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le 9 mars 2006

Notes d'allocution pour Robert Rabinovitch au Empire Club de Toronto

Notes d'allocution pour Robert Rabinovitch, Président-directeur général, CBC/Radio-Canada, au Empire Club de Toronto

(Priorité au discours prononcé)

Il y a six ans maintenant que je suis président-directeur général de CBC/Radio-Canada et l'une des choses que j'ai découvertes, c'est que les Canadiens n'hésitent pas à exprimer leurs opinions au sujet de Radio Canada, qu'ils en pensent du bien ou du mal.

Ils me disent lorsqu'ils n'ont pas aimé la manière dont nous avons couvert un sujet d'actualité, par exemple. Ils me parlent de documentaires qui les ont touchés ou d'émissions qui les ont fait rire, ou m'expliquent qu'ils se réveillent à tous les matins en compagnie de l'un de nos animateurs de la radio et se couchent à tous les soirs après avoir regardé les actualités de la journée, commentées par Bernard Derome ou Peter Mansbridge.

Ces conversations-là, ce sont celles qui sont plaisantes. Mais j'ai également d'autres conversations qui sont plus troublantes -- quoique sans doute plus importantes -- au sujet de l'avenir de CBC/Radio-Canada.

Certains disent que les meilleures années de CBC/Radio-Canada sont derrière elle; que dans un univers multi-chaînes et multi-médias, où nous avons accès à toutes sortes de contenus, nous n'avons plus besoin d'un radiodiffuseur public.

Je suis fermement convaincu que ce n'est pas le cas.

Je suis ici aujourd'hui pour vous dire que si CBC/Radio-Canada connaît un passé dont elle peut être fière, l'avenir de la radiodiffusion publique s'annonce tout aussi passionnant.

Vous avez probablement lu récemment que notre nouvelle ministre du Patrimoine canadien estime que le moment est venu de réexaminer le mandat de CBC/Radio-Canada. À mon avis, ce sera une bonne chose. Nous pensons que toute discussion sur le rôle et la place du radiodiffuseur public national sera bienvenue.

De fait, nous aurons une excellente occasion d'aborder ces sujets vers la fin de cette année, lorsque nous nous présenterons devant le CRTC pour demander le renouvellement de toutes nos licences de radiodiffusion pour les sept prochaines années.

Nous devons donc nous demander ce que sera le rôle du radiodiffuseur public, non seulement dans le Canada d'aujourd'hui, mais aussi dans celui des sept prochaines années. Que devons-nous faire pour nous assurer que les Canadiens peuvent s'exprimer sur les ondes? CBC/Radio-Canada doit être le champion incontesté d'une programmation canadienne passionnante, présentée sous toutes ses formes et sur tous ses services. Le champion incontesté d'une programmation canadienne passionnante, voilà ce que nous devrions être. C'est cela notre objectif et c'est cela notre vision.

Mais comment se présente CBC/Radio-Canada aujourd'hui? Pour satisfaire le public qui souhaite des services spécialisés, nous offrons une plus large gamme d'émissions, sur un plus grand nombre de plateformes :

  • dix services de radio ou services audio;
  • huit réseaux de télévision transmis en direct, par câble, par satellite, en ligne, sur demande et sans fil;
  • deux sites Web généralistes et plusieurs sites spécialisés.

Mais nous sommes également un fournisseur de contenu. Nous produisons, nous acquérons et nous diffusons tout, des nouvelles et actualités aux dramatiques, émissions musicales, émissions de jeunesse, émissions de sports ainsi que arts de la scène. Et nous avons désormais la possibilité de diffuser nos émissions lorsque vous, le public, voulez les voir -- le bulletin d'information, The National, par exemple, est présenté à 21 h, 22 h, 23 h et minuit à tous les soirs.

Au cours des six dernières années, nous avons déployé des efforts considérables pour accentuer davantage le caractère de service public de CBC/Radio-Canada. Nous avons obtenu de beaux succès :

  • Nos services de radio français et anglais continuent à recueillir les plus fortes cotes d'écoute au pays, car nous avons les programmeurs les plus talentueux et la programmation la plus distincte et originale. Il suffit de quelques secondes pour savoir que l'on écoute la Première Chaîne ou CBC Radio One, et non pas une radio commerciale.
  • La Radio de Radio-Canada connaît un grand succès depuis la création d'Espace musique, lancée pour pallier le manque de variété musicale sur les ondes.
  • Il y a trois ans, la Télévision de Radio-Canada a entrepris un exercice de repositionnement. Dans l'objectif de produire des émissions plus audacieuses, plus attrayantes et plus stimulantes, Radio-Canada a créé des émissions désormais célèbres comme Les Bougon -- c'est aussi ça la vie! et Tout le monde en parle. Et le public a apprécié les efforts du réseau.
  • Radio-Canada.ca et CBC.ca figurent toujours parmi les sites Web de nouvelles et d'information les plus populaires du pays, et lorsque survient un événement, c'est vers ces sites que les Canadiens se tournent pour avoir les dernières nouvelles. Ce sont également les sites dont les Canadiens se servent pour télécharger leurs émissions préférées, qu'ils écoutent ensuite sur leurs baladodiffuseurs ou leurs lecteurs MP3. (Bientôt, ils téléchargeront leurs émissions de télévision préférées.)

Mais nous devrons faire plus encore. Ainsi, pour conserver leur position, nos services de radio devront modifier leur programmation afin de l'adapter à l'évolution des besoins et des intérêts des Canadiens.

Cela signifie que CBC Radio Two devra préserver son précieux passé tout en élargissant son envergure, afin que l'on puisse entendre un plus grand nombre d'artistes canadiens. Elle devra sortir de sa zone de sécurité actuel. Le succès de CBC Radio sera défini par les répercussions positives et mesurables qu'elle aura sur la communauté créatrice de l'ensemble du Canada.

Nos services de radio en français et en anglais devront s'intéresser aux nouvelles technologies -- comme la baladodiffusion et la radio par satellite. En formant un partenariat avec SIRIUS pour lancer un service canadien, nous n'avons pas seulement lancé six nouvelles chaînes de CBC/Radio-Canada, mais nous avons étendu la portée de nos services de radio à de nouveaux auditoires dans toute l'Amérique du Nord. Nous avons créé un marché nord-américain pour les talents et les idées des Canadiens.

La radio, qui est un service fondamentalement local, doit également s'adapter aux déplacements de la population. Hamilton, par exemple, qui se trouve à seulement 60 kilomètres d'ici par l'autoroute QEW, a une population de 500 000 habitants. Elle ne reçoit aucune programmation locale de CBC, seulement le signal de Toronto -- et c'est également le cas de Kitchener/Waterloo, et que dire de Saskatoon? La définition de notre empreinte de diffusion actuelle date du début des années 1970. Aujourd'hui, il y a 6 millions de Canadiens qui n'ont pas accès à une programmation locale appropriée de CBC Radio One.

Nous devons donc constamment essayer de prévoir comment les choses vont évoluer. Que voudront de nous les Canadiens l'an prochain et au cours des sept prochaines années?

Sur le plan de l'exploitation, nous devons également nous demander ce que nous pouvons faire de plus pour fonctionner de manière plus efficiente? Pour être plus efficaces? Comment pouvons-nous dégager des économies et des revenus que nous pourrons investir dans la programmation?

Au cours des dernières années, nous avons réussi, grâce à une gestion rigoureuse de nos ressources, à réaliser jusqu'à 102 millions de dollars d'économies ponctuelles. Nous avons également pris d'autres mesures qui nous ont permis de générer des économies et des revenus annuels de 65 millions de dollars. Le financement est l'un des principaux obstacles auxquels CBC/Radio Canada doit faire face, et tous ces efforts pour améliorer notre efficacité ont joué un rôle crucial dans l'obtention des succès de programmation dont je vous ai parlé tout à l'heure.

Mais cela n'est pas suffisant.

Il faut savoir que :

  • En 1985, nos crédits parlementaires d'exploitation équivalaient à 1,3 milliard en dollars actuels. Aujourd'hui, notre financement vaut 335 millions de dollars de moins -- soit juste un peu moins de 1 milliard de dollars.
  • Certains montants qui nous sont octroyés par le gouvernement ne sont pas permanents. Il est difficile de créer de nouvelles émissions lorsqu'on ne sait pas si le financement sera disponible.
  • Si l'on exclut les augmentations de salaires, il y a plus de 30 ans que nous n'avons pas obtenu d'augmentation permanente de nos crédits d'exploitation.
  • Nous avons donc augmenté le nombre de services que nous offrons, tandis que notre financement diminuait. Je vous le dit, nous sommes en train de mourir à petit feu.

Et nos plaintes ne sont pas sans raison non plus. Selon une récente étude qui portait sur les systèmes de radiodiffusion publique de 26 pays de l'OCDE, lorsqu'on tient compte du financement par rapport au PIB, le Canada se classe au 22e rang sur les 26 pays étudiés.

Des pays comme le Danemark, la Finlande, la Norvège et la Grande-Bretagne octroient tous un financement public qui est de trois à quatre fois supérieur à ce que nous dépensons au Canada.

La BBC, qui est considérée comme la norme d'excellence de la radiodiffusion publique, reçoit 7,3 milliards de dollars de fonds publics, diffuse principalement en anglais et ne dessert pas six fuseaux horaires. Cela représente 122 $ par personne.

Pour moins de 1 milliard de dollars de fonds gouvernementaux, les Canadiens ont 27 services nationaux et internationaux, en français, en anglais et en huit langues autochtones dans le Nord. Et pour tout cela, ils paient chacun une trentaine de dollars par année. Comparez cela avec la radio par satellite, qui coûte 160 $ par année, vos droits de câblodistribution ou même les 11 $ que vous payez pour aller voir un seul film à votre Cineplex.

Une exploitation efficace et un financement adéquat sont certes deux conditions nécessaires pour réussir, mais elles ne sont pas suffisantes. Nous devons également revoir la conception que nous avons de nos auditoires, de notre programmation et de notre manière de créer, de commander et de diffuser nos émissions.

Nous devons être plus légers, simplifier notre structure de prise de décision, supprimer la bureaucratie qui inhibe la créativité. Nous devons nous ouvrir à la communauté créatrice plus vaste du Canada. Nous employons des professionnels de la radiodiffusion parmi les plus talentueux et les plus imaginatifs au monde, et ils vous diront que nous sommes trop insulaires, trop satisfaits et trop lents. Pourquoi faut-il des mois pour approuver ou rejeter une émission? Nous devons créer un environnement plus favorable pour nous-mêmes et pour nos partenaires du secteur de la production indépendante.

En deux mots, notre organisation n'est pas aussi créative qu'elle devrait l'être. Nous allons devoir être plus souples.

Ceci étant dit, je suis persuadé qu'en dépit des défis qu'ils devront surmonter, la plupart de nos services sont bien positionnés pour l'avenir qui s'annonce passionnant.

Venons-en maintenant à notre télévision anglaise. Vous aurez remarqué que, lorsque j'ai évoqué quelques-uns de nos succès, je n'ai pas parlé de CBC Television. Si le réseau connaît certains succès, il demeure que c'est la pièce du puzzle de la radiodiffusion publique qui devra recevoir le plus d'attention.

Voici tout d'abord quelques faits :

CBC Television reçoit un peu plus du quart du financement total que le gouvernement octroie à la Société. Le reste de son budget, soit plus de 50 pour cent, provient de ses activités commerciales -- la publicité, les droits d'abonnement, les ventes d'émissions. Comment peut-on se considérer comme un radiodiffuseur public, quand il faut rivaliser avec le secteur privé pour obtenir plus de 50 pour cent de son budget? En réalité, CBC Television n'est que partiellement une télévision publique.

Comprenez-moi bien. Les nouvelles, les documentaires, les émissions d'affaires publiques, les émissions de jeunesse, les émissions artistiques et les émissions de sports de CBC Television n'ont pas leurs pareilles.

Mais le réseau se heurte à un défi de taille. Et ce défi est également l'un des plus grands défis que notre pays doit aujourd'hui relever sur le plan culturel.

Si vous regardez le secteur des arts et de la culture au Canada anglais, vous verrez que dans l'ensemble, il est sain, sinon florissant.

Pas plus tard que cette semaine, un réalisateur-producteur canadien a remporté l'Oscar du meilleur film, et l'un des deux films qui ont fait les plus grosses recettes hebdomadaires, The Pink Panther, a été écrit à Montréal par Len Blum. Nos auteurs, nos artistes, nos danseurs, nos producteurs de documentaires et nos musiciens connaissent le succès non seulement chez nous, mais à l'étranger également.

Mais il manque quelque chose et ce quelque chose, ce sont les dramatiques : les dramatiques télévisées de langue anglaise. Et c'est là qu'intervient CBC Television.

Je veux parler de séries dramatiques, de comédies et d'émissions de variétés. Des émissions qui sont non seulement produites au Canada, mais qui sont faites pour les Canadiens et reflètent notre sensibilité particulière.

Malgré la prolifération de nouveaux types de médias, malgré les nouvelles technologies, malgré la fragmentation des auditoires, la télévision demeure le moyen de communication de masse qui a le plus d'influence dans le monde occidental -- elle est le principal vecteur de diffusion de la culture dans nos sociétés et un puissant moyen pour renforcer l'appartenance à une identité commune.

Et pourtant, le Canada n'a pas fait autant de progrès dans le domaine des dramatiques télévisuelles que dans d'autres secteurs -- comme la musique et la littérature.

Si l'on remonte presque vingt ans en arrière, en Europe et en Australie, on constate que les gens là-bas regardaient très peu d'émissions produites chez eux -- des émissions qui leur parlaient d'eux, de leur réalité, qui reflétaient leur pays et leurs intérêts. Tout comme au Canada aujourd'hui, leurs ondes étaient dominées par des émissions qui venaient d'ailleurs, en majeure partie des États-Unis.

Aujourd'hui, la situation a changé. Si vous regardez ce qui se passe en Europe, en Grande-Bretagne ou en Australie aujourd'hui, vous verrez que c'est la programmation nationale qui domine aux heures de grande écoute.

Comment cela s'est-il produit? Les radiodiffuseurs, les gouvernements et le milieu de la production indépendante ont tous concentré leurs efforts sur la création de dramatiques dans lesquelles leurs auditoires se reconnaissent, qui leur parlent d'eux.

CBC Television devrait prendre des risques et produire des émissions qui innovent -- des équivalents canadiens de The Office, en Grande-Bretagne, ou de Six Feet Under, chez nos voisins.

Bien sûr, il y a eu de grands succès canadiens -- Corner Gas, DaVinci's Inquest, Shattered City: The Halifax Explosion -- mais pas de la même ampleur que les émissions que je viens de mentionner. Pourquoi le radiodiffuseur public ne pourrait-il pas régulièrement présenter des émissions canadiennes de grande qualité, qui attirent un million de téléspectateurs ou plus? Nos émissions de divertissement devraient être le domaine où l'on s'attend à prendre de grands risques, où l'on essuie parfois des échecs et où l'on connaît des succès étonnants.

Dans un monde où les intérêts et les besoins des auditoires évoluent rapidement, et où les émissions changent plus rapidement, il faut pouvoir s'adapter. Si nous n'avons pas les moyens de produire des douzaines d'émissions pilotes pour n'en choisir qu'une seule, comme cela se fait aux États-Unis, nous ne pouvons pas non plus nous permettre de simplement garder une émission à l'antenne parce que nous l'avons déjà produite. Si une émission ne plaît pas, nous devons l'admettre et essayer de nouveau. Pas l'an prochain, lorsque nous aurons terminé de diffuser toute la série. Mais tout de suite!

Les auditoires ne continueront pas à regarder ou à écouter une émission simplement parce que nous l'avons mise à l'antenne, et ils n'attendront pas non plus indéfiniment pour que nous leur proposions quelque chose de mieux. Car c'est bien simple, si nous ne sommes pas pertinents, les Canadiens n'auront pas besoin de nous. Nous devons être plus attentifs aux goûts de nos auditoires.

Ce dont nous avons besoin, c'est d'une masse critique de dramatiques de facture canadienne. Il ne suffit pas de faire une ou deux bonnes émissions, il faut réhabiliter le genre tout entier. Si l'on propose aux Canadiens des dramatiques canadiennes en quantité et en qualité suffisantes, à des moments où ils regardent effectivement la télévision, elles réussiront à séduire les auditoires.

Il peut paraître impossible de rapatrier notre programmation dramatique télévisuelle aux heures de pointe, lorsqu'on sait que l'an dernier neuf des dix émissions les plus populaires au Canada étaient américaines. Mais tous les autres pays développés l'ont fait, et nous aussi, nous l'avons fait. Je vais vous expliquer comment.

En août 2002, j'ai nommé Daniel Gourd vice-président principal de la Télévision de Radio-Canada. À l'époque, l'auditoire du réseau diminuait de façon constante depuis une dizaine d'années, la concurrence produisait des dramatiques d'une qualité croissante, présentées aux heures de grande écoute, et les gens remettaient en question la pertinence et l'utilité de Radio-Canada.

Le moral était bas et il régnait un sentiment de défaitisme, une impression que nous ne pouvions rien faire de bien. La Télévision de Radio-Canada était en crise, en chute libre.

Daniel a pris quelques mesures élémentaires :

Il a pris quelques décisions difficiles, mais fermes, qui ont été impopulaires à l'époque -- il a réduit les budgets des secteurs hors programmation et a annulé des séries emblématiques, mais en perte de vitesse. Il a réussi ainsi à dégager suffisamment d'argent pour pouvoir faire des investissements importants dans de nouvelles émissions. Il a défini clairement certaines qualités pour notre nouvelle programmation : de l'audace, la capacité d'intéresser de vastes auditoires et de la passion. Et il s'y est tenu, il a pris de grands risques et il a lancé plusieurs saisons successives de nouvelles séries dramatiques et de divertissement.

Et que s'est-il passé? Certaines de ces nouvelles émissions ont été des échecs et elles ont été rapidement retirées des ondes. D'autres sont encore suivies aujourd'hui par près de 2 millions de téléspectateurs chaque semaine, dans un marché qui compte à peine 7 millions de personnes. En trois ans, notre part d'auditoire en période de grande écoute est passée de 16,5 à 22 pour cent. Les cotes d'écoute ont progressé, les revenus ont progressé et la créativité aussi a fait de beaux progrès. Durant la même période, le réseau a augmenté sa programmation dans le secteur des actualités à plus de 40 heures par semaine. Et aujourd'hui, au lieu de nous reprocher de ne pas être pertinents, nos détracteurs nous reprochent d'être trop populaires.

Mesdames et messieurs, cela peut se faire. Nous pouvons le faire. Nous l'avons fait.

Mais pour le faire au Canada anglais, il faudra en avoir la volonté. Nous avons pris quelques décisions très difficiles aux réseaux français pour dégager des fonds à investir dans la nouvelle programmation. Comme vous l'avez vu au cours des dernières semaines, nous allons faire la même chose à CBC Television. Mais l'investissement qui sera nécessaire pour pouvoir offrir aux Canadiens le genre et la qualité de programmation qu'ils attendent de CBC Television est tout simplement trop important et les économies internes ne suffiront pas.

Il est temps de se poser la question : voulons-nous une télévision publique au Canada? Voulons-nous des émissions canadiennes au Canada? Si la réponse est oui, alors il faudra trouver des solutions de financement qui fonctionnent.

Des solutions qui nous permettront de répondre aux réalités de l'univers actuel de la radiodiffusion.

CBC Television a besoin d'une nouvelle formule de financement qui reconnaît non seulement sa situation particulière, mais également son rôle particulier.

Je suis cependant réaliste en ce qui concerne l'avenir. Je ne m'attends pas vraiment à ce que le gouvernement décide dès demain de remédier à nos revenus publicitaires et d'augmenter de surcroît nos crédits annuels, afin que nous puissions nous attaquer au défi des dramatiques télévisuelles. Mais il faudra inverser notre tendance à dépendre de plus en plus lourdement des revenus commerciaux et mettre en place un plan concerté pour faire face au défi le plus urgent sur le plan culturel au Canada.

En retour, à condition de disposer des ressources adéquates, nous pourrons faire de CBC Television la pierre angulaire de la programmation dramatique canadienne, en suivant l'exemple des radiodiffuseurs publics partout ailleurs dans le monde.

Quand on regarde vers l'avenir, il est clair que nous devrons prendre certaines mesures -- dans tous nos services -- pour obtenir du succès :

  • Nous devrons nous assurer que toutes les collectivités importantes du Canada ont accès à une programmation de radio locale de CBC/Radio-Canada.
  • Nous devrons être plus courageux et prendre plus de risques.
  • Nous devrons briser la structure qui ralentit la prise des décisions en matière de programmation, limite notre accès aux meilleurs talents disponibles et réduit notre capacité d'innover.
  • Nous devrons adapter avec succès notre programmation aux nouvelles technologies émergentes, comme nous l'avons fait en présentant les Jeux olympiques sur les téléphones cellulaires et la vidéo sur demande.
  • Et nous devrons créer des dramatiques télévisuelles canadiennes, telles que les gens se dépêcheront littéralement de rentrer chez eux pour ne pas les manquer.

Avec la technologie, notre monde est plus petit, et les choix de contenu étranger se multiplient et vont continuer à se multiplier. Ce sont des arguments qui militent pour, et non pas contre, l'existence d'un radiodiffuseur public national fort et dynamique.

Nous devons ménager un espace public pour la programmation canadienne dans les médias actuels et nouveaux -- que ce soit à la radio, à la télévision ou sur les formidables nouvelles technologies émergentes. Un espace où CBC/Radio-Canada peut se faire le champion du contenu canadien de qualité, où les Canadiens peuvent se voir, s'entendre et observer ce qu'ils vivent.

Avec votre aide, nous allons renouveler et renforcer une institution qui devrait avoir autant d'importance pour notre avenir qu'elle en a eue pour notre passé.

Merci.

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