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Le 27 novembre 2006

CBC/Radio-Canada propose un nouveau modèle de télévision canadienne

Robert Rabinovitch, président-directeur général de CBC/Radio-Canada, devant le CRTC, Gatineau (Québec)

Introduction

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les conseillers, je me présente, Robert Rabinovitch, président-directeur général de CBC/Radio-Canada. J'ai à mes côtés Sylvain Lafrance, vice-président principal des Services français, Richard Stursberg, vice-président principal de CBC Television, ainsi que Ray Carnovale, vice-président et chef de la direction technologique et Michel Tremblay, vice-président à la Stratégie et au Développement commercial.

Nous sommes très heureux d'être ici aujourd'hui pour présenter les commentaires de CBC/Radio-Canada dans le cadre de cette audience qui est cruciale pour l'avenir de la télévision conventionnelle. Nous vous avons distribué des copies du document présentant nos commentaires ainsi que de la documentation de référence que j'utiliserai au cours de mon exposé.

D'entrée de jeu, je tiens à préciser que les documents que nous avons déposés le 27 septembre dernier et notre exposé d'aujourd'hui portent uniquement sur votre appel d'observations à propos de la politique sur la télévision conventionnelle. Notre intention n'est pas de profiter de cette occasion pour aborder d'autres enjeux.

Votre détermination à entreprendre ce processus revêt un caractère extrêmement important pour l'ensemble du système canadien de radiodiffusion, dans la mesure où la télévision conventionnelle continue d'être la pierre d'assise de ce système.

À CBC/Radio-Canada, nous sommes fiers de faire partie de ce secteur et d'avoir contribué à sa réussite tout au long de son histoire.

Cette réussite a été jusqu'ici le produit des efforts consentis tant par les intervenants publics que privés, oeuvrant dans le respect de la Loi sur la radiodiffusion et sous votre direction, dans l'atteinte des objectifs communs de la politique publique. Cette combinaison d'intérêts publics et privés visant la réalisation de ces objectifs communs est un aspect fondamental de notre système canadien de radiodiffusion et constitue l'essence même de la Loi sur la radiodiffusion.

Comme vous le savez très bien j'en suis sûr, pour atteindre ces objectifs, chacun des intervenants de cette industrie, qu'il s'agisse des radiodiffuseurs publics ou privés, doit pouvoir compter sur un modèle économique soutenu par un financement important provenant du gouvernement et des revenus publicitaires. Comment faire alors pour évaluer dans quelle mesure cette histoire a été une réussite pour les radiodiffuseurs publics et privés de la télévision conventionnelle canadienne ? Les faits sont éloquents.

Chaque semaine, tout au long de l'année, 90 pour cent des téléspectateurs canadiens regardent une chaîne de télévision conventionnelle. La télévision conventionnelle est la base des stations locales, le foyer des émissions canadiennes originales, tant dramatiques que de divertissement, tout en étant la principale source d'émissions de nouvelles locales et d'affaires publiques.

Comme vous avez pu le constater dans les documents que nous vous avons soumis le 27 septembre dernier, les radiodiffuseurs conventionnels, tant publics que privés, sont maintenant responsables de la création et de la première diffusion de presque tout le contenu canadien diffusé aux heures de grande écoute, qu'il s'agisse des séries canadiennes les plus populaires d'émissions spéciales.

Il ne faut pas oublier non plus le rôle crucial que joue la télévision conventionnelle en présentant aux Canadiens des émissions de nouvelles et d'actualités internationales, et ce, dans une perspective toute canadienne.

De plus, nous sommes le moteur du financement de toutes les émissions de télévision originales canadiennes. Nous contribuons pour 75 pour cent du financement total des émissions dramatiques et des comédies originales canadiennes.

Il n'est donc pas exagéré de dire de la télévision conventionnelle qu'elle est la pierre d'assise de l'industrie de la télévision canadienne. C'est un fait.

Étant donné le rôle central joué par la télévision conventionnelle, il est essentiel que la prochaine politique télévisuelle du Conseil établisse un cadre qui puisse assurer la bonne santé de la télévision conventionnelle en reconnaissant les défis auxquels fait face le secteur actuellement.

J'aimerais m'attarder plus particulièrement aux deux défis qui, à notre avis, sont les plus importants :
-l'affaiblissement du modèle économique pour la télévision conventionnelle;
-la transition à la télévision numérique et le rôle de la transmission par voie hertzienne.

Modèle économique de la télévision conventionnelle

Premièrement, notre modèle économique. Il est bien connu que la télévision conventionnelle dépend largement des revenus publicitaires. Cela est vrai pour les radiodiffuseurs conventionnels privés et pour CBC/Radio-Canada.

En effet, CBC Television est financée à plus de 50 pour cent par des revenus commerciaux, la grande majorité de ceux-ci provenant de la publicité. De même, la Télévision de Radio-Canada est financée à plus de 40 pour cent par des revenus commerciaux, la grande majorité de ceux-ci provenant de la publicité. Placés devant une telle réalité, nous sommes extrêmement préoccupés, tout comme nos homologues privés du secteur de la télévision conventionnelle, par tout fléchissement des revenus publicitaires.

La fragmentation de l'auditoire, conjuguée aux progrès technologiques qui modifient la façon dont les émissions sont diffusées et offertes, amène les annonceurs à repenser leur comportement envers la publicité à la télévision conventionnelle. Par conséquent, le modèle publicitaire qui a soutenu les radiodiffuseurs conventionnels pendant des décennies connaît un fléchissement.

Cela aussi est un fait.

De nombreux intervenants à ces audiences ont fait référence au rapport de juin 2006 de PriceWaterhouse Coopers qui présentait la télévision conventionnelle comme le secteur de l'industrie des médias canadiens faisant face au plus grand défi au chapitre de la croissance des revenus au cours des cinq prochaines années. Il est tout aussi alarmant de constater qu'au cours des deux dernières années, PriceWaterhouse Coopers a réduit ses prévisions quinquennales de croissance de revenus pour les radiodiffuseurs conventionnels de 50 pour cent.

PriceWaterhouse Coopers n'est pas le seul à penser ainsi.

Scotia Capital prévoit que les revenus des radiodiffuseurs conventionnels diminueront de deux pour cent l'an prochain. De même, aux États-Unis, Kagan Research prévoit que les ventes publicitaires aux heures de grande écoute des radiodiffuseurs conventionnels diminueront de un pour cent cette année.

Tous ces analystes, ainsi que d'autres, comme TD Newcrest et Yankee Group, considèrent que la fragmentation et l'impact des nouvelles technologies et des nouvelles plateformes sont à l'origine de cet environnement difficile pour les radiodiffuseurs conventionnels.

Malheureusement, tandis que les revenus publicitaires fléchiront, les coûts de programmation des radiodiffuseurs conventionnels continueront d'augmenter – comme ils l'ont toujours fait – au moment même où nous chercherons à respecter nos engagements en matière de programmation et de service. La combinaison de ces deux facteurs – des revenus qui stagnent et des coûts qui augmentent – laisse présager un avenir sombre pour les radiodiffuseurs conventionnels.

Nous avons colligé ces données pour vous à la page 1 de vos documents de référence.

Ce tableau – établi à partir des prévisions de revenus sur cinq ans de PriceWaterhouse Coopers, que personne n'a mis en doute et qui, en fait, ont été citées par de nombreuses EDR dans leur propre mémoire – démontre qu'une baisse des revenus publicitaires telle que prévue par PWC, conjuguée à la croissance historique des coûts obligera les radiodiffuseurs conventionnels à assumer des pertes importantes avant même que le Conseil entreprenne le prochain examen de sa politique télévisuelle.

Je dois préciser que ce tableau illustre simplement la tendance historique des coûts.

Essentiellement, l'affaiblissement du marché publicitaire fera en sorte qu'il sera impossible pour les radiodiffuseurs conventionnels de poursuivre les objectifs du Conseil en ce qui a trait à leur capacité d'offrir une programmation originale canadienne, y compris une programmation locale, une programmation en HD, des dramatiques, etc.

L'avenir n'augure rien de bon si les radiodiffuseurs canadiens continuent de dépendre des revenus publicitaires comme principale source de financement.

Admissibilité des diffuseurs canadiens aux revenus d'abonnement

Que doit-on faire pour remédier à cette situation ?

Premièrement, il est important de comprendre que nous ne suggérons pas au Conseil d'établir des mesures financières spécifiques dans le cadre de ces audiences. Les données sont tout simplement insuffisantes pour trouver une solution spécifique et complète à ce moment-ci.

Par contre, nous avons besoin dès maintenant que le Conseil énonce clairement que les radiodiffuseurs conventionnels sont admissibles aux revenus d'abonnement générés par les EDR. À la lumière de tous les documents produits dans le cadre de cette instance, cela semble amplement justifié.

Cet énoncé de politique mettrait effectivement les radiodiffuseurs conventionnels sur le même pied d'égalité – économique – que les services spécialisés qui ont accès à la fois aux revenus de publicité et aux revenus d'abonnement.

Un énoncé sur l'admissibilité ne garantirait toutefois pas aux radiodiffuseurs conventionnels une part des revenus d'abonnement.

L'objectif d'un tel énoncé de principe serait de fournir au Conseil et aux radiodiffuseurs conventionnels les outils nécessaires dans l'avenir pour permettre aux télévisions conventionnelles de demeurer le moteur du système canadien de radiodiffusion et de remplir les objectifs de politique publique du CRTC.

Il reviendrait au Conseil de déterminer si ces outils sont nécessaires au moment du renouvellement de la licence du diffuseur, en tenant compte de facteurs tels que les engagements du diffuseur sur le plan réglementaire et ses propositions sur de nouvelles initiatives pour poursuivre la promotion des objectifs du système de radiodiffusion.

Selon nous, cette approche serait à la fois pragmatique et juste.

Elle permettrait un examen individuel de la situation de chaque diffuseur, au lieu de mettre tous les radiodiffuseurs dans le même moule.

Cela permettrait aussi d'éviter la situation actuelle où les abonnés aux EDR paient leur accès aux signaux des radiodiffuseurs conventionnels sans que ces derniers obtiennent une part des revenus associés.

Si vous allez à la page 2 de la documentation, vous pourrez voir les résultats d'une étude que CBC/Radio-Canada a commandée récemment, et dont on vous a remis une copie aujourd'hui. 

Les résultats de cette étude révèlent que 90 pour cent des Canadiens croient qu'ils paient les services des radiodiffuseurs conventionnels lorsqu'ils règlent leur facture d'abonnement au câble ou au satellite.

Malgré la gratuité de l'offre de ces services sur les ondes hertziennes, les abonnés canadiens aux EDR se rendent bien compte de la valeur des signaux de télévision conventionnelle qu'ils reçoivent de leurs câblodistributeurs ou de leurs distributeurs par satellite. Je crois qu'ils seraient surpris d'apprendre que les radiodiffuseurs qui créent et fournissent ces signaux ne perçoivent pas un cent sur la facture que les abonnés paient pour le câble ou le satellite.

Nous pensons qu'il est tout à fait opportun que le Conseil incorpore dans sa politique télévisuelle révisée un énoncé de politique indiquant que les radiodiffuseurs conventionnels sont admissibles à une portion des revenus d'abonnement des EDR, revenus générés par la programmation que fournissent ces radiodiffuseurs.

Encore une fois, à la lumière de tous les documents produits dans cette instance, cette démarche est absolument justifiée.

Transition au numérique/HD

Passons maintenant au second volet de l'exposé : la transition au numérique/HD et le rôle de la diffusion hertzienne.

Comme nous le savons tous, le monde des communications est entré dans l'ère du numérique, et les radiodiffuseurs conventionnels doivent suivre le rythme. Compte tenu de cette situation et du besoin d'assurer une gestion efficace du spectre, nous avons recommandé que le Conseil et Industrie Canada encouragent la transition au numérique en fixant une date butoir pour la conversion de l'analogique à la HD.

La question n'est donc pas de savoir si la télévision conventionnelle au Canada devrait passer au numérique.

Il faut plutôt se demander comment procéder au mieux dans cette transition? Comment la financer? Et avec quelle rapidité pouvons-nous le faire?

Au début des années 1970, le gouvernement a demandé à CBC/Radio-Canada de s'engager dans un Plan de rayonnement accéléré pour s'assurer que toutes les collectivités de 500 habitants et plus auraient accès à nos signaux de télévision hertzienne.

L'infrastructure hertzienne de CBC/Radio-Canada a donc été grandement élargie à l'aide d'un financement spécial accordé par le gouvernement à la Société.

À l'époque, la réception hertzienne était un instrument important et de grande portée pour la distribution des signaux hertziens de télévision auprès des Canadiens, qui, dans la majorité, avaient adopté ce mode de réception.

Toutefois, si vous allez à la page 3 de la documentation, vous constaterez le déclin prononcé de la réception hertzienne de 1972 à 2005. Comme vous le voyez, en l'espace d'environ 30 ans, la pénétration de la distribution par voie hertzienne est passée d'un peu plus de 60 pour cent à un peu plus de 10 pour cent.

Pendant ce temps, les émetteurs analogiques de CBC/Radio-Canada arrivent au terme de leur durée de vie utile et les fonds pour les remplacer sont limités. En fait, aucun financement n'a été accordé à CBC/Radio-Canada pour le remplacement de ces émetteurs.

Étant donné les niveaux actuels de réception, il serait financièrement irresponsable d'essayer de remplacer l'intégralité de l'infrastructure de transmission analogique par un système numérique.

Toutefois, nous devons aussi garder à l'esprit que, même si les niveaux de réception hertzienne ont radicalement chuté à de nombreux endroits au Canada, bien des gens reçoivent encore leurs signaux de télévision par voie hertzienne. Étonnamment, la distribution par satellite étant devenue très populaire dans les zones rurales, la plupart des clients de la distribution analogique résident dans les centres urbains.

Pour régler le problème du déclin global des niveaux de réception hertzienne, tout en reconnaissant que la transmission hertzienne demeure importante dans certains marchés canadiens, nous avons mis au point une approche hybride selon laquelle 44 émetteurs hertziens numériques seraient installés dans des grands marchés, les autres secteurs étant desservis par d'autres technologies de distribution : le satellite, le câble dans certains cas ou même peut-être la télévision sur IP.

À la page 4 de la documentation, vous pouvez voir un tableau illustrant la couverture hertzienne actuelle de CBC/Radio-Canada et la couverture obtenue grâce à notre approche hybride.

Pour nous, le modèle hybride constitue un choix évident. En fait, il pourrait représenter la seule option pour CBC/Radio-Canada dans sa transition à un environnement numérique/HD.

Déterminer la rapidité à laquelle se fera la transition est une question financière qui nous renvoie au modèle économique en perte de vitesse des radiodiffuseurs conventionnels.

Même si nous continuons de consacrer des ressources au défi du numérique/HD, notre secteur n'a tout simplement pas les ressources financières nécessaires pour entreprendre cette transition de manière opportune et efficace pour la programmation canadienne. Pour sa part, CBC/Radio-Canada estime que, selon les prévisions de revenus publicitaires établies par PriceWaterhouse Coopers, il nous faudra 12 autres années pour procéder à la conversion complète de nos services anglais et français de télévision en services numériques/HD.

L'accès à un financement supplémentaire, et en particulier à des revenus d'abonnement, est donc crucial.

Encore une fois, notre proposition vise à rendre les télédiffuseurs conventionnels admissibles aux revenus d'abonnement – sans toutefois en faire une garantie – afin de contrebalancer le modèle économique actuel, fondé sur la publicité et de plus en plus défaillant. Ce nouveau modèle donnerait aux télédiffuseurs conventionnels les ressources financières nécessaires pour assurer la transition au nouvel environnement numérique multiplateformes, qui pourrait offrir des contenus de qualité au niveau local, en haute définition ou en dramatiques, selon les décisions du Conseil.

Nous proposons également un système qui permettrait aux radiodiffuseurs conventionnels de fonctionner d'égal à égal sur le plan financier avec les services spécialisés.

Il est essentiel que le Conseil agisse dès maintenant afin de créer au cours des prochaines années les conditions nécessaires pour permettre aux radiodiffuseurs conventionnels de continuer de jouer un rôle majeur dans l'essor du système canadien de radiodiffusion.

Je vous remercie de m'avoir permis de m'exprimer sur ce sujet. Nous sommes à votre disposition pour répondre à vos questions.

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