Protéger la santé des animaux aquatiques avec la biotechnologie
Il y a de nombreuses histoires, à la télévision et dans les journaux, de
criminels qui ont été retracés grâce à l’utilisation des analyses
d’empreintes génétiques. Au Centre des pêches du Golfe de Moncton, au
Nouveau-Brunswick, les chercheurs préfère utiliser l’ADN pour limiter les
dégâts avant qu’ils ne se produisent.
La menace vient des maladies des poissons à nageoires, des mollusques et
des crustacés. Généralement, ces maladies ne sont pas menaçantes pour les
humains, mais elles peuvent être dommageables pour les industries de la
pêche et de l’aquaculture car elles affectent la santé des animaux
aquatiques et peuvent entraîner des complications internationales.
Les problèmes de santé concernent principalement les animaux vivants qui
changent de mains dans l’industrie de l’aquaculture et dans des commerces
comme celui des mollusques et des crustacés vivants. Même si le Canada jouit
d’une bonne réputation quant à la qualité et la santé de ses ressources, il
faut rester vigilant pour que cette situation se maintienne.
Par exemple, en 2002, les huîtres dans le lac Bras d’Or au Cap Breton ont
commencé à mourir à cause d’une nouvelle maladie, probablement d’origine
exotique, connue sous le nom de MSX. Un examen rapide fait au moyen de tests
d’ADN de pointe a permis d’établir l’étendue de la maladie. Les chercheurs
du Centre des pêches du Golfe de Moncton ont également identifié un deuxième
agent infectieux appelé « organisme du bord de mer », semblable au premier,
mais inoffensif, et qu’on retrouve également à l’Île-du-Prince-Édouard. Les
deux organismes auraient pu être confondus dans des analyses
conventionnelles faites au moyen de microscopes, et l’industrie renommée de
l’huître de Malpeque sur l’île aurait pu en souffrir. Les analyses
génétiques ont permis d’éviter ces perturbations inutiles.
Avec le développement de l’aquaculture, on a porté de plus en plus
attention à la santé des poissons. Le Règlement sur la protection de la
santé des poissons, qui a été promulgué dans les années 1970, y a contribué.
Des mesures de précautions s’appliquent à un certains nombres de maladies et
d’agents pathogènes et il faut un permis pour importer des espèces ou des
œufs de salmonidés au Canada, et même pour les faire passer d’une province à
l’autre.
En 2005, la protection de la santé des poissons au Canada a franchi une
nouvelle étape. Le Programme national sur la santé des animaux aquatiques (PNSAA),
avec un financement de 59 millions de dollars, réunit les efforts fédéraux,
provinciaux et privés. Il renforcera la capacité du Canada à détecter les
cas de maladies des animaux aquatiques et à intervenir, comme cela se fait
pour les maladies des animaux de fermes et la grippe aviaire, par exemple.
![Apparition de bandes d’ADN sur un gel après
amplification. (Photo gracieusement fournie par Nellie Gagné)](/web/20071210130034im_/http://www.dfo-mpo.gc.ca/science/Story/story_images/dna_bands.jpg)
Apparition de bandes d’ADN sur un gel après
amplification. (Photo gracieusement fournie par Nellie Gagné) Ce
programme est basé avant tout sur les techniques diagnostiques sensibles qui
sont devenues la norme à l’échelle internationale pour détecter les
infections. Ces techniques sont essentielles pour traiter le grand nombre
d’échantillons prélevés dans les vastes étendues d’eaux marines et
intérieures du Canada. La Section de la santé des animaux aquatiques du
Centre des pêches du golfe effectue déjà jusqu’à 18 000 tests par année, sur
des échantillons provenant des pêches sauvages et des nombreuses écloseries
fédérales, provinciales et privées dans la région de l’Atlantique.
Le Centre des pêches du golfe a les capacités de diagnostic moléculaire
nécessaires et effectue des analyses de l’ADN et des analyses connexes
depuis 2001. Les chercheurs du MPO à la Station biologique du Pacifique, à
Nanaimo (Colombie-Britannique), élucident le code génétique des principaux
agents infectieux pour les distinguer des organismes « innocents » présents
dans les eaux canadiennes. Gilles Olivier, gestionnaire de la Division des
sciences de l’aquaculture et des sciences de l’environnement du MPO pour la
région du Golfe, affirme : « Les techniques que nous utilisons n’ont rien à
envier à celles utilisées ailleurs. » Il est impératif de disposer de
techniques d’analyse sensibles et précises. Il peut être difficile de
détecter les bactéries, virus et parasites microscopiques qui affectent les
poissons et les mollusques. Un animal peut porter un pathogène sans aucun
signe d’infection. Un résultat faussement négatif pourrait laisser se
propager une maladie sans mesures de prévention. Un résultat faussement
positif pourrait nuire sans raison à l’industrie et au commerce.
![Au Centre des pêches du golfe, Jeannette
Arseneault, technicienne en biologie moléculaire, extrait de l’ADN
d’huîtres, (Photo gracieusement fournie par Nellie Gagné)](/web/20071210130034im_/http://www.dfo-mpo.gc.ca/science/Story/story_images/jeannette_arseneault.jpg)
Au Centre des pêches du golfe, Jeannette
Arseneault, technicienne en biologie moléculaire, extrait de l’ADN
d’huîtres, (Photo gracieusement fournie par Nellie Gagné) Les
méthodes faisant intervenir l’ADN exigent de porter une attention rigoureuse
aux détails et à la propreté et d’utiliser des témoins appropriés. Pour
prévenir toute contamination au laboratoire du golfe, on effectue les
diverses étapes de la méthode dans des pièces différentes. Dans le
dépistage de certaines maladies, les chercheurs doivent déjà connaître des
parties du code génétique du pathogène ou les élucider eux-mêmes. Ces
données leur permettent de créer une « sonde génique », c. à d. un segment
microscopique de l’ADN qui reproduit une partie du code génétique du
pathogène. Puis, les chercheurs utilisent des enzymes sur des échantillons
homogénéisés de chair de l’animal pour libérer les brins de l’ADN et les
mettre en présence de la sonde. Lorsque la sonde correspond à l’ADN présent
dans l’échantillon (comme les deux parties d’une fermeture éclair), s’amorce
alors un processus appelé « amplification par la polymérase » qui copie une
partie de cet ADN, un peu à la manière d’une photocopieuse. Cela indique que
le pathogène est présent.
De telles analyses prendront de l’ampleur avec l’application du Programme
national sur la santé des animaux aquatiques. Les chercheurs entreprendront,
chez les poissons sauvages et d’élevage, un dépistage systématique des
pathogènes figurant sur la liste de l’Office international des épizooties
(OIE). Cet organisme, dont le siège social est à Paris, élabore des normes
relatives à la lutte contre les maladies importantes à l’échelle du commerce
international.
Ce dépistage permettra au Canada de certifier des zones et des espèces
comme étant indemnes des maladies figurant sur la liste et d’éviter ainsi
des complications au niveau du commerce international. Il permettra
également de préparer le terrain pour les travaux futurs d’évaluation du
risque et de prévention des maladies ou d’intervention en cas de maladie.
En plus d’effectuer ses propres tests de dépistage des pathogènes des
poissons et mollusques, le laboratoire du golfe collabore avec d’autres
laboratoires, provinciaux, privés et internationaux à la normalisation des
protocoles d’ADN en vue d’obtenir des résultats cohérents dans la détection
des maladies. Dans le cadre du PNSAA, le ministère des Pêches et des
Océans et l’Agence canadienne d’inspection des aliments uniront leurs
efforts. Le MPO fournira l’expertise biologique et écologique et l’ACIA,
grâce à ses compétences vétérinaires et réglementaires, aura la
responsabilité d’appliquer les normes. En cas d’éclosion de maladie, l’ACIA
prendra l’initiative des mesures de lutte sanitaire et assurera la
coordination des activités des intervenants fédéraux, provinciaux et privés.
Sharon McGladdery, conseillère principale du MPO en matière de santé animale
aquatique, précise qu’avec le PNSAA, « nous mettons tout en commun – les
outils diagnostiques, la surveillance de la santé des poissons et la
coopération entre les divers organismes ». Avec les outils de la
biotechnologie et les atouts du PNSAA, le Canada possède maintenant les
compétences nécessaires pour maintenir la santé et la productivité de ses
ressources aquatiques. |