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le 30 septembre 2004

Le Bureau, vu de l'extérieur

Notes pour une allocution de Robert Rabinovitch, Président-directeur général, CBC/Radio-Canada, au Séance annuelle d'information du personnel du Bureau du vérificateur général, Ottawa

Introduction

Je suis très heureux d'avoir l'occasion de vous entretenir aujourd'hui de CBC/Radio-Canada et de vous faire part de ma vision de la relation entre nos deux organismes.

Je tiens d'abord à vous féliciter pour le choix du thème de la réunion de cette année.

Il ne fait aucun doute qu'en sollicitant le point de vue d'une personne de l'extérieur sur son travail, votre organisme fait preuve d'assurance et de compétence.

J'appuie de tout cœur votre détermination à établir une relation de collaboration intense avec les entreprises dont vous êtes les vérificateurs.

Bien entendu, j'estime que CBC/Radio-Canada entretient d'excellentes relations avec le BVG.

Néanmoins, il est toujours possible d'envisager certains aménagements dans le but de les renforcer.

À propos de CBC/Radio-Canada

Avant de poursuivre sur ce sujet, permettez-moi de vous mettre au courant de l'évolution de la situation de CBC/Radio-Canada.

À titre de radiodiffuseur public national du Canada, nous offrons aux Canadiens une programmation distincte de celle des réseaux privés au pays, essentiellement dominée par le contenu étranger. Telle est notre raison d'être.

Avec un budget annuel d'environ 1,5 milliard de dollars canadiens, nous rejoignons nos auditoires grâce à deux réseaux nationaux de télévision et à quatre réseaux nationaux de radio, à des services spécialisés, à des sites Internet, à des services jeunesse sur le Web et à Radio Canada International.

Nous offrons nos services en français et en anglais. Dans le Grand Nord, nous diffusons dans huit langues autochtones.

Tracer une nouvelle voie

Il y a quatre ans… face à l'intensification de la concurrence, à l'escalade des coûts et à la forte baisse du financement public parallèlement à l'augmentation des attentes des Canadiens… nous avons décidé qu'il fallait revoir notre approche en profondeur pour assurer la survie de CBC/Radio-Canada et son essor dans le monde contemporain de la radiodiffusion.

1) Le moment était venu de revenir à notre mandat original de radiodiffuseur public, c'est-à-dire de :

… cesser de vouloir plaire à tout le monde.

… nous concentrer sur les services plutôt que sur les cotes d'écoute.

… traiter les membres de l'auditoire comme des citoyens, pas comme des consommateurs.

… de proposer une VRAIE solution de rechange au courant général.

C'est ainsi que nous avons entrepris de rehausser la teneur canadienne de nos grilles.

Nous avons cherché à consolider notre position dans le domaine de l'information au Canada… et notre rôle de tribune publique où s'échangent des idées et des opinions résolument canadiennes sur les événements qui marquent la vie de notre pays et celle du monde entier.

Nous avons accru le contenu régional pour refléter la diversité canadienne, qui tire son origine dans la géographie de notre pays.

Nous avons augmenté le contenu multiculturel afin de montrer la réalité canadienne, qui ne cesse de se transformer.

Nous présentons un plus grand nombre d'émissions éducatives et d'émissions jeunesse sans publicité.

Davantage d'émissions culturelles, pour révéler au public les artistes canadiens et leurs œuvres.

Plus d'émissions de sport amateur, pour faire connaître les athlètes de la nouvelle génération et montrer leurs performances.

Bref, nous avons voulu permettre davantage aux Canadiens de s'ouvrir à la diversité canadienne et de l'intégrer.

Aujourd'hui, je peux affirmer que nous avons réussi à repositionner nos services de radio et de télévision de base et que, typiquement canadiens, ils complètent aujourd'hui très bien ceux du secteur privé. Nos cotes d'écoute en sont une preuve éclatante.

En effet, les cotes d'écoute des réseaux anglais et français de radio ont atteint des sommets. Celles de nos deux services de télévision ont aussi passablement remonté et ce, dans un marché caractérisé par la concurrence de multiples chaînes et la fragmentation de l'auditoire. Même si les cotes d'écoute ne sont pas notre moteur principal, elles montrent qu'une programmation typiquement canadienne peut attirer les téléspectateurs.

2) Nous avons aussi étendu la gamme de nos services … par exemple, en ajoutant des plateformes innovatrices, souvent conjointement avec de nouveaux partenaires.

Les nouveaux services comme CBC.ca, Radio-Canada.ca, Radio Three, bandeapart.fm, Galaxie, The Documentary Channel, Country Canada et ARTV, sans compter les services de CBC/Radio-Canada sur Bell Express Vu, ont tous été à la hauteur de nos attentes. Nous faisons aujourd'hui équipe avec des sociétés privées pour offrir un service de radio par satellite.

Au total, nous avons maintenant 18 plateformes différentes de diffusion pour la radio, la télévision et les nouveaux médias.

Grâce à elles, dans l'univers multimédia actuel, les Canadiens ont le choix du lieu, du moment et du véhicule pour accéder à nos services.

3) Bien sûr, de tels progrès s'accompagnent inévitablement d'une transformation profonde de notre mode de gestion.

Nous avons, dans tous les secteurs de la Société, réduit les coûts et fait montre d'une plus grande souplesse. Cela s'est traduit par des économies et des revenus suffisants pour appuyer une programmation et des services de haut calibre.

Dans votre dernier rapport d'examen spécial quinquennal, vous nous avez recommandé de prêter davantage attention à la gestion de nos biens immobiliers.

C'est pourquoi en 2000 nous avons réorganisé notre portefeuille immobilier et recruté dans le secteur privé un nouveau président de la Division immobilière. Grâce à une gestion plus serrée de nos actifs, nous obtenons des revenus récurrents de plus de 12 M$. Ces fonds supplémentaires nous ont également permis de financer les déménagements et l'intégration des services à Ottawa, Edmonton et Québec.

Les nouvelles technologies de production — de la vidéotique et de la radiotique aux serveurs, aux fibres optiques et au partage, grâce au numérique, du matériel des nouvelles entre les composantes médias — nous aident à révolutionner nos prestations. Notre couverture des Jeux olympiques en est un très bon exemple.

L'adoption de nouveaux modes de gestion de nos biens immobiliers, de nos actifs de transmission, de nos cars de reportage utilisés pour la production des nouvelles ainsi que de nos services institutionnels se solde par des économies et de nouveaux revenus évalués à plusieurs millions de dollars.

La relation entre CBC/Radio-Canada et le BVG

Évidemment, tous ces changements font naître une certaine incertitude et s'accompagnent de risques.

… Cela coûte cher de présenter une programmation de haut calibre et on ne peut jamais être sûr que les résultats seront à la hauteur des investissements.

… Il faut roder les nouveaux services, faire de petits réglages ici et là, et laisser le temps faire son œuvre pour fidéliser les téléspectateurs.

… La modernisation des technologies et des méthodes d'exploitation, de même que l'établissement de nouveaux partenariats sont des activités complexes, qui comportent inévitablement une part d'incertitude.

Ceci me ramène à la nature de la relation que CBC/Radio-Canada souhaite avoir avec le BVG.

En vertu de la loi, le BVG est à la fois le vérificateur de CBC/Radio-Canada et celui du Parlement. La vérification des activités du Parlement est, bien sûr, prioritaire.

Du fait de ce double mandat, votre position est, à mon avis, délicate, voire peut-être même intenable.

Certes, vous devez rendre compte au Parlement des efficiences comme des déficiences après avoir procédé aux sondages de vérification appropriés.

En fait, la Loi sur la radiodiffusion prescrit au BVG de de procéder, pour le compte du Conseil d'administration, à une évaluation indépendante et objective des systèmes et pratiques de la Société, afin de déterminer s'ils garantissent dans la mesure du possible :

  • la protection et le contrôle des actifs de la Société;
  • la gestion économique et efficace des ressources de la Société;
  • l'efficacité des opérations de la Société.

Je souscris tout à fait à ce mandat... un mandat que j'estime approprié et nécessaire.

En fait, ce mandat de surveillance donné au BVG est, selon moi, une autre façon de montrer aux Canadiens que leur investissement dans CBC/Radio-Canada est rentable.

Là où le bât blesse, en revanche, c'est que nous ignorons si nous pouvons porter à votre attention des problèmes difficiles, même insolubles, afin de solliciter votre avis sur la meilleure façon d'y faire face.

Êtes-vous tenus de rendre compte de toutes les situations que nous portons à votre attention ou pouvons-nous nous concerter pour solutionner un problème, dans un climat de confiance? êtes-vous partagés entre votre rôle de mandataire du Parlement et votre rôle qui consiste à aider les dirigeants à régler — et non pas à signaler — les situations difficiles?

J'ai travaillé dans le secteur privé de nombreuses années avant de prendre les commandes de CBC/Radio-Canada.

J'y ai appris que les vérificateurs peuvent être de précieux conseillers pour les entreprises désireuses d'innover dans la conduite de leurs affaires.

Ils peuvent jouer un rôle essentiel dans la négociation des opérations et la prise de décisions, pas simplement après coup.

Par exemple, j'ai fait partie de l'équipe de Seagram qui a négocié l'achat de MCA au prix de 7 milliards de dollars américains. Les vérificateurs ont aidé à monter l'opération financière et leur apport à cet égard a été capital. De même, j'ai collaboré étroitement avec les vérificateurs et les conseillers fiscaux dans une transaction de plusieurs millions de dollars afin que notre facture fiscale soit ni trop élevée, ni trop basse.

Par ailleurs, je n'ai pas toujours travaillé au sein d'entreprises aussi prospères... Certaines ont dû envisager la faillite et dans leur cas, les vérificateurs se sont évidemment révélés indispensables.

Malheureusement, il m'est aussi arrivé de faire partie d'un conseil d'administration où les liens entre les vérificateurs et la direction étaient trop étroits. Les actionnaires, tant publics que privés, ont fait les frais de cette promiscuité.

Dans ses efforts pour revoir ses pratiques d'affaires, CBC/Radio-Canada aurait pu, à maintes reprises, mettre à profit la compétence du BVG de manière proactive dans la conduite de nos affaires.

Par exemple :

Avant mon entrée en fonction, la Société avait établi à 45 le nombre de systèmes patrimoniaux essentiels qui étaient désuets, qui ne pouvaient communiquer entre eux, et qui devaient être remplacés et intégrés.

La Société avait alors décidé de développer de nouveaux systèmes, tout en étant pleinement consciente que les projets TI entraînent inévitablement des coûts élevés et que leur mise en œuvre n'est pas sans risque.

Nous avons confié à notre vérificateur interne la tâche de nous prêter main-forte et de surveiller le processus de développement, mais nous nous serions beaucoup mieux tirés d'affaire si celui-ci était intervenu dans le dossier plus tôt et de manière continue, autrement dit, si nous avions établi avec lui un partenariat.

Et au moment de la vente de Newsworld International à Power Corporation, les conseillers financiers de cette entreprise ont travaillé d'arrache-pied pour qu'elle tire le maximum de son investissement.

Je suis convaincu qu'à un prix de vente dépassant les 70 millions de dollars, CBC/Radio-Canada y a aussi trouvé son compte.

Cependant, j'aurais préféré que nos vérificateurs fassent partie de notre équipe de négociateurs. Pendant toute la négociation, nous aurions pu leur soumettre nos idées et bénéficier de leurs avis spécialisés.

Pour combler cette lacune, nous avons eu recours à des consultants. Nous avons payé le prix fort... et cela ne nous a pas mis à l'abri d'erreurs. Il est difficile et coûteux d'aller chercher ailleurs votre compétence et vos connaissances.

En tant que président-directeur général d'une entreprise dont le chiffre d'affaires s'élève à 1,5 milliards de dollars, je souhaite établir une relation de confiance avec nos vérificateurs qui ne se limite pas à la présentation d'observations après le fait. Je veux que vous interveniez au début des dossiers, comme vous le faites auprès des entreprises privées.

Nous ne sommes pas intéressés à exploiter une entreprise inefficace.

Notre devise doit être la maximisation de la valeur... comme cela a été le cas ces quatre dernières années.

La question est la suivante : est-il possible d'établir une relation de cette nature avec des vérificateurs qui doivent servir deux maîtres?

J'espère que oui.

Au cours des 18 derniers mois, nous avons élaboré ensemble le plan de l'examen spécial de nos activités qui doit avoir lieu, en vertu de la loi qui régit CBC/Radio-Canada, tous les cinq ans.

J'ai bon espoir que cet examen confirmera le bien-fondé des décisions et des orientations qui ont marqué les quatre dernières années et qu'il nous aidera à régler certaines questions de gouvernance auxquelles nous nous heurtons sans cesse à titre d'organisme public et de radiodiffuseur public national du Canada.

Mais franchement, les médias et le public se montrent tellement avides de mettre au jour d'autres cas de conduite répréhensible que je ne peux que m'inquiéter. En effet, lorsqu'ils prennent des risques et qu'ils explorent de nouvelles avenues, les gestionnaires s'exposent inévitablement à faire des erreurs qu'il est possible, hors contexte, de transformer en inconduite.

À l'évidence, le rôle des vérificateurs est complexe. Ceux-ci doivent faire preuve de tact et déjouer de multiples embûches.

Toutefois, une chose me rassure : nous poursuivons le même objectif...

Pour citer Madame Fraser :

« … notre mission dans la vie n'est pas de dévoiler le gaspillage et la mauvaise gestion du gouvernement — ce qu'on est convenu d'appeler les cafouillages. En fin de compte, nous voulons que nos vérifications contribuent à l'amélioration de la gestion des programmes du gouvernement et de sa reddition de comptes. »

Nous voulons tous que CBC/Radio-Canada soit une institution publique bien gérée et pleinement comptable de ses actions… un radiodiffuseur qui mérite que les Canadiens lui accordent sans réserve leur confiance et leur appui.

J'aimerais trouver par quels moyens le BVG pourrait, chaque jour, apporter une valeur ajoutée accrue à notre processus décisionnel.

Comment pouvons-nous tirer mieux profit de votre compétence, du début à la fin de nos projets? Dès le début, dès que les décisions sont prises. Pas seulement après coup. Pour en arriver là, nous devons partager l'information et nous tenir mutuellement au courant des problèmes en toute confidentialité.

Comment pouvons-nous être de véritables partenaires et unir nos efforts pour que CBC/Radio-Canada puisse offrir aux Canadiens des services d'une valeur incontestable dans les années et les décennies à venir? C'est le défi qui attend nos deux organisations.

Merci.

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