Pêches et Océans Canada / Fisheries and Oceans Canada - Gouvernement du Canada / Government of Canada
 
Fisheries and Oceans Canada

Renseignements sur les sciences par:
Renseignements sur les sciences par:
Trouvez des Informations sur:

Sur la piste des bélugas de l’Arctique canadienne

Comme les igloos et les inuksuit, les bélugas (Delphinapterus leucas) sont un symbole de l’Arctique canadien, mais ces mammifères marins en sont aussi venus à symboliser la vulnérabilité environnementale. Plus au sud, on a commencé à s’alarmer lorsque des scientifiques ont constaté de fortes concentrations de polluants provenant du fleuve dans les tissus des bélugas de l’estuaire du Saint Laurent. Dans l’Arctique, où des pêcheurs commerciaux capturaient des bélugas et des baleines durant la plus grande partie des XIXe et XXe siècles, certaines populations de bélugas sont maintenant en péril.

Pour protéger les bélugas, il faut comprendre leur biologie et leurs migrations, objectif que poursuit depuis 24 ans Pierre Richard, scientifique à l’Institut des eaux douces du MPO situé à Winnipeg (Manitoba). Il a également étudié le narval, fameux mammifère marin arctique dont la dent allongée ressemble à la corne de l’unicorne, et le morse, qui a disparu du golfe du Saint Laurent, mais qui est toujours présent dans l’Arctique.

« Plus abondants que les morses, les bélugas présentent une énigme pour les chercheurs, car ils passent la majeure partie de leur vie sous la glace, loin du regard des humains », indique Pierre Richard.

Lorsque le couvert de glace de l’Arctique disparaît partiellement l’été, les bélugas occupent des estuaires et des eaux côtières. Ce comportement donnait l’impression qu’ils ne quittent pas les eaux côtières peu profondes l’été, mais les travaux de Pierre Richard indiquent que la situation est plus complexe.

Lorsque les radio-émetteurs liés à un satellite (télémétrie par satellite) ont été mis au point vers 1990, Pierre Richard, Jack Orr et leurs collaborateurs s’en sont servis pour suivre les déplacements des bélugas. Il n’est pas facile de fixer les petits émetteurs à ces grands mammifères (les mâles adultes peuvent atteindre 4,25 mètres de longueur et pèsent habituellement plus d’une demi tonne), mais le technicien Jack Orr, de l’Institut des eaux douces, a trouvé des façons d’y arriver. Selon Pierre Richard, Jack est sans doute le plus grand spécialiste au monde de la capture de cétacés arctiques vivants.

Pour capturer des bélugas, les chercheurs peuvent utiliser des filets de 50 à 100 mètres de longueur, qui ressemblent aux filets maillants des pêcheurs et dans lesquels les bélugas s’emmêlent. Toutefois, cette méthode peut mettre en danger les cétacés et les humains. Une autre façon consiste à utiliser des bateaux rapides pour encercler les bélugas d’une seine suspendue à des ralingue de flotteurs. Cette tâche est souvent effectuée par des chasseurs inuits; Pierre Richard et Jack Orr collaborent étroitement avec les habitants de l’Arctique.

La recherche sur les bélugas a révélé des migrations inattendues.
La recherche sur les bélugas a révélé des migrations inattendues.

La meilleure méthode consiste cependant à utiliser quelques petits bateaux pour rabattre un groupe de bélugas vers des eaux peu profondes. Jack Orr et quelques assistants rangent ensuite leur bateau à côté d’un béluga et lui glissent sur la tête un anneau métallique recouvert de mousse et attaché à une corde. Des hommes vêtus d’une combinaison étanche sautent ensuite à l’eau et passent une boucle de corde autour de la queue de l’animal. Le béluga se débat au début, mais il se calme rapidement.

Jack Orr et ses assistants fixent ensuite à l’aide de broches de nylon le petit radio émetteur à la crête dorsale du béluga. Les broches ne semblent pas incommoder l’animal et elles se détachent au bout d’un certain temps. Entre-temps, chaque fois que le béluga fait surface, le radio-émetteur le localise et indique la profondeur qu’il a atteint.

Pierre Richard affirme que les bélugas plongent beaucoup plus profondément que ce que l’on croyait, atteignant parfois des profondeurs de 800 mètres ou même d’un kilomètre. Il poursuit : « Comme c’est l’obscurité totale à ces profondeurs, les bélugas trouvent leur nourriture par écholocalisation, un sens qui est très développé chez eux. »

Les bélugas présentent d’autres adaptations pour la plongée à grande profondeur. Ils contiennent deux fois plus de sang et plus de cellules sanguines que les animaux terrestres de taille comparable, et peuvent aussi stocker plus d’oxygène dans leurs muscles. Leur réserve d’oxygène est donc plusieurs fois plus grandes que celle des mammifères terrestres. En outre, le béluga a des adaptations physiologiques qui lui permettent d’utiliser plus efficacement l’oxygène durant une plongée.

La télémétrie par satellite a montré que les bélugas migrent sur des distances beaucoup plus grandes que ce que l’on croyait. Plutôt que de rester près des côtes dans des zones d’eau libre et de glaces détachées, les bélugas parcourent souvent des centaines de kilomètres sous la banquise. La surveillance par satellite a aussi permis d’établir que de grands nombres de bélugas de la mer de Beaufort (ouest de l’Arctique) migrent loin à l’ouest et au sud dans la mer de Béring (Pacifique Nord). Les cartes à la fin du texte indiquent les principales voies de migration du béluga dans différentes régions.

Avant la télémétrie par satellite, les relevés visuels des populations de bélugas souffraient d’un manque d’information sur le comportement des bélugas. Par exemple, pour chaque béluga observé, combien d’autres sont sous l’eau? La télémétrie par satellite a permis d’obtenir de nouvelles données sur la proportion du temps où un béluga est visible, ce qui permet de faire des calculs plus exacts qu’auparavant.

Les populations de bélugas de l’Arctique ne se portent pas toutes bien. En effet, la population de la baie Cumberland et du sud-est de l’île de Baffin et celle de la baie d’Ungava sont désignées comme « en voie de disparition », tandis qu’une autre est désignée comme « menacée ».

Par contre, il y a aussi des bonnes nouvelles. La surveillance par satellite a montré que certaines populations étaient plus grandes que ce que l’on craignait. La plupart des stocks sont stables ou se rétablissent, et la plus grande population de béluga au Canada, celle de la côte ouest de la baie d’Hudson, a été estimée à 57 000 individus lors d’un relevé récent et se porte bien. (On peut trouver d’autres renseignements sur les populations de bélugas dans la page web produite par Pierre Richard ( www.dfo-mpo.gc.ca/zone/under-sous_f.htm ).

Même si la situation du béluga est préoccupante dans bien des secteurs, ce symbole de l’Arctique reste généralement en bonne santé, et Pierre Richard et ses collègues veillent à ce que cette situation ne change pas.

Carte - Migration d’automne, Migration de printemps, Aire d’été, Aire d’hiver.

Autumn migration = Migration d’automne
Spring migration = Migration de printemps
Summer range = Aire d’été
Winter range = Aire d’hiver

Western Arctic = Arctique de l’Ouest
Russia = Russie
Alaska = Alaska
Yukon = Yukon
Northwest Territories = Territoires du Nord-Ouest

High Arctic = Extrême-Arctique
Greenland = Groenland
Baffin Bay = Baie de Baffin
Baffin Island = Île de Baffin

St. Lawrence River = Fleuve Saint-Laurent
Quebec = Québec
Saguenay River = Rivière Saguenay
Gulf of St. Lawrence = Golfe du Saint-Laurent
Atlantic Ocean = Océan Atlantique

Eastern Arctic = Arctique de l’Est
Nunavut = Nunavut
Baffin Island = Île de Baffin
Hudson Bay = Baie d’Hudson
Quebec = Québec
  

   

   

Dernière mise à jour : 2007-11-15

Avis importants