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Le 28 avril 2006

Notes d'une allocution de Robert Rabinovitch prononcée à l'occasion du Symposium national du Barreau du Haut-Canada

Notes d'une allocution du président-directeur général de CBC/Radio-Canada, Robert Rabinovitch, prononcée à l'occasion du Symposium national du Barreau du Haut-Canada et de la Section du droit de l'information et des télécommunications de l'Association du Barreau canadien, à Ottawa.

(Priorité au discours prononcé)

Merci et bon après-midi.

Depuis sa fondation il y a 70 ans, CBC/Radio-Canada a toujours eu une idée relativement claire de ce que signifiait le terme « radiodiffusion ».

Au sens large, il s'agissait de la transmission d'images et de sons à partir de studios jusqu'à des émetteurs, puis vers des postes de radio et de télévision partout au pays et, plus tard, partout dans le monde. Nous supposions alors que les consommateurs étaient passifs, s'adaptant à notre horaire et à notre choix d'émissions.

Vous savez comme moi que ce n'est plus du tout le cas.

Aujourd'hui, les auditoires passent allègrement d'un média à un autre, regardant la télévision sur un baladodiffuseur, jetant un coup d'œil aux Jeux olympiques sur leur téléphone cellulaire, utilisant la voix sur IP pour parler à leurs amis à l'étranger et écoutant la radio par satellite.

Il suffit de voir comment CBC/Radio-Canada a évolué au fil du temps pour comprendre. Il y a 70 ans, nous étions exclusivement un diffuseur Radio. Aujourd'hui, nous communiquons avec les Canadiens en anglais, en français et dans huit langues autochtones à partir de 27 plateformes différentes.

La radiodiffusion est en pleine transformation. Les frontières entre les composantes traditionnelles et les nouvelles caractéristiques de l'univers médiatique deviennent floues.

Et le cycle d'innovation s'accélère.

Pour bien des gens dans le secteur de la radiodiffusion, ce changement constitue une menace. À CBC/Radio-Canada, nous sommes conscients des défis qui nous attendent, mais nous savons aussi qu'il y aura d'immenses possibilités.

Nous sommes déjà en train d'explorer - avec un succès considérable - certaines des possibilités qu'offre le nouveau monde de la radiodiffusion. Ainsi, CBC.ca et Radio-Canada.ca font partie des sites Web les plus populaires auprès des Canadiens qui veulent obtenir des nouvelles et des actualités à jour.

Nous avons aussi établi des alliances avec SIRIUS Canada, une coentreprise de radiodiffusion par satellite qui dépasse déjà largement ses objectifs d'abonnement prévus pour la première année et qui fait connaître nos talents canadiens partout en Amérique du Nord.

Grâce à de nouvelles plateformes, nous redécouvrons d'anciens auditoires et en trouvons de nouveaux. Par exemple, au cours des six derniers mois, CBC/Radio-Canada a enregistré plus de quatre millions de téléchargements de fichiers de baladodiffusion en anglais et en français.

Qui télécharge ces fichiers? Des personnes de 18 à 34 ans - pas vraiment le public typique de la Radio de CBC/Radio-Canada! Et que téléchargent-ils? Des émissions d'information, de science et de divertissement telles que Quirks & Quarks, Vinyl Café, Les années lumière et Le sport autrement.

Grâce à ces nouvelles plateformes, des gens qui ne trouveraient pas autrement le temps d'écouter des émissions pendant la journée découvrent qu'ils peuvent maintenant profiter de notre programmation intelligente et distinctive au moment et à l'endroit qui leur conviennent.

Toutefois, l'adaptation aux nouvelles technologies ne constitue qu'une partie de la réponse à la question que nous devons aborder ici aujourd'hui, qui est de savoir comment les radiodiffuseurs publics s'adaptent aux changements qui surviennent dans le monde de la radiodiffusion.

Pour continuer d'être pertinente, CBC/Radio-Canada ne doit pas se borner à s'adapter aux nouvelles technologies.

Elle doit aussi reconnaître que la composition démographique et culturelle de notre pays change, au même titre que les besoins et les intérêts de nos auditoires.

Il faut donc changer notre façon de penser par rapport à nos auditoires, à notre programmation et à nos processus de création, de commande et de diffusion des émissions.

Il ne faut surtout pas oublier que, même dans un monde soumis à des changements technologiques incroyables, le contenu est roi. Or, quiconque possède le contenu et peut le réutiliser sur différentes plateformes prospérera. Nous ne nous sommes plus des « producteurs d'émissions de télévision » ni des « producteurs d'émissions de radio ». Aujourd'hui, nous sommes des producteurs de contenu.

Pour réussir, nous devrons toutefois être plus agiles. Nous devrons nous doter de structures décisionnelles simplifiées et éliminer la bureaucratie qui nuit à la créativité et à la compétitivité.

Nous devrons nous ouvrir à de plus vastes ressources créatrices à l'échelle du Canada. Il nous faudra aussi cesser de travailler en vase clos, de nous reposer sur nos lauriers et agir plus rapidement.

Nous devrons continuer de chercher de nouvelles méthodes de collaboration avec des partenaires privés - à l'instar de ce que nous faisons avec la radio par satellite, avec Bell Mobilité pour les Olympiques, avec Rogers pour la vidéo sur demande et avec certaines de nos chaînes spécialisées.

Nous devrons prendre plus de risques dans notre programmation et stimuler nos auditoires.

Par exemple, nos services de Radio anglais et français ont connu un succès sans précédent en partie du fait que nous disposons des meilleurs programmateurs et de la programmation la plus distinctive du pays. Il suffit d'écouter pendant trois secondes seulement pour savoir que nous avons syntonisé CBC Radio One ou la Première Chaîne de Radio-Canada plutôt qu'une station privée.

Cependant, si on se tourne vers CBC Television, on constate que ce service doit constamment s'évertuer à fournir des émissions qui racontent des histoires canadiennes suffisamment captivantes pour attirer un grand nombre de téléspectateurs.

En effet, notre programmation actuelle ne répond pas aux besoins d'une grande partie des téléspectateurs canadiens, y compris des téléphages les plus assidus. Non pas que ces gens détestent CBC Television ou n'apprécient pas le rôle qu'elle joue, mais ils trouvent qu'aucune des émissions diffusées sur ce réseau ne présente un intérêt pour eux.

Nous savons que le rôle d'un radiodiffuseur public est entièrement différent de celui des radiodiffuseurs privés du pays - même s'il est complémentaire.

Malgré l'augmentation du nombre de médias, malgré les nouvelles technologies et malgré la fragmentation des auditoires, la télévision reste encore le média de masse le plus omniprésent du monde occidental - il s'agit du principal moyen de diffusion de la culture dans la société, qui constitue un puissant outil de consolidation de l'identité.

Prenons par exemple la question des dramatiques télévisées produites au pays par et pour des Canadiens, et reflétant notre caractère unique. S'il n'y a eu aucune révolution dans le domaine des dramatiques, c'est en grande partie à cause des coûts. En effet, il faut plus d'un million de dollars pour produire des émissions d'une heure qui généreront environ 125 000 dollars en revenus publicitaires.

Si nous voulons que les dramatiques canadiennes percent le marché, nous devrons créer une masse critique d'émissions canadiennes. Il ne suffira pas de produire une ou deux bonnes émissions; nous devrons complètement réinventer le genre. Si nous voulons attirer de plus vastes auditoires, il faudra rendre les dramatiques canadiennes plus accessibles en les offrant en quantité suffisante et en s'assurant qu'elles sont d'assez bonne qualité. En outre, nous devrons les présenter aux heures de grande écoute lorsque les gens regardent la télévision.

Et seul le radiodiffuseur public dispose de la place requise dans sa grille pour le faire. En effet, les conditions économiques associées à la télévision canadienne garantissent presque à coup sûr que les radiodiffuseurs privés continueront - et devront continuer - de présenter simultanément les émissions américaines qui attirent de vastes auditoires.

Même si nous avons pour mandat d'offrir une programmation canadienne qui informe, éclaire et divertit, rien ne nous empêche de le faire d'une façon qui incite un grand nombre de Canadiens à regarder ou à écouter.

Et nous ne devrions pas nous en priver. Même si les parts d'auditoire ne constituent qu'un élément de mesure de notre succès et de notre pertinence, nous ne pourrons pas être considérés comme un radiodiffuseur public si nous n'avons pas de public.

Permettez-moi de vous raconter une anecdote.

En août 2002, la Télévision de Radio-Canada avait vu son auditoire fondre depuis une décennie. La concurrence produisait de plus en plus des dramatiques de grande qualité aux heures de grande écoute, et les gens remettaient en question la pertinence de Radio-Canada.

Nous avons alors pris quelques mesures fondamentales, mais difficiles en réduisant les budgets non liés à la programmation et en annulant certaines séries emblématiques, mais en perte de vitesse, afin de libérer des fonds que nous pourrions investir dans de nouvelles émissions audacieuses et beaucoup plus attrayantes. Puis nous avons pris d'énormes risques et lancé des saisons successives de nouvelles séries dramatiques et d'émissions de divertissement.

Trois ans plus tard, les cotes d'écoute de la Télévision de Radio-Canada étaient à la hausse, au même titre que les revenus et la créativité. Notre part d'auditoire aux heures de grande écoute était passée de 16,5 pour cent en 2002 à 22 pour cent en 2005. Très impressionnant!

Certaines nouvelles émissions se sont soldées par un échec et ont rapidement été retirées des ondes. Mais aujourd'hui, au lieu de nous accuser de manquer de pertinence, nos détracteurs nous reprochent d'être trop populaires.

Il est essentiel que notre programmation soit divertissante et amusante en plus d'être intelligente, intéressante et attrayante. Comme le déclare le livre blanc du gouvernement britannique portant sur la BBC, la radiodiffusion de services publics ne doit pas être « confinée à des causes nobles. En fait, dans la plupart des cas, la production [d'un radiodiffuseur public] ne réalisera son plein potentiel et ses objectifs de politique publique qu'en divertissant ses téléspectateurs et ses auditeurs ».

Nous devons jouer un rôle prépondérant sur le plan des nouvelles technologies, que ce soit en permettant le téléchargement de notre programmation sur les Jeux olympiques à partir de téléphones cellulaires ou en donnant accès à nos émissions de science et d'information primées aux adeptes de la radio par satellite ou de la baladodiffusion.

À mesure que nos téléspectateurs prennent une part plus active au choix de l'heure et de l'endroit où ils regardent ou écoutent notre contenu, nous devrons également nous adapter en créant de nouvelles émissions et de nouveaux contenus, et en réutilisant les produits actuels sur de nouvelles plateformes. Même si nous souscrivons aux possibilités que présente cet univers en mutation, notre bonne volonté et notre bonne intention ne suffiront pas. Nous aurons aussi besoin d'un financement approprié.

Cela fait maintenant plus de 30 ans que notre budget d'exploitation gouvernemental n'a pas fait l'objet d'augmentations permanentes autres que les hausses salariales standard accordées par l'État.

Une récente étude portant sur les systèmes de radiodiffusion publics dans 26 pays de l'OCDE révèle que lorsqu'on pondère le financement en terme de pourcentage du PIB, le Canada se classe au 22e rang parmi les 26 pays visés par l'étude.

Si vous prenez CBC Television, par exemple, vous verrez qu'elle ne reçoit qu'un peu plus du quart du financement total de la Société, soit environ 275 millions de dollars. Le reste de son budget, plus de 50 pour cent, provient de ses activités commerciales - publicité, frais d'abonnement, vente d'émissions. Comment peut-on s'appeler un radiodiffuseur public lorsque plus de 50 pour cent de son budget découle de la concurrence que l'on fait au secteur privé? En réalité, CBC Television n'est que partiellement un radiodiffuseur public. À cause des pressions commerciales exercées par ce modèle de financement, il est normal qu'il y ait des répercussions sur le type de programmation que nous réalisons.

Au cours des six dernières années, nous avons déployé des efforts en vue d'accroître notre efficacité pour faire des économies et dégager des revenus réinvestis par la suite dans la programmation. Grâce à une gestion efficace de nos ressources, nous avons réalisé 102 millions de dollars en économies ponctuelles et avons entrepris des initiatives qui génèrent chaque année 65 millions de dollars en économies et en revenus constants.

Pourtant, ce n'est pas suffisant. En plus de modifier notre façon de penser et de fonctionner, nous devrons nous attaquer à la question du financement si nous voulons que les Canadiens continuent d'avoir accès à des émissions canadiennes.

Ainsi, nous devrons examiner sérieusement la question des frais de distribution. Maintenant que la diffusion des signaux de base se fait par satellite, par câble et bientôt par Internet, pourquoi les distributeurs devraient-ils obtenir notre signal gratuitement?

Le radiodiffuseur public de chaque pays doit fournir des services distinctifs en fonction des besoins des habitants. Dans cet univers à 500 chaînes, le choix de contenu étranger se multiplie et continuera de se multiplier. Et cela est particulièrement vrai au Canada, qui a comme voisin le plus grand producteur de contenu du monde.

Il existe une lacune fondamentale dans la programmation de la télévision anglaise au Canada. Nous devons créer des dramatiques télévisuelles nationales. Seul un radiodiffuseur public national dynamique peut s'atteler à cette tâche.

Dans un monde où les technologies changent et où de nouvelles plateformes voient constamment le jour, les gens cesseront d'être des téléspectateurs et des auditeurs, et deviendront des chercheurs de contenu. CBC/Radio-Canada sera la principale source de contenu canadien distinctif dans tous les genres.

Au cours des prochains mois, nous prévoyons avoir une foule d'occasions d'échanges avec nos parties intéressées - le CRTC, le gouvernement, nos partenaires et le public - dans le cadre de discussions portant sur tous ces enjeux. Nous appuierons entièrement ces débats et y participerons activement. Il est à espérer que ces débats seront tournés vers l'avenir, car la fin de la télévision telle que nous la connaissons aujourd'hui approche à grands pas.

Je vous remercie de votre attention et je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.

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