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le 24 septembre 1998

Distinctivement canadien... et fier de l'être!

Devant l'Association américaine du marketing — Section d'Ottawa — Perrin Beatty

Je tiens tout d'abord à vous remercier de m'avoir invité de nouveau comme premier conférencier de votre série de conférences d'automne.

Plusieurs d'entre vous sont des amis de longue date et plusieurs d'entre vous sont des sympathisants de longue date du radiodiffuseur public national. Et vous êtes tous au courant des contraintes auxquelles doivent faire face des institutions comme la nôtre, qui doivent servir le Canada et les Canadiens en cette époque de changements importants tant dans les domaines de la technologie et de la fiscalité, que de l'industrie de la radiodiffusion et de la concurrence.

L'an dernier, dans un discours que j'ai eu l'honneur de prononcer à cette même tribune, j'avais tracé les grandes lignes de l'effort entrepris pour restructurer, rationaliser et consolider les activités de Radio-Canada. Aujourd'hui, les coûts de gestion du siège social de Radio-Canada ne représentent plus qu'un cent sur un dollar. Nous avons atteint et même dépassé les normes qui existent dans le secteur privé, ce qui constitue un véritable exploit de la part d'une institution fréquemment accusée d'inefficacité.

À cette occasion, je vous avais également fait part de ma conviction profonde que Radio-Canada devait traiter les Canadiens d'abord et avant tout comme des citoyens, avant de les traiter comme des consommateurs. Je vous avais également mentionné mon engagement sincère en vue de garantir que Radio-Canada parle de ce qui se passe au Canada à travers des voix canadiennes.

La Société Radio-Canada est le plus important organisme culturel du Canada. Elle doit donc refléter le Canada dans sa diversité et son caractère unique. Nous devons être à la hauteur de la confiance qu'on nous fait en tant que seule institution fédérale présente dans les salons ou les salles de séjour des foyers canadiens.

C'est le rôle de Radio-Canada de refléter les valeurs et la culture du Canada, de faire la promotion de notre patrimoine national et de notre créativité, et d'encourager la libre circulation des idées et des discussions éclairées. C'est précisément parce que la Société Radio-Canada pénètre dans tous les foyers canadiens que nous avons l'obligation de contribuer à l'édification de notre sentiment d'appartenance et de notre identité nationale.

Ma présence ici même aujourd'hui survient le jour précis où des choses importantes se passent pour Radio-Canada.

Ce matin, nous avons fait notre présentation devant le CRTC sur l'avenir du contenu canadien à la télévision. Ce soir, nous lançons officiellement, à Ottawa, les nouvelles grilles Radio et Télévision des réseaux anglais et français de Radio-Canada. De fait, je limiterai mon propos pour vous donner un avant-goût de ce que sera notre nouvelle grille de programmation. Pour être franc, nous voulons faire la promotion de nos nouvelles émissions auprès de vous, qui êtes les professionnels du marketing dans notre capitale nationale.

L'an dernier, nous avons entrepris un virage important vers la canadianisation des émissions de la Télévision anglaise en période de grande écoute. Cette année, nous allons poursuivre ce virage en nous attaquant à la programmation de toute la journée, qui sera presque entièrement de contenu canadien, ce qui nous oblige à remplacer des centaines et des centaines d'heures d'émissions américaines.

En tant qu'experts en marketing, vous savez pertinemment que la fidélité d'un auditoire à une émission ou à un produit tient à son identité distincte. La raison d'être de la Société Radio-Canada doit aussi être son identité. Et cette identité se reflète dans la visibilité de sa programmation canadienne. Les auditeurs savent reconnaître la qualité quand ils la voient — l'an dernier, huit des 10 plus importantes émissions dramatiques à contenu canadien ont été diffusées par Radio-Canada. Cette année, nous avons reçu 178 nominations aux Gemini et 185 aux Gémeaux.

La Télévision anglaise de Radio-Canada recueille 42% de l'auditoire qui regarde en période de grande écoute les émissions canadiennes, alors que le pourcentage pour la Télévision française est de 47%. Vous devriez être sensibles à ces chiffres, vous qui, en tant qu'annonceurs nationaux, cherchez à atteindre les marchés francophone et anglophone.

Nous façonnerons cette présence distinctement canadienne en présentant de nouvelles séries dramatiques ou humoristiques et en mettant l'accent sur les documentaires canadiens et les émissions destinées à la jeunesse faites ici.

Pit Pony, qui relate l'amitié d'un garçon et d'un cheval de mine, racontera l'histoire d'une famille de Glace Bay au tournant du xxe siècle.

Dooley Gardens mettra en vedette Mary Walsh, de l'émission This Hour Has 22 Minutes, et Andy Jones, de Codco, avec, pour toile de fond, la ville de St. John's.

Vous retrouverez dans de nouveaux téléfilms les personnages des séries Road to Avonlea et North of 60. Da Vinci's Inquest sera centré sur la vie d'un coroner à Vancouver. Country Canada sera présenté à une heure de grande écoute. Une minisérie, Big Bear, racontera les aventures épiques d'un chef cri-des-Plaines qui se bat pour empêcher que son peuple ne soit parqué dans une réserve.

À l'instar d'autres émissions destinées à la jeunesse comme Jonovision, on retrouvera dans cette même catégorie des divertissements télévisuels comme Dick and Tracy et Scoop and Doozie. En plus, cette année, nous allons offrir à la jeunesse canadienne une heure de programmation supplémentaire sans publicité.

Il y aura des biographies de Joey Smallwood, Donovan Bailey, Mary Pickford et Terry Fox, ainsi qu'un documentaire à partir de l'œuvre In the Flanders' Fields. Nous présenterons des émissions spéciales sur Anne Murray, Kurt Browning et David Foster. Nous produirons également un film sur l'histoire de Sue Rodriguez.

Les dramatiques canadiennes proposées par la Télévision française sont encore promises à un succès phénoménal. Qu'on pense à La Petite Vie, qui continue à attirer des auditoires records, et à des émissions comme Virginie, Bouscotte, Omertà, ainsi qu'à Réseaux, Radio, et Caserne 24, qui s'annoncent tout aussi captivantes.

Outre les émissions dramatiques, la programmation entièrement canadienne que Radio-Canada présente aux heures de grande écoute comprend aussi bien des émissions divertissantes et très populaires comme Un gars, une fille et La Fureur que des magazines d'information suivis par un auditoire important comme La Facture, Enjeux et une nouvelle émission axée sur les grands reportages : Zone libre.

Le dimanche, Radio-Canada fait une large place à la culture de chez nous, tant dans ses magazines De bouche à oreille et La Vie d'artiste que dans la programmation prestigieuse des Beaux Dimanches. Celle-ci comprend des productions dramatiques comme Zaza d'abord, Le Pays dans la gorge et Talk Radio, des films musicaux sur Bartók, Vivaldi et Debussy, des portraits d'artistes comme Sol et Jean-Paul Riopelle. On propose aussi des émissions mettant en vedette des chanteurs d'ici comme Michel Rivard et Zachary Richard en Louisiane, Solstice rouge avec Kashtin, qui met en valeur la richesse culturelle des autochtones, Le Show du Refuge avec Dan Bigras et Bébé Dragon, un conte de Noël de Daniel Lavoie.

La Télévision française est fière de consacrer 20% de son temps d'antenne aux jeunes. Un nombre important de nouveautés leur sont proposées cette saison, dont À la poursuite de Carmen Sandiego, qui aiguisera leur intérêt pour l'histoire, Les Débrouillards et Super Mécanix qui répondront aux mille et une questions qu'ils se posent sur le monde des sciences. Tant en information qu'en divertissement, Radio-Canada n'a ménagé aucun effort pour consolider et accroître son auditoire considérable avec une programmation renouvelée de toute première qualité.

Au moment d'aborder sa dixième saison, Newsworld a augmenté le nombre de ses émissions économiques pour mieux informer les Canadiens sur ce qui les touche véritablement. Et, cette année, il y aura davantage de coproductions des réseaux français et anglais. Newsworld et le RDI vont chacun diffuser une émission hebdomadaire montrant les meilleurs reportages du Téléjournal et de son pendant anglais, The National.

La Société Radio-Canada est le seul diffuseur au Canada qui possède des équipes bilingues. Nous pouvons et nous allons tisser des liens entre les anglophones et les francophones du Canada. Le RDI et Newsworld travaillent à la coproduction d'une série d'émissions, appuyés par des équipes bilingues de jeunes journalistes qui couvriront le quotidien dans tous les coins du pays. Et la toute nouvelle émission pour enfants, Corinne&Colin/ Kit and Kaboodle, sera diffusée en anglais et en français. Nous ferons la production en anglais de pièces de Michel Tremblay et de Jacques Godbout qui seront également présentées à la Radio française.

Radio-Canada fera davantage de coproductions, dans les deux langues, à la Radio comme à la Télévision, dans les secteurs des émissions jeunesse, des arts et de la culture, des affaires publiques, de la musique et des émissions spéciales. Nous sommes conscients de la situation privilégiée qui est la nôtre en tant que seul diffuseur canadien d'émissions de radio et de télévision solidement implanté dans les deux communautés linguistiques et qui devrait, à l'avenir, mettre à profit ces forces jusqu'à présent sous-exploitées.

Personnellement, j'exprime le désir profond que Radio-Canada exploite au maximum les nouveaux médias. Nous sommes déjà le télédiffuseur qui utilise le plus Internet. Cette année, nous allons ajouter un nouveau contenu dans le domaine des arts et de la culture, tout en développant les rubriques destinées aux enfants et aux amateurs de sports. InfoCulture sera la première source Internet, tant en français qu'en anglais, à refléter la riche diversité des arts visuels et dramatiques de notre culture.

Je veux profiter de l'occasion qui m'est offerte pour remercier publiquement tout le personnel de Radio-Canada qui a œuvré à revigorer, à canadianiser et à moderniser notre programmation. Nous lançons une nouvelle saison avec enthousiasme.

Je voudrais également faire preuve à votre endroit de la même franchise dont j'ai fait montre ce matin, aux audiences du CRTC, à propos de l'avenir du contenu canadien à la télévision.

Les émissions canadiennes font face à une forte concurrence des émissions américaines, produites à grands frais et qui font l'objet de vastes campagnes publicitaires. À la Télévision anglaise, les catégories d'émissions les plus vulnérables sont justement celles qui reflètent nos valeurs et notre culture : les émissions dramatiques, les documentaires et les émissions jeunesse. L'arrivée massive de nouvelles chaînes étrangères spécialisées ne fait que compliquer la situation.

La réalité est pourtant bien simple. Il en coûte cinq fois plus cher pour produire une émission canadienne que pour importer une émission étrangère. D'une part, on assiste à une véritable augmentation des émissions à contenu canadien disponibles tandis que, d'autre part, l'effet est dilué par la prolifération des canaux. De toutes les émissions destinées aux enfants et diffusées au Canada, 70% sont américaines. Et la situation dans le domaine des dramatiques est encore pire quand on sait que ce pourcentage atteint 93%.

Il existe trois défis que les télédiffuseurs canadiens devront relever afin de renverser la situation à leur avantage. Pour la Télévision anglaise, il faut créer au Canada les conditions nécessaires à l'accroissement du contenu visuel canadien en même temps qu'une augmentation des auditeurs d'émissions à contenu canadien. Pour la Télévision française, il faut produire davantage d'émissions de qualité, qui pourront être diffusées sur les réseaux traditionnels ou les chaînes spécialisées.

Finalement, nous devons avoir une plus grande ouverture face à la technologie et, surtout, nous devons permettre à tous les producteurs d'émissions à contenu canadien l'accès à la fine pointe de la technologie en matière de diffusion.

La Société Radio-Canada a lancé un défi aux membres de cette industrie, celui d'accroître de 50% le contenu canadien pour les dramatiques, les documentaires et les émissions jeunesse. Je dois cependant répéter qu'il n'est pas suffisant d'augmenter le contenu canadien. Il faut que le téléspectateur canadien se sente attiré par ce contenu. Il faut qu'on raconte des récits de chez nous et il nous faudra en faire une promotion efficace auprès des Canadiens.

Pour paraphraser la fameuse question de Monseigneur Berkeley, qui demandait : «Si un arbre tombe dans la forêt et qu'il n'y a personne pour l'entendre, l'arbre est-il réellement tombé?», je demande : «Si nous produisons une émission à contenu canadien et que personne ne la regarde, peut-on réellement prétendre avoir produit une émission?»

On trouverait peut-être un début de réponse aux défis que devront relever les télédiffuseurs canadiens en augmentant le pourcentage exigé de contenu canadien dans certaines catégories d'émissions sous-représentées. Mais ce n'est qu'une partie de la réponse. Il faut absolument écarter toute demande d'aide gouvernementale accrue car cela serait aussi futile que les chicanes sur la l'allocation des subventions.

Il nous faut absolument reconnaître les changements gigantesques qui sont survenus partout dans le monde de la télévision et en tirer profit à l'avantage des diffuseurs canadiens. Nous devons adopter, puis adapter, les structures financières, les stratégies de marketing et les nouvelles initiatives déployées par nos concurrents.

On assiste actuellement au remplacement des diffuseurs traditionnels comme noyau central du secteur de la radiodiffusion. Au plan mondial, on perçoit un regroupement progressif autour de ce qu'on pourrait appeler des «constellations». Il s'agit de structures complexes qui fournissent aux diffuseurs de la planète une production de plus en plus importante d'émissions de télévision. Théoriquement, ces constellations se composent de réseaux très serrés de distribution, de production et de toutes sortes d'activités de programmation qui gravitent autour d'une chaîne de distribution très étendue comme un réseau de télévision.

Vous connaissez tous, dans cette salle, le nom de ces principales constellations : Disney (qui contrôle ABC), Time Warner (qui contrôle CNN et HBO) et Rupert Murdoch qui dirige Fox.

À elle seule, la corporation Disney possède sept compagnies de production de films, 13 chaînes câblées, plusieurs centaines de magazines, 3,400 stations de radio affiliées, six compagnies de multimédia, trois maisons de disques, des centaines de boutiques et plus d'une douzaine de quotidiens ainsi que la chaîne ABC, trois parcs à thème, sans compter des bateaux de croisière.

À la Société Radio-Canada, nous croyons que la politique et les règlements canadiens en matière de radiodiffusion devraient tenir compte de cette nouvelle réalité des constellations plutôt que de se rabattre sur les réseaux et les stations. La politique canadienne devrait favoriser l'émergence de puissantes constellations canadiennes qui s'engageraient à produire, à distribuer et à exporter des émissions de qualité, à contenu véritablement canadien.

Une constellation peut faire la promotion d'un produit dans plusieurs marchés. Elle peut répartir ses frais grâce à une diffusion multipliée d'une même émission. Elle peut aussi faire une promotion croisée, ou une diffusion simultanée, profiter des économies d'échelle, cibler très précisément un auditoire et créer un système de vedettariat qui permet d'attirer les auditeurs. Enfin, elle peut réduire les risques financiers.

Nous devons donc adopter une toute nouvelle approche : les Canadiens ont changé leur façon de regarder la télévision, et nous devons, nous aussi, changer avec eux. Si nous continuons à vivre tournés vers le passé, nous allons y être relégués.

La création de nouvelles constellations canadiennes pourrait répondre au besoin qui existe pour plus d'émissions à contenu canadien. Et, ce qui est tout aussi important, une constellation peut fournir un linéaire élargi, prolonger la durée de vie des produits et créer de puissants outils pour faire la promotion de produits canadiens. Dans un monde où la concurrence mondiale est très forte, le Canada doit redoubler d'efforts pour innover, tout en composant avec les conséquences économiques, sociales et culturelles qu'entraîne la création de ces constellations.

La Société Radio-Canada s'est engagée sans réserve à remplir son mandat, qui est d'informer, d'éclairer et de divertir les Canadiens avec des émissions à contenu canadien. C'est grâce à la profusion et à la qualité des émissions de Radio-Canada que l'on commence à voir émerger un système de vedettariat au Canada. Nous sommes heureux de jouer au Canada le rôle de pépinière de talents. Je suis convaincu que vous verrez cette détermination lors du lancement, aujourd'hui, de notre nouvelle saison radio et télé.

La Société Radio-Canada est tout aussi déterminée à jouer un rôle de leader dans l'édification de structures favorables à l'accroissement du contenu canadien des émissions et à une augmentation de l'auditoire. C'est la raison pour laquelle nous défendons une nouvelle façon d'aborder la politique gouvernementale qui doit se fonder sur la réalité d'aujourd'hui et sur le potentiel que nous offre l'avenir.

Les Canadiens et les Canadiennes ont toujours accueilli à bras ouverts ce que les autres pays avaient de mieux à offrir. En même temps, nous chérissons ce que nous avons bâti ensemble.

Nos enfants doivent apprendre leur histoire. Nos enfants doivent comprendre la diversité canadienne et les valeurs que nous partageons tous. Nos enfants doivent avoir toutes les chances possibles de voir et d'entendre le Canada à travers des yeux canadiens, des voix canadiennes et des récits canadiens.

En tant que président-directeur général de votre radiodiffuseur public national, je comprends cette responsabilité. Je la comprends également en tant que Canadien.

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