survenir. Cela vaut autant pour Radio-Canada que pour les radiodiffuseurs privés.

Depuis 1996, la télévision canadienne a bénéficié de l'injection d'une quantité appréciable de fonds publics atteignant presque le milliard de dollars, grâce au FCT, et de millions de dollars additionnels sous la forme crédits d'impôt provinciaux et fédéraux.

Si l'objectif consiste simplement à faire produire de nouvelles émissions canadiennes en grand nombre, alors ce mode de financement remplit bien son rôle.

Toutefois, malgré tous les investissements publics réalisés dans la télévision canadienne au cours de la dernière décennie et en dépit de l'offre accrue d'émissions canadiennes, l'auditoire des émissions canadiennes, en français comme en anglais, n'a tout simplement pas augmenté, peu importe le moment de la journée considéré et assurément pas aux heures de grande écoute.

En fait, même à la télévision française, l'auditoire des émissions canadiennes, s'il demeure important, a diminué de 10 pour 100 aux heures de grande écoute au cours des 10 dernières années. Malgré tout, les 20 émissions les plus écoutées à la télévision française sont toutes canadiennes.

En ce qui concerne la télévision anglaise, on ne peut nier l'attrait qu'exercent les émissions produites aux états-Unis. Celles-ci sont en effet bien faites et divertissantes. On ne saurait non plus faire abstraction des impératifs financiers qui poussent les télédiffuseurs privés à être prodigues de contenu américain aux heures de grande écoute.

Il serait vain de penser qu'on peut et même qu'on devrait pouvoir forcer les Canadiens à regarder des émissions canadiennes. Alors, où est le problème? Le problème tient au fait que si nous n'arrivons pas à inciter davantage de Canadiens à regarder des émissions produites ici, les Canadiens pourraient ne plus être en mesure de savoir clairement ce qu'est le Canada et quelle est leur place au sein de ce pays.

Comment pouvons-nous penser que les Canadiens seront intéressés par les réalisations de leurs compatriotes, qu'ils soient des étoiles montantes du monde du spectacle ou du sport, ou encore, des gens ordinaires, si toutes les histoires qu'ils regardent à la télévision portent sur les citoyens d'un autre pays?

Au bout du compte, pourquoi les Canadiens ne regardent-ils pas davantage d'émissions canadiennes?

La fragmentation du marché joue un rôle important dans ce phénomène.

Au cours des dix dernières années, on a assisté au Canada à une explosion du nombre de chaînes spécialisées. Si cette explosion est intéressante pour les consommateurs, la fragmentation du marché qu'elle engendre a eu pour effet d'étaler l'auditoire sur un nombre accru de chaînes.

Nous avons ouvert nos frontières à plusieurs services américains comme A&E, CNN, et MSNBC, qui ne produisent pas d'émissions canadiennes et n'ont aucune responsabilité à l'égard de notre système de radiodiffusion.

Il en résulte que les nouvelles émissions produites au pays représentent une très faible proportion de l'ensemble de la programmation offerte aux Canadiens. Rien d'étonnant, à ce compte-là, que le temps d'écoute consacré aux émissions canadiennes n'ait pas augmenté!

L'expérience de Radio-Canada confirme que si on leur en donne l'occasion, nombre de Canadiens regarderont des émissions canadiennes originales de qualité supérieure. Notre expérience démontre aussi que le public canadien n'acceptera pas d'emblée des produits de piètre facture simplement parce qu'ils sont d'origine canadienne.

Comme Mme Taylor l'a mentionné, l'émission Canada: A People's History - Le Canada : Une histoire populaire, une production de plus de 25 millions de dollars qui a rejoint plus de 16 millions de Canadiens, ou Random Passage, qui a maintenu une moyenne de 1,2 million de téléspectateurs, et Music Hall avec 1,7 million de téléspectateurs sur le marché francophone seulement, constituent des exemples parfaits de cette affirmation.

En fait, la télévision de CBC/Radio-Canada offre plus du tiers de toutes les émissions canadiennes aux heures de grande écoute, tant sur les marchés français qu'anglais.

Analysons les grilles-horaires aux heures de grande écoute, c'est-à-dire de 19 heures à 23 heures. C'est au cours de cette période de la journée que la plupart des Canadiens regardent la télévision et c'est également à ce moment que les réseaux américains diffusent leurs meilleures émissions, celles qui sont le plus populaire.

En achetant des émissions américaines diffusées aux heures de grande écoute, les radiodiffuseurs privés canadiens sont en mesure d'utiliser la substitution simultanée pour élargir leur auditoire de manière spectaculaire, et générer ainsi des recettes publicitaires importantes.

Le calcul est simple à faire : les télédiffuseurs privés peuvent acquérir des séries américaines coûtant entre 3 et 14 millions de dollars par épisode pour aussi peu que 
100 000 dollars l'épisode et réaliser de 300 000 à 400 000 dollars en recettes publicitaires en les présentant au Canada. Faut-il s'étonner dans ces conditions que leurs grilles renferment une aussi forte proportion de contenu américain?

Il va de soi que les réseaux privés canadiens comme CanWest Global et CTV doivent se concentrer sur le rendement à procurer à leurs investisseurs et qu'ils ne peuvent renoncer aux émissions américaines les plus rentables en faveur d'une programmation canadienne moins lucrative. Je me permets d'insister à nouveau sur le fait que les émissions canadiennes de qualité sont plus coûteuses à produire et qu'elles rapportent moins en publicité. Chaque épisode de l'émission Da Vinci's Inquest, par exemple, coûte 1 million de dollars à produire mais rapporte moins de 100 000 dollars en recettes publicitaires.

Et je tiens à être très clair sur ce point : il n'y a rien de mal à vouloir rentabiliser ses activités. Les radiodiffuseurs privés doivent satisfaire leurs actionnaires en procurant à leur investissement un rendement raisonnable. D'un point de vue commercial ou financier, c'est une démarche rationnelle à laquelle on ne peut échapper.

Le partenariat entre les secteurs privé et public mis de l'avant dans les Lois sur la radiodiffusion de 1968 et de 1991 est à la base même de notre système de radiodiffusion. Chaque acteur au sein de ce système devrait être autorisé à faire ce qu'il fait le mieux dans l'intérêt public. En contrepartie, la politique gouvernementale doit fournir à chacun les outils nécessaires pour répondre à ses besoins.

Certains radiodiffuseurs ont demandé que les exigences de contenu canadien soient allégées ou modifiées, ou que les publi-reportages soient considérés comme du contenu canadien.

Nous sommes ouverts à ce que le gouvernement entreprenne, avec le concours de tous les radiodiffuseurs, un examen en profondeur de la réglementation sur le contenu canadien. Nous sommes cependant convaincus qu'il ne peut y avoir de demi-mesures : il faudra procéder à un examen exhaustif.

Cet exercice devrait viser à encourager tous les intervenants du secteur à contribuer au système dans ce qu'ils font de mieux et reconnaître l'apport de chacun. La démarche exigera une pensée créatrice rompant avec les carcans habituels.

Il n'est pas réaliste de penser que Radio-Canada, ou tout autre radiodiffuseur à lui seul, pourra convaincre les Canadiens de cesser de regarder des émissions américaines. Ce serait même mal. Nous pouvons cependant affirmer que l'existence d'un radiodiffuseur public national fort et dynamique est le moyen le plus efficace à notre disposition pour nous assurer que les Canadiens qui le désirent bénéficient d'une solution de rechange canadienne de qualité supérieure.

Nous sommes capables de prendre des risques et de consacrer les ressources nécessaires à la création d'émissions canadiennes, ce que les radiodiffuseurs privés ne peuvent tout simplement pas se permettre de faire.

  • Elle crée un espace télévisuel canadien sûr où vos enfants peuvent regarder des émissions distrayantes sans violence et sans publicité jour après jour. 
  • Elle assure une couverture complète des élections dans toutes les provinces canadiennes. 
  • Elle met en ondes des émissions innovatrices et jugées risquées, comme A People's History - Le Canada : Une histoire populaire et La vie, La vie
  • Elle diffuse des émissions traitant des différentes régions du pays et des pages de leur histoire, comme Random Passage
  • Elle couvre le sport amateur l'année durant et culmine avec une présentation complète de haut calibre des Jeux olympiques aux heures de grande écoute. 
  • Des plateformes importantes pour les artistes et les interprètes canadiens telles que Opening Night et Les Beaux Dimanches.

Regardez maintenant la grille-horaire de la Télévision anglaise aux heures de grande écoute. Le contenu canadien y figure en rouge. Ces grands blocs rouges sont le contenu canadien diffusé à Radio-Canada. Les blocs bleus sont les émissions américaines diffusées en simultané.

Si Radio-Canada ne présente pas d'émissions canadiennes, qui donc le fera? Pourquoi, dites-moi, les télévisions privées renverseraient-elles la vapeur et pourquoi iraient-elles à l'encontre de tous les principes de rentabilité économique pour le faire?

Comme je l'ai déjà mentionné, il nous est impossible de forcer les Canadiens à regarder davantage d'émissions canadiennes. Personne ne le peut et personne ne le voudrait. Cependant, Radio-Canada est le seul radiodiffuseur capable de garantir qu'il y aura des émissions canadiennes de qualité supérieure à toute heure du jour, tous les jours de la semaine et, en particulier, pendant les heures de grande écoute, soit au moment où la plupart des Canadiens regardent la télévision.

Voici donc le message que nous aimerions vous transmettre :

Sans Radio-Canada, la fragmentation du marché et les coûts liés aux émissions canadiennes viendront éroder davantage l'auditoire. À la longue, ce phénomène d'érosion affaiblira l'influence qu'exerce la Loi sur la radiodiffusion et nuira aux politiques culturelles canadiennes.

Dans le mémoire que nous avons présenté, nous formulons un certain nombre de recommandations pour nous assurer que Radio-Canada continuera de jouer un rôle crucial dans la protection et l'enrichissement de la culture et de l'identité canadiennes.

Permettez-moi de souligner quelques-unes de nos recommandations clés.

  1. Il est nécessaire plus que jamais de pouvoir compter sur une voix canadienne distinctive. Le rôle de Radio-Canada au sein du système canadien de radiodiffusion doit être reconfirmé et il faut lui donner les outils et la marge de manœuvre dont elle a besoin pour qu'elle puisse s'acquitter de son mandat et servir de manière appropriée le système canadien de radiodiffusion.
  2. Nous recommandons également un examen et un rééquilibrage de la politique publique et des mécanismes de financement afin d'appuyer davantage les radiodiffuseurs qui s'engagent véritablement et concrètement à produire des émissions canadiennes.
  3. Finalement, nous recommandons que le mode actuel d'approbation du financement de Radio-Canada soit remplacé par un système de financement pluriannuel plus prévisible, qui procurera à Radio-Canada la marge de manœuvre dont elle a besoin dans la gestion de ses activités.

CBC/Radio-Canada a essuyé de nombreuses tempêtes au cours des dix dernières années et elle continue, malgré tout, à offrir aux Canadiens ce qui se fait de mieux dans le domaine de la télévision, de la radio et d'Internet, en anglais comme en français.

Monsieur le président, comme ce fut le cas en 1991, notre secteur est à un point tournant. La révolution numérique en cours transformera nos méthodes de gestion du contenu.

Déjà, les frontières traditionnelles entre les services de radio, de télévision, Internet, dans les deux langues, s'estompent rapidement. Vous avez d'ailleurs pu constater de visu lors de votre visite pancanadienne :

  • quelques-uns des changements apportés au Centre de l'information de Radio-Canada à Montréal; 
  • l'intégration des services des nouvelles radio et télévision à Winnipeg; 
  • les relations étroites entre les différentes plates-formes au sein des installations de CTV à Toronto; 
  • les nouveaux projets de service et l'enthousiasme des jeunes concepteurs d'émissions que vous avez rencontrés à Vancouver.

Vous voulez un autre exemple de changement radical? Cette semaine, Radio-Canada a annoncé le retour au secteur public de Simon Durivage, un grand nom de la radiodiffusion qui partagera désormais son temps entre la radio et la télévision, comme son collègue Bernard Derome le fait depuis un an déjà.

Le travail des correspondants à l'étranger de CBC/Radio-Canada en est un autre exemple. Chaque jour, de partout dans le monde, et ces derniers temps de l'Afghanistan, nos reporters viennent donner une lecture canadienne de l'actualité internationale. Aucun autre radiodiffuseur ne possède une équipe de journalistes d'aussi fort calibre travaillant indifféremment en anglais et en français, à la radio comme à la télévision, ce qui couvre nos quatre services médias.

Voilà tout le pouvoir de la convergence. Et cette convergence porte sur le contenu de la programmation.

Et ce n'est là que le commencement, Monsieur le président. L'arrivée sur le marché des magnétoscopes personnels risque fort bien de changer les habitudes d'écoute et de miner les mécanismes de financement de la télévision. De plus, les services de transmission à bande large et de films à la carte vont avoir des répercussions énormes sur notre industrie.

Comme l'a dit avec tant de justesse Lord Denning : " Le changement est inéluctable. Survivre, là est la question. "

CBC/Radio-Canada offre aux Canadiens des quatre coins du pays un lieu d'apprentissage et d'échanges en français ou en anglais sur les ondes de ses chaînes de radio et de télévision.

Un lieu où leur voix peut se faire entendre haut et fort sur Internet.

Un modèle de radiodiffusion publique envié dans tous les pays.

Il ne fait pas de doute dans notre esprit : CBC/Radio-Canada est un élément vital du système canadien de radiodiffusion et est appelée à jouer un rôle encore plus important dans l'avenir.

Certes, la tâche qui vous attend est colossale. Vos recommandations seront déterminantes pour le système canadien de radiodiffusion des dix prochaines années. Votre travail revêt donc une importance vitale.

Monsieur le président, nous répondrons maintenant avec plaisir à vos questions.

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